Napoléon Bonaparte en majesté…

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Napoléon Bonaparte en majesté…

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Le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte clôt le cycle de commémorations débuté en 1969 avec la naissance de l’intéressé. En attendant bien sûr l’anniversaire du Retour des Cendres en 2040.

L’événement donne lieu à de nombreuses expositions. La plus spectaculaire est celle de la grande halle de La Villette, dont la mise en scène est particulièrement soignée. Le visiteur est accueilli au bout d’un tapis rouge par l’Empereur et L’impératrice en tenue du sacre à côté du trône en bois doré. Autour sont installés huit “espaces“ consacrés chacun à une des étapes de l’étonnante carrière de l’intéressé. De l’écolier de Brienne à l’exilé de Sainte Hélène, des heures de gloire au temps des déboires. Vaste programme qui invite à une réflexion sur les lumières et les ombres de cet intermède unique dans l’Histoire. 

A-J. Gros, Bonaparte au pont d’Arcole,musée du Louvre,©Rmn-Grand Palais/Franck Raux.

A-J. Gros, Bonaparte au pont d’Arcole,musée du Louvre,©Rmn-Grand Palais/Franck Raux.

Mannequin de trompette du régiment des Dromadaires © Paris-Musée de l’Armée/Pascal Segrette

Mannequin de trompette du régiment des Dromadaires © Paris-Musée de l’Armée/Pascal Segrette

Napoléon Bonaparte : l’écolier de Brienne  

Le parcours du jeune Napoléon Bonaparte débute au Collège Militaire de Brienne le Château qu’il intègre comme boursier du Roi en 1779. Il a moins de 10 ans et dira plus tard que c’est à Brienne qu’il a tout appris. Il reste peu de témoignages du jeune Corse au prénom insolite dont l’accent prononcé provoquaient les quolibets de ses camarades. Une boussole, une épée “civile“, un livre de prière lui ayant appartenu et quelques portraits et statuettes postérieurs. On le retrouve lieutenant d’artillerie en 1788 en garnison à Auxonne. Avant la révolution, il loge dans une modeste chambre d’auberge dont on a pu reconstituer une partie du mobilier. Le jeune capitaine se signale pour la première fois en 1793 au siège de Toulon. Remplaçant un général indécis, il enlève manu militari la ville occupée par les Anglais depuis 4 mois ! Ce premier exploit n’a pas inspiré les artistes du temps.    

Le général de la République

Contrairement à la campagne d’Italie trois ans plus tard, illustrée par les victoires d’Arcole et de Rivoli. C’est le début de la légende et des proclamations choc : “Soldats, vous êtes nus, mal nourris, je vais vous conduire dans les plaines les plus fertiles du monde !“ Vient ensuite l’expédition d’Égypte en 1798, dont le succès scientifique fait oublier l’échec militaire. Cette aventure exotique, muée en désastre, s’avère en revanche un incroyable succès culturel. D’abord pour la vague d’égyptomania qu’elle provoque en France, qui se traduit en décoration par le style Retour d’Égypte. Meubles, porcelaines, objets d’orfèvrerie arborent une profusion de sphinx, obélisques, ibis, palmettes… Mais surtout, grâce aux savants qui l’accompagnaient l’expédition a ouvert la voie à l’égyptologie scientifique. Un moulage de la pierre de Rosette figure à l’expo, les Anglais ayant confisqué l’original. 

L-F. Lejeune, Bataille des Pyramides, 1798, hst 1806 , château de Versailles, © Rmn-Grand Palais/Jean-Marc Manaï

L-F. Lejeune, Bataille des Pyramides, 1798, hst 1806 , château de Versailles, © Rmn-Grand Palais/Jean-Marc Manaï

Napoléon Bonaparte : Le Consul

Le retour du Général débouche sur le Coup d’état du 18 Brumaire. Ce dernier renverse le Directoire et instaure un Consulat dirigé par trois Consuls élus pour 4 ans. Dont Napoléon Bonaparte est évidemment le Premier. Ces quatre années où la république reste en sursis mettent en lumière les qualités d’organisateur et de rassembleur du chef militaire.  Après dix ans d’anarchie, il réussit l’impossible. Réconcilier monarchistes et républicains, guillotineurs et émigrés, catholiques et anticléricaux. La Constitution de l’An VIII jette les bases d’un état stable fondé sur un exécutif fort et une administration centralisée. Le Code Napoléon assure l’égalité des citoyens et préserve les acquis de la Révolution.  Les années Consulat sont des années heureuses où la France est enfin en paix espère-t-on). Une cour s’organise à la Malmaison, autour de Joséphine, de sa fille Hortense et des jeunes officiers du général. Comme un prélude.

A-J.Gros Bonaparte Ier consul

A-J.Gros Bonaparte Ier consul

M-G. Biennais Collier de la Légion d’honneur du maréchal Berthier©musée de la Légion d’honneur

M-G. Biennais Collier de la Légion d’honneur du maréchal Berthier©musée de la Légion d’honneur

L’Empereur et le Guerrier

Le pouvoir est une drogue dont on ne se laisse pas déposséder. Élu normalement pour quatre ans, puis pour dix ans, le premier Consul se fait nommer consul à vie dès 1802. Avant de se faire sacrer Empereur deux ans plus tard. Lors d’une cérémonie grandiose à Notre Dame en présence du Pape ! A la stupéfaction des républicains pur jus autant que les rescapés de l’ancienne monarchie !  L’événement a été immortalisé dans une monumentale composition picturale de David qui n’a pas pu être déplacé à La Villette. Il faut aller la voir au Louvre, ou son double à Versailles. Bonaparte, désormais Napoléon, présente dès lors un double visage. Celui du Souverain en majesté, vêtu de pourpre et couronné d’or, avec le trône et les attributs du pouvoir. Et le chef de guerre en redingote grise, et bicorne noir, entouré des maréchaux chamarrés d’or et coiffés de plumes. 

F. Gérard, Napoléon en costume du sacre, , musée du Louvre, © Rmn-Grand Palais/Franck Raux

F. Gérard, Napoléon en costume du sacre, , musée du Louvre, © Rmn-Grand Palais/Franck Raux

Épée du sacre, château de Fontainebleau, ©Rmn-Grand Palais/Sylvie Chan-Liat

Épée du sacre, château de Fontainebleau, ©Rmn-Grand Palais/Sylvie Chan-Liat

La victoire mise en scène

La guerre est un spectacle mis en scène par les peintres au service du régime. On doit à Gérard le tableau d’Austerlitz, à Gros les images du Pont d’Arcole et de la bataille d’Eylau. Sous l’Empire, les guerres vont plus vite que la peinture. Napoléon est déjà mort à Sainte Hélène quand Vernet expose ses compositions de Friedland et de Wagram. Quant à Lejeune, il achève sa Bataille de La Moskova en 1822, dix ans après l’événement. Il faut dire qu’il participait lui-même au combat comme général de brigade ! Tous ne montrent que le bon côté de ces victoires dont morts et blessés sont les grands absents. Les images moins glorieuses (Bérézina, Leipzig…) sont des œuvres tardives d’artistes étrangers.

A savoir

L’armée compte aussi dans ses rangs des artistes amateurs qui prennent des croquis sur le vif. Comme le grenadier Pils et le lieutenant Chevalier qui illustrent leurs Souvenirs de dessins savoureux. 

Bivouac de l’Empereur, modèle 1808, ©Mobilier national/Isabelle Bideau

Bivouac de l’Empereur, modèle 1808, ©Mobilier national/Isabelle Bideau

Vie de Cour et vie de famille 

Entre deux campagnes, il reste peu de place pour la vie de cour, que Napoléon veut pourtant brillante, à l’image de celle de Versailles. Au palais des Tuileries, il impose un cérémonial et une étiquette qui tranchent avec l’insouciance des années Malmaison. Les maréchaux, tous issus des armées républicaines, se voient mués en dignitaires, couverts d’or et priés de tenir leur rang. Que ça leur plaise ou non ! L’impératrice donne le ton, entourée de ses dames d’honneur. Joséphine séduisait par sa grâce et son élégance naturelles qui manquent à Marie-Louise. Quand la nouvelle impératrice arrive en 1810, l’étiquette se renforce encore. Avec ce mariage qui le fait entrer dans la famille des rois, Napoléon pense avoir atteint le summum de son règne. Surtout quand, onze mois plus tard, arrive l’héritier tant espéré qui, pense-t-il installe définitivement sa dynastie.

Berline du mariage de Napoléon et Marie-Louise,château de Versailles

Berline du mariage de Napoléon et Marie-Louise,château de Versailles

L’écroulement 

Apogée en trompe l’œil. Dès 1808 le soleil d’Austerlitz s’assombrit quand Napoléon s’engage en Espagne et au Portugal pour y combattre les Anglais. Mais la guerre s’enlise et dégénère en guérilla. Et surtout un nouveau front s’ouvre à l’est en 1809 contre l’Autriche. Malgré la victoire de Wagram de nouvelles ombres se lèvent du côté du Tsar. Au point que Napoléon s’apprête à en découdre avec cet allié difficile, malgré les avertissements de son entourage.  En 1812, la guerre de Russie tourne au désastre, sape le moral des chefs et remonte celui des adversaires. Les alliés d’hier désertent, avant se retourner contre la France. Les défaites s’enchaînent, comme jadis les victoires. Celle de Leipzig amène l’ennemi sur les frontières et sonne la fin des illusions. 

On connaît la suite : l’abdication, l’île d’Elbe, les Cent Jours, Waterloo, la nouvelle abdication et l’exil définitif à Sainte Hélène. 

Chapeau de l’empereur, dit de la campagne de Russie, 1804-1811 ©Paris, Musée de l’Armée/Christophe Chavan

Chapeau de l’empereur, dit de la campagne de Russie, 1804-1811 ©Paris, Musée de l’Armée/Christophe Chavan

L’homme et la légende.

D’où paradoxalement naîtra la légende !

Confiné sans espoir de retour au milieu de l’Atlantique, Napoléon s’applique à raconter son Histoire. À son avantage, et en mettant l’accent sur les mesquineries et les vexations infligées par Hudson Lowe. Quitte à les provoquer de façon, après les lauriers de la gloire, à coiffer la couronne du martyr ! Aussi ne doit-on pas prendre à la lettre le Mémorial de Sainte Hélène rédigé par le comte de Las Cases sur de simples conversations. Las Cases est d’ailleurs expulsé dès 1816, et son manuscrit, confisqué, ne lui sera rendu qu’après la mort de l’Empereur. Édité en 1823, l’ouvrage connaît un énorme succès. Huit ans après Waterloo, les maladresses de la Restauration ont fait oublier les guerres, les morts, l’invasion. L’époque napoléonienne apparaît comme un âge d’or où tout était possible. Et Napoléon redevient un héros !

Info pratiques

Napoléon, l’Exposition Grande Halle de La Villette
Ouvert chaque jour de 10h à 19h
211 avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris
Tarif: 20€, TR: 15€

En raison des dispositions gouvernementales, l’ouverture, initialement prévue le 14 avril, est reportée à la mi-mai. Clôture annoncée le 19 septembre, sauf prolongation.

Précisions et visite virtuelle sur le site https://expo-napoleon.fr 

Photo d’ouverture de l’article : J-L David, Bonaparte franchissant le Saint Bernard, hst 1802, château de Versailles, © Rmn-Grand Palais/Franck Raux

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