Entre montagne et mer, villages perchés et plages turquoise, la Corse séduit chaque été des milliers de voyageurs. Randonnées dans le maquis, balades en 4×4, dégustations de produits locaux, visites culturelles ou farniente à l’ombre des pins laricios… L’île de Beauté a mille visages. Et pour découvrir son littoral autrement, rien ne vaut une journée en mer.

Au départ de Bonifacio, Briséis Croisières propose des excursions en petit comité à bord d’un catamaran ou d’un yacht. Navigation douce, baignade, découverte historique et cuisine maison… Nous avons testé pour vous la croisière vers les îles Lavezzi. Un itinéraire exceptionnel entre falaises blanches, plages désertes et récits historiques. Une journée à vivre au rythme de la mer, entre détente et émerveillement.

Départ de la croisière depuis le port de Bonifacio, blotti entre falaises calcaires et maisons pastel.

Briséis Croisières

Embarquement sur le catamaran au lever du jour, à Bonifacio

Tout commence à 8 h 15 sur le port de Bonifacio. C’est tôt, mais c’est la clé pour vivre les îles Lavezzi autrement, avant l’arrivée massive des navettes touristiques souvent bondées. Sur le quai, le catamaran de Briséis Croisières nous attend, prêt à hisser les voiles vers l’un des joyaux marins de la Méditerranée. À la barre, le capitaine Marceau nous accueille avec chaleur. Il nous présente les consignes de sécurité, dans une ambiance détendue. Il conclut avec une phrase rassurante : « Vous êtes ici comme chez vous, le bateau vous appartient. »

Dès le départ, un café, un thé ou une infusion glacée maison préparée par Jules, le chef à bord, est proposé. On découvre le catamaran. Confortablement installés, nous quittons le port, laissant derrière nous la citadelle perchée de Bonifacio.

À gauche, Marceau, l’un des membres de l’équipage, à la barre du catamaran. À droite, le Bali 4.1 de Briséis Croisières au mouillage près des îles Lavezzi, prêt pour une journée en mer sous le signe de la détente.

La grotte de Napoléon

Très vite, le décor se fait spectaculaire. À bâbord, la fameuse grotte du Chapeau de Napoléon. Taillée dans le calcaire blanc de Bonifacio, cette grotte marine est facilement reconnaissable à son entrée en forme de bicorne. Elle ressemble au fameux chapeau de l’empereur. On l’appelle aussi “Grotte Saint-Antoine” et elle se trouve juste à côté du piton rocheux nommé le Gouvernail de la Corse. En approchant doucement en bateau, on ressent toute la puissance du lieu : la mer s’engouffre dans la cavité, le silence tombe, et la lumière, filtrée, donne aux eaux une teinte mystérieuse. C’est un passage incontournable lorsque l’on longe les falaises de Bonifacio.

La grotte dite du “Chapeau de Napoléon”, facilement reconnaissable à sa forme de bicorne. Cette cavité marine emblématique des falaises de Bonifacio est l’un des temps forts de la croisière.

Les falaises majestueuses de Bonifacio

Nous longeons les falaises calcaires de Bonifacio. Elles forment une véritable muraille verticale bordant la citadelle médiévale, surtout aux environs du Cap Pertusatu. Jusqu’à 70 mètres de hauteur, ces parois sculptées par l’érosion plongent directement dans les eaux émeraude de la Méditerranée. Le site est classé au sein de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio. Un espace protégé qui s’étend de ces falaises jusqu’à l’archipel des Lavezzi. Depuis la mer, on peut aussi apercevoir le célèbre Grain de sable – un éperon rocheux isolé, vestige de cette falaise impressionnante.

Le “Grain de sable”, rocher emblématique de Bonifacio, s’est détaché de la falaise sous l’effet de l’érosion. Isolé dans les eaux turquoise, il incarne la fragilité et la beauté brute du littoral corse.

Le Cap de Pertusato marque l’extrémité sud de la Corse. Surplombé par un phare et dominé par une arche naturelle sculptée dans la falaise, il offre un panorama spectaculaire aux abords de Bonifacio.

Cap vers l’archipel des Lavezzi

Le cap de Pertusato marque l’entrée vers un tout autre monde : celui des îles Lavezzi, à seulement une trentaine de minutes de navigation. L’archipel est composé de 23 îles et îlots granitiques, dont les plus connus sont Lavezzu, Cavallo, Ratino, Porraggia ou encore Piana. Classé réserve naturelle, cet écrin sauvage séduit par ses plages de sable fin, ses criques turquoise et sa faune sous-marine foisonnante. Un paradis brut, à découvrir avec respect.

Avant le mouillage, Marceau nous raconte l’histoire dramatique de la Sémillante. Une frégate française naufragée le 15 février 1855 avec près de 700 soldats et marins à son bord. L’émotion est palpable. Un zodiac nous dépose ensuite pour une heure d’exploration libre sur l’île de Lavezzu.

Au mouillage devant l’île de Lavezzu.

Ancienne bergerie restaurée sur l’île de Lavezzu. Témoignage discret d’une occupation humaine passée, elle s’intègre parfaitement dans le décor minéral de l’archipel.

L’île de Lavezzu, sauvage et chargée d’histoire

L’île de Lavezzu est un petit paradis brut, pour ses eaux turquoise, ses plages et criques, ses blocs granitiques, sa nature sauvage. Aucune infrastructure, ni bar, ni toilettes, ni ombre : juste la nature à l’état pur. Mieux vaut prévoir eau, protection solaire et un sac pour ses déchets. Sur les sentiers balisés, nous marchons doucement entre granit et maquis. Nous atteignons les deux cimetières marins qui rendent hommage aux victimes de la Sémillante. Face à la plage d’Archiarina, une pyramide de granit de 14 mètres se dresse, marquant le lieu du naufrage. L’instant est solennel. Le silence, la mer, les pierres et l’histoire… tout invite à la contemplation.

L’île de Lavezzu, vue depuis les sentiers côtiers. Entre flore sauvage, rochers de granit et eaux turquoise, le paysage invite à la contemplation.

Sur la gauche, le mémorial de la Sémillante, l’obélisque commémoratif érigé en hommage aux marins et soldats disparus. À droite, les deux pyramides de granit marquent l’entrée du cimetière militaire. Un lieu chargé d’histoire, au cœur de l’île.

Le cimetière marin de Lavezzu, sobre et émouvant. Il abrite les sépultures des victimes du naufrage de la Sémillante, survenu en 1855 au large de l’archipel.

Retour à bord : apéritif, pâtes aux palourdes et baignade

De retour sur le catamaran, une parenthèse gourmande nous attend. À l’arrière, sous une ombre légère, nous partageons un apéritif généreux : crevettes de Bonifacio, vin blanc, rosé ou thé glacé. Puis vient le plat du jour, préparé sous nos yeux : des spaghettis alle vongole (aux palourdes) cuisinées façon méditerranéenne par Jules. L’ambiance est conviviale, certains s’installent à l’avant, d’autres près de la cuisine. On mange pieds nus, cheveux au vent, dans une atmosphère détendue et amicale. Casquette ou chapeau obligatoire !

Après le repas, place à la baignade dans des eaux transparentes. Le matériel est fourni : paddles, palmes, masques et tubas. Dans cette réserve naturelle où la pêche est interdite, les poissons abondent : sars, barracudas… Un magnifique aquarium grandeur nature.

Rosé et blanc bien frais dans leur seau à glace. Et crevettes de Bonifacio marinées et assaisonnées. Un apéritif de choix pour une croisière tout en douceur.

Jules, le chef à bord du catamaran, présente sa spécialité : les spaghettis aux palourdes. Une recette familiale préparée maison, que nous savourons face à la plage de l’île de Lavezzu.

L’Assiette de spaghettis aux palourdes, un plat simple et savoureux, à base de palourdes, tomates cerises et vin blanc. Le déjeuner idéal après une baignade dans les eaux limpides de l’archipel.

Un goéland curieux prend la pose sur une planche de paddle. Scène typique des mouillages autour de Lavezzu, où la faune marine et les visiteurs cohabitent en toute tranquillité.

Cap sur Cavallo et les plages du Petit et Grand Spérone

L’après-midi se prolonge avec une navigation vers l’île de Cavallo, surnommée l’île des milliardaires. C’est la seule île habitée de l’archipel. On ne peut y accéder que sur invitation. Mais on la longe doucement, observant ses villas discrètes, ses voitures électriques, son atmosphère feutrée. Caroline de Monaco, Victor-Emmanuel de Savoie seraient propriétaires d’une villa.

Nous faisons ensuite escale au Grand Spérone, plage sublime où l’eau prend des teintes turquoise irréelles. Un dernier bain, un dernier plongeon, un dernier moment suspendu avant de reprendre le cap vers Bonifacio.

L’île de Cavallo est l’unique île habitée de l’archipel des Lavezzi. Surnommée « l’île des milliardaires », elle abrite de luxueuses résidences privées, accessibles uniquement par la mer.

Baignade et stand-up paddle au grand Sperone… dans un décor de carte postale.

Vue spectaculaire sous la coque du catamaran. L’eau limpide dévoile toute sa transparence, soulignant la pureté du site et le calme de la croisière.

Retour magique par la côte et les falaises

Sur le chemin du retour, le catamaran longe la côte au plus près. Nous passons devant le Cap de Pertusato, la plage Saint-Antoine et le fameux Grain de sable (U Diu Grossu), emblème minéral de Bonifacio. Puis les falaises se dressent à nouveau devant nous, et l’on distingue bientôt les 189 marches de l’escalier du roy d’Aragon, creusées à la main dans la roche. Cet ouvrage d’art singulier est inscrit au titre des Monuments historiques. Il s’agirait en fait d’une faille naturelle transformée au cours des siècles en escalier. Il permettait de rejoindre une grotte qui abritait une nappe d’eau douce.

L’arrivée dans le port se fait tout en douceur. L’émotion est là, palpable. Les visages souriants, les regards brillants. Une journée qui restera gravée dans nos mémoires.

Accessible à pied par un sentier escarpé, la plage Saint-Antoine se dévoile aussi depuis la mer dans toute sa splendeur sauvage.

Les maisons suspendues de Bonifacio défient la gravité au sommet des falaises de calcaire.

Creusé dans la falaise, l’impressionnant escalier du roi d’Aragon compte 187 marches plongeant vers la mer.

La croisière au coucher de soleil : la magie continue

Pour prolonger le rêve, Briséis Croisières propose une autre excursion, cette fois en fin de journée, pour vivre la fameuse Golden Hour. Départ vers 18 heures, cap à nouveau sur les Lavezzi, mais dans une ambiance plus intime et apaisée. Peu de monde, une lumière dorée, un bain dans une mer désertée…

Le dîner est léger mais délicieux : crevettes, boissons fraîches, spaghettis alle vongole…  et échanges entre passagers. Puis vient le clou du spectacle : le retour face au soleil couchant, en longeant lentement les falaises. Un moment magique, silencieux, presque sacré.

Le phare de la Madonetta, gardien de l’entrée du port de Bonifacio, se dresse fièrement au ras des falaises blanches.

À gauche, un couple profite des derniers instants de lumière sur le pont du catamaran, le regard tourné vers l’horizon. À droite : le phare de la Madonetta se découpe sur un ciel flamboyant, guidant les navigateurs vers le port.

L’heure dorée, moment suspendu pour un retour paisible vers Bonifacio.

Derniers rayons sur le littoral. Le ciel s’embrase.

Briséis Croisières : une entreprise familiale à taille humaine

Ce qui rend cette expérience si unique, c’est aussi l’esprit de famille qui anime Briséis Croisières. Le père, Tony, est à la barre du yacht, tandis que son fils, Pierre-Baptiste, pilote le catamaran. Deux embarcations différentes mais complémentaires :
– Le catamaran, plus matinal (départ 8 h 15), offre davantage de temps sur les îles.
– Le yacht, avec un départ à 9 h 30, propose en option un repas plus chic avec pâtes aux langoustes (avec supplément).

Les deux bateaux suivent le même itinéraire mais en décalé, et se retrouvent souvent aux mouillages pour des moments partagés. L’ambiance est chaleureuse, simple, conviviale, loin du tourisme de masse.

Le yacht de Briséis Croisière au port.

Une journée hors du temps

J’ai vécu une journée de rêve sur ce catamaran, avec la sensation d’être en vacances entre amis. L’accueil, la beauté des lieux, la douceur de la navigation, les baignades, les saveurs… Tout était parfaitement orchestré, sans jamais être rigide. Un moment hors du temps !
Et si vous hésitez entre la version journée et celle du coucher de soleil ? Faites comme moi : testez les deux ! Chacune a son charme et ensemble, elles offrent un condensé de bonheur corse à l’état pur.

Entretien avec Pierre-Baptiste, Briséis Croisières

« Faire vivre à nos passagers la croisière qu’on aimerait vivre nous-mêmes »

Pierre-Baptiste travaille avec son père Tony Chiocca à la conduite de Briséis Croisières.

Comment est née Briséis Croisières ?

C’est une histoire de famille de pêcheurs de sept générations… Mon père navigue depuis 1976. Il a commencé avec son arrière-grand-oncle, en menant les passagers jusqu’à l’île Saint-Antoine. Il faisait visiter les grottes, mais elles sont désormais interdites. Aujourd’hui, nous avons deux bateaux : un yacht, plus intimiste, et un catamaran de 22 places.

Et ce nom, Briséis, d’où vient-il ?

Il vient de l’Iliade. Briséis, c’était la femme dont Achille était amoureux. On aimait bien cette image poétique. Il y a aussi un jeu de mots : « brise » pour le vent, et « isse » comme dans « on hisse les voiles ».

Qu’est-ce qui rend vos croisières uniques ?

On veut que nos passagers soient détendus, comme chez eux. On s’occupe de tout, repas compris. Pas besoin de prévoir un pique-nique. On suit un circuit complet, avec baignade, découverte des îles Lavezzi, passage par Cavallo, puis retour vers Bonifacio. On fait la balade qu’on aimerait vivre nous-même !

La recette de vos fameuses pâtes aux palourdes vient d’où ?

Elle vient de mes grands-parents, qui étaient restaurateurs sur l’île de Cavallo. Le secret ? On déglace au vin blanc avant d’ajouter les palourdes. Et ça fait toute la différence !

Une croisière coup de cœur ?

La Golden Hour. Elle est plus calme, il y a moins de monde, et le coucher de soleil est magique. L’ambiance est apaisée, presque hors du temps. C’est ma préférée.

Quel est votre état d’esprit ?

On veut offrir un bon rapport qualité-prix, que les gens repartent ravis. Même s’il n’y a que dix passagers à bord, l’essentiel c’est qu’ils passent une journée inoubliable. Et ils nous le rendent bien : les retours sont toujours chaleureux.

Marceau est aussi un excellent guide pour raconter les anecdotes au fil de la balade.

Infos +

Adresse : Briséis Croisières, Port, 20169 Bonifacio.
Mail : contact@briseis-croisieres.com
Tel. : 06 49 74 42 55
Site : https://www.briseis-croisieres.com
Prix du 16 mai au 30 septembre
Journée sur le catamaran de 8 h 30 à 16 heures, repas compris : 150 €.
Soirée Golden hour sur le catamaran de 16 h 30 à 21 heures, dîner compris : 100 €.
Journée sur le Yacht de 9 h 30 à 16 h 30 : 180 € Option déjeuner pâtes à la langouste : 90 €.
Soirée Golden hour sur le Yacht, de 17 heures à 21 heures : 120 €

Photos : Sophie Demars

Photo d’ouverture de l’article : Le catamaran Bali 4.1 de Briséis Croisières, au mouillage dans les eaux turquoise du sud de la Corse. Une invitation à l’exploration et aux vacances ! © Briséis Croisières

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