Dans ce magnifique département de l’Ain, à Bourg-en-Bresse (prononcez « Bourc »), s’élève un monastère royal. Un majestueux et immense bâtiment lié au destin romanesque de Marguerite d’Autriche (1480-1530). Il faudrait plutôt parler d’un mausolée, en réalité. Car cette dame au destin tragique le fit élever à la gloire de son troisième époux : Jean-Philibert le Beau.
Un destin hors du commun
Marguerite d’Autriche est fille de l’empereur Maximilien de Habsbourg, couronné empereur du saint-empire romain germanique en 1493. Petite-fille du dernier grand duc de Bourgogne, Charles le Téméraire et tante de Charles Quint. Elle est d’abord et surtout l’instrument politique de son père. Ce dernier la destine successivement à trois mariages afin de sceller diverses ententes diplomatiques. Ainsi épouse-t-elle à trois ans (oui, vous avez bien lu, trois ans) le dauphin Charles avant d’être répudiée. En secondes noces elle épouse le prince Juan de Castille, infant d’Espagne qui, hélas meurt précocement. Veuve en deuil, également mère en deuil, elle se voit destinée à une troisième alliance, avec la maison de Savoie cette fois. Un mariage idéal cette fois… Oui, mais… le jeune duc Philibert le Beau meurt trois ans plus tard, des suites d’un refroidissement. Marguerite d’Autriche n’a alors que 24 ans.
Pour conjurer le sort
Pour surmonter sa souffrance, Marguerite reprend à son compte une promesse non accomplie de sa belle-mère, Marguerite de Bourbon. Cette dernière avait fait vœu pour assurer la guérison de son mari d’édifier un nouveau monastère sur l’emplacement du vieux prieuré bénédictin de Brou. Contre l’avis de son entourage, Marguerite d’Autriche impose ce nouveau chantier et obtient l’aval du pape. feu son bien-aimé bénéficie d’un somptueux tombeau, voisinant les sépultures de sa mère et plus tard, de sa femme. Symbole du monument qu’il envahit dans ses moindres recoins, l’emblème du couple inscrit leur mariage dans la pierre: les initiales P et M.
Un monument européen avant l’heure
Objet des alliances avec la couronne de France, d’Espagne, de Savoie puis des Pays-Bas, Marguerite d’Autriche insuffle dans le chantier un esprit européen. A la fois sur un plan architectural, géographique et spirituel. Aux confins des frontières françaises, savoyardes, italiennes et germaniques, le chantier du monastère est piloté depuis les Flandres. Marguerite est appelée à Brou dès la pose de la première pierre en 1506. Erigé aux portes de Bourg-en-Bresse, alors dans le duché de Savoie, l’ensemble se singularise par son style gothique brabançon en usage à Bruxelles. Mené à bien en un temps record, de 1506 à 1532, le chantier reçoit les meilleurs maîtres d’œuvre et artistes de toute l’Europe : italiens, souabes, bourguignons, lyonnais mais surtout bruxellois et flamands. L’église est un joyau de style gothique flamboyant, à la haute toiture de tuiles vernissées et colorées.
Un monastère au destin mouvementé
Les moines priant quotidiennement pour le salut du couple occupent le monastère jusqu’en 1790. La destination de l’édifice est bouleversée par la révolution française. Il traverse le tournant du XIXe siècle de manière chaotique. Prison, puis caserne de cavalerie, puis hospice d’aliénés. Le grand séminaire diocésain s’y installe en 1823 et quitte les lieux en 1907, après la séparation des églises et de l’état. Ce n’est qu’à cette date que le monastère acquiert une vocation culturelle plus large: il est ouvert à la visite dans les premières années du XXe siècle, et reçoit le musée municipal. Aujourd’hui, ce musée offre aux visiteurs un ensemble varié de peintures, sculptures, mobilier et objets d’art du XVe siècle à nos jours.
Monastère royal de Brou,
63 boulevard de Brou 01000 Bourg-en-Bresse
tél : 04 74 22 83 83
Copyright : Frédérique Lebel
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