Peut-être le fantôme de Napoléon revient-il parfois errer dans les couloirs du château de Malmaison, à la recherche de celui de Joséphine ? Auquel cas il doit être étonné de s’y retrouver sur son cheval blanc du Saint-Bernard, sous les traits d’un Afro-Américain du XXe siècle. Ce paradoxe artistique répond à l’invraisemblance historique du coursier. Car c’est sur une mule, pas sur un cheval que le général passa les Alpes en mai 1800, pour aller battre les Autrichiens à Marengo.
Effet de contraste
La composition de David fait face à une réinterprétation du peintre américain Kehinde Wiley. Effet de contraste assuré entre le blanc et le noir, le général victorieux et l’anonyme descendant d’esclaves. Les deux toiles ont la même dimension, le cheval et la position du cavalier sont identiques. Mais pas le décor ni le vêtement, à part la grande écharpe jaune d’or qui barre la composition. Les sommets enneigés des Alpes font place chez Wiley à un fond de brocart rouge d’inspiration Renaissance. Pour la tenue, l’artiste américain a remplacé l’uniforme du général par un costume vert imprimé. Sans parler du curieux bandana blanc qui coiffe son modèle, très éloigné du bicorne napoléonien. Pourquoi ce rapprochement entre deux époques bien éloignées l’une de l’autre, autant dans l’esprit que dans le temps ? Un challenge de l’artiste américain, dans le cadre du cycle “Rumeurs de guerre“ commencé après le 11 septembre 2001.
Du New-Jersey au Château de Malmaison
A l’origine, c’est même Barack Obama qui aurait dû figurer sur le cheval ! Devant le refus du candidat Démocrate de se voir assimilé à Napoléon, Wiley porta son choix sur un noir américain lambda, nommé William. Cette rencontre aux Amériques n’est pas une première pour le tableau. Le coursier du Saint Bernard a beaucoup galopé avant d’arriver à Malmaison. Il appartint au roi d’Espagne, Charles IV, que l’empereur devait détrôner quelques années plus tard. Au profit de son frère Joseph qui entre ainsi en possession de l’œuvre de David. Après Waterloo Joseph l’emporte dans son exil du New-Jersey avant de rentrer en Europe vers 1835. Il meurt en Italie en 1844. En 1949 son arrière petite fille offre la toile au château de Malmaison devenu musée napoléonien.
Que penserait l’Empereur de ce voisinage inattendu ?
Il n’avait guère le sens de l’humour (pas plus que David) et on peu douter qu’il ait gouté cette atteinte à sa Majesté Impériale.
Informations pratiques
Wiley rencontre David du 9 octobre 2019 au 6 janvier 2020, – chaque jour sauf mardi, 25 décembre et 1er janvier 10h-12h30 et 13h30-17h15 (>17h45 samedi et dimanche).
Entrée : 6,50€ TR : 5€ (gratuit le 1er dimanche du mois)
Château de Malmaison, 92500 Rueil-Malmaison
Tel : 01 41 29 05 55
Site internet : www.musees-nationaux-malmaison.fr
L’exposition se transportera à New-York, au Brooklyn Museum du 24 janvier au 10 mai 2020
Copyright : Soulat-K-Wiley – ©RMN-Grand Palais pour la photo du château
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