Rodin et Bourdelle : un corps à corps passionnant qui vaut d’être découvert

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Rodin et Bourdelle : un corps à corps passionnant qui vaut d’être découvert

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Antoine Bourdelle fut un fervent admirateur d’Auguste Rodin qui avait vingt ans de plus que lui. Pendant quinze ans, il fut chargé de tailler des marbres pour Rodin. Bien qu’il fut indocile, Rodin le considérait comme « un éclaireur de l’avenir ». Leurs trajectoires furent telles qu’il fallait leur consacrer une exposition. En effet, tantôt parallèles et souvent superposées, elles sortent de l’ordinaire et valent le détour.

À travers plus de 160 oeuvres, dont 96 sculptures, 38 dessins, 3 peintures et 26 photographies, on se rend compte de leur ambition respective et de l’ampleurs de leur carrière. Sont également mises en avant leurs fraternités et réciprocités comme leurs divergences et antagonismes. Ces deux univers plastiques sont porteurs des enjeux majeurs de la modernité.

Rodin - Bourdelle essais bustes en plâtre.

Essais bustes en plâtre.

Rodin - Plâtres d'Auguste Rodin.

Plâtres d’Auguste Rodin.

Rodin et Bourdelle : l’exposition

Un parcours insolite et captivant

L’âme du matériaux

La première section de cette exposition nous fait découvrir pourquoi et comment Bourdelle devint les « mains » de Rodin. Effectivement, il transcrivait dans la pierre des modèles en plâtre du maître, dont la magistrale Ève. A titre exceptionnel elle a été prêtée par la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague. Elle constitue l’ultime chef-d’oeuvre et montre la fascination réciproque des deux hommes pour le marbre et l’esthétique de l’inachevé. Un dispositif numérique interactif et tactile a été mis en place pour vous permettre de devenir praticien pour Rodin. Et ce, à partir de situations réelles. Vous devrez faire des choix, prendre des initiatives ou répondre au plus près aux attentes du sculpteur.

Rodin - Rose Beuret plâtre.

Rose Beuret plâtre de Rodin.

Anonyme - Vierge berçant l'enfant.

Anonyme – Vierge berçant l’enfant.

Rodin et Bourdelle collectionneurs

Conçue comme un intermède au sein de l’exposition, cette partie montre que Rodin et Bourdelle furent l’un comme l’autre des collectionneurs enthousiastes. Choisi dans leurs collections respectives, un ensemble significatif témoigne de leur fraternité esthétique comme de leur curiosité insatiable. Ils étaient passionné par l’Antiquité gréco-romaine, les oeuvres égyptiennes, hindoues japonaises et perses. Mais également par les objets d’art et les sculptures médiévales  qui donnent matière à rêver et à créer…

Mains

Mains

Rodin - Têtes

Têtes

L’esthétique du fragment

Cette deuxième section met en exergue l’expressivité plastique d’un « corps en morceaux ».  Tête, main, torse  ont trouvé une légitimé avec Rodin. Un ensemble de masques rappelle que cet abrégé saisissant de la personne fut largement exploité par les deux sculpteurs. Ils étaient en quête d’expressions synthétiques et de symboles puissants. Les mains résument à elles seules l’esprit d’une composition. D’ailleurs, certaines ont été traduites en marbre comme La Main de Dieu* de Rodin ou fondues en bronze comme la Main désespérée**de Bourdelle. Au regard des deux artistes, elles constituaient « un portrait en acte ». De la vibration du modelé à la géométrisation et la synthèse des formes. Le torse instaure un dialogue exemplaire entre des plâtres et des bronzes de Rodin et de Bourdelle. Sans oublier la radicalité de figures de Raymond Duchamp-Villon, Constantin Brancusi, Alberto Giacometti, Ossip Zadkine et Chana Orloff.

Visages en plâtre.

Visages en plâtre.

Buste et tronc

Buste et tronc

Le Monument(al)

La troisième section pose la question du déploiement de la sculpture dans l’espace. Initiées par Rodin, poursuivies par Bourdelle, les prospections autour du socle attestent leur désir de repenser et décupler les proportions. En revanche, la confrontation de Porte de l’Enfer et du Monument à Balzac du premier, de la façade du Théâtre des Champs-Élysées et du monument de La France du second, offrent une complète antithèse plastique. Au fourmillement vitaliste de Rodin, Bourdelle oppose sa capacité à contenir, maîtriser et architecturer.

Rodin- Bustes

Bustes

Corps en bois

Corps en bois

Métamorphoses et Hybridations

La dernière section s’intéresse aux centaures, centauresses, symbiose de l’animal, du végétal et de l’humain. Rodin et Bourdelle puisent dans l’intarissable source mythologique pour explorer et libérer, en dessin comme en sculpture, les potentialités inépuisables de la forme.

Fin de l’exposition

L’exposition se termine sur l’exploration de la figure debout dans la lignée de L’Homme qui marche de Rodin. Suivi de l’Autoportrait sans bras de Bourdelle, Le Serf d’Henri Matisse, L’Homme qui marche de Germaine Richier et l’Homme traversant une place d’Alberto Giacometti. Cet ensemble met en évidence la postérité de la voie expressionniste rodinienne comme de la synthèse bourdellienne. Il souligne l’influence des deux maîtres à la source des avant-gardes. En contrepoint, des oeuvres d’Henri Matisse, Constantin Brancusi, Raymond Duchamp-Villon, Ossip Zadkine, Chana Orloff, Alberto Giacometti, Germaine Richier.

Un nu érotique.

Un nu érotique.

A savoir

L’exposition bénéficie du soutien exceptionnel du musée Rodin. En effet, il a prêté 60 oeuvres de ses collections. De nombreuses institutions internationales ont également prêté des oeuvres.  Le musée national d’Art moderne; le Centre de création industrielle, le Centre Pompidou et le musée d’Orsay. Mais également la maison de Balzac, le Petit Palais et le musée des Beaux-arts de la Ville de Paris. Ont également contribué le musée des Beaux-arts de Lyon, le musée des Beaux-arts de Rouen, le musée Matisse de Nice, le musée départemental Matisse du Cateau-Cambrésiset  les Ateliers-Musée Chana Orloff. Pour finir, la Fondation Giacometti à Paris, l‘Alberto Giacometti-Stiftung Kunsthaus de Zürich et la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague.

Un magnifique cheval trône dans le jardin.

Un magnifique cheval trône dans le jardin.

Des statues et des sculptures le long de la galerie.

Des statues et des sculptures le long de la galerie.

De belles sculptures jalonnent le jardin.

De belles sculptures jalonnent le jardin.

De belles sculptures jalonnent le jardin.

Un havre de paix où flâner est un pur bonheur.

Musée Bourdelle : un charme fou

Le musée a réouvert en mars 2023 après deux ans de travaux. Cette rénovation opérée dans le respect du patrimoine architectural a permis de restaurer l’atelier du sculpteur. Le parcours des collections a été modifié. Une médiation textuelle et numérique innovante est en place. Le nouveau café restaurant porte le nom de la fille de Bourdelle : Le Rhodia. Ce musée se situe dans les lieux occupés par le sculpteur pendant plus de 40 ans. Antoine Bourdelle s’installe à 23 ans dans cette cité d’artistes de Montparnasse. Le succès venant, il étend progressivement son territoire, d’atelier en atelier. Sa veuve Cléopâtre et sa fille Rhodia oeuvrent pour l’ouverture du musée en 1949. Certains espaces, comme l’emblématique atelier de sculpture, sont conservés dans un état exceptionnel.

Infos pratiques

Musée Bourdelle
18, rue Antoine-Bourdelle
75015 Paris
Tél. : +33 (0)1 49 54 73 73
www.bourdelle.paris.fr
Tarifs de l’exposition
T.Plein : 10€
T.Réduit : 8€
Accès gratuit dans les collections permanentes.
Paris Musées offre de nombreux avantages.
https://www.parismusees.paris.fr/fr

Photos Gaëlle Alban

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