Dans l’Aude, se cache un minuscule village qui dissimule un secret. Celui de son abbé que l’on soupçonne d’avoir découvert un trésor. Ce village, c’est Rennes-le-Château. Une histoire qui a inspiré, en partie, le Da Vinci Code.
Si l’été Rennes-le-Château est pris d’assaut par les touristes, rien de tel en hiver.
Rennes-le-Château
On peut déambuler à loisirs dans ce minuscule village de moins de cent habitants. Et ce, sans être bousculé par des « chercheurs de trésors ». Effectivement, ici se cacherait un trésor. Selon les ouvrages parus sur ce sujet (on en compte plusieurs centaines), il pourrait s’agir du trésor des Wisigoths, des templiers ou même de Blanche de Castille, la mère de Saint Louis. Point de trésor quand on marche dans les rues de ce village. Mais des rues refaites, des sculptures dues à un sculpteur suisse installé dans la région et quelques boutiques de souvenirs plus ou moins ésotériques. En quelques années Rennes-le-Château est devenue un incontournable de tout voyage dans l’Aude.
Urs Zimmermann, globe-trotter et sculpteur
Rennes-le-Château abrite une trentaine d’œuvres du sculpteur suisse Urs Zimmermann. Elles sont exposées dans les rues du village et dans le jardin de la villa Béthanie. Né en 1954 à Zurich, Urs Zimmermann a parcouru le monde de Chartres à Saint-Jacques-de-Compostelle ou du Tibet au Zimbabwe en passant par la Sicile. Il est venu finir ses jours à Rennes-le-Château. Il y est mort le 25 avril 2022, à l’âge de 67 ans.
Un village misérable tombé dans l’oubli
Ce village situé à une centaine de kilomètres de Toulouse et à 150 de Montpellier a une histoire très étonnante. Rennes-le-Château est un lieu de ponte de… dinosaures. Des humains y habitent ensuite dès le néolithique. On y trouve aussi des traces d’une occupation gallo-romaine. A cet endroit, s’élève une puissante forteresse. Le village, alors baptisé Rhedae, devient la capitale wisigothique du Razès, la région alentours. Les Wisigoths, dont le roi Alaric Ier a pillé Rome en 410. Selon certains, son trésor aurait pu être caché des années plus tard dans la région par Alaric II… L’histoire du village s’écoule avec ses hauts et surtout ses bas. Et Rennes tombe dans l’oubli. Jusqu’à l’arrivée de l’abbé Saunière. Nous sommes en 1885.
L’église de Rennes-le-Château était tombée à l’abandon
L’abbé est né le 11 avril 1852 à Montazels, à cinq kilomètres et demi de Rennes-le-Château. Il est ordonné en 1879 à Carcassonne. D’abord vicaire d’Alet-les-Bains, il devient curé du village du Clat. Trois ans plus tard, il est envoyé sur décision de l’évêque qui lui reproche ses prêches enflammés, à Rennes-le-Château. Une nomination en forme de punition. Rennes-le-Château est alors un village misérable. A ce point misérable que l’abbé, faute de presbytère, prend pension lors de son arrivée le 1er juin chez une paroissienne. Quant à l’église, quasi à l’abandon, elle n’a plus qu’un toit laissant largement passer la pluie. Mais les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les prêches royalistes de l’abbé irritent la Troisième République naissante. Privé de revenus par l’Etat qui, alors salarie les prêtres, il est envoyé par son évêque à Narbonne comme professeur au petit séminaire.
Les premiers travaux dans l’église de Rennes-le-Château
L’abbé patientera un an dans ce petit séminaire. Il reviendra à Rennes-le-Château le 1er juillet 1886. Dans ses poches, 3 000 francs-or octroyée en reconnaissance de son soutien par la comtesse de Chambord. En 1873, elle avait bien failli être reine de France au côté de son mari « Henri V »… Fort de cet argent, l’abbé Saunière lance les travaux de restauration de l’église en ruine. L’année suivante, après les plus urgents, il fait procéder au remplacement du maître-autel. C’est lors de l’enlèvement de l’ancien que sont découverts de mystérieux documents, aujourd’hui disparus. Ce sera le tour, quelques temps après, d’une fiole contenant un petit parchemin dans un vieux balustre. Enfin, lors du dépavement du chœur, une marmite remplie de pièces d’or et d’objets du culte est découverte.
Un mystérieux tombeau découvert dans l’église de Rennes-le-Château
Quelques années plus tard, le 21 septembre 1891, l’abbé découvre un étonnant tombeau. Qu’a-t-il trouvé ? Le mystère reste entier. Toutefois, dans son église figure une importante statue de saint Antoine de Padoue. Or, ce dernier est le « saint patron » des objets perdus. Etonnament, en 1901, le train de vie de l’abbé change considérablement. Il fait construire sur des parcelles achetées au nom de sa servante, Marie Dénardaud, une somptueuse demeure, la villa Béthanie. Puis, elle est dotée d’une tour néo-gothique baptisée Magdala, d’une serre en verre et d’un belvédère. Maintenant, on rejoint la première par un long couloir qui sert de cadre à des expositions de peintures. Il y a aussi un parc et un jardin paysager. Tout cet ensemble ainsi que le petit musée consacré à l’abbé se visite. Trop réaménagée, la villa Béthanie a, hélas, perdu une part de son mystère.
Y avait-il un trésor dans l’église de Rennes-le-Château ?
Mais d’où vient l’argent du prêtre ? Des rumeurs commencent à circuler. Il se murmure que l’abbé aurait pillé des tombes, la nuit, dans le cimetière. Ses paroissiens s’en plaignent dès 1895. On le soupçonne aussi de vendre des messes, de pratiquer la simonie. Et d’utiliser les dons reçus à des fins privées. Dès 1903, son évêque lui interdit de le faire. Malgré tout, l’abbé mène grand train. A tel point que le nouvel évêque de Carcassonne lui demande l’origine de son argent. Devant son mutisme, en 1909, l’abbé est nommé dans une autre paroisse. Mais il refuse et donne sa démission. L’abbé Saunière est traduit devant un tribunal ecclésiastique l’année suivante. Condamné et déchu de ses fonctions sacerdotales, il commence à connaître des difficultés financières. Un prêt de 6 000 francs-or est contracté auprès du Crédit foncier. Il ne sera jamais remboursé.
Le début du mystère de Rennes-le-Château
D’où provient donc l’argent de l’abbé ? Grâce à ses papiers, on sait qu’une partie de ses fonds lui ont été apportés par son frère cadet, Alfred Saunière, également prêtre. Etant également prédicateur, il l’aurait mis en contact avec des personnes fortunées et… généreuses. Notamment les grandes familles royalistes de la région. Mais était-ce suffisant pour assumer le train de vie de l’abbé ? Des rumeurs commencent à circuler. Pourquoi l’abbé a-t-il refusé aux villageois l’accès à sa citerne alors qu’un incendie faisait rage dans le village ? Aurait-il trouvé un trésor ? Faute d’éléments tangibles, la rumeur de la découverte d’un trésor ne cessa de se répandre. Les nazis, qui s’installèrent dans la villa Béthanie durant la guerre, s’y intéressèrent. Comme à tout ce qui aurait pu leur permettre de découvrir le Saint-Graal, caché selon des légendes, dans la région. A Rennes-le-Château, l’ésotérisme n’est jamais loin…
Rennes-le-Château devient le village du « curé aux milliards »
Avec le temps, la rumeur commence à s’éteindre. Jusqu’à ce que Marie Dénardaud, la servante au nom de laquelle l’abbé avait mis tous ses biens, ne la relance. Elle affirme connaître « un secret qui pourrait faire vivre le village au moins 100 ans ». L’homme d’affaire perpignanais, qui a racheté en viager le domaine à Marie Dénardaud, pour y faire un hôtel-restaurant, embellit la légende. Ce qui lui permet d’attirer des clients dans son établissement, « L’hôtel de la Tour », il profite de l’entremise d’un journaliste qui publie trois articles sur « le curé aux milliards » dans « La Dépêche du midi ». La presse nationale, la télévision s’intéressent à leur tour au sujet. S’ensuit la venue d’une foule de mystificateurs en tous genres.
Le Da Vinci Code prend sa source à Rennes-le-Château
Livres (dont les best-sellers « L’or de Rennes » et « L’énigme sacrée »), essais, émissions plus ou moins farfelus relient Rennes-le-Château au Prieuré de Sion, à Marie-Madeleine, à Jésus, aux Wisigoths, aux Mérovingiens. Jusqu’au « Da Vinci Code » qui s’en inspire pour partie. Conséquence : le site est fouillé et refouillé à la recherche d’un trésor. Mais quel trésor ? Celui des Wisigoths ou de Blanche de Castille à la suite de la croisade des pastoureaux en 1251 ? Où bien celui des Templiers voir des faux monnayeurs du château de Bézu au XIV siècle ? Pourquoi pas celui des cathares évacués de Montségur en 1244 ?
Rennes-le-Château, un lieu-clé de l’ésotérisme
Aujourd’hui, les fouilles sont interdites. Mais Rennes reste la « Mecque de l’ésotérisme », selon le romancier Jacques Ravenne. Chaque année, quelque 30 000 visiteurs s’y rendent. Parmi eux, une majorité de simples touristes. Mais aussi des chercheurs de trésors, des satanistes, des rosicruciens, des ufologues (le pic de Bugarach n’est pas loin), des complotistes, des kabbalistes ou encore des adeptes du néo-catharisme… Inconnue au XIXe siècle, Rennes-le-Château n’a pas fini de faire parler. Et surtout fantasmer. Raison de plus pour y faire une escapade.
Les jardins de la villa Béthanie
Pratique
Comment s’y rendre ?
En avion, depuis Carcassonne, Toulouse ou Perpignan. En voiture ensuite.
Pour visiter le domaine de l’abbé Saunière
Le site est ouvert tous les jours à partir de 10h à 12h30 et à partir de 13h30.
Heure de fermeture variable selon la saison.
Tarifs : visite libre 6 € (5 € tarif réduit étudiant, personnes handicapée, cartepass, groupe de 10 personnes).
Visite guidée : 8 € par personne (groupe de 10 personnes sur réservation).
Possibilité de visite avec tablette numérique : 8 €.
En été, visites contées nocturnes, coucher du soleil avec dégustation de vin, depuis la Tour Magdala.
Renseignements et réservations : tourisme.ric@orange.fr
Les chiens tenus en laisse sont acceptés.
Où loger ?
Rennes-le-Château propose de nombreux gîtes et chambres d’hôtes.
La Maison d’Elise, Grand rue Tél. : 04 68 20 66 72 et
06 07 82 73 48
https://www.la-maison-d-elise.fr
Les Labadous
Tél.: 04 68 74 25 16
www.leslabadous.fr
La Maison Bleue
Tél. : 09 84 13 94 09 et 06 83 72 17
christian.andries@gmail.com
La Valdieu
Tél. : 04 68 74 23 21
www.lavaldieu.com
Les Jendous, appartement 4 personnes. Tél. : 04 68 11 40 70
www.gites-de-france.com/fr/occitanie/aude/gites-les-jendous-11g1612
Gîte Place de l’abreuvoir, village.
Tél. : 06 19 29 28 09
www.gitesrenneslechateaumail.com
Appartements Marie Madeleine
7, Grand Rue
Tél. : 06 76 13 74 94 ou 07 49 11 99 47
Où manger ?
Le bistro des amis, Cuisine traditionnelle et végétarienne.
Grand-rue
https://www.lebistrodesamis.fr/
Le dragon de Redhae
Cuisine traditionnelle, cuisine du Monde, plats végétariens. Grillades au feu de bois. L’endroit incontournable pour rencontrer des auteurs, des conférenciers et les gens du coin.
Le jardin de Marie
1, rue de l’Eglise
Tél. : 04 68 20 99 71
https://www.facebook.com/profile.php?id=100044457141341
L’escondida
Ce bar-restaurant a une vue imprenable sur les massifs entourant le village. Ouvert d’avril à octobre. Cuisine traditionnelle et végétarienne.
Tél. : 09 82 39 29 39
https://lescondida.fr
Escape game « Enfermé au château »
Tél. : 06 72 73 81 20
https://legendes-doc.com
Profiter du Festival international du film insolite qui se tient durant l’été à Rennes-le-Château.
Que faire aux alentours ?
Visiter les Musées
Celui des dinosaures à Espéraza
https://www.dinosauria.org/fr/
Le musée de la chapellerie à Espéraza.
https://ville-data.com/que-faire/visite-culturelle/MUSeE-DE-LA-CHAPELLERIE/Esperaza/11-21054-11129
Visiter la maison Déodat Roché, un historien du catharisme, à Arques
https://ville-data.com/que-faire/visite-culturelle/MAISON-DeODAT-ROCHe/Arques/11-21114-11015
Le château d’Arques, un des chefs d’œuvre de l’architecture gothique médiévale avec son donjon haut de 24 mètres.
https://ville-data.com/que-faire/visite-culturelle/CHaTEAU-D-ARQUES/Arques/11-21091-11015
Découvrir le magnifique château de Puilaurens perché sur un éperon rocheux à 697 m de haut.
https://www.chateau-puilaurens.com/
Les promenades
La région offre aussi une multitude balades à faire, de lacs où se baigner et de stations de ski à proximité. Sans oublier la gastronomie et l’artisanat locaux.
Trois sentiers (Ritou, des Couleurs, de l’abbé Saunière) partent de Rennes-le-Château et permettent de découvrir les environs. Difficulté moyenne.
Photos : Frédéric Cheutin – Photo d’ouverture de l’article : La tour Magdala domine la vallée en contrebas de Rennes-le-Château.
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