Alors que la folie olympique a commencé à déferler sur la France, Genève se présente comme une alternative aux personnes désirant y échapper. Car la capitale diplomatique de la Suisse offre bien des visages inattendus.
Ainsi, on peut y déguster du chocolat ou circuler gratuitement. Y découvrir le monde du protestantisme et celui de la très haute technologie. Partir randonnée en montagne ou parcourir la campagne. Y boire du vin local et manger dans le noir total. On peut même y partir en croisière où y faire une étape sur le chemin de Compostelle. Car, oui, Genève (et s’est inscrit sur ses trottoirs), est le début de la via Gebennensis. Celle qui va de Genève, donc, au Puy-en-Velay d’où un autre chemin conduit les « jacquets » jusqu’en Espagne.
Genève, une ville aux multiples facettes
De Genève, au final, on ne connaît généralement que peu de choses. On sait que c’est une capitale de la diplomatie mondiale, avec l’Onu. De la solidarité mondiale, avec la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. Au total, on y compte 39 organisations internationales et 431 ONG ! Nous savons qu’il y a beaucoup de banques et de sièges de société. On sait encore que de jour comme de nuit, les rues y sont sûres. On sait enfin que tout y est remarquablement ordonné. En fait, Genève offre bien plus aux visiteurs que cela. Entourée par les Alpes et le Jura français, la ville en elle-même est belle, surtout sa partie la plus ancienne et les rives du lac Léman. Genève offre également une multitude de possibilités de découvertes que l’on ne soupçonne pas. Pour s’en convaincre, rien de mieux qu’une balade à pied au départ du Jardin anglais.
Le Jardin anglais, un parc gagné sur le lac
Au bord du lac de Genève se trouve donc le Jardin anglais. Initialement baptisé « Promenade du lac », il tire son nom de son aménagement « à l’anglaise ». Il a été créé sur le lac dont une partie a été remblayé avec les gravats de la destruction des fortifications de Genève dans les années 1850. Ce jardin magnifique abrite plusieurs centaines d’arbres centenaires. On y trouve aussi la très célèbre horloge fleurie créée en 1955 pour le 125e anniversaire du CICR et une fontaine monumentale dite des « Quatre saisons » inaugurée n 1863. A voir également, le « Monument national » édifié en 1869 en l’honneur de l’entrée de Genève, alors chef-lieu du département français du Léman jusqu’en 1813, dans la Confédération helvétique en 1814.
Arpenter les rues…
Depuis le Jardin anglais, cap sur les rives du Rhône, au pied de la colline sur laquelle est née Genève du temps des Allobroges. Ces « Ceux-qui-viennent-d’un-autre-pays» se seraient installés dans les Alpes du Nord vers le IVe siècle av. J.-C. De l’oppidum de cette époque, il ne reste rien. Juste le souvenir de Jules César qui a fait brûler en -58, le seul pont (avec celui de Lyon) permettant de traverser le Rhône, durant la Guerre des Gaules pour prévenir une invasion helvète. Aujourd’hui, un pont double a été édifié à son emplacement, reliant haute et basse-ville via l’Ile. Sur cette île quasiment piétonne se dresse la Tour de l’Ile. C’est un vestige d’un château du XIIIe siècle édifié pour protéger la ville des Savoyards. A son sommet, une gigantesque horloge donne l’heure depuis le XVIe siècle.
A savoir
Le long de la rive droite du Rhône, se trouvaient les anciennes horlogeries. Des immeubles austères sous les toits desquels les artisans, profitant d’un maximum de lumières, assemblaient les montres qui ont fait la réputation de la ville. Ce fleuve naît dans le canton suisse du Valais, traverse le Léman et est rejoint peu après sa sortie du lac par l’Arve au point dit la « Jonction » au cœur de Genève. Le Rhône, long de 812 km (un tiers en Suisse, deux en France) s’écoule ensuite jusqu’à la Méditerranée.
…et les « alliouz » de Genève
Depuis les bords du Rhône, les rues s’élèvent vers la colline. Des rues charmantes avec leurs maisons anciennes et leurs « passages ». Ces équivalents genevois des traboules lyonnaises relient les principales artères entre elles. Certains sont toujours ouverts, d’autres sont désormais fermées au public, sauf en de rares occasions, pour éviter les nuisances. Baptisés « alliouz », ces passages obscurs, humides et tortueux permettaient à l’époque de gagner les gagner les habitations enclavées et de d’intervenir en cas d’incendie. Certains avaient des noms charmants comme « allée du Cul-du-Chien », à proximité de la place du Molard (moulin), une autre « allée Pisseuse ». Ces passages, il en reste une dizaine, ne sentaient ni la rose ni la vertu. Avec le temps, certains passages se sont embourgeoisés. L’allée du Lion d’or, sur la rue du Rhône, a été modernisé en 1909 et affublé de deux lions de pierre sculpté.
A savoir
Le passage des Degrés de Poule traverse une vieille maison du centre-ville. Il relie la cathédrale Saint-Pierre à la place du Bourg-de-Four et est au XVIe siècle le plus court chemin entre palais de Justice et prison de l’Evêché. Il pourrait tenir son nom des dames qui y faisaient commerce de leurs charmes à l’abri des intempéries.
L’incroyable histoire du jet d’eau de Genève
Trois îles se situent sur le Rhône en partant du lac : l’île Rousseau, l’Ile et l’usine des Forces motrices. Sur l’îlot Rousseau a été édifiée une statue du philosophe des Lumières. Cet îlot, un ancien bastion de défense, est devenu un refuge pour les cygnes et canards. Passé l’Ile, se trouve l’usine des Forces motrices (aujourd’hui salle de spectacles) édifiée en 1880 pour assurer les besoins en eau et en énergie de Genève. Elle succède à l’usine du pont de la Machine (édifiée à partir de 1709 et devenue centre commercial) située entre l’île Rousseau et l’Ile. Problème : lorsque les artisans qui bénéficiaient de la force motrice de l’eau, arrêtent de travailler le soir, le risque de surpression était grand. Pour palier ce problème, on a laissé s’échapper vers le ciel l’eau en surpression. Le premier jet d’eau de Genève était né. Il faisait 30 mètres de haut.
A savoir
Disparu en 1889 après un réaménagement, le jeu d’eau a été recréé en 1891 mais au bord du lac. Sa hauteur alors passe à 90 m. Un troisième jet d’eau lui succède en 1951: son panache atteint 140 m en moyenne! L’eau est éjectée à la vitesse de 200 km/h avec un débit de 500 litres à la seconde. Sa couleur blanche est due à une buse qui remplit l’eau de bulles d’air.
Genève, la Rome protestante
Marcher dans les rues de Genève, c’est découvrir un luxe sans pareil. Pour cela, rendez-vous rue du Rhône (au Moyen-Age, elle était en bord de fleuve). Vous y trouverez toutes les plus grandes anciennes mondiales de mode (Jean-Paul Gaultier…), de bijouterie (Boucheron…), de diamantaire (Graff…) et de haute horlogerie mondiale (Jahan…). Sans oublier les meilleurs chocolatiers. Au total, 120 établissements d’ultra-luxe installés dans des immeubles prestigieux (ne manquez pas l’immeuble Dior…) se pressent dans cette artère. Autre visage de Genève, le protestantisme. Là, l’austérité est la règle. Dans le parc des Bastions, le mur des Réformateurs rappellent les grandes dates de la Réforme. Quatre grands personnages en occupent le centre : Guillaume Farel, Théodore de Bèze, John Knox et surtout Jean Calvin. Ce Picard a imposé sa vision rigoriste aux Genevois. Pas de musique, pas de distractions. Ironie de l’Histoire, son nom est désormais celui d’une bière locale: la Calvinus.
A savoir
Pour découvrir l’histoire du protestantisme, une visite au Musée international de la Réforme est indispensable lorsqu’on est à Genève. Tableaux, objets, livres, gravures et dispositifs audiovisuels se conjuguent en douze salles. A ne pas manquer, l’exposition temporaire « Jouer avec les dieux jusqu’au 13 octobre 2024). https://www.musee-reforme.ch/
Les secrets de la cathédrale Saint-Pierre de Genève
Le chantier de rénovation de la cathédrale de Genève a duré trente ans. Trente années qui ont permis de réaliser des fouilles archéologiques sans précédent sous la cathédrale et la place attenante. Avec, au final, la redécouverte de deux mille ans d’histoire genevoise que l’on peut parcourir grâce à une promenade souterraine. D’abord, des traces préchrétiennes de l’occupation de ce secteur de la ville (puits, aire de traitement du blé, bâtiment à vocation cultuelle, tombe allobroge). Ensuite, les vestiges des cathédrales qui se sont succédé : Nord, Sud, Est et cathédrale de l’An Mil. On parcourt les restes des cellules des clercs avec chauffage au sol, la salle de réception de l’évêque avec sa mosaïque du VIe siècle. Un monde surprenant que rien ne permet de soupçonner. Détail amusant, les protestants, qui ont transformé cet édifice catholique en temple en 1535, ont conservé sur sa façade le chapeau de l’évêque…
A ne pas rater
Ne pas hésiter à faire l’ascension de son clocher : du sommet de son clocher, la vue sur Genève est époustouflante. A admirer également, la chapelle des Macchabées de style gothique flamboyant édifiée vers 1400.
Partir en croisière sur le lac Léman
Long de 73 kilomètres et large de 14, le lac de Genève est le plus grand d’Europe de l’ouest. Son nom fait l’objet d’une « bataille » entre Genève, qui l’appelle lac de Genève et les cantons de Vaud et du Valais et la France qui le nomment Léman. Pour le découvrir, rien de mieux qu’une croisière « bistronomique » à bord d’un bateau Belle-Epoque de la Compagnie genevoise de navigation (CGN). Cap sur Yvoire, un des plus beaux villages de Haute-Savoie. Avant d’y arriver, les rives du lac s’offrent à l’admiration des voyageurs avec leurs maisons magnifiques. A bord, les passagers peuvent déguster une cuisine raffinée. Proposée par « Fine fourchette », cette cuisine est une authentique expérience culinaire. A son retour, le bateau longe la plage des Eaux-Vives. On peut aussi parcourir le lac sur un bateau privé pour admirer les Alpes et le Jura qui le bordent.
A noter
Cette dernière balade permet de faire une halte-déjeuner à L’auberge d’Hermance dans la jolie ville médiévale d’Hermance, dans la partie sud-ouest du lac. L’occasion de déguster la spécialité de la maison : un poulet en croûte de sel. Un délice !
A Genève, on peut manger… sans voir son assiette
Dans le monde, 2,5 millions de personnes ont déjà tenté mangé dans un noir absolu afin que rien ne vienne déranger leurs sens. A Genève, c’est au Ritz-Carlton Hôtel de la Paix qu’on peut le faire depuis 2023. Au restaurant « Dans le noir ? », les convives sont conduits à leur place et servis par des guides déficients visuels recrutés par des associations et formés par les experts. Une fois à table, les convives dégustent trois plats surprise avec ou sans accord mets-vins. Vivre cette expérience est réellement troublant. On comprend que la vue joue un rôle essentiel dans notre perception de l’environnement. Que ce soit pour le goût ou le rapport à l’autre. On se surprend à parler sans barrière à des inconnus ou à imaginer des saveurs qui ne sont pas. D’où l’intérêt du débrief qui suit cette expérience au cours duquel les plats dégustés sont présentés. Surprises garanties !
A noter
Dîners vendredi, samedi et un dimanche sur deux à partir de 18h30. Menu 3 plats « Eveil des Sens » à partir de 98 FS (98 €). Réservations obligatoires. Bons cadeaux disponibles à l’achat.
Comment se déplacer à Genève sans rien payer ?
Genève offre à ses visiteurs logeant au moins une nuit à l’hôtel, au camping, en auberge de jeunesse ou dans certains Airbnb, la possibilité de se déplacer sans rien payer. Dès leur arrivée, les visiteurs se voient remis la Geneva Transport Card qui permet d’utiliser sans restriction tous les transports publics genevois le temps de leur séjour. Y compris les quatre lignes lacustres de la Société des Mouettes genevoises qui rapprochent les deux rives du lac depuis 1897. Une autre bonne option pour découvrir Genève est de se procurer Un Geneva City Pass de 24, 48 ou 72 heures. 60 activités gratuites ou à prix réduits s’offrent alors au visiteur. A partir de 30 FS (autant en euros).
A noter
Le Geneva City Pass permet entre autres d’accéder au Musée international de la Réforme, au Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, au Musée Patek Philippe, au Musée d’art moderne et contemporain, de faire une croisière sur le lac, de parcourir la ville en petit train ou d’accéder à la tour de la cathédrale pour avoir une vue panoramique sur Genève.
Comment déguster quasi-gratuitement du chocolat à Genève ?
En Suisse, le chocolat est une affaire sérieuse depuis qu’en 1819 François-Louis Cailler a réussi à créer du chocolat solide et qu’en 1875 Daniel Peter a inventé le chocolat au lait. On doit aussi à Nestlé l’invention du chocolat blanc dans les années 1930. Pour se convaincre de la qualité du chocolat suisse rien de mieux que de le déguster. Quasiment gratuitement. Rien de plus simple pour cela, il suffit de se procurer un Choc o Pass Geneva. Pour 30 francs suisses (30 €), les amateurs de chocolats ont le droit durant 24 heures de déguster (une fois) une sélection de chocolats proposés par les chocolatiers participants. L’assiette sera différente selon la chocolaterie : célèbres pavés genevois chez Stettler ou délicieuses truffes chez Sweetzerland. Un Choco Pass Kids a été imaginé pour les enfants. Attention : les chocolateries sont fermées le dimanche.
A noter : les chocolateries participantes
Sweetzerland, rue du Mont-Blanc, 5. http://www.sweetzerland.net/
La Bonbonnière Chocolaterie, rue Pierre-Fatio, 15. http://www.labonbonniere.ch/
Du Rhône Chocolatier, rue du Rhône 118. http://www.du-rhone.ch
Chocolat Favarger, rue de Rive 11. https://www.favarger.com/
Chocolaterie Canonica, rue Rousseau 9. http://www.canonica.com
Zeller Chocolatiers, Place de Longemalle 1. http://www.chocolat-zeller.ch
Guillaume Bichet, rue du Rhône 17. https://www.guillaume-bichet.ch/
Cours de yoga sur les bords du lac de Genève
Genève possède jolis coins pour profiter du lac. Il y a, entre autres, la nouvelle plage des Eaux-Vives. Il y a aussi et surtout les célèbres Bains des Pâquis dominés par un phare au bout de leur jetée. Edifiés en 1872, il accueille, outre les baigneurs, toutes sortes d’activités. C’est aussi l’endroit idéal pour faire ou découvrir le yoga en regardant le lac. Sous la direction de Jackie, les mouvements s’enchaînent en douceur. On ne voit littéralement pas le temps passer. Une expérience à ne pas manquer dans un cadre d’exception.
Le canton de Genève, terre de vins
Depuis « L’affaire Tournesol », en 1956, on sait que la Suisse est une terre de vins : le capitaine Haddock y fait l’éloge du “Chasselas La Côte“. Ce dont on se doute moins c’est que le canton très urbain de Genève l’est aussi. C’est même le troisième canton viticole de Suisse. 1 400 hectares de vignobles profitant du climat unique de la région, répartis en trois grandes zones : Mandement, « Arve et Rhône » et « Arve et Lac ». La ville de Satigny est même la plus grande commune viticole de Suisse. Pour découvrir les productions des quelque 80 vignobles locaux, chaque année est organisée une journée Caves ouvertes. A cette occasion, les amateurs peuvent déguster pour 20 FS (20 €) seulement l’ensemble des productions 2022 chez l’ensemble des participants à cette opération. Cette année, elle a eu lieu le 25 mai.
A noter : découvrir les vignobles en tuk-tuk
Un moyen original de participer à l’opération Caves ouvertes et de découvrir la nature du canton de Genève est de le faire en tuk-tuk avec Aziz. Lors d’une halte au Centre nature du vallon de l’Allondon, l’occasion est donnée de déguster un délicieux plateau de fromages (à réserver) avec du vin acheté chez un vigneron. Un vrai moment de plaisir doublé par l’extrême gentillesse d’Aziz.
Infos pratiques
Comment se rendre à Genève ?
Genève est facile d’accès. La ville est connectée par autoroute à la France et au reste de la Suisse. Attention : n’oubliez pas d’acheter la vignette à 40 FS (40€) qui permet de circuler gratuitement sur les autoroutes suisses. En train, TGV français ou suisse au départ de la gare de Lyon à Paris, TGV jusqu’à Lyon pour les Provinciaux puis TER. La gare de Genève-Cornavin est centrale. Aucune formalité douanière ou autre à l’arrivée comme au départ (la Suisse fait partie de l’espace Schengen). Par avion, liaisons directes avec les principales villes européennes. L’aéroport est à moins de 4 km du centre-ville. Un train le relie à la gare Genève-Cornavin.
Où loger ?
Genève offre une gigantesque palette de très bons hôtels. Parmi eux, l’hôtel Bristol situé en plein centre-ville, à cinq minutes à pied de la gare Genève-Cornavin. Cet hôtel est un véritable havre de paix à dimension humaine. Ni trop grand, ni trop petit. Il finit de rénover ses chambres pour offrir plus encore de confort à ses hôtes. L’hôtel propose des salles de réunion, un spa et une salle de fitness. Sans oublier son restaurant…
Adresse : rue du Mont-Blanc, 10 1201 Genève
Téléphone : 00 33 41 22 716 59 00
Internet : https://www.bristol.ch
Où manger ?
Genève ne manque pas de tables remarquables. Si l’on veut de l’exotisme et un complet dépaysement, il ne faut pas hésiter à se rendre au Na Village.
Un emplacement privilégié
Niché au centre de Genève, le Na Village est un restaurant magnifique qui offre un véritable voyage en Thaïlande. Sa bâtisse, en bois, est plus que centenaire et le jardin qui l’entoure magnifique. Quant à la nourriture, elle est tout simplement délicieuse. Adresse : Rue de Saint-Jean, 57 1203 Genève
Photos : Frédéric Cheutin
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