Comme 2019 a été l’année Léonard de Vinci, 2020 est, ou aurait dû être l’Année Raphaël. Si par malheur Covid 19 ne s’était invité à la fête, bousculant, ou décalant, de ce fait les manifestations annoncées.
Raphaël au Quirinal
A commencer par la grande exposition de Rome Aux Ecuries du Quirinal, la plus importante jamais organisée depuis la mort de l’artiste. A peine ouverte, elle a dû fermer par décret, gouvernemental comme tous les musées du pays, pour une durée forcément indéterminée. En espérant que les admirateur de l’artiste pourront en profiter avant la date prévue de fermeture, le 2 juin. Elle réunit une centaine de tableaux et dessins du peintre, et une centaine d’autres artistes de son univers pictural. Deux toiles ont été prêtées par le Louvre : le portrait de Baldassare Castiglione, et l’Autoportrait avec un ami. Ainsi qu’un dessin à la pierre noire représentant Sainte Catherine d’Alexandrie.
La Belle Jardinière reste sur les cimaises du Louvre, en compagnie de la Vierge au diadème et de Saint Georges terrassant le dragon. Et d’une huitaine d’autres toiles que le musée a la chance de posséder.
Raphaël peintre des Madones
Des Madones, les musées italiens en possèdent il est vrai un bel éventail, avec ou sans l’Enfant Jésus. Raphaël lui-même et son atelier en avaient multiplié les versions. Leur élégance et leur beauté éthérée ont fait référence à travers les siècles, au point d’être parfois taxées d’académisme ! Le thème autant profane que sacré, plaisait et plait encore à tous, jeune ou vieux croyant ou non. Par delà la Vierge Marie, Jésus et Saint Jean Baptiste, l’amateur y voit d’abord une jeune mère veillant sur ses deux bambins. Les symboles chrétiens des auréoles et de l’agneau faisant figure de simples accessoires. Les madones souriantes ne doivent pas occulter l’éminent portraitiste que fut aussi Raphaël. De jolies femmes comme la Fornarina ou la Donna velata et de messieurs moins sexy tels les papes Jules II et Léon X et du diplomate Baldassare Castiglione, protecteur et ami des artistes, dont notre Raphaël.
Henri d’Orléans, l’admirateur
Malgré sa courte existence, le peintre d’Urbino est infiniment plus prolixe que Léonard qui vécut 30 ans de plus. Contrairement à son aîné, génie universel et polymorphe, lui se consacre exclusivement à son art : la peinture et le dessin. Depuis 500 ans, sa cote ne s’est jamais démentie, Raphaël a toujours été apprécié des collectionneurs du monde entier. C’est pourquoi ses œuvres sont dispersées de par le monde entre collections publiques et privées, en Italie et ailleurs. Parmi ces admirateurs figure évidemment Henri d’Orléans, Duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe et grand amateur d’art devant l’Eternel. Ses collections se trouvent confinées pour l’Eternité dans son château de Chantilly. Avec trois tableaux et de nombreux dessins, c’est lui qui détient le plus important ensemble de Raphaël en France, après le Louvre.
La Vierge révélée
Notamment deux de ces fameuses Vierge à l’Enfant conservées dans la galerie de tableaux du château. La Madone de la maison d’Orléans, mini format d’à peine plus qu’une feuille A4, avait appartenu au Régent Philippe. Son arrière petit fils Philippe “Egalité“, (grand-père du duc d’Aumale) devenu révolutionnaire et régicide, s’en était séparé en 1791. Le tableau fut récupéré par le duc en 1869 après avoir changé sept fois de propriétaire en 78 ans ! Quinze ans auparavant, le duc d’Aumale avait aussi acquis, comme une copie, une Vierge à l’Enfant dite Madone de Lorette. Une restauration minutieuse en 1979 a révélé qu’il s’agissait en fait d’un original du maître. Il faut ajouter à ces deux tableaux une Sainte Famille de la main de Perino del Vaga, un des élèves de Raphaël.
Plumes et sanguines
Le prince avait acheté en 1841, avec l’ensemble de la collection Reiset une superbe étude à la plume pour la Belle Jardinière. Comme tous les artistes de son temps, Raphaël ne commence aucune peinture sans la faire précéder d’esquisses et de dessins multiples. Exercice encore plus indispensable s’agissant des grandes compositions murales des loges du Vatican. Cette commande du pape Jules II, nécessite quantité d’esquisses et d’études individuelles pour les centaines de personnages prévus. Comme l’Ecole d’Athènes et la Disputes du Saint Sacrement qui se font face dans la Chambre de la Signature.
Le peintre et ses disciples
Certains de ces dessins sont de la main du maître, d’autres de celles de ses disciples. Peintre à succès croulant sous les commandes, Raphaël avait un atelier dont les nombreux élèves sont aussi ses collaborateurs. Son principal assistant pour le chantier du Vatican est Giulio Romano, son cadet de dix ans. C’est lui qui en mène à bien l’achèvement après la mort du maître et la période de trouble qui suit à Rome, celle du pape Léon X. Sollicité par le duc de Mantoue, Frédéric II, Giulio Romano rejoint la ville lombarde dès 1524. Il y poursuit sa carrière de fresquiste apprise au Vatican, avec le décor du Palazzo Té dont il est aussi l’architecte. C’est dans la cité ducale que l’artiste achève sa vie en 1546, 26 ans après son maître.
Informations pratiques
Rome
Raffaello 1483-1520
Scuderie del Quirinale
16 Via Ventiquattro Maggio Roma
site :www.scuderiequirinale.it
Chantilly
Raphaël, le Maître et ses Elèves
Musée Condé Cabinet d’art graphique et Galerie Psyché
Château de Chantilly 60500 Chantilly
Tel : 03 44 27 31 80
Site : www.domainedechantilly.com
Ces deux expositions sont évidemment fermées jusqu’à la fin du confinement.
Quand pourrait-on les voir “en vrai“ ? si le Musée Condé de Chantilly a tout loisir de prolonger la sienne, puisqu’il s’agit de ses propres collections, ce sera plus compliqué pour celle du Quirinal montée avec des prêts provenant d’autres musées italiens et étrangers. Quand on sait les sommes colossales que coûte l’organisation d’une telle exposition en frais de transport, assurances, sécurité. Des visites virtuelles sont possibles via les sites internet des deux musées.
A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/exposition-virtuelle-musees/
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