Tout le monde connaît Versailles, au moins de réputation, ses galeries, ses miroirs, ses jeux d’eau, ses dorures. Mais sait-on qu’à moins de 8 km du château, il est un autre lieu, plus intime, tout imprégné aussi du souvenir du Roi Soleil ? Il s’agit de Marly !
La petite histoire de ce lieu intimiste qui plaisait tant à Louis XIV par Françoise Deflassieux.
Sire, Marly ?
Quand Louis XIV voulait honorer un de ses familiers il l’invitait à Marly. Comme aujourd’hui on invite des amis à passer un week-end dans sa maison de campagne. Si ce n’est que, pour être convié à Marly, il fallait solliciter l’invitation. Très humblement il va sans dire. D’où cette formule qu’on murmure au passage du souverain : « Sire, Marly ? ». Le roi acquiesce… ou pas. Certains attendront toute leur vie, sans succès, de faire partie de heureux élus. Marly, c’était un peu la maison de vacances de Louis XIV, à deux lieues du Palais. “J’ai fait Versailles pour ma cour, Marly pour mes amis, et Trianon pour moi“ aimait-il à dire. De fait, les hôtes étrangers, diplomates ou ambassadeurs, n’y sont jamais conviés. Œuvre de Jules Hardouin-Mansart, Marly n’est pas un palais, ni même un château, plutôt une royale résidence secondaire de dimensions plus que modeste.
La vie sans étiquette
A Marly, on mène une vie relativement décontractée, l’étiquette est moins stricte. Les hommes ont le droit de rester couverts devant le roi, et les dames de se présenter “en négligé“. Le roi et ses proches logent au « mini-château ». Les invités se répartissent dans les petits pavillons individuels où tout leur est fourni. Y compris la cuvette, le pot à eau et le plat à barbe en faïence de Rouen, chiffrés au M couronné de Marly. On ne dit pas s’ils peuvent les emporter en souvenir. Louis XIV semble avoir apprécié cette vie sans façon. En prenant de l’âge, il se rendait de plus en plus souvent à Marly, pour des séjours de plus en plus longs. Il s’y trouvait, déjà malade, en août 1715. Son état de santé s’aggravant, on dut le ramener à Versailles où il mourut le 1e septembre, cinq jours avant son 77e anniversaire.
Marly c’est fini
La mort du Grand Roi sonne aussi l’agonie de Marly. Louis XV y viendra quelquefois, Marie-Antoinette rarement (elle préfère Trianon), mais la magie n’était plus la même. La Révolution sera fatale au mini-château du roi soleil. Le mobilier les objets d’art sont dispersé aux enchères, comme ceux de Versailles. De même que les statues du parc. Le domaine est vendu à un acheteur qui récupère les matériaux pour en tirer profit. Comme ce fut le cas de la plupart des châteaux privés désertés par l’émigration. C’est finalement Napoléon donne le coup de grâce à Marly en faisant raser les derniers vestiges, moins de cent ans après la mort de Louis XIV. A part le site et le parc, il ne reste donc rien de la maison de plaisance du Grand Roi. Mais on peut encore y voir leur emplacement autour du grand bassin.
Le Musée-Promenade
Marly n’existe plus, mais le souvenir du château et de ses invités revit à travers le petit musée inauguré à l’entrée du parc en 1982. L’établissement connut aussi quelques déboires quand une inondation soudaine l’obligea à fermer précipitamment au printemps 2016. La réouverture en janvier 2020 fut évidemment suivie d’une re-fermeture deux mois plus tard pour cause de confinement obligatoire. Au printemps 2021 enfin, le public retrouve un musée entièrement rénové, les collections restaurées, réorganisées et enrichies de nouvelles acquisitions. Via les images d’époque du château, des pavillons et de leur décor le visiteur peut se projeter dans une balade virtuelle. On y croise les familiers Grand Roi : le duc et la duchesse de Bourgogne, la pittoresque princesse Palatine. Et bien sûr Sa Majesté elle-même dans un portrait attribué à Jean Ranc, et l’incontournable marquise de Maintenon.
De la chasse à la Science
Pas de résidence royale sans forêt giboyeuse alentour ! Marly ne fait pas exception et plusieurs tableaux sont consacrée à cette activité essentielle à tous nos monarques. Une toile attribuée à P-D Martin montre un « Départ de chasse à Marly » avec une rare vue en couleurs du château disparu. A Marly, on ne fait pas que chasser et s’amuser, on s’occupe aussi de sciences. Une activité dont se pique le « beau monde », genre » Leçon d’Astronomie dans un parc« . On s’extasiait sur les deux globes géants, œuvres du cosmographe vénitien Coronelli, offerts au Roi en 1683. Ces deux « globes de Marly » dont l’un figure la terre, l’autre la voûte céleste sont aujourd’hui conservés à la BNF. Mais l’attraction majeure fut l’éclipse de mai 1715 à laquelle le roi convia ses invités avant de s’éclipser lui-même pour l’éternité. Un événement qu’on peut revivre aujourd’hui en réalité virtuelle au cours de la visite.
La Machine de Marly
Autre réalisation scientifique : la « Machine de Marly » installée sur la Seine à Bougival au début des années 1680. Cet engrenage improbable de bielles, tringles, pistons devait acheminer l’eau du fleuve jusqu’aux jardins de Versailles. Entre sa construction, l’aménagement du terrain et l’entretien, la machine coûta un prix pharaonique et ne fonctionna jamais vraiment ! sans oublier l’aqueduc jamais achevé dont on voit encore les ruines. La « Machine de Marly » fit couler finalement plus d’encre et se salive que d’eau et frappa les imaginations Une salle entière du musée lui est consacrée, garnie de nombreuses images d’époque, vues cavalières, gravures de détails expliquant son fonctionnement. Et mieux que toutes les images, une maquette animée fonctionnant « pour de vrai » celle-là. Et pour les enfants, un jeu autour de la mythique « machine » ne manquera pas de susciter des vocations scientifiques.
Le Parc
Il n’y a plus trace de la machine aujourd’hui à Bougival, pas plus que de maisons d’invités autour du grand bassin. Mais il reste le parc et les jardins, désormais ouverts à tous les promeneurs, ce qui n’était pas le cas au temps du grand Roi. Il a été restitué dans son dessin d’origine, avec ses allées, ses bassins et l’abreuvoir. Les vases décoratifs et les statues, dispersés à la Révolution, sont aussi revenus sous forme de moulages. Les originaux de marbre, trop précieux pour être exposés aux intempéries, sont conservés au Louvre. Y compris, au bord de l’abreuvoir, les fameux « Chevaux de Marly », de Coustou qui ont longtemps orné l’entrée des Champs-Élysées. Au détour des allées, on croise Diane à la biche, Atalante et Hippomène à la course, faunes chasseurs, bergers joueurs de flûte. Ces divinités forestières n’avaient aucun mystère pour les gens des XVIIe et XVIIIe siècles.
Informations pratiques
Musée du Domaine royal de Marly
1 Grille royale – Parc de Marly
78160 Marly-Le-Roi
Tel: 01 39 69 06 26
Site: https://musee-domaine-marly.fr
Horaires
Musée : du mercredi au vendredi, 9h30-12h30 et 14h-17h – samedi et dimanche 10h30-17h.
Entrée : Plein tarif : 7€ Tarif réduit : 5€, gratuit pour les moins de 12 ans
Domaine : tous les jours de 8h-17h30 Horaires d’hiver 1er novembre-31 mars).
Entrée libre
Crédit Photos : Les photos listées sont toutes créditées du Musée du Domaine royal de Marly et le nom du photographe noté :
J. Rigaud : Vue du château de Marly du côté du petit parterre, c.1730 – Eau-forte et gouache 28 x 50 cm.
P-D. Martin (attr) : Départ de Chasse à Marly, Vers 1720-1730 Hst,
Pot, cuvette et plat à barbe au chiffre de Marly, faïence de Rouen.
le parc aujourd’hui, avec le grand bassin.
Portraits du Duc et de la Duchesse de Bourgogne, parents du futur Louis XV (détails).
F. Desportes : Chien à l’arrêt, hst 1724 160 x 193 cm.
Poilly : Vue de la Machine sur la Seine à Bougival. Estampe XVIIIe s. 28 x 36 cm
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