Pierre Soulages
A l’âge de 18 ans, il s’installe à Paris pour préparer le concours d’entrée aux Beaux-Arts. Dans la capitale, il découvre des oeuvres de Cézanne et Picasso dans la galerie Paul Rosenberg. Mobilisé en 1940, il quitte Paris. Démobilisé en 1941, il se rend à Montpellier pour préparer le professorat de dessin. Dans cette ville, il fait la connaissance de Colette Llaurens. C’est le coup de foudre, le mariage et une vie passionnée et passionnante avec cet alter ego qui lui a tapé dans l’oeil et foudroyé le coeur. Rusé, Pierre Soulages utilise une ruse pour échapper au service du travail obligatoire. Il se fait passer pour un ouvrier agricole en utilisant des faux papiers. Malin et efficace, le stratagème fonctionne à merveille et Pierre Soulages peut vagabonder comme bon lui semble. Sa rencontre avec Joseph Delteil lui permet d’approfondir sa connaissance de l’art moderne qui était quelque peu lacunaire.
A savoir
Au cours de ses périgrinations, l’artiste découvre les œuvres de Max Ernst et Salvador Dali en lisant un article de propagande nazie contre l’« art dégénéré ». Ledit article était illustré avec des peintures des deux peintres.
Paris et Province : le choix du roi
Après la Libération, Pierre et Colette Soulages s’installent à Courbevoie. Nous sommes en 1946. Lassé de la banlieue, le couple s’installe rue Schoelcher entre Denfert-Rochereau et Montparnasse. Ils y resteront de 1947 à 1957. En 1948, Pierre Soulage participe à des expositions à Paris et en Europe, notamment à « Französische abstrakte malerei » dans plusieurs musées allemands. Bien qu’il soit plus jeune que le groupe de peintres au sein duquel s’activent les premiers maîtres de l’art abstrait, Kupka, Domela, Herbin et autres, l’artiste sait se faire remarquer. D’ailleurs, l’affiche est faite avec une de ses peintures en noir et blanc. En 1949, il expose à titre personel à Paris, galerie Lydia Conti. Puis suivent des expositions de groupe à New-York, Londres, Sao-Paulo et Copenhague. De 1949 à 1952, il réalise trois décors de théâtre et ballets et lance ses premières gravures à l’eau-forte à l’atelier Lacourière.
Les expositions s’enchainent
Il participe à des expositions de groupe présentées à New-York et dans plusieurs musées américains. C’est le cas de « Advancing french art » (1951), de « Younger European artists » Guggenheim Museum (1953), et de « The new Decade », Museum of modern art (1955). Il expose régulièrement à la Kootz Gallery, New-York, et plus tard à la galerie de France, Paris.
Les déménagements se suivent
Au printemps 1974, ils emménagent au deuxième étage du 14, rue Saint-Victor Paris 5ème. Petite rue située à proximité de la Rue des Ecoles. En revanche, il ouvre son atelier rue Galande en 1957, à proximité de la Rue Dante. Il y travaillera jusqu’en 1973. Ses toiles où le noir domine sont abstraites et sombres. Elles ne passent pas inaperçues tant elles diffèrent de la peinture demi-figurative et très colorée de l’après-guerre. Colette Soulages étant originaire de Sète, le couple y fait construire une villa. Si l’architecte Jean Rouzeau en a signé les plans et le permis de construire, Pierre Soulages s’en est toujours attribué la paternité… Il semblerait que Jean Rouzeau se soit inspiré de certaines des ouvres de Soulages pour la construction. La villa est de plain-pied, horizontale, minimaliste, avec de grandes pièces entièrement vitrées sur la mer, au sud.
Le noir et le blanc s’entrechoquent
Après avoir été refusé au Salon d’automne l’année précédente, Soulages expose des œuvres abstraites, au Salon des surindépendants. Ses toiles sont faites de tracés par larges lignes croisées, avec des bruns, des ocres et des noirs pour couleurs. A l’huile, au goudron ou au brou de noix, sur toile, papier ou verre, ces tracés traversent la surface, se superposent, construisent une structure. Le blanc, agissant comme lumière, s’infiltre entre eux, semblant parfois les éroder, parfois chercher un passage entre eux. La première toile de Pierre Soulages recouverte intégralement de noir est « Peinture 162 × 127 cm, 14 avril 1979 ». Cette oeuvre est conservée à Montpellier, au musée Fabre. En 1990, l’artiste nomme « outrenoir » ce travail sur le noir et ses reflets : « au-delà du noir une lumière reflétée, transmutée par le noir.
Avant le noir, la couleur associée au noir
Pierre Soulages : un talent fabuleux
Entre 1986 et 1994, Pierre Soulages a honoré une commande publique exceptionnelle. Il s’agit des vitraux de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, des verrières hors norme*, translucides et non transparentes. Il avait l’habitude de dire que le coeur battant du musée Soulages était la salle consacrée aux vitraux de Conques. C’est dans cette église qu’il avait eu sa vocation de peintre. Entre 1994 et 1998, sont publiés trois tomes du catalogue raisonné « Soulages, œuvre complet : peintures », par Pierre Encrevé, éditions du Seuil, Paris. En 2001, il est le premier peintres a exposer au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg puis à la galerie Tretiakov de Moscou. Le talent de l’artiste vaut qu’aujourd’hui, il exposé dans plus de 110 musées sur tous les continents avec plus de 230 peintures.
*104 vitraux
Le musée Soulages
C’est en mai 2014 que le musée Soulages a été inauguré. Son architecture a été conçue par les Catalans RCR Arquitectes. Le musée Soulages est un établissement de coopération culturelle bénéficiant du partenariat de Rodez agglomération, du département de l’Aveyron, de la région Occitanie et du Ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles. En 2021, il a dépassé le seuil d’un million de visiteurs depuis son ouverture.Le musée Soulages a été conçu du vivant du peintre -chose rare. L’artiste avait confié une mission précise au musée. Il tenait à ce qu’il accueille les autres mouvements et les autres artistes, Picasso, Calder, Klein, Léger, Le Corbusier, etc… Soulages luttait contre l’inertie des musées qui ne voit que leurs collections. Cette mission va se poursuivre plus que jamais.
Pierre Soulages et l’amour de sa terre natale
Amoureux de leur terre natale, en 2005, Pierre et Colette Soulages font une donation exceptionnelle à la Communauté d’agglomération du Grand Rodez. Elle comporte 500 pièces, dont tout l’œuvre gravé* et les travaux préparatoires aux vitraux de Conques. Font partie de cette donation des peintures sur toile et sur papier**, de la documentation, des livres, des photographies, des films et des correspondances. Une seconde donation intervient en décembre 2012 au profit de la communauté d’agglomération du Grand Rodez. Elle est composé de 14 peintures couvrant la période de 1946 à 1986. Cette donation estimée à 6,8 millions d’euros permet au musée ruthénois d’abriter la quasi totalité des œuvres du peintre. Important, elles couvrent des périodes très rares de la plus grande collection de Soulages au niveau mondiale.
*eaux-fortes, lithographies, sérigraphies.
** un ensemble unique, dont des gouaches, des encres et les brous de noix.
Infos pratiques
Musée Soulages
Jardin du Foirail, Av. Victor Hugo, 12000 Rodez
Tel. 05 65 73 82 60
Surface 6 200m2
https://musee-soulages-rodez.fr/collections/
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