L’exposition Le Corps et l’Âme de Donatello à Michel‐Ange vaut d’être vue. Ne la manquez pas. Le parcours comporte 140 oeuvres. L’exposition est coorganisée avec le musée du Castello Sforzesco de Milan. Il présente, dans son contexte artistique, la sculpture de la seconde moitié du 15e siècle et du début du 16e siècle. Cette période est considérée comme l’apogée de la Renaissance.
À partir de Florence, une variété de styles s’épanouit alors de Venise jusqu’à Rome. La représentation de la figure humaine dans la diversité de ses mouvements prend alors des formes extrêmement novatrices. Ces recherches sur l’expression et les sentiments sont au coeur des démarches des plus grands sculpteurs de la période. Elle va de Donatello à l’un des créateurs les plus célèbres de l’histoire, Michel-Ange.
Le Corps et l’Âme de Donatello à Michel‐Ange
L’exposition vous propose également de partir à la découverte d’artistes moins réputés. Vous pourrez admirer des oeuvres difficilement accessibles de par leur lieu de conservation. Eglises, petites communes, situation d’exposition dans les musées en font partie. « Le Corps et l’Âme » fait suite à l’exposition « Le Printemps de la Renaissance » présentée en 2013 au Louvre et au Palazzo Strozzi à Florence. Elle était consacrée aux prémices de l’art de la Renaissance à Florence dans la première moitié du Quattrocento.
Le Corps et l’Âme : Structure de l’exposition
Trois parties majeures la structurent.
La fureur et la grâce
Dans cette partie, les compositions complexes s’attachent à traduire la force et l’exaspération des mouvements du corps. Ces compositions sont inspirées des modèles antiques. On les reconnait dans les oeuvres d’Antonio del Pollaiolo, Francesco di Giorgio Martini ou Bertoldo. Elles mettent en jeu autant la force et les torsions du corps masculin que l’effet expressif des plus intenses passions de l’âme. A contrario, des drapés élégants, entourant des corps majoritairement féminins, permettent aux artistes de révéler le charme de la figure humaine, qui débouche sur la représentation ultime de la grèce à travers le nu.
Emouvoir et convaincre
Cette partie souligne une volonté affirmée de toucher violemment, dans les représentations sacrées, l’.âme du spectateur. Ala suite du travail de Donatello autour de 1450, l’émotion et les mouvements de l’âme prennent une place déterminante au coeur des pratiques artistiques. Un véritable théâtre des sentiments se déploie en Italie du nord entre 1450 et 1520, en particulier dans les groupes de Déposition du Christ, tels ceux de Guido Mazzoni ou de Giovanni Angelo del Maino. Cette recherche du pathos religieux s’incarne .galement dans les .mouvantes figures de Marie-Madeleine ou de Saint J.r.me qui fleurissent en Italie à cette période.
De Dionysos à Apollon
Avec cette dernière partie, la réflexion inépuisable sur l’Antiquité classique s’exprime dans les oeuvres élaborées à partir des modèles classiques comme le Tireur d’épine ou le Laocoon. Parallèlement au domaine de la peinture (avec le « style doux » du Pérugin ou du jeune Rapha.l), la sculpture développe la recherche d’une nouvelle harmonie qui transcende le naturalisme des gestes et des sentiments extrêmes. Particulièrement vivante dans un classicisme affirmé en Vénétie et en Lombardie, cette quête d’une beauté expressive qui aspire à l’universel s’incarne également fortement en Toscane et à Rome où la Papauté de Jules II et de Léon X joue un rôle d’irrigation et d’unification stylistique.
A savoir
Le « stile dolce » aboutira au commencement du XVIe siècle avec l’apparition du « sublime », mettant en place un nouveau classicisme sous l’impulsion de Raphaêl et Michel-Ange. Dès la fin du Quattrocento, Michel-Ange op.re cette synthèse formelle qui intègre à la fois la connaissance scientifique des corps, un idéal absolu de beauté et la volonté de dépasser la nature par l’art. Cette recherche l’emmène a créer « Les Esclaves » du Louvre pour parvenir jusqu’à l’expression de l’ineffable dans ses dernières oeuvres.
Un replacement intelligent
Repoussant la notion de Renaissance au-delà du territoire de la Toscane, l’exposition replace cette période dans un contexte plus large et complexe qu’il ne l’était au début du Quattrocento. Elle met autant l’accent sur la production de Florence* que sur les autres foyers régionaux qui ont adopté mais aussi réadapté ce langage artistique nouveau. Ce phènomène est visible dans la reprise des modèles ou des thèmes refondus dans une lecture locale. En effet, dans ce contexte, ils deviennent à leur tour source d’un nouveau langage, propre et distinct. Cela particulièrement dans les régions du Nord de l’Italie, comme à Milan**.
*avec des figures majeures comme Donatello et Michel-Ange.
**avec Solari et Bamba.a), Venise (avec Tullio Lombardo), Bologne (avec Guido Mazzoni), mais aussi Sienne (avec Francesco di Giorgio Martini) et Padoue (avec Riccio).
Exposition : 22 octobre 2020‐18 janvier 2021 – Hall Napoléon
Photo d’ouverture : Cosme Tura. Pieta. Vers 1480-1495). Paris, Dept des Peintures, musée du Louvre, département des Peintures © RMN Grand Palais. Musée du Louvre Benoit Touchard.
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