La sophrologie ? Marie Mastrandréas l’a placée au centre de sa vie depuis une bonne quinzaine d’années. Après une carrière de directrice artistique et de création, elle s’est initiée à cette pratique et y a trouvé de tels bienfaits qu’elle a souhaité la faire partager aux autres. Elle s’est alors formée à l’Académie de sophrologie de Paris. Auprès du médecin Patrick-André Chéné, fils spirituel d’Alfonso Caycedo, le créateur de cette discipline. De ce dernier, l’enseignement a le mérite de marier la science à une approche philosophique. Mais n’est-ce pas là le propre de la sophrologie ?
A nos nombreuses questions, Marie Mastrandréas a apporté des réponses détaillées et passionnantes. Elles montrent le soulagement que peut apporter cette pratique. Surtout en ces temps troublés qui sont les nôtres.
©Valerie Collet
La sophrologie, une pratique bien spécifique
Contrairement à la relaxation, à la méditation ou au yoga, la sophrologie a une visée thérapeutique. Le patient du sophrologue a un symptôme ou une difficulté ? Il sera accompagné à partir d’un protocole adapté à son cas particulier, ce qui n’est pas le cas pour les autres disciplines.
Qu’est-ce exactement que la sophrologie ?
La sophrologie est une pratique psychocorporelle qui nous fait travailler sur la relation avec notre corps. Grâce à elle, on va apprendre à le détendre. Et quand le corps se détend l’esprit se relâche. C’est vraiment une relation corps-esprit.
Quelles sont ses origines ?
Elle a été créée dans les années 1960 par un neuropsychiatre espagnol, Alfonso Caycedo, décédé aujourd’hui. Il travaillait à l’hôpital où, à l’époque, on imposait aux malades de nombreux électrochocs. Il a remarquée que ce type de traitement était très violent pour eux. Qu’ils amplifiaient leurs souffrances personnelles. Il s’est donc intéressé aux disciplines orientales plus douces tels le yoga, la méditation, la relaxation et le bouddhisme zen. Il a voyagé et est allé s’instruire en Orient en les pratiquant et en rencontrant des maîtres connus. Puis il a rapporté certains outils et a créé le concept de la sophrologie.
D’ou vient le terme « sophrologie » ?
Il vient du grec. Sos, en grec signifie harmonie. Phren, la conscience, l’esprit. Et Logos, la parole, le verbe. La sophrologie est donc l’harmonie de la conscience par le verbe. Empiriquement, Alfonso Caycedo s’est rendu compte qu’en parlant d’une manière très lente à ses malades, avec un ton plutôt monocorde, il arrivait à des résultats très positifs. Donc il a mis en œuvre ces pratiques auprès de ses malades. Dans un deuxième temps, il a élargi cette nouvelle science au bien être de tout le monde.
A quels types de maux s’adresse la sophrologie ?
Elle s’adresse à la gestion du stress et des émotions. Aux burn out, à la déprime, aux crises d’angoisse, aux palpitations. A tous les changements qui s’accompagnent de transformations physiques ou psychologiques : ceux de l’adolescence, de la femme enceinte, les changements de vie chez les seniors, les deuils, le chômage… La sophrologie peut aussi servir d’accompagnement en entreprise ou de soins de support pour accompagner la maladie (le cancer, les maladies chroniques).
On va apprendre à la personne souffrante comment se détendre vraiment par le corps, en accepter ses transformations. On peut aider aussi les sportifs. Ceux de haut niveau, comme Djokovic, pratiquent beaucoup la sophrologie. Elle va les aider à s’orienter vers des objectifs positifs à l’aide de visulisations. A se remettre en conscience de leur potentiel et de leur capacité pour aller vers un mieux être, vers le succès, vers du positif.
Quelles sont ces techniques physiques et mentales ?
La sophrologie s’appuie sur trois piliers. Le premier, c’est toutes les techniques de relaxation, ce qu’on appelle le Body scan. On va détendre toutes les parties du corps, du sommet du crâne jusqu’aux orteils. Tout ce qui est contracté dans notre corps : notre peau, nos muscles, nos os. Nous sommes tellement habitués à vivre dans cette enveloppe de tension que nous ne nous en rendons même pas compte. Le deuxième pilier, ce sont toutes les techniques de respiration : les respirations contrôlées. On va utiliser sa respiration pour aller vers la détente, capitaliser sur le va-et-vient du souffle. On va compter, augmenter le fil de l’expiration pour aller vers le lâcher prise. Plusieurs techniques existent : la respiration abdominale, complète, en carré, avec la paille… L’idée est d’entrer en relation avec elle pour favoriser la détente et relâcher le mental.
Le troisième pilier…
Il est une technique de visualisations positives où on laisse émerger des sensations visuelles, olfactives, auditives ou gustatives dans notre conscience. On peut visualiser un jardin, un parfum, des images, des couleurs, des sons… Cela dans le but de créer une nouvelle ressource, s’appuyer sur l’aspect sensoriel de notre être.
Un artiste est inspiré naturellement par des images qu’il voit à l’intérieur de lui. Nous, nous allons tirer ce fil à l’intérieur et cela va nous rendre notre capacité créative, l’augmenter la faire fructifier.
On peut utiliser la visualisation, par exemple, quand on a un examen à passer. Elle aide à se projeter dans un objectif positif. En Occident, une personne dans une situation anxiogène aura tendance à considérer que les choses vont mal se passer. Avec la visualisation, on envisage la possibilité que cela peut bien se passer. On observe comment on se sent avec cette épreuve envisagée positivement.
Qu’est-ce que l’état sophro-liminal ?
Les trois piliers dont on a parlé (relaxation, techniques de respiration contrôlée et visualisation) nous permettent de descendre dans les profondeurs de notre être. Et d’atteindre un état entre la veille et le sommeil. C’est l’état sophro-liminal. A ce moment là, le cerveau produit des ondes Alpha. La conscience est plus fine avec une détente corporelle et mentale plus profonde qui nous ramène dans l’ »ici et maintenant ».
La sophrologie se pratique-t-elle individuellement ou en groupe ?
Les deux. Et on peut être assis, debout ou couché. Si on s’assied, il faut adopter une position confortable mais pas trop relâchée. L’idée étant de retrouver un axe à l’intérieur de soi, une posture de tenue intérieure.
Pour la relaxation ou si on est très fatigué, on peut s’allonger. Enfin la relaxation dynamique, pratique propre à la sophrologie, consiste en des exercices qu’on pratique dans tout le corps. On va se mettre en action et en relaxation en même temps, à travers des exercices de contraction-décontraction-détente.
Une thérapie brève
En individuel, on répond à des demandes spécifiques au patient. Pour les séances de groupe on donne une thématique aux ateliers qu’on développe. Par exemple la gestion du stress se fait en un protocole de séances qui vont se dérouler sur trois ou six mois.
La sophrologie fait partie des thérapies brèves. On cherche un résultat quand on vient voir un sophrologue. Le plus souvent, 8 à 12 séances suffisent. Parfois l’accompagnement doit se prolonger. Chaque cas est différent.
Que peut apporter la sophrologie aux seniors ?
Lors du passage de le vie active à la retraite, on peut rencontrer des difficultés. Celles-ci peuvent être liées au manque d’activité mais aussi aux changements physiologiques (perte d’équilibre, modification de la vue, de l’odorat…), à la relation qu’on a avec notre corps qui est en pleine mutation. La sophrologie peut accompagner ce changement et aider à délaisser ses idées noires pour capitaliser sur le positif. Positif qui n’est pas une méthode Coué.
Une action positive menée régulièrement sur la conscience va amener un changement profond dans l’être. On va transformer petit à petit notre vision par rapport à l’existence. Et remettre du positif là où on n’arrivait pas à en mettre.
Parlez-nous de votre expérience personnelle
La sophrologie est une thérapie mais elle est aussi un cheminement personnel. Elle offre une richesse incroyable ! A partir des trois piliers qui sont la base des exercices, on peut tirer le fil à l’infini et découvrir des choses sur soi inimaginables.
Personnellement, il y a quinze ans, j’avais, par ma famille, une vision très négative de l’existence. J’ai cherché une pratique pour m’aider à sortir de ce monde assez sombre. Petit à petit, j’ai senti que ce monde était transformable.
Marie Mastrandréas©Valerie Collet
Une réalité est faite des deux faces d’une même pièce : les inconvénients et les avantages. Si on ne voit que les inconvénients, on est malheureux. Si on arrive à voir la totalité de la situation, ce qui est heureux et ce qui est malheureux, à capitaliser sur le positif, on se sent mieux. C’est ce qui m’est arrivé.
Quand le ciel s’éclaircit…
Dans ma recherche, j’ai eu l’occasion de rencontrer un maître zen à qui j’ai posé la question : qu’est-ce qui peut m’aider à me transformer ? Il m’a répondu : choisis une discipline et fais-la à fond. J’ai donc choisi de pratiquer la sophrologie tous les jours pour pouvoir apprendre par cœur ses techniques et en saisir la substance profonde. La sophrologie a changé mon paysage intérieur. Elle m’a appris à danser avec la vie ! Elle peut être utile à beaucoup de gens.
Renseignements pratiques
Marie Mastrandréas consulte dans son cabinet à Boulogne-Billancourt.
Adresse : 52 ter rue de Billancourt
92100 Boulogne-Billancourt
Tél. : 06 20 80 18 76
Email : mcmastrandreas@free.fr
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Elle consulte aussi en Ardèche (à 7 km de Valence).
Vous pouvez prendre rendez-vous en direct, sur son site ou sur Doctolib. Les séances sont organisées dans le strict respect des consignes sanitaires imposées par le Covid.
Copyright : Pixabay et Unsplash sauf les photos de Marie Mastrandréas ©Valérie Collet
A lire sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/reborn-beaute-ongles-cheveux-peau/
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