Outre ses richesses patrimoniales, Vitré bénéficie de la présence d’une star internationale en la personne de la Marquise de Sévigné. Histoire de cette belle marquise et du château des Rochers.
Le Château des Rochers
Parisienne de naissance, Marie de Rabutin-Chantal découvre la Bretagne à l’occasion de son union avec Henri de Sévigné. Ce dernier est en effet l’héritier d’une très ancienne famille vitréenne. Ce mariage s’achèvera lamentablement au bout de sept ans par la mort en duel du mari… pour les beaux yeux d’une autre ! Au moment des noces, tout va bien, et Henri emmène sa jeune épouse découvrir la terre de ses ancêtres et son château des Rochers.
Un manoir plein de charme
Le manoir du XVe s. près de Vitré, est bien différent des hôtels et salons parisiens auxquels Marie est habituée. Pourtant la jeune femme est immédiatement séduite par ces paysages bretons nouveaux pour elle. En 1648 c’est même aux Rochers qu’elle met au monde son second enfant, Charles. Devenue veuve en 1651, elle continuera d’y venir régulièrement pour pas moins de seize séjours de 1644 à 1690. Pas forcément à la belle saison et chaque fois six à seize mois ou plus.
En route pour les Rochers de cahots en fondrières
Au XVIIe siècle, on ne se déplace pas pour un simple week-end. Les 315km qui séparent Paris de Vitré ne se font pas d’une traite. Le réseau routier reste des plus sommaires et pas encore pavé. Le voyage est une aventure inconfortable sur des routes semées de cahots et de fondrières qui menacent à tout moment de faire verser la voiture. Marie raconte avec humour les chevaux embourbés, le carrosse qu’il faut pousser. Sans oublier les bandits de grand chemin qui nécessitent une escorte de quelques cavaliers. Elle opte parfois pour la voie fluviale, d’Orléans à Nantes, mais les caprices de la Loire engendrent d’autres fâcheux incidents. La marquise prend son temps, une bonne dizaine de jours, par étapes en s’arrêtant au passage chez des amis ou des parents. Mais parfois aussi dans des auberges inconfortables où il faut dormir sur la paille, ce qui l’amuse !
L’esprit des lieux
Aux Rochers, devenue châtelaine à part entière, Marie arrange à son goût, la vieille demeure avec simplicité sans ostentation. Du moins on le suppose car dans ses lettres, elle ne nous apprend rien de son décor intérieur. Il a bien sûr évolué depuis trois siècles et demi, mais conserve intacte l’esprit de l’épistolière. Sa chambre du rez-de-chaussée de plain pied sur le jardin, et le bureau au dessus conservent quelques meubles d’époque comme la table sur laquelle se trouve encore son écritoire. Ainsi qu’un miroir et quelques objets de toilette laqués de rouge. Les murs sont ornés des portraits de ses proches : sa fille Françoise Marguerite, son fils Charles, son oncle l’Abbé de Coulanges. Mais aussi son amie la princesse de Tarente et son propre portrait par Nocret, en costume de cour. Mais pas, semble-t-il celui de son défunt mari !
Les Rochers côté Parc
Plus que le décor intérieur, le parc est l’objet de toutes les attentions de la châtelaine, avec l’aide de son jardinier Pilois. André Le Nôtre vient même y dessiner un jardin à la française. Elle installe aussi un labyrinthe, comme à Versailles, achète une nouvelle parcelle. Marie fait même construire une chapelle à l’intention de son oncle, l’abbé de Coulanges. Elle aime surtout les arbres, les grandes allées, le mail qu’elle a baptisé “humeur de ma fille“ ! Les cabanes qu’elle y fait aménager qu’elle appelle curieusement “brandebourgs“. Elle s’y promène par tous les temps été comme hiver. Un jour, surprise par un orage avec une duchesse de ses amies, elles tombent dans la boue et reviennent dégoulinantes à la maison. L’incident les fait se pâmer de rire ! Séchée et réchauffée, Marie se met alors à son écritoire, et raconte l’anecdote à sa fille.
Conflit de générations
Le Parc a conservé le tracé voulu par la marquise : le mail “Humeur de ma fille“, le labyrinthe, l’allée du Point du jour, l’allée royale Sans oublier le jardin à la française devant le château et l’orangerie dont les arbres donnent, selon elle, des oranges aussi savoureuses qu’en Provence ! Lors de son dernier séjour, en 1690, désormais sexagénaire, la marquise délègue à son fils l’entretien des jardins. Charles a hérité de sa mère le goût du jardinage, mais pas celui des arbres. Aussi enrage-t-elle quand il les fait abattre par dizaines, sous prétexte de dégager la vue ! Conflit de générations, le temps de Madame de Sévigné était passé. Après un séjour de seize mois elle quitte les Rochers en septembre 1690 pour n’y plus revenir. Elle s’éteint six ans plus tard chez sa fille à Grignan à l’âge de 70 ans. Charles de Sévigné devient alors pleinement propriétaire du Domaine.
Informations pratiques
Château des Rochers
Ouvert du 1er avril au 30 septembre, du jeudi au lundi.
Entrée : 6€, TR : 4€
Le château des Rochers-Sévigné est une propriété privée restée jusqu’à ce jour dans la même famille. Il se visite uniquement avec un guide à certaines heures. (14h30, 16h, 17h) visite conférence le dimanche à 15h
S’adresser à l’Office du Tourisme de Vitré
Place du Château 35500 Vitré
Téléphone : 02 99 75 04 54
www.mairie-vitre.com – musees@mairie-vitre.fr
Copyright : Françoise de Flassieux (et photo de une).
Crédit Photos : Ville de Vitré – Musée du Château de Vitré.
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