La base de Kourou est connue du monde entier : c’est de là que sont lancées les fusées Ariane, et d’autres encore. Le Centre spatial de Guyane a… la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Le site est immense, avec ses gigantesques hangars dédiés aux fusées. Et il est également devenu, involontairement mais c’est une réalité, une grande réserve naturelle. En tout cas, l’endroit est passionnant à visiter.
Impossible de l’ignorer, de ne pas l’admirer : la maquette grandeur nature de la fusée Ariane 5, à l’entrée du Centre Spatial Guyanais. Tous les visiteurs de Kourou passent immanquablement devant. Et, bien sûr, presque tous la prennent en photo. Avec ses 53 m de haut –quelques mètres de moins que sa remplaçante, Ariane 6-, d’un blanc immaculé, elle semble prête à décoller. Une image forte, un éclatant symbole.
Car Kourou est la porte française ouverte sur l’espace, l’une des trois plus importantes bases dans le monde. Un aéroport spatial d’où sont déjà parties plusieurs centaines de fusées. Quelque 350 Ariane, Vega ou même Soyouz ont en effet été lancées ici depuis 1968. Sans parler des innombrables tirs de fusées-sondes. Ces lanceurs emportent à chaque fois des satellites. Qui, une fois mis sur orbite, nous rendent d’innombrables services.

La maquette du lanceur Ariane 5, grandeur nature, à l’entrée de l’aéroport spatial©Caroline Paux
Kourou impressionne
La visite de Kourou impressionne. D’abord, et bien que ce soit le deuxième site le plus visité de Guyane, après les îles du Salut, elle ne s’improvise pas. Sécurité oblige. La base est gérée par le Centre national d’études spatiales (CNES). Il faut s’enregistrer 48 h avant la date prévue, en prouvant son identité. Puis, le jour même, avant de pénétrer sur la base, fouille des sacs et palpation. Une file pour les hommes, une autre pour les femmes. Ensuite seulement commence le grand voyage vers les étoiles. En bus. Les distances entre les différents points d’intérêts sont en effet vraiment importantes.
D’ailleurs, tous les bâtiments et constructions qui composent la base de Kourou se trouvent eux-même très éloignés les uns des autres. Pour éviter un « effet domino », si un incident venait à se produire dans l’un d’eux. Les matériaux employés ici, et surtout les combustibles, sont hautement inflammables, est-il besoin de le souligner ?

Un des pas de tir, reconnaissable aux mats paratonnerre sur les quatre côtés.
Les lanceurs arrivent par bateau
Le visiteur découvre ainsi à Kourou une sorte de zone industrielle très dispersée. Chaque hall remplit une fonction précise dans la préparation des lanceurs. Car ici, il n’est pas question de fusées : ce sont des lanceurs.
Précision d’importance, les lanceurs ne sont pas fabriqués à Kourou. Ils y sont assemblés. Les éléments d’Ariane 6, pour ne parler que du lanceur emblématique, arrivent d’Europe par bateau spécial. C’est un grand voilier, d’ailleurs, venu de Le Havre, qui accoste près de la base, dans l’embouchure du fleuve Kourou. De là, les différentes pièces, particulièrement volumineuses, sont acheminées par rail ou poids lourds très, très spéciaux.

Le voilier qui amène les éléments des fusées depuis la métropole.
L’assemblage se fait dans des bâtiments gigantesques
Le lanceur est ensuite assemblé dans des bâtiments gigantesques, complètement démesurés. A l’horizontale pour les deux premiers étages d’Ariane 6. Après quelques jours de travail minutieux, le corps central est transféré sur le pas de tir, à quelque 800 m de ce premier bâtiment. Puis levé et mis en position verticale, avant que ne soient fixés les boosters, destinés à propulser l’étage principal. Dernière étape : l’encapsulage du ou des satellites -leur nombre dépend de leur taille- dans la coiffe, l’étage supérieur.
Aujourd’hui, l’ensemble de ces opérations peut être effectué en seulement 6 ou 7 jours, contre plus du double pour Ariane 5 ! De la même manière, le rythme des lancements va s’accélérer d’année en année. Il y en aura eu 4 en 2025. Et Arianespace vise 8 lancements en 2026, pour atteindre les 30 en 2030.

Une partie de lanceur. Pour Ariane 6, l’assemblage se fait en position couchée.
A Kourou, attention jaguar !
En sillonnant, toujours en bus, le site de Kourou ont aperçoit parfois des panneaux de signalisation routière qui ne manquent pas de surprendre : attention, jaguar ! Ce n’est pas une plaisanterie. En fait, pas moins de 23 de ces magnifiques animaux ont été recensés ici. Il s’agit, ni plus ni moins, de la plus grande concentration de ces félins en Amérique du Sud.
Il faut dire que la base de Kourou est immense : quelque 660 km², l’équivalent de 6 fois la superficie de Paris. Dont seule une petite partie est occupée par les installations spatiales. Le reste, inaccessible au grand public, est ainsi devenu est une véritable réserve naturelle bien qu’elle n’en porte pas le nom. Dans ce sanctuaire de la biodiversité se trouvent ainsi des biches rouges, des tatous, des loutres géantes, pumas, tamanoirs… Pour autant, n’espérez pas trop en voir depuis le bus.

Avec ses 660 km², inaccessibles au public, Kourou est devenue une véritable et intéressante réserve naturelle.
La salle Jupiter, centre nerveux de la base
La fin de la visite réserve un moment fort : la découverte de la salle Jupiter 2. Située au 3e étage de l’un des bâtiments administratifs, à 20 km du pas de tir d’Ariane, elle est le centre nerveux de la base. Derrière un mur de verre, une batterie d’ordinateurs disposée en arc de cercle, face à un grand écran. Dans cette salle de commandement sont coordonnées toutes les opérations lors d’un lancement.
Même vide, Jupiter 2 laisse deviner la tension, l’exaltation qui règnent lors de ces minutes, de ces secondes décisives. Car un lancement peut encore être interrompu à seulement quelques fractions de secondes de la mise à feu. Et l’on se prend à envier les VIP et autres invités, heureux occupants des fauteuils de spectateurs. Ceux-là assistent en direct à l’évènement. Ils le vivent pleinement.

La salle Jupiter 2, poste de commandement.
Guyaspace Experience, escale passionnante
En tout cas, Kourou est décidément pleine de surprises. Et plus on en apprend, plus on a envie d’en savoir. Sur les fusées, ce monde si particulier qui est le leur. Aussi est-ce tout naturellement que la visite de la base de Kourou se prolonge au Guyaspace Experience. Il s’agit du musée de l’espace, entièrement remodelé après de longs mois de travaux. Transfiguré, rouvert depuis juillet 2024 seulement, il est passionnant !
Qu’est-ce qu’une fusée, comment est-elle construite ? Le rôle d’un satellite, son fonctionnement. Les coulisses du Centre spatial guyanais, les métiers de l’ombre, l’épopée des lanceurs Ariane ou Vega. Tout ceci est détaillé, de manière aussi attrayante qu’instructive. Petits et grands y passent volontiers de longs moments. Guyaspace Experience constitue une escale captivante de ce voyage dans les étoiles.

Le musée de l’espace est devenu Guayaspace Experience, après de longs travaux de remodelage.

Les adultes, tout comme les plus petits, sont subjugués par ce monde si particulier.

Tout savoir sur les lanceurs, les satellites, les métiers qui gravitent autour.
Informations pratiques
Que voir, que faire en Guyane ? A quelle période venir ? L’office de tourisme de la Guyane répond à toutes ces questions, et beaucoup d’autres, fait découvrir l’infinie diversité de cette magnifique région. Indispensable !
Le site du Centre Spatial Guyanais est une mine de renseignements pour tout savoir sur l’aventure spatiale à Kourou, son histoire et son financement, l’actualité des différents lancements. C’est ici qu’il faut s’inscrire pour la visite -entièrement gratuite- des lieux. Elles ont lieu deux fois par jour, du lundi au vendredi.
La découverte des savanes entourant les installations du Centre spatial de Guyane est possible une fois par mois. Elle s’effectue sous la conduite d’un guide de l’Office national des forêts. Tout comme la visite de la base, elle est gratuite et nécessite une réservation, toujours sur le site du Centre Spatial.
Où dormir ?
Hôtel Mercure Ariatel (4*) à Kourou, une oasis de luxe à proximité immédiate du Centre Spatial. L’établissement, rénové voici peu, comporte 80 suites individuelles installées dans de petits bungalows. Il comporte aussi une très agréable piscine, qui bénéficie de plus d’un joli cadre.

L’hôtel Mercure Ariatel à Kourou dispose d’une agréable piscine, dans un beau cadre.
Aller en Guyane
La compagnie française Air Caraïbes assure des vols quotidiens entre Paris-Orly et Cayenne durant tout l’été et une bonne partie des vacances scolaires, notamment à Noël. Le reste de l’année, elle dessert la Guyane 4 jours par semaine : le mardi, jeudi, vendredi et dimanche. Prix du vol AR Paris-Orly – Cayenne : à partir de 600 €. A noter qu’Air Caraïbes a mis en service sur cette ligne l’Airbus A 350 XWB. Plus silencieux et mieux pressurisé, cet appareil offre davantage de confort aux passagers.
https://www.guyane-amazonie.fr/
Photos : Bernard Frantz
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