Simone Pheulpin sculpte le textile et s’exprime avec les plis…

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Simone Pheulpin sculpte le textile et s’exprime avec les plis…

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Simone Pheulpin aime sculpter le textile de manière atypique. Elle utilise le pli comme un langage… son langage. Ses bandes de tissu écru inlassablement empilées, triturées, reliées font naître des sculptures organiques. Ces sculptures racontent le regard, intense, profond, émerveillé que Simone Pheulpin porte sur la nature et transcrivent avec une infinie poésie sa vision du monde. Portrait d’une femme qui sort des sentiers battus et qui vaut le détour.

La Fondation Ateliers d’Art de France a été séduite par le travail de Simone Pheulpin. En 2015, pour la récompenser de ses magnifiques créations, elle lui a décerné le prix Le Créateur, reflet d’une démarche et d’un savoir-faire emblématiques. La Fondation Ateliers d’Art de France a ainsi mis en lumière une technique personnelle inédite et sans équivalence, dont les possibilités semblent infinies.

Simone Pheulpin Croissance IV

Simone Pheulpin Croissance IV

Maîtriser la matière, réfuter le hasard… c’est ce qu’aime Simone Pheulpin

Sculpture de Simone Pheulpin

Simone Pheulpin n’a jamais fréquenté d’école d’art, ni appris à tailler et encore moins à modeler. Or, elle fait preuve d’une maîtrise absolue du volume sculptural. Son matériau, de simples bandes de tissu de coton brut. Et pourtant le rendu, noble et précieux, évoque mille matières : pierre fossilisée, écorce, coraux, coquillages, ivoire… L’origine de son art miraculeux surgit de souvenirs d’enfance. Née à Nancy en 1941, la créatrice a beaucoup joué dans des manufactures textiles vosgiennes produisant les tissus utilisés pour la fabrication de pneus automobiles. C’est ce même calicot blanc écru, non décati, qu’elle utilise aujourd’hui. Elle se le procure au mètre et découpe ses bandelettes aux dimensions nécessaires à son dessein. Mais pas de dessin pour construire l’oeuvre ! « Je sais ce que je veux », proclame l’artiste, qui réfute le hasard et aboutit ses formes au bout d’un long et lent travail d’empilement, d’enroulage, de pliage, de serrage denses qui compose des structures complexes maintenues en leur coeur par des milliers d’épingles invisibles. Mais ce tissu préencollé, brut, « parfois n’y va pas » et impose son propre chemin. Des incidents de parcours surgis de la lutte entre matière et créatrice,  ouvrent à des formes nouvelles, impensées car le tissu prend le dessus.

Anfractuosité et Babel de Simone Pheulpin

Anfractuosité et Babel de Simone Pheulpin

Le tissu est comme  une vision du monde pour Simone Pheulpin

Eclosion et Eclipse de Simone Pheulpin

Eclosion et Eclipse de Simone Pheulpin

Racines, strates, stries, concrétions, accumulations sont à la base de son inspiration. De la géologie à l’organique, de la pierre fossilisée à la morphologie végétale ou animale, Simone Pheulpin s’inspire pour réaliser ses oeuvres. « Mes réalisations sont le résultat d’une expression instinctive. La souplesse du matériau et le mouvement de superposition conduisent à des formes avec lesquelles jouent l’ombre et la lumière. Elles sont le reflet d’une harmonie avec le monde naturel », se plaît-elle à dire pour dépeindre son travail. Description synthétique à laquelle il faut ajouter une dextérité évidente, stupéfiante, la grâce magique du geste maîtrisé de celle qui fut lauréate de nombreux prix. Un réel talent d’illusionniste aussi, tant est consommé son art de simuler toutes sortes de matières, lisses ou moussues, rigides ou tendres, brutes ou précieuses. Tant elle excelle à dissimuler la rigidité métallique des épingles enchevêtrées qui maintiennent ses sculptures. Elle a d’ailleurs pensé à faire radiographier une oeuvre. « Je me suis découvert alors dans une autre forme d’écriture, agressive à l’intérieur, tandis que l’extérieur est serein. » Une écriture à l’alchimie secrète qui pièce après pièce construit un univers formel, un vocabulaire de motifs propres, un langage décoratif qui semble sortir de ses doigts comme l’écriture automatique de la plume, rejoignant la poésie pure.

Décade

Décade

Un monde de plis

Sculpture de Simone Pheulpin

Un monde de Plis

Un monde de Plis

En novembre et décembre 2017, Simone Pheulpin a exposé ses sculptures à la Chapelle expiatoire. N’ayant pas pu m’y rendre, je dois me contenter des informations d’une amie qui s’y est rendue à ma place pour vous dire à quel point elle était magnifique. Sans compter que le lieu choisi est tout simplement sublime. Un Monde de Plis a retracé 30 ans de travail. L’écrin que fut la Chapelle expiatoire à Paris a parfaitement mis en valeur les créations de l’artiste. Simone Pheulpin a occupé l’ensemble de l’édifice en y introduisant plus d’une trentaine de ses oeuvres qui on su entrer en résonance avec l’âme intangible et le style du lieu. Mieux, nouer un fécond dialogue entre ses pièces et les éléments architecturaux, scupltures de marbre et bas-reliefs symboliques du coeur de la chapelle, de la crypte ou de la sacristie, transformée en véritable cabinet de curiosités. C’est ce que voulait Simone Pheulpin. Il faut reconnaitre que ce dispositif a mis en valeur l’exigeante précision et la délicatesse de l’oeuvre de cette artiste. Ses pliages révèlent les formes de la nature, passent de l’ombre à la lumière, font apparaître ou dissimulent, soumettent la technique à l’esthétique et rejoingne ainsi la spiritualité.

Simone Pheulpin

Simone Pheulpin

La Chapelle expiatoire à Paris

Chapelle Expiatoire

Chapelle Expiatoire

Cette chapelle est gérée par le Centre des monuments nationaux. Monument commémoratif, elle fut érigée à la demande de Louis XVIII en 1814 par l’architecte Pierre François Léonard Fontaine. Il s’agissait de raviver la mémoire de la famille royale après la Révolution sur les lieux de l’inhumation de Louis XVI et Marie- Antoinette après leur exécution en 1793. Lieu d’histoire donc, conçu selon un style néoclassique qui revendique ses emprunts à l’Antiquité, au Moyen Âge et à la Renaissance, tout en s’inspirant du Panthéon de Rome et de la période baroque. S’affranchissant des barrières du temps et de l’espace,

La Fondation Ateliers d’Art de France

Un monde de Plis

Simone Pheulpin en train de travailler

Sous l’égide de la Fondation du Patrimoine, elle valorise la vitalité et l’inventivité qui caractérisent les métiers d’art. Elle encourage la création et permet la réalisation d’ambitieux projets à travers son cycle triennal d’appels à projets : L’OEuvre, Le Créateur et La Pensée. www.fondationateliersdart.com Ateliers d’Art de France est l’organisation professionnelle des métiers d’art. Elle rassemble plus de 6000 professionnels des métiers d’art, artistes de la matière et manufactures d’art en France. Émanation des ateliers d’art, elle est l’interlocuteur de référence des pouvoirs publics, des professionnels et du public. Ateliers d’Art de France s’est donné pour mission de défendre et représenter le secteur des métiers d’art, contribuer au développement économique des professionnels et faire rayonner les métiers d’art en France et à l’international. Elle intervient dans l’éducation, la culture, les choix politiques, la promotion et les valeurs humaines.
www.ateliersdart.com

Un monde de Plis

Sculpture de Simone Pheulpin

Copyright : Sophie Bassouls – Maison parisienne -Julien Cresp

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