Le carnaval de Martinique fait partie des évènements incontournables des Antilles. Un moment fort à la fois historique, culturel et festif. C’est sans doute un des plus beaux du monde. Chaque année, pour lui, toute la Martinique se mobilise, car ce moment festif se déroule sur l’ensemble de l’île. Costumes, chorégraphies, musiques, tout doit être parfait pour accueillir deux mois de fête. En apothéose, le défilé du grand carnaval dans les rues de Fort-de-France, qui aura lieu en 2019, dimanche 3 mars. Dynamic-seniors vous emmène à la découverte de ce temps fort de Martinique.
Les origines du Carnaval
Un peu d’histoire
Le carnaval antillais date du XVIIe siècle à l’époque où les colons débarquent en Martinique et en Guadeloupe. Chaque année, avant le Carême, ils organisent des fêtes masquées dans leur habitation. Une tradition païenne européenne. Ces fêtes sont interdites aux esclaves africains ramenés sur le territoire antillais par les colons. Ils n’ont pas le droit de participer à la fête… Mais ils veulent vite imiter les colons et créent leurs propres festivités, dans leurs quartiers. Ils y apportent leur culture, leur histoire, leurs traditions, avec leurs musiques, chants, danses et costumes. Ils organisent ainsi de joyeux cortèges musicaux, entre eux, au sein même de la propriété. C’est un moyen de se réapproprier leurs racines et leurs coutumes africaines, cela sans interdit. Ils paradent avec leurs costumes africains au rythme des tambours, ti-bois, cha-cha…
La fête sort des habitations
À l’abolition de l’esclavage, les fêtes du Carnaval sortent des habitations. C’est la liesse, la joie. Les traditions qui sont différentes selon les origines africaines des ex-esclaves se mélangent. Et cela crée un nouveau patrimoine désormais fêté ensemble. À partir de 1898, des jours de congé sont prévus pour l’évènement : le dimanche, le lundi et le Mardi gras. L’évènement devient une grande fête populaire, célébrée par tous les habitants de l’île. Au départ le défilé était organisé à Saint-Pierre, dans le Nord de l’île. Mais après l’éruption de la Montagne Pelée en 1902, qui a fait 30 000 victimes et détruit la ville, il s’est déplacé à Fort de France. Il perdure aujourd’hui dans la capitale. Il est resté un art simple et vrai qui s’exprime au grand jour, sans barrière, ouvert à tous. Un grand moment de liesse populaire et de liberté.
Le carnaval aujourd’hui
Les préparations
Traditionnellement, les festivités du carnaval martiniquais commençaient après l’Epiphanie. Aujourd’hui, elles se concentrent essentiellement sur les jours gras et le mercredi des cendres. Mais dès le mois de janvier, les festivaliers s’activent afin de réaliser deux évènements. D’abord, le concours de la chanson créole, destiné à enrichir le répertoire du carnaval. Mazurka, valse et biguine sont mises à l’honneur, et la meilleure biguine-vidé est désignée. Si elle est de qualité, elle sera adoptée par la foule. Le second évènement consiste à choisir la Reine et ses dauphines. Entre le mois de janvier et les jours gras, les orchestres de rues continuent de répéter afin d’être prêts le moment venu. Des animations carnavalesques ont lieu dans certaines villes. Et des activités pédagogiques autour du carnaval sont organisées dans les écoles.
Le Roi Vaval
Le carnaval chrétien à un Roi des Fous qui est brûlé avant le Carême. Le carnaval antillais a son Roi Vaval qui, lui aussi, est brûlé sur la place publique le mercredi des Cendres. C’est une grande mascotte qui représente un sujet, un thème ou une personne ayant marqué récemment l’actualité. Ce sont des artistes martiniquais qui se chargent de la créer. En 2018, le plasticien Kako a été choisi pour réaliser le Roi Vaval. Plus d’un mois de travail… En secret, car, chut, personne ne doit savoir avant ! Il avait choisi un faire un “Bwabwa” à l’effigie d’un membre de la Collectivité Territoriale de Martinique.
Le grand défilé à Fort-de-France
Le grand jour est le dimanche des Cendres. Le roi Vaval fait son apparition. On le découvre dans la grande parade devant les groupes à pied précédés des orchestres de rue. La musique, les costumes et les chorégraphies provoquent l’enchantement des spectateurs et des carnavaliers qui les suivent en dansant. Chacun est libre d’exprimer sa créativité et on découvre des déguisements extraordinaires partout dans la ville. C’est ce qui fait le charme et la richesse de l’évènement. Le spectacle est à la fois dans la parade et dans la rue. Tout le monde peut participer, les Antillais comme les touristes…
Une musique de qualité
La musique est omniprésente et tellement entraînante. Les orchestres de rue s’entraînent toute l’année et ont atteint un niveau qui leur vaut d’être invités partout dans le monde ! Les plus connus sont Plastik System Band qui fait figure d’ancêtre, La Bonm, Tanbou Bô Kannal, La Sauss, Gwanaval, Matjilpa… Sans oublier, l’orchestre qui répond au nom de Moov, dont l’originalité est d’être composé uniquement de femmes. Ces orchestres de rue irradient les groupes à pied de leur musique chaude et entraînantes. Leur musique à la particularité de faire ressentir à chacun, à ce moment-là, un plaisir de vivre que seul le carnaval rend possible. Croyez-nous, le corps vibre et l’on a qu’une envie, s’amuser et danser au rythme des percussions…
Les figures du carnaval martiniquais
Des personnages hauts en couleur
Tout au long du parcours de nombreux personnages typiques se croisent dans le défilé.
• Les groupes à pied. Ils paradent, vêtus de costumes plus étonnants et insolites les uns que les autres. Leur vocation est d’animer les rues en chantant, en dansant et en jouant des instruments phares et symboliques de la Martinique. Une parade de percussions en liesse où l’on retrouve souvent d’anciens instruments traditionnels.
• Caroline Zié kloki. C’est une Martiniquaise pas très belle qui est parvenue quand même à se marier. Elle récupérait régulièrement son mari, ivrogne, qu’elle portait sur son dos pour le ramener à la maison.
• Les Mariannes Lapo fig. Leurs costumes sont réalisés avec des feuilles de bananiers, de cannes ou de cocotiers. Ces personnages ne manquent pas d’imagination et sont fabriqués à moindre coût.
Des personnages travestis
• Les makoumès. Ce sont des hommes qui se déguisent en femme. Ils sont là pour s’amuser. Ils empruntent souvent leurs vêtements à leur femme et jouent dans le mauvais goût. Il y a également les Manawas. Habillés en sous-vêtements féminins sophistiqués, ils sont très maquillés et déambulent sur des escarpins à haut talon. Et les Malpwops, qui sont aussi habillés en dessous féminin. Ils portent parfois sur eux des messages très suggestifs et ont le verbe salace! Ils amusent la galerie par des gestes frisant l’indécence.
Des personnages de l’histoire et la tradition
• Les Diables rouges. Figures centrales du Mardi Gras, on les croise aussi dans le défilé du dimanche. Ils tentent d’effrayer les carnavaliers avec leurs masques originaux et repoussants !
• Les Hommes d’argile. Ils sont magnifiques à voir. Comme des statues humaines, le corps recouvert d’argile. Ils restent parfois figés dans des postures esthétiques symbolisant le travailleur de la poterie des Trois-Ilets. Contrairement aux autres groupes, ils ne sont pas accompagnés de musiciens. Un arrêt sur le temps dans la liesse ambiante !
• Les “Nèg marrons” ou “Neg gwo siwo”. Ils sont vêtus d’un pagne et leur corps est enduit de mélasse de sucre de canne. Ces personnages rappellent les esclaves fugitifs qui se cachaient dans les forêts pour échapper aux esclavagistes. Ils refusaient la soumission.
Le programme 2019
Le défilé et le mariage burlesque
Les moments forts en 2019 sont prévus du dimanche 3 mars au mercredi 6 mars à Fort-de-France. Le programme sera, comme chaque année, très réjouissant !
• Dimanche 3 mars à 16 h. Premier jour de la célébration du Carnaval. Grande sortie de Sa Majesté Vaval, des groupes à pied, des orchestres de rue et des chars dans les rues de la Capitale. Code couleur : multicolore.
• Lundi 4 mars à 16 h. Mariage burlesque. On inverse l’homme et la femme. L’homme se déguise en femme, le plus souvent avec une robe blanche, et la femme enfile une tenue masculine de style smoking pour représenter un mariage burlesque. De grands moments d’humour et de dérision Code couleur : blanc.
Mardi gras en rouge et noir, dernier jour du Roi Vaval
• Mardi 5 mars à 16 h. Vidé en rouge. Le Mardi gras met en avant les Diables Rouges auxquels se joignent les carnavaliers habillés en rouge. Code couleur : rouge.
• Mercredi 6 mars à 16 h. Incinération de sa Majesté Vaval. Dernier jour de liesse. Les guiablesses, veuves inconsolables, et les carnavaliers accomplissent les derniers tours de vidé. Au crépuscule, le bûcher s’embrase, ne laissant que les cendres de Vaval. La foule pleure, tout en s’amusant ! Code couleur : noir et blanc.
Une fête totale
Le Carnaval martiniquais est une fête totale où le corps se fait expression d’une sensibilité artistique vivante. Le rythme, la musique, la beauté des costumes, la dérision et le burlesque mis en scène, la singularité des travestis et des figures traditionnelles qui se donnent à voir en font un des carnavals parmi les plus gais, les plus chaleureux et les plus originaux du monde.
Petit glossaire
Le Vidé. C’est un défilé dans lequel la danse et le chant sont essentiels. Il constitue l’activité principale du carnavalier, lequel se déguise selon la tradition en fonction des jours du carnaval pour courir le vidé. La biguine-vidé est, en paroles et musique, la création musicale appropriée au vidé.
Le Bo fè-a. C’est la chanson la plus populaire du carnaval. Une polka-marche appartenant au répertoire de Saint-Pierre.
La Martinique, on l’M
Nous espérons que vous aurez envie de découvrir ces festivités au mois de mars. Et puis, la Martinique a beaucoup d’autres atouts. Des trésors qui font de l’île une destination de rêve. Vous apprécierez ses paysages grandioses, à couper le souffle, ses plages magnifiques, son patrimoine, sa gastronomie… Vous découvrirez des lieux chargés d’histoire, des jardins extraordinaires, des distilleries de rhums historiques. Et une population accueillante et souriante.
Infos Plus
La Martinique. L’île compte 380 000 habitants sur une superficie de 1 100 m2. Le décalage horaire avec Paris est de moins 5 heures l’hiver et moins 6 heures l’été.
Tourisme. Avec 1 041 139 touristes accueillis en 2017, ma Martinique a atteint son plus haut niveau de fréquentation touristique. Il a été augmenté de 16,4 % par rapport à 2016…
Comment venir. Quatre compagnies assurent quotidiennement la desserte Paris Fort-de-France : Air Caraïbes, Air France, Corsair, XL Airway. Il y a environ 8 heures de vol entre Paris et Fort-de-France.
Ou dormir. La Martinique offre à ses visiteurs un large choix d’hébergements. De la petite hôtellerie confortable aux hôtels quatre étoiles de standing international, résidences hôtelières, gîtes, fermes auberges, villages-vacances familles, meublés de tourisme, chambres d’hôtes, Airbnb, ou camping…
Agenda. Si vous souhaitez découvrir le carnaval, à la même période, du 1er au 5 mars, aura lieu la 29e édition de la Semaine nautique internationale de Schœlcher. C’est une régate de voile légère qui accueillera une centaine de compétiteurs. Au programme des régates en Optimist, Laser, Catamaran, Sunfish et planche à voile.
Site d’information : www.martinique.org
Reportage photo : © Caroline Paux
Vidéo : ambiance lors du défilé 2018 à Fort-de-France : https://youtu.be/aBFLXjRFF6c
Portfolio : d’autres images du défilé 2018 : https://spark.adobe.com/page/KeHWBZG7UzALT/
Copyright : Carolline Paux
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