Encadrée par le Pays basque et les Asturies, au nord de l’Espagne, la Cantabrie joue les discrètes. Pourtant cette région est d’une rare beauté naturelle et son patrimoine témoigne d’une culture millénaire. Au nord : une côte avec des falaises creusées de longues vallées à la douceur océane. En s’éloignant de la mer : les Pics d’Europe dont certains culminent à plus de 2500 mètres. Et au sud, les campagnes et les forêts. Une variété de paysages qui fait le bonheur des pélerins de Saint-Jacques de Compostelle sur le Chemin du Nord et sur le Chemin de Liébana, tous deux classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous les avons empruntés successivement en en égrenant les merveilles dans deux articles.
Santander, capitale de la Cantabrie
Ce premier arrêt sur le Chemin du Nord nous a tout de suite charmés par sa douceur, les grandes courbes de ses rivages et sa contemporanéité inattendue. En parcourant sa baie en bateau, on en apprécie les nombreuses plages, les bans de sable et les phares. De même les belles demeures du tournant du XXe siècle, l’âge d’or de la ville, où le roi Alfonso XIII venait en villégiature avec sa famille. Sa résidence d’été existe toujours dans la Péninsule de la Magdalena. Elle est entourée d’un immense parc où l’on peut se promener avec comme spectacle l’océan et les arbres tordus par le vent.
Le vieux centre ne manque pas non plus de charme avec son animation, sa cathédrale et ses quelques boutiques de déco « branchée ». On en parcourt le joli marché avec ses impressionnants étals de poissons, de crustacés, ses jambons, ses mille fèves et ses fromages…
Le Centre Botin dédié aux arts
La ville ayant été en grande partie détruite par un incendie en 1941, elle a investi dans l’architecture contemporaine. Ainsi son Palais des Festivals vivement coloré ou encore ce centre culturel à la forme plus audacieuse encore : le petit Beaubourg de Santander ! Inauguré en 2017 par le même architecte, Renzo Piano, le Centre Botin crée la surprise sur ce front de mer d’un autre temps. Changeant de couleur à chaque instant, il passe du bleu au gris argenté au gré des changements de lumière. Comme au MUCEM à Marseille, on pourra grimper sur ses terrasses, admirer la ville et la mer par dessus son toit recouvert de quelque 200 000 rondelles de céramique.
A l’intérieur, on découvre des expositions d’art contemporain et moderne avec un petit accrochage permanent de quelques maîtres espagnols : Daniel Vasquez Diaz, Isidre Nonell, Juan Gris, Joaquim Sorolla…
Santillana del Mar
Ruelles pavées, vieux lavoir, palais et maisons aux façades rythmées par les poutres et les étages en encorbeillement… Ce beau village de Cantabrie dont les plus vieilles maisons remontent au XIIe siècle ne manque pas de caractère. Il faut déambuler dans ses ruelles, levers les yeux vers ses hauts balcons et surtout ne pas manquer la Collégiale de Santa Juliana, le plus beau monument roman de Cantabrie, avec son cloître aux chapiteaux finement sculptés. Un petit goûter ? Le fameux sobao de la Casa Quevedo, véritable institution locale, s’y prêtera avec délice. Ce gâteau à base d’œuf, de sucre, de beurre et de farine attire les gourmands du monde entier. Si tu ne trempes pas ton sobao dans le lait, tu ne seras jamais marié dit-on dans le pays !
La grotte et le musée d’Altamira
Située à 2 kilomètres de Santillana, cette « chapelle Sixtine » de l’art rupestre, découverte fortuitement par un chasseur en 1868, est un des plus beaux témoins de l’art préhistorique. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, elle renferme des fresques polychromes exceptionnelles datant de 35000 à 13000 ans av.J.C. Comme à Lascaux, on en visite la réplique. Et, pour commencer, un petit musée pédagogique et vivant qui s’attache aux différents aspects de la vie quotidienne de nos lointains ancêtres : découpage de la viande, fabrication des vêtements, atelier du peintre… En complément, d’intéressantes vidéos font le parallèle avec les Inuits ou les aborigènes d’Australie.
Entrons dans la grande salle des peintures, c’est le choc ! Cerfs, chevaux, bisons, motifs de mains, signes énigmatiques forment un immense et fabuleux ballet au dessus de nos têtes. Des motifs qui épousent parfois la forme de la roche en un saisissant réalisme.
Comillas et ses environs
Ce petit port de pêche prit son essor sous l’impulsion du marquis de Comillas, aristocrate ayant fait fortune à Cuba. A la fin du XIXe siècle, il devint une station balnéaire assez huppée qui attira jusqu’au roi Alfonse XII d’Espagne. Elle fut la première du pays à avoir l’électricité. Nombre d’architectes s’y disputèrent la construction de villas toutes plus somptueuses ou originales les unes que les autres.
El Capricho d’Antoni Gaudi
Ce palais estival, extravagant et ostentatoire, est une des rares réalisations de l’architecte moderniste hors de Catalogne. Il fut commandé en 1883 par Maximo Diaz de Quijano, riche avocat de la Compagnie transatlantique, passionné de musique et de jardinage. Gaudi n’avait alors que 30 ans et la ville entière le prit pour un fou ! Du jamais vu, en effet, que cette façade mouvementée couverte de tournesols, ces balcons en fer forgé décorés de notes de musique et tournés vers l’intérieur ou cette tour bigarrée associant les styles nasride, mudéjar, gothique et oriental. Entrons ! De pièce en pièce, on découvre les multiples raffinements et détails symboliques voulus par l’artiste : jardin d’hiver, vitraux figuratifs (un oiseau sur un clavier de piano), fenêtres produisant des sons quand elles coulissent… Une étonnante réalisation qui mérite bien son nom de « caprice », ce genre musical anti-académique, aux formes libres !
Le Palais de Sobrellano et l’Université
Commandé par le marquis de Comillas, le palais de Sobrellano fut construit au XIXe siècle par un autre architecte moderniste, Joan Martorell. Par sa façade austère, il rappelle l’esprit des grandes familles catholiques de stricte observance. Et contraste de façon saisissante avec le Capricho. Hall monumental (14 mètres de hauteur), riches plafonds à caissons, cheminées sculptées, vitraux en veux-tu en voilà, chapelle privée… l’ostentation le dispute à l’opulence.
Une grandiloquence que l’on retrouve à l’Université, construite à la même époque sur la colline d’en face. On en remarque les portes en bronze joliment sculptées des 7 péchés capitaux. Et cet amusant chapiteau orné d’un chat. Il se réfère à une mise en garde faite à l’architecte Luis Domenech et Montaner lequel nous rappelle là qu’il ne lui fut pas plus difficile d’abattre les murs de la maison que pour un chat d’attraper une souris…
Carnet de voyage
Aller en Cantabrie
Depuis Paris, vol Iberia pour Madrid (2 heures) puis Madrid-Santander (1 heure). www.iberia.com
Où dormir
Hôtel Chiqui***, à Santander. Confortable, jolie déco, spa, surplombe la plage du Sardinero. www.hotelchiqui.com
Hotel Hoyuela****, luxueux, près de la plage : https://www.hotelhoyuela.es
Le parador de Santillana del Mar***. Maison récente et confortable reprenant le style historique de ce joli village. https://www.parador.es/fr/paradores/parador-de-santillana-del-mar
Hôtel Comillas****, à Comillas. Cosy. : https://www.hotelcomillas.es
Se régaler
Restaurant du golf Abra del Pas, à Miengo. Cuisine internationale ou locale tel le poulpe aux oignons ou le fromage de brebis au membrillo (pâte de coing). Tél. : 00 34 942 57 75 97
El Bodegon, à San Vicente de la Barquera. Excellent restaurant de poisson et fruits de mer. Pousse pied, poulpe grillé, riz à la langouste… Mérite le détour. https://elbodegonsvb.com/
Pour toutes les informations sur la Cantabrie
https://www.uniquespain.travel
Suite de notre voyage dans notre prochain article « La Cantabrie, entre nature et pèlerinages».
Copyright : Valérie Collet – Fundación-Centro-botín – CANTUR
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