André-Charles Boulle « de cuivre et d’écaille »

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André-Charles Boulle « de cuivre et d’écaille »

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De l’ébéniste Boulle, Colbert disait qu’il est « le plus habile en son métier ».  Ses meubles, d’une magnificence rare, ont joui et jouissent encore d’une juste célébrité.  Ainsi renchérit 200 ans plus tard l’emblématique historien de meuble, Henry Havard. 

Au XXIe siècle, on peut toujours en dire autant, du moins dans le monde des antiquaires et des amateurs d’art. André Charles Boulle reste le plus connus, voire le seul ébéniste célèbre du Grand Siècle… Près de trois siècle après sa mort, une exposition lui rend au château de Chantilly un hommage justifié.

Le père de l’ébénisterie française

André Charles Boulle n’est en effet rien moins que le fondateur de la grande ébénisterie française. Le premier d’une liste qui nous mène jusqu’à la Révolution. Il est aussi le premier ébéniste qui laisse son nom à un style, à une époque… mais pas sur ses meubles. On ne lui connaît pas d’estampille et seul le style caractéristique et des descriptions d’inventaires permettent de lui attribuer tel ou tel meuble.  Né en 1642 (quatre ans après Louis XIV, le jeune Boulle est formé à l’ébénisterie à 12ans par son père, À 30 ans, en 1672, sa notoriété est déjà bien établie. Au point que le logement aux « Galleries du Louvre » de l’ébéniste Jean Macé, récemment décédé lui est attribué. Depuis Henri IV, la Galerie réunissant le Louvre aux Tuileries, avait été divisée en ateliers pour les artisans attachés à la Couronne.

A savoir

Être admis aux « Galleries du Louvre » était un signe de la faveur royale, mais aussi un privilège de liberté par rapport à la corporation parisienne. 

Boulle - Console (d'une paire) ©Londres, Wallace Collection

Console (d’une paire) ©Londres, Wallace Collection

Les « Galleries » du Louvre

Le prestige qui s’y attache entraîne une nette augmentation des commandes. Cette distinction apporte donc au jeune ébéniste des commanditaires prestigieux : le Roi, le Dauphin, le prince de Condé… Ce « privilège » lui permet aussi de diversifier son métier et même d’en pratiquer un autre. Ce qui n’aurait pas été possible dans le cadre rigoureux de la corporation des maîtres ébénistes de Paris. En 1685, l’atelier de Boulle se dote ainsi d’une fonderie afin de fabriquer les bronzes dorés qui ornent ses meubles les plus prestigieux. Boulle est le premier à lancer cet usage pratiqué après lui par tous les ébénistes du XVIIIe siècle. Cette notoriété ne le met pas à l’abri de l’incendie qui en 1720 ravage son atelier, ses meubles en cours et son outil de travail…. Et pire pour lui, ses collections personnelles de dessins. Les incendies étaient fréquents à l’époque et les moyens de s’en protéger inexistants.

 Commode (d'une paire)de la chambre du roi ©RMN Château de Versailles, ph Hervé Lewandowski

Commode (d’une paire)de la chambre du roi ©RMN Château de Versailles, ph Hervé Lewandowski

D’or et d’écaille : le triomphe du style Boulle 

Boulle est à l’origine du meuble marqueté qui va triompher dans les appartements du XVIIIe s. Il laisse son nom aux décors de cuivre doré sur fond d’ébène ou d’écaille et lance la mode du meuble marqueté. Les ébénistes de Louis XV préféreront les décor de bois de rose, de violette, palissandre… L’ébéniste de Louis XIV est aussi « l’inventeur » du grand bureau plat et la commode*. La truculente Princesse Palatine le décrit en ces termes à sa sœur : « une commode est une grande table avec de grands tiroirs et de beaux ornements »  Né en 1642, Boulle est de la même génération que Louis XIV. Il est donc contemporain de la construction du palais de Versailles et des hôtels de la noblesse qui n’est pas en reste de prestige. Il inaugure de l’art de la belle ébénisterie. De la Régence à Louis XVI, elle donnera le ton à l’Europe entière.

*deux meubles emblématiques
Boulle - Bureau plat à six pieds, château de Vaux le Vicomte ©Guillaume Benoît

Bureau plat à six pieds, château de Vaux le Vicomte ©Guillaume Benoît

Pérennité du style Boulle

Boulle disparaît en 1732, à l’âge vénérable de 90 ans. Une longévité exceptionnelle à l’époque. Il a connu tout le règne de Louis XIV. Mais également la Régence de Philippe d’Orléans et la première décennie du règne « personnel » de Louis XV. Il reste toujours une référence, même si on lui préfère alors les marqueteries de bois exotiques bois de rose, de violette, palissandre… importés des « Isles » d’Amérique. La marqueterie de Boulle revient en force sous le règne de Napoléon III.  Ses meubles sont toujours appréciés des amateurs d’art. Toutefois, ils sont d’une insigne rareté sur le marché des antiquités. Ils valent très chers et sont difficiles à identifier. Boulle n’estampillait pas ses meubles, pas plus qu’aucun ébéniste avant les années 1750. La plupart sont dans les musées comme les deux bureaux conservés au château de Chantilly autour desquels est organisée cette exposition première du genre semble-t-il.

Paire de bibliothèques basses, Paris, Musée du Louvre ©RMN Grand Palais, studio Sebert

Paire de bibliothèques basses, Paris, Musée du Louvre ©RMN Grand Palais, studio Sebert

Infos pratiques

Exposition André Charles Boulle
8 mai- 6 octobre 2024
Château de Chantilly (Grands appartements)
62500-Chantilly
Ouvert chaque jour de 10h à 18h, jusqu’au 6 octobre 2024
Entrée: 18€, Tarif réduit: 14,50€

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