Louis-Philippe et Versailles… c’est toute une histoire ! C’est aussi une exposition au Château de Versailles qui s’est ouverte le 6 octobre dernier. Quoi de plus normal que cette mise en lumière du dernier souverain français, Louis-Philippe (1773-1850), qui transforma Versailles en musée dédié aux gloires de la France ?
Cet évènement marque la volonté de Louis Philippe de mettre en scène l’histoire de France. Il a voulu donner à l’ancienne résidence des rois un nouvel usage : celui d’un musée. Il s’est personnellement impliqué dans ce projet qui a permis au château de connaître une nouvelle vie. Trente-deux pièces de ce musée du XIXe siècle, d’ordinaire peu accessibles au public, sont exceptionnellement ouvertes. Vous avez jusqu’au 6 février 2019 pour découvrir cette formidable exposition. En 1830, Louis-Philippe devient roi des Français. Dès le début de son règne, il décide de transformer le château de Versailles pour l’ouvrir à tous. Il avait compris que le Versailles de Louis XIV était un mythe qui ne pouvait être conservé qu’en devenant un musée consacré à toutes « les gloires de la France ». Une inscription l’indique encore aux frontons des pavillons.

Le roi Louis-Philippe et ses fils sortant par la grille d’honneur du château de Versailles après avoir passé une revue militaire dans les cours, 10 juin 1837, Horace Vernet. C’est ce tableau qui fait l’affiche de l’exposition.
Quinze ans de travaux
Le roi a suivi de très près les travaux menés par son architecte Frédéric Nepveu pendant quinze années. Il se sont terminés en 1847. Autour de la résidence royale, au cœur du palais, dans les ailes du Nord et du Midi, les travaux font naître des Galeries Historiques. Elles sont consacrées aux batailles du Moyen-Âge, aux croisades… Mais également aux guerres de la Révolution et de l’Empire, à la conquête de l’Algérie. Des milliers de peintures toutes aussi réalistes les unes que les autres sont encastrées dans les boiseries. Louis-Philippe y montre son goût pour l’éclectisme et les différents courants artistiques.
Louis-Philippe ne nie pas le passé et il favorise le dialogue
Le nouveau Versailles répond à celui de Louis XIV, opposant la galerie des Batailles à la galerie des Glaces. Rivalisant dans la somptuosité et la richesse décorative. Passionné par les nouveautés techniques, le roi n’hésite pas à introduire des structures métalliques dans la galerie des Batailles ou les salles d’Afrique. Son but vise à éclairer ces immenses galeries par des verrières zénithales. Le Versailles de Louis-Philippe devient celui que nous connaissons aujourd’hui.
Parcours de l’exposition Louis-Philippe et Versailles
Les salles des croisades
L’exposition démarre par la découverte des salles des Croisades. Créées par Louis-Philippe à l’emplacement de plusieurs appartements de courtisans, les cinq salles abritent de nombreux tableaux commandés à des peintres très réputés. Ils y évoquent les épisodes des huit croisades (de la fin du XIe à la fin du XIIIe siècle). Les œuvres sont présentées dans un superbe décor néogothique, caractéristique du goût romantique du XIXe siècle.

La Bataille de Valmy, 20 septembre 1792, d’Horace Vernet
Vie de Louis-Philippe
On découvre des séries de tableaux sur le thème de Louis-Philippe, sa naissance, sa famille, sa jeunesse. Mais aussi sur son exil. En 1795, il parcourut la Scandinavie jusqu’au Cap Nord. En 1879, il se rendit en Amérique du Nord avec les frères Montpensier et Beaujolais. Ils parcoururent ensemble les territoires de l’Est des États-Unis. Des tableaux magnifiques retracent ces péripéties.

L’exil de Louis-Philippe.

Le Duc d’Orléans reçu dans un camp de Lapons en août 1795, Commandé en 1840 par Louis-Philippe. De François Auguste Biard.
Collection
À partir de 1817, Louis-Philippe se constitue une collection. Il se détourne de la peinture ancienne et préfère l’art contemporain. Son goût pour les scènes minutieusement peintes le dirige vers de jeunes artistes, Étienne Bouhot, Martin Drolling, Victor Schnets, Auguste Couder… Il apprécie particulièrement les sujets historiques se rapportant à sa propre histoire, en particulier les œuvres d’Horace Vernet. À partir de 1824, sa collection prend un tournant plus novateur avec des tableaux signés Eugène Delacroix ou Ary Scheffer. Après les décès de Géricault et de Girodet, il saisit aussi l’opportunité de ventes pour acquérir quelques œuvres majeures.
Portraits et représentations
Jusqu’en 1830, Louis-Philippe s’est souvent mis en scène. Il avait compris qu’il devait contrôler son image et celle de sa famille. Il choisit pour cela des artistes rompus aux règles du portrait de cour. François Gérard, Ary Scheffer, Franz Xaver Winterhalter…

La galerie des portraits.
L’exil
L’exil de Louis-Philippe en Angleterre de 1800 à 1809 puis de 1815 à 1817 renforce les liens entre la France et la Grande-Bretagne. La Reine Victoria vient en France en 1843, puis invite Louis-Philippe au Château de Windsor l’année suivante. Louis-Philippe commande alors de nombreuses œuvres pour commémorer ces voyages. Et Victoria, qui fit appel à Winterhalter pour son portrait officiel, en adresse une version pour le Château de Versailles.

Arrivée du roi Louis-Philippe au Château de Windsor – 8 octobre 1844 Par Edouard Pingret

Louis-Philippe recevant la reine Victoria et le Prince Albert au château d’Eu, 1846. De Franz Xaver Winterhalter. La composition est particulièrement étudiée : à l’intersection des diagonales, Louis Philippe debout porte le ruban de l’ordre de la Jarretière et Victoria est assise devant lui. Le roi désigne sa sœur Adélaïde, tandis que face à lui, le prince Albert désigne la reine Victoria. Les autres membres de la famille royale sont assis au premier plan.
Versailles ancien et moderne
De 1833 à 1847, l’architecte Frédéric Nepveu transforme le Palais de la Couronne en musée. De grandes coupes montrent les aménagements dans l’ancienne résidence des souverains. Ils comprennent les Grands appartements du roi et de la reine séparés par la Galerie des Glaces. Louis Philippe les remeuble partiellement et, surtout, il expose des tableaux d’histoire présentés dans un panneautage lambrissé. Un accrochage à la fois dense et symétrique.

Coupe sur les salles des Maréchaux des guerriers célèbres et des grands appartements du roi, de l’architecte Frédéric Nepveu. Aquarelle, plume et encre noire.
Les salles d’Afrique
Seconde étape de l’exposition, la découverte des salles d’Afrique au premier étage. Leur aménagement démarre en 1837. Louis-Philippe souhaite y commémorer la conquête de l’Algérie où se sont illustrés ses fils. La décoration des trois salles est confiée au peintre Horace Vernet qui réalise neuf immenses tableaux, avec l’aide d’Eloi-Firmin Féron pour les voussures. On reste stupéfaits pas la qualité et la réalité photographique des toiles toujours très riches en détail.

Dans la salle d’Afrique, Prise du fort Saint-Jean d’Ulloa, le 27 novembre 1838. Huile sur toile d’Horace Vernet.

La Bataille d’Isly, 14 août 1844 d’Horace Vernet.
La salle du sacre restaurée
À l’occasion de l’exposition, Le Château de Versailles présente la salle du sacre entièrement restaurée, grâce au mécénat de Plastic Omnium et d’AXA. Cette pièce emblématique du vaste chantier de transformation sous le règne de Louis-Philippe conservait encore ses décors d’origine, jusqu’ici jamais restaurés. Située à l’extrémité du Grand Appartement de la reine, la salle du sacre fut d’abord la Chapelle royale, puis la grande salle des Gardes. Son décor actuel est exécuté à l’époque de Louis Philippe. Il consacre la glorification de Napoléon 1er. Elle est dès lors, dénommée salle du sacre, en référence la très célèbre œuvre monumentale du peintre David. Au centre de la pièce, la Colonne de la campagne d’Allemagne a repris sa place. Elle est dite aussi Colonne d’Austerlitz. Elle a été commandée par Napoléon à la manufacture de Sèvres pour commémorer les victoires impériales.

Célèbre œuvre monumentale du peintre David, Le sacre de Napoléon ou Couronnement de l’impératrice Joséphine, à Notre Dame de Paris, le 2 décembre 1804.

La colonne en porcelaine de Sevre, commémorant les victoires de Napoléon lors de la campagne d’Allemagne.
La salle de 1792
Ce salon assure la liaison entre le corps central du Château et l’aile du Midi. Louis-Philippe a voulu y réunir les portraits des héros de guerre de la Révolution et de l’Empire. Ils portent les insignes du grade qu’ils avaient en septembre 1792 lors de la proclamation de la République française. Deux grands tableaux signés Horace Vernet, représentent les batailles de Valmy (20 septembre 1792) et de Jemmape (6 novembre 1792).

La salle de 1792 et ses héros de guerre.
La Galerie des Batailles, grandiose !
Cette immense galerie (100 mètres de long sur 12 mètres de large) est aménagée dans l’aile sud du Palais. Elle fut construite par Frédéric Nepveu entre 1834 et 1837. L’architecte Pierre François Léonard Fontaine propose un éclairage zénithal, comme celui appliqué à la Grande Galerie du Louvre. Louis-Philippe veut aménager cet espace en « grandiose résumé de notre histoire militaire », pour répondre à son souhait de réconciliation nationale.
Trente-trois tableaux présentés
Ils racontent l’épopée militaire de la France, de Tolbiac, en 496, jusqu’à Wagram, en 1809. La bataille de Tolbiac ouvre la galerie. Elle traduit le lien entre l’église et la monarchie française. Il s’agit d’une victoire obtenue par la conversion de Clovis au catholicisme. En face, au fond, est célébré le plus grand souverain de la France moderne, Louis XIV. Au centre de la galerie, Jeanne d’Arc fait son entrée à Orléans. Plusieurs grands capitaines sont également représentés par les bustes disposés entre les tableaux.

Tableaux sont présentés dans la Galerie des Batailles.

La découverte de la Galerie des Batailles, longue de 100 mètres, fut le point fort de l’inauguration des Galeries Historiques, le 10 juin 1837.

Gros plan du tableau La Bataille de Fontenoy gagnée par le Maréchal de Saxe le 11 mai 1745.

Magnifique Galerie des Batailles et son éclairage Zénithal.
Les salles du Consulat et de l’Empire
Sous la Galerie des Bataille, au rez-de-chaussée, commence une enfilade de treize salles, un des premiers aménagements entrepris par Louis-Philippe à Versailles. Le roi a choisi d’y représenter les campagnes militaires du Directoire au Consulat et de l’Empire. Les peintures sont celles commandées par Napoléon lui-même. Elles sont encastrées dans un superbe décor de boiseries et de toiles peintes en harmonie avec le sujet des tableaux. Après des travaux de restauration des parquets et de mise en lumière des tableaux, ces salles sont à nouveau accessibles aux visiteurs.

Les salles du Consulat et de l’Empire étaient fermées. Elles sont rouvertes pour l’exposition.

Les salles du Consulat et de l’Empire étaient fermées.

Les peintures ont presque toutes été commandées par Napoléon.
Résurrection du plus grand décor de théâtre d’Europe datant du XIXe siècle, à l’Opéra royal
Le 10 juin 1837, Louis-Philippe inaugure les Galeries Historiques. Victor Hugo, Alexandre Dumas, Eugène Delacroix, se trouvent parmi les nombreux invités. À cette occasion, un spectacle est donné sur la scène de l’Opéra Royal. C’est la plus grande salle de spectacle d’Europe. Le décorateur de l’Opéra de Paris, Luc-Charles Ciceri, réalise spécialement pour le ballet final de la représentation, un décor magnifique, représentant la Galerie des Batailles. Un décor monumental en trompe-l’œil à la hauteur de l’événement : “Le Palais de marbre rehaussé d’or”. Il ne servira qu’une fois puis sera restauré et remonté sur le plateau lors d’un “concert monstre” d’Hector Berlioz, le 29 octobre 1848. Une partie du décor est ensuite transférée au château de Compiègne, une autre se retrouve plus tard dans la buvette du Sénat… Il finit par être oublié.

Le décor “Le Palais de marbre rehaussé d’or”, impressionnant, donne aux visiteurs une idée grandeur nature de l’audace des décorations de théâtre du XIXe siècle.

Jean-Paul Gousset, directeur technique de l’Opéra royal de Versailles et Antoine Fontaine, l’artiste peintre-décorateur qui reconstitué le décor.

Merveilleux opéra Royal qui fut la plus grande salle de spectacle d’Europe.

Merveilleux opéra Royal
L’Opéra royal retrouve les couleurs de l’époque Louis-Philippe
Pour cette exposition Jean-Paul Gousset, directeur technique de l’Opéra royal de Versailles, et Raphaël Masson, conservateur au château, ont voulu que l’Opéra Royal retrouve les couleurs de l’époque Louis-Philippe. Le décor de Luc-Charles Ciceri, qui avait été ressorti des sous-sols du château de Compiègne en 1998, est transporté à Versailles. Il ne reste que les châssis de coulisse, la toile de fond et les frises ayant disparu. L’idée consisté à le restaurer et de le remonter sur le plateau pour l’exposition Louis-Philippe. Il faut tout le talent d’Antoine Fontaine, peintre-décorateur, pour restituer les éléments manquants. Il suit au plus près la description donnée par les inventaires, retrouve les couleurs, les gestes de l’artiste. Ce décor, impressionnant, donne aux visiteurs une idée grandeur nature de l’audace des décorations de théâtre du XIXe siècle. Il s’agit d’ailleurs du plus grand décor de théâtre de cette époque conservé aujourd’hui.

La Galerie de Pierre, l’escalier des Prince, couloir (rarement) isolé… La beauté est partout à Versailles.
A savoir :
Ce décor sera présenté et visible seulement jusqu’au 13 novembre 2018. Il ne faut donc pas tarder pour aller le voir. Cela vaut vraiment le coup d’œil. C’est beau et émouvant.
Informations pratiques
Exposition du 6 octobre 2018 au 3 février 2019 au Château de Versailles.
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 9 h à 18 h 30 jusqu’au 31 octobre et de 9 h à 17 h 30 jusqu’au 3 février.
http://www.chateauversailles.fr
Copyright : Caroline Paux
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