En 1918, un couple de riches artistes Américains tombe amoureux de l’ancienne forteresse médiévale de La Napoule. Pendant des années, Henry et Marie Clews n’auront de cesse de la transformer à leur image. Ils en feront un lieu magique, romantique et poétique où ils vécurent heureux. Le Château de La Napoule est devenu le symbole d’un mariage d’amour et artistique unique… Découverte.
À Mandelieu-La-Napoule, il y a la mer, la nature, le mimosa, bien sûr… Mais aussi le Château de La Napoule. Qui entre dans ce lieu magique ne peut rester insensible. Son histoire romantique, sa situation exceptionnelle, son jardin remarquable, sa décoration unique…
Un coup de foudre pour le Château de La Napoule
L’histoire d’abord. Le Château date de l’époque médiévale, érigé par la famille Villeneuve. Au fil des siècles il a été détruit, reconstruit… Jusqu’au jour où, en 1918, un couple d’artistes américains, Henry et Marie Clews, est tombé amoureux du site et du Château. Tous deux voulaient fuir Paris en période de guerre. Leur idée était de s’installer sur la Côte d’Azur où l’air était meilleur. Surtout, permettre à leur bébé, à la santé fragile, d’aller mieux. Henry, fils d’un riche banquier new-yorkais, était sculpteur. Son épouse, Marie, passionnée de musique, architecte. Ensemble, ils veulent créer leur paradis, unis dans leurs visions d’artistes.
Once upon a time, il était une fois…
En arrivant à La Napoule, Henry et Marie se passionnent pour la reconstruction du Château alors en ruine. Ils consolident et transforment l’existant, rajoutent des pièces et conçoivent un ouvrage néo-médiéval à leur image. Marie échafaude les plans et se consacre aussi à l’architecture du jardin. Elle mène les travaux avec les artisans, tailleurs de pierres, jardiniers. Henry, l’artiste, s’engage lui dans la création d’un bestiaire fantastique. Chambranles, portes, grimoires, bas-reliefs, des sculptures sont partout. Un émouvant rappel aux contes de fées, comme le nom qu’ils ont donné au Château, “Once upon a time”. Le couple fait construire une longue terrasse-balcon surplombant la mer, devant le Château. Elle est portée par une élégante rangée d’arcades posées sur le bord de l’eau de la Méditerranée. Deux tours dites “Sarrazine“ et “Romaine” sont ajoutées au sein d’un ensemble protégé par un mur d’enceinte.
Une salle à manger comme une église
La salle à manger prend des allures d’église avec des vitraux ouverts sur la terrasse, face à la mer. Elle est conçue avec une nef au plafond voûté. Une pièce tout en longueur avec une grande table en pierre ronde au centre. La lumière est filtrée par les vitraux, offrant une atmosphère particulière à la pièce. Dans ses quatre coins d’énormes pots de fleurs en pierre ressemblant à des bénitiers sont posés. On imagine bien les fêtes offertes par le couple à leurs amis de la haute société de la Côte d’Azur. Verre à la main, ils passent de la salle à manger à la terrasse, discutent et se réjouissent de la vue exceptionnelle. En prêtant l’oreille on entend les rires mêlés au clapotis de la mer.
Un atelier musée
À quelques pièces de là nous découvrons l’atelier de Henry. La pièce a été rajoutée par le couple pour que le sculpteur puisse travailler avec tout le confort possible. Une verrière apporte une lumière extraordinaire sur les œuvres reflétant l’esprit fantasque de l’artiste. L’atelier est aujourd’hui un musée. Une grande pièce blanche où de nombreuses sculptures de l’artiste nous observent ! Des visages sculptés, des animaux étranges, des créatures surréalistes. Certaines statues aux formes ovoïdes et phalliques représentent des personnages caricaturaux. L’atelier est peuplé de chimères. Sur une table en bois, un portrait d’Henry, quelques outils, son masque mortuaire sont posés. Sa veste en velours est placée sur le dos d’une chaise. On dirait presque que l’artiste va venir nous saluer. L’essentiel de l’œuvre de Henry Clews se trouve au Château de La Napoule. Jamais il n’a voulu vendre ses œuvres.
Le jardin, un tableau vert et blanc
Le jardin, imaginé par Marie paysagiste, est conçu comme un tableau vert et blanc. Celle-ci choisit de ne planter que des arbres, des topiaires, des conifères, à feuillage persistant. Les fleurs n’ont que très peu de place et, s’il y en a, elles sont toutes blanches. En fait, été comme hiver, le jardin reste identique. Marie pense à des sentiers pavés, des fontaines. Portes et portails sont personnalisés. L’espace comporte plusieurs parties, un jardin principal, entre l’entrée et le Château, un jardin secret et le jardin de la Mancha. Ce parc à la française avec ses pins de plus de 300 ans devient un havre de paix et de beauté. Des créatures étranges, sculptées par Henry dans la pierre de l’Estérel, nous suivent d’un œil accueillant. Le jardin de Marie obtient le label “Jardin Remarquable” du ministère de la Culture en 2005.
Unis pour toujours même dans la mort
À l’extrême Ouest du Château, une tour est édifiée en 1933. Henry et Marie la baptisent “la Tour de la Mancha”. La Mancha, car Henry était passionné par le personnage de Don Quichotte de La Mancha ! Cette nouvelle bâtisse est prévue pour accueillir une crypte souterraine qui recevra leurs tombeaux. Henry prévoit tout et dessine les deux sarcophages, qui seront logés dans une alcôve, face à face. Il rédige même sa propre épitaphe et prévoit une petite porte ouverte pour chacun, afin que leur esprit puisse se rejoindre. Au sommet de la tour, , Henry imagine une chambre secrète, sans aucun accès, avec juste d’étroites fenêtres. C’est ici que leurs âmes se retrouvent. À un pas de la mer et du Château qu’ils ont tant aimé. Là, ils peuvent encore entendre les clapotis des vagues, les chants des oiseaux, le bruit du vent.
Rendez-vous dans cent ans
Henry et Marie ont prévu de se retrouver tous les cent ans au sommet de leur tour pour poursuivre leur histoire d’amour. Voici un extrait du livre “Il était une fois La Napoule”, mémoires de Marie Clews.
« Tous les cent ans, ils parleront dans le silence du tombeau :
« Es-tu là, Marie ? »
Et la réponse viendra :
« Je suis là Henry, tout près de toi. »
Puis le silence les enveloppera à nouveau pour cent ans encore, ne laissant que le bruit des vagues de la Méditerranée d’azur, le hululement des chouettes, le cri des alouettes et le chant des rossignols se balançant au sommet des grands cyprès qui flanquent le Tour de La Mancha, où deux amants reposent, côte à côte, unis à jamais. »
La Napoule Art Foundation
Henry est mort en 1937. Marie lui a survécu 22 ans. Elle s’est battue pour protéger son Château, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a consacré le reste de sa vie à faire connaître l’œuvre de son mari. Pour ce faire, elle a créé La Napoule Art Foundation, en 1951. D’abord pour la mise en valeur et la conservation du Château et de la collection Clews. Puis pour la promotion et les échanges artistiques internationaux. Ainsi, la fondation accueille des artistes en résidence au Château. Ils sont une dizaine, pour quatre semaines, une fois par an. Le Prix Henry Clews permet également à un artiste au parcours déjà prestigieux, de vivre et travailler en résidence pendant une année. De nombreux écrivains, artistes se sont succédés au Château et ont obtenu des Prix. Parmi eux Gao Xingjian, Prix Nobel de Littérature 2000, Jean Echenoz, Prix Goncourt 1999… Et bien d‘autres.
Anecdotes
Monogrammes. Partout dans le Château des monogrammes sont gravés, sur les murs, les portes, les cheminées, les œuvres. C’est la signature des deux artistes pour qui la reconstruction et la décoration du Château furent l’œuvre de leur vie. Un H seul signe les œuvres d’Henry. Un M, celles de Marie. Un H mêlé d’un M, marque une œuvre commune.
Villa Marguerite. Voisine du Château, la Villa Marguerite datant de la fin du XIXe siècle accueille les artistes en résidence. C’était l’ancienne résidence de la Princesse Daisy of Pless (1873-1943). Henry et Marie Clews l’ont acheté. Elle est aujourd’hui la propriété de La Napoule Art Foundation, au même titre que le Château.
Visite du Château et de son jardin
Certaines œuvres des artistes en résidence ont été acquises par la fondation et sont visibles dans le jardin. Comme le “Dumbo” de Serge Van de Put, un immense éléphant réalisé à base de pneus de voitures, à l’entrée. Ou la sculpture “Le grand Arc-boutant”, de Nicolas Lavarenne, suspendue à la Tour Sarrazine du Château. Mais il faudra attendre le printemps pour les découvrir, car depuis le 19 septembre, le Château est fermé au public. Il ouvre ses portes le 9 avril jusqu’au 18 septembre de 10 h à 18 h, sur rendez-vous. Un salon de thé est ouvert aux mêmes dates.
Exceptionnellement, le Château sera ouvert pour la Fête du Mimosa, les 19 et 20 février.
Tarifs : 6 € (4 € pour les enfants, étudiants et demandeurs d’emploi).
Château de La Napoule
boulevard Henry Clews, 06210 Mandelieu-La-Napoule
Sur le site, toutes les informations
Informations : Office de Tourisme et des Congrès Mandelieu-La-Napoule. www.ot-mandelieu.fr/
© Photos Caroline Paux
Prochainement, notre reportage à Mandelieu-La-Napoule, le pays du mimosa…
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