L’exposition Monet-Mitchell met en scène un dialogue sensible entre les oeuvres de deux artistes exceptionnels. D’abord Claude Monet (1840-1926) avec les Nymphéas. Joan Mitchell (1925-1992). Tous deux marquèrent de leur empreinte leur temps et des générations de peintres. Pour moi, ce fut une belle découverte. Si je connaissais Monet que j’adore, en revanche, j’ai découvert Mitchell. Ce fut une belle surprise tant elle a de talent. Accompagnée de Caroline, photographe de talent, le reportage photos est magnifique.
Cette magnifique exposition Monet-Mitchell met en valeur les oeuvres de Joan Mitchell comme celles de Monet. Le public français et européen va pouvoir découvrir Joan Mitcell peu connue chez nous. Cette Rétrospective Joan Mitchell donnent à voir leurs sensations singulières face au paysage et à la nature, exprimées dans des formats souvent immersifs. Après son installation à Vétheuil en 1968, Joan Mitchell explore ses « feelings » – perceptions vives par-delà l’espace et le temps – à travers le filtre de ses mémoires croisées.
Monet-Mitchell un dialogue passionnant
La Fondation Louis Vuitton a mis en place un partenariat avec le Musée Marmottan Monet pour cette exposition. L’exposition Monet-Mitchell est consacrée au dialogue entre la dernière période de Claude Monet*, les Nymphéas, et l’oeuvre de l’artiste américaine Joan Mitchell. Cette exposition est unique par son ampleur et sa force poétique. Elle vous attend à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 27 février 2023 dans sept galeries, du rez-de-chaussée aux niveaux supérieurs. En écho à une rétrospective, vous pourrez découvrir l’oeuvre de Joan Mitchell. Elle est présentée en rez-de-bassin, dans la partie basse du bâtiment de Frank Gehry.
*1914-1926
La consécration des Nymphéas
Les Nymphéas de Claude Monet trouvent une consécration dès les années 1950 aux États-Unis. En effet, ils y sont perçus comme précurseurs de l’abstraction par les peintres de l’Expressionnisme abstrait. Dans ce contexte du « Monet Revival », Mitchell participe en 1957 et 1958 à des expositions consacrées à la notion d’ « impressionnisme abstrait ». Ce terme fut inventé par son amie Elaine de Kooning. Le rapprochement des deux artistes est affermi par l’installation de Joan Mitchell en 1968, à Vétheuil. Sa propriété était proche de celle où vécut Monet de 1878 à 1881. L’artiste a toutefois revendiqué une totale indépendance artistique.
La nature en ligne de mire
Le paysage et la nature inspirent les deux peintres. Pour Monet, c’est son jardin. Quant à Mitchell, ce sont les bords de Seine. Les deux artistes développent une démarche picturale qu’ils définissent en termes analogues. Monet fait référence à la « sensation », Mitchell aux « feelings ». Les deux peintres partagent une sensibilité aiguë à la lumière et aux couleurs dont le jeu constitue le fondement de leur art. Mitchell cherche leur association dans sa mémoire, sans cesse sollicitée. L’évolution tardive de Monet se caractérise par l’abandon du contour des formes au profit de la couleur à travers la captation d’une lumière fugitive. Monet-Mitchell expriment un rapport fusionnel et lyrique au paysage.
Monet-Mitchell : des oeuvres sublimes
Avec les soixante-dix oeuvres emblématiques des deux artistes, la Fondation Louis Vuitton offre au public un parcours scandé par des correspondances visuelles et thématiques. Trente-cinq oeuvres de Claude Monet et vingt-cinq toiles appartenant au Musée Marmottan Monet offrent une sélection des Nymphéas. Rarement désencadrées, ces oeuvres dialoguent avec trente-cinq oeuvres sonrvingt-cinq peintures et dix pastels de Joan Mitchell. La présentation de ces deux ensembles exceptionnels constitue un événement artistique.
Le triptyque de L’Agapanthe (env. 1915-1926) de Claude Monet
Cette Grande Décoration de près de treize mètres*est exposé dans son intégralité pour la première fois depuis 1956 à Paris. Ce triptyque sur lequel Monet travaille pendant près de 10 ans et qu’il considère comme « l’une de ses quatre meilleures séries », a joué un rôle décisif dans la reconnaissance du peintre aux États-Unis.
La Grande Vallée de Joan Mitchell
Un choix de dix tableaux de ce cycle (1983-84) est exceptionnellement rassemblé, quelques décennies après son exposition parcellaire à la galerie Jean Fournier, en 1984. Il s’agit d’un des ensembles les plus important de sa carrière. Cette oeuvre se caractérise par une exaltation de la couleur qui se déploie sur toute la toile, créant un sentiment de vibration et d’allégresse picturale. La Grande Vallée XIV (For a Little While) [pour un petit moment], seul triptyque, d’un rythme différent, provoque un sentiment d’infini où le regard se perd. Le passage visionnaire au grand format de Monet trouve ainsi un écho dans l’oeuvre monumentale de Joan Mitchell. Le travail de celle-ci offre, à son tour, une lecture contemporaine des Nymphéas de Monet (1914-1926) dans les espaces conçus par Frank Gehry.
*conservé dans trois musées américains (Cleveland Museum of Art, Saint Louis Art Museum et le Nelson-Atkins Museum of Art à Kansas City)
Joan Mitchell : une retrospective importante
Au travers de cette rétrospective, la Fondation Louis Vitton veut faire découvrir et mieux connaître l’oeuvre de Joan Mitchell au grand public. Monet-Mitchell » a fait l’objet d’une collaboration avec le San Francisco Museum of Modern Art (SFMOMA) et le Baltimore Museum of Art (BMA). Il s’agit de la plus importante rétrospective de Joan Mitchell en Europe depuis près de trente ans. Présentée dans les deux galeries du rez-de-bassin, elle réunit une cinquantaine d’oeuvres sur 1000 m2. Cette exposition propose une nouvelle version de l’exposition présentée aux Etats-Unis ces derniers mois avec des prêts spécifiques. Prêts du Centre Pompidou et du Musée du Monastère royal de Brou. Ces prêts sont complétés par une dizaine d’oeuvres de la Collection de la Fondation Louis Vuitton.
Une peinture singulière
Dans la première moitié des années 1950, Joan Mitchell prend part à la scène américaine marquée par l’Expressionisme abstrait. En revanche, cette exposition démontre la singularité de sa peinture, caractérisée par l’intensité de sa palette, sa recherche toujours reconsidérée de la couleur et de la lumière et son rapport intime aux paysages. « I carry my landscapes around with me » [ Je porte mes paysages avec moi]. La peinture de Joan Mitchell est nourrie de souvenirs magnifiés et de sentiments amplifiés par sa connaissance des grands maîtres modernes (Van Gogh, Cézanne, Matisse, Monet…). L’art de Mitchell trouve aussi ses sources et ses équivalences dans la musique et la poésie.
A savoir
L’exposition se développe au fil des grands cycles réalisés dans son pays de naissance puis dans sa ville d’accueil, Paris. Elle s’y installe définitivement en 1959, avant de trouver, en 1968, dans sa maison de Vétheuil le lieu à l’unisson de son oeuvre. D’abord célébrée par une peinture solaire, incandescente, Vétheuil devient synonyme de ses grands polyptyques des années 1970. En fait partie Chasse interdite (1973) qui appartient au Centre Pompidou puis des années 1980. La mesure de No Birds [Pas d’oiseaux] (1987-1988) en hommage à Van Gogh. South [Sud] (1989), sa version de la Sainte Victoire de Cézanne, chef-d’oeuvre de la Collection de la Fondation Louis Vuitton.
Monet-Mitchel : un face à face magistral
L’exposition Monet Mitchell met en perspective l’oeuvre du maître impressionniste et celle de l’artiste américaine. Cette confrontation entre deux icônes de la peinture du XXe siècle, de générations bien différentes, fait vivre un rapprochement autour de leur attachement à Vétheuil (près de Giverny). En 1968, Joan Mitchell s’installe dans une propriété proche de la maison qu’avait occupée Monet de 1878 à 1881. Cette installation est à l’origine du mythe de cette « correspondance ». L’exposition est l’occasion de rendre visibles les liens féconds qui se sont tissés entre les deux artistes entre la France et les États-Unis. Et ce, à un moment crucial de la modernité en art. Le même paysage a inspiré les deux artistes. C’est celui où l’Île-de-France rejoint la Normandie, sur les bords de Seine. Dans ce lieu, ils ont nourri leur art d’un rapport fusionnel à la nature.
Une retranscription spécifique à chacun
Refusant de théoriser leur propre démarche, ils la définissent par la retranscription en peinture. De la «sensation » pour Monet et des « feelings » pour Mitchell. Le maître des Nymphéas saisit une lumière fugitive maintes fois éprouvée. Mitchell traduit des émotions visuelles, mémorisées, qu’elle projette plus tard sur la toile. Pour épurer et moderniser l’image des oeuvres tardives de Claude Monet, les Nymphéas sont désencadrés. Les tableaux prennent ainsi toute leur dimension en révélant leurs transparences. Ces compositions inédites, ces perspectives vertigineuses et ces reflets vaporeux dans lesquels se mélangent l’eau et le ciel révèlent toute l’acuité avant-gardiste de Monet. Mitchell s’approprie un espace pictural ouvert dans un corps à corps avec la toile. Il témoigne d’une force et d’un élan vital sans équivalent. Dans des formats monumentaux à la gestualité libérée, elle partage sa vision poétique du monde. Elle se démarque de l’approche pop et conceptuelle de ses contemporains américains.
Un exploit de la Fondation Louis Vuitton
La Fondation a réalisé l’impossible en réunissant pour la première fois en France les trois panneaux du fabuleux triptyque de L’Agapanthe (1915 – 1926) de Claude Monet. Ils ont été achetés par trois musées américains entre 1956 et 1960, au moment de la redécouverte de la période tardive de Giverny. Donc divisés par ce tripe achat. Cette recomposition constitue un événement unique qui offre au visiteur la seule alternative aux Grandes Décorations de l’Orangerie. En pendant à cet ensemble, Joan Mitchell nous livre le cycle spectaculaire de La Grande Vallée, réalisé entre 1983 et 1984. La Fondation présente dix chefs-d’oeuvre. Ce cycle n’a jamais été réuni depuis son exposition à la galerie Jean Fournier en 1984. Témoignant d’une période d’exaltation créatrice, ces oeuvres illustrent la richesse du langage chromatique abstrait de Joan Mitchell. Son amie compositrice, Gisèle Barreau évoque à leur sujet des « cathédrales sonores, lumineuses, [et] radieuses».
Monet-Mitchell
Marianne Mathieu
Historienne de l’art, directrice scientifique du musée Marmottan Monet – Co-commissaire
En 1966, le musée Marmottan devient légataire universel du dernier descendant direct de Claude Monet, son fils Michel. Propriété de l’Académie des beaux-arts, l’établissement hérite du Pressoir*et d’une centaine d’oeuvres du patriarche de Giverny. Peintes pour la plupart après 1911, elles constituent le premier fonds mondial du maître et l’ensemble le plus riche et le plus complet de son oeuvre tardive. Jamais montrées du vivant de Monet, ces toiles sont révélées au public en 1970. L’exposition se tient dans l’extension du musée Marmottan spécialement conçue à cet effet. Depuis, l’une des missions de l’établissement vise à étudier l’oeuvre du dernier Monet, sa réception, sa fortune critique et son rayonnement. C’est dans ce cadre que le musée Marmottan Monet a noué un partenariat scientifique de premier ordre avec la Fondation Louis Vuitton.
*la maison de l’artiste.
Informations pratiques
Réservations : www.fondationlouisvuitton.fr
Adresse : 8, avenue du Mahatma Gandhi – Bois de Boulogne, 75116 Paris.
Métro : ligne 1, station Les Sablons, sortie Fondation Louis Vuitton.
Navette de la Fondation : départ toutes les 20 minutes de la place Charles-de-Gaulle – Etoile, 44 avenue de Friedland 75008 Paris (Service réservé aux personnes munies d’un billet Fondation et d’un titre de transport – billet aller-retour de 2€ en vente sur www.fondationlouisvuitton.fr ou à bord).
Information visiteurs :+ 33 (0)1 40 69 96 00
Reportage photos : Caroline Paux
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