Juchée sur un éperon dominant la Vilaine aux confins de la Bretagne, Vitré est une petite ville riche d’une longue histoire. Selon la légende, le fameux Roland, neveu de Charlemagne, y serait né vers l’an 750. Découverte de cette Forteresse sur la Vilaine.
Vitré vu par les poètes
Plus près de nous, les poètes romantiques ont été sensibles à son charme médiéval. Victor Hugo la cite dans “Notre-Dame de Paris“ et Gérard de Nerval admire qu’elle ait conservé son patrimoine médiéval… déjà ! Paul Féval, en revanche traite avec condescendance “ses maisons de style bizarre jetées pêle-mêle sur le penchant de la colline“. Depuis, la modernisation est passée par là, apportant le chemin de fer, mais détruisant la collégiale et les deux tiers des remparts. Elle laisse quand même quelques beaux restes que les édiles d’aujourd’hui s’appliquent à restaurer et à mettre en valeur. Vitré pratique ainsi avec bonheur l’art de conjuguer le passé et le présent.
Forteresse sur la Vilaine : Vitré côté château
Le passé vous saute aux yeux avec la forteresse féodale dont la silhouette se dresse comme une menace au dessus de la rivière. Nous sommes aux Marches de la Bretagne, au cœur des guerres féodales qui opposent perpétuellement les voisins Français et Anglo-normands. L’édifice a traversé les siècles tant bien que mal malgré quelques regrettables amputations. La Révolution y installe une prison et en 1795, un incendie le ravage, faisant de la vieille forteresse une ruine romantique qui inspire les peintres du XIXe s. Sous le second Empire une mesure de classement sauve le château de la destruction et lui donne une nouvelle destination. Restauré et devenu siège de la municipalité vitréenne, il accueille aussi une bibliothèque et un musée d’Histoire de la Ville.
Les bains de la châtelaine
L’ancien logis seigneurial a malheureusement disparu, mais il en reste l’endroit le plus intime : les étuves, en cours de restauration dans la Tour de la Madeleine. Cette version médiévale de la salle de bain est même plus perfectionnée puisque les ablutions sont précédées d’un bain de vapeur. L’eau est chauffée par un hypocauste. Un système de double paroi permet de faire circuler la vapeur entre les des murs pour le confort de la chambre d’étuves. L’eau pour les ablutions est chauffée dans un grand chaudron, sur des braises dont on voit encore le foyer. Jusqu’au XVe siècle, tous les châteaux possédaient des étuves dont les vestiges sont parfois conservés. Cette tradition héritée de l’époque gallo-romaine se perdra largement dans les siècles suivants.
La Confrérie des marchands de Vitré
Vitré dût sa prospérité passée au commerce des toiles. Plus précisément des toiles de chanvre (une culture active dans la région) dont sont faits les sacs d’emballage et les voiles de bateaux. La ville est loin de la mer, ce qui ne l’empêche pas de tisser des liens commerciaux avec les ports de Nantes et de Saint Malo. Ce commerce florissant est placé sous le contrôle de la puissante Confrérie des Marchands d’Outremer, crée en 1473 sous le signe de l’Annonciation. Cette aristocratie marchande règne sur la ville, pour le salut des âmes et prospérité des affaires. Vitré connaît alors trois siècles d’abondance dont le déclin s’amorce au XVIIe siècle.
Guerre des croyances
L’importance du calvinisme et la révocation de l’Edit de Nantes en 1685 ne sont peut-être pas étrangers à ces déboires. La réforme s’est implantée solidement à Vitré et des affrontements violents opposent les deux communautés. Les “hérétiques“ s’attaquent aux églises catholiques, et inversement, leur temple est détruit après quelques années d’existence Vitré n’en conserve pas moins un patrimoine religieux digne d’intérêt. Comme l’Eglise Notre Dame édifiée au centre ville aux XVe et XVIe siècles dont la façade flamboyante, ouvre sur une nef en coque renversée. Sur le côté sud une chaire extérieure, permet de prêcher la bonne parole à tout les Vitréens de passage. L’édifice est flanquée d’un cloître bien restauré qui abrite des habitations et des activité diverses comme la Maison des Cultures du monde. Sur l’autre rive du fleuve, la chapelle saint Nicolas du XVe s. conserve des fresques intéressantes.
Conjuguer le passé au présent
Le vrai visage de la ville, qui séduisit les écrivains romantiques, ce sont les maisons “à porche“ alignées le long des rues tortueuses. Elles appartenaient à des marchands dont certains ont mis leur nom et une date sur la façade à pans de bois. L’étage en encorbellement permettant d’exposer les toiles à l’abri de la pluie.
Beaucoup ont été détruites, mais beaucoup aussi ont été conservées, ou redécouvertes sous un crépi “modernisateur“. Elles sont désormais protégées depuis 1977 par le secteur sauvegardé qui englobe la ville intra-muros et certains faubourgs historiques.
Art et Histoire
Depuis 1999, Vitré figure parmi les “Villes d’Art et d’Histoire ». Ce label impose aux propriétaires des critères stricts de restauration, selon des techniques et avec des matériaux d’époque. Il s’agit de conserver l’authenticité de ces vieilles bâtisses, sans esprit de pastiche tout en les rendant à leur vocation d’habitation. Cet art de marier l’histoire et la modernité constitue un atout patrimonial et touristique qui entraine d’appréciables retombées économiques. Il implique aussi une prise de conscience de l’ensemble des habitants qui y trouvent aussi des avantages financiers. Cette adhésion d’une ville aux témoignages de son passé fait de Vitré autre chose qu’une belle endormie autour de son château fort. Une ville qui mérite qu’on s’y arrête et qu’on prenne le temps de la connaître. Une Forteresse qui vaut le détour.
Informations pratiques
313 km de Paris, 40 km de Rennes par l’autoroute A11 via Le Mans
Accessible TGV direct Montparnasse, (1h40) ou avec changement à Rennes.
Avant la visite, un passage par l’Office du Tourisme s’impose.
Sur le site et sur les lieux. On y trouvera tous renseignements et réservations.
L’Office du Tourisme du pays de Vitré.
Place du Général de Gaulle
Tél : 02 99 75 04 46
info@ot-vitre.fr
A Savoir
Outre son intérêt artistique et patrimonial, la Ville organise tout au long de l’année diverses manifestations. Des visites guidées, des activités pour les enfants, un escape game autour du château “le secret de la Tour sans nom“. Des spectacles costumés transforment parfois vieille forteresse en château de contes de fées. La cour accueille au printemps le festival les Fanfarfelues. En juin, la Semaine du Tourisme économique met en valeur l’artisanat et la gastronomie du terroir. Avant les jeux de l’Eté en juillet-août. Depuis quelques mois, des illuminations nocturnes donnent un autre visage aux rues et aux monuments. Il va sans dire que le Coronavirus a quelque peu bousculé ce programme.
Copyright : Françoise Deflassieux
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