Gorge Mastromas est un salop et l’assume. Gorge Mastromas peut ce qu’il veut car il a l’argent et le pouvoir. Enfant, sa gentillesse le confinait aux seconds rôles, subissant sa vie plus qu’il ne la choisissait. Adulte, il se métamorphose. Il quitte l’innocence pour l’abjection et devient le maître du monde capitaliste au sein duquel il règne. Peu lui importe les moyens employés pour y parvenir. Découverte de ce personnage sans scrupule.
Avec son humour corrosif, Dennis Kelly a mis sur orbite le prototype du héros libéral : un être sans scrupule, le genre de manipulateur que sacralise aujourd’hui notre société. Gorge Mastromas hésite entre bonté et lâcheté jusqu’au jour où il découvre que l’on peut tout avoir par le mensonge. Cela me fait penser aux politiques qui dirigent notre pays car c’est leur manière de procéder pour arriver au sommet du pouvoir. Et ça fonctionne puisque les Français votent pour eux.
L’histoire de l’abattage rituel de Gorge Mastromas

« L’abattage rituel de Gorge Mastromas » mis en scène par Franck Berthier
Gorge Mastromas commence à mentir et entrer dans la logique du système qui l’entoure. Il détient le pouvoir. Pourtant, une chose lui manque : une femme. Il est amoureux de sa collègue Louisa qui lui résiste. Pour la conquérir, il va faire semblant de se ruiner parce qu’au fond de lui subsiste une faille. Alors que rien ne semble le perturber, la visite de son frère va lui poser quelques problèmes. En effet, ce dernier se sent trahi par la publication des mensonges sur le passé familial. Animé par l’obsession de sauvegarder son statut et sa réputation, Gorge Mastromas ne voit comme solution que son assassinat. Dans l’abattage rituel, Dennis Kelly nous rappelle que nos choix ne sont bons ou mauvais qu’au regard de l’histoire. Sa dernière pièce est une oeuvre drôle et cruelle.
Note d’intention de Franck Berthier
« L’écriture de Dennis Kelly est extrêmement irrévérencieuse, concise, compacte, sans artifice, elle restitue de façon implacable une certaine idée de la société dans laquelle nous évoluons. L’auteur porte un regard chirurgical, froid sur l’humain. Dégagé de toutes formes d’apitoiement il nous livre en deux heures la vie d’un homme de sa conception à ses 60 ans. Kelly, a digéré et Beckett et Pinter et Tchekhov. Il s’est affranchi de toute influence dramaturgique et propose une dramaturgie radicalement contemporaine, ancrée dans son époque ; Il n’hésite pas à laisser sur le carreau le lecteur, le forçant à plonger en lui-même, sans fard. Il y a de la tragédie contemporaine, de la dérision, de l’absurde et de la drôlerie. C’est un théâtre musclé, ténu et effroyablement efficace. A travers le personnage de Mastromas, se reflète tous les abus, toutes les perversions, toutes les dérives humaines et politiques et d’une certaine façon toutes les pathologies comportementales propre à l’époque dans laquelle nous nous trouvons. Cette pièce est une machine de guerre, qui avance avec une force constante, écrasant tout sur son passage. La pièce interroge les actes posés par les hommes. Avec une grande acuité, la question posée serait : Fabriquons nous notre propre destinée ou est ce que notre destinée est régie par des lois envers lesquelles nous n’avons aucun pouvoir.«
Dennis KELLY
Né en 1970 à New Barnet (nord de Londres), il intègre vers l’âge de 20 ans une jeune compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des études universitaires au Goldsmiths College de Londres. S’il dit n’y avoir guère appris en matière d’écriture théâtrale, il y affirme le choix de formes en rupture avec le théâtre social réaliste anglais, à l’image de celles développées par Antony Neilson, Sarah Kane ou Caryl Churchill.
Franck BERTHIER
Formé à l’école Atelier Charles Dullin Paris, et au Conservatoire d’art dramatique d’Annecy. De 1986 à 1988, il joue Claudel, Corneille, O’Neill, Goldoni En 1989, il travaille en tant qu’acteur au théâtre National de Dublin ainsi que pour la télévision Irlandaise. De retour en France en 1989, il rencontre Robert Wilson et participe à l’ouverture de l’Opéra Bastille avant de devenir son assistant en 1990 sur La Flûte enchantée de Mozart et en 1993 sur Madame Butterfly de Puccini. Depuis 2004, il travaille régulièrement avec la Russie. L’Ankinéa Théâtre, sa compagnie, fondée en 1993 (qui prend le nom de Dont Acte en 2014), a été tour à tour subventionnée par la DRAC Rhône-Alpes, la ville d’Annecy, le Conseil Général de Haute-Savoie, le Conseil Régional Rhône-Alpes. Elle a été en résidence à la Maison des Arts de Thonon-Evian de 1996 à 1999, puis à la Faïencerie de Creil de 2000 à 2004, à la Comédie de Picardie d’Amiens et au centre culturel Pablo Picasso à Homécourt en 2015 et 2016. Elle a alors reçu également le soutien de la DRAC Picardie ainsi que celui du conseil régional de Picardie. A ce jour, la Compagnie est compagnie conventionnée, associée à Bonlieu Scène Nationale, Annecy.
L’Abattage Rituel de Gorge Mastromas
Jusqu’au 14 avril 2018
21h00
Studio Hébertot
Location : 01 42 93 13 04
78bis, Bd des Batignoles
75017 Paris
Métro Villiers ou Rome
Crédit Photos : Studio Hébertot
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