En compagnie de Jil Aigrot, la voix chantée de Piaf dans le film La Môme et de Caroline Paux (photographe), je vous emmène visiter le musée Édith Piaf. Ce musée a été créé par Bernard Marchois, auteur de biographies sur la chanteuse et fondateur de l’association « Les amis d’Édith Piaf ».

Édith Piaf, de son vrai nom Édith Giovanna Gassion, est née le 19 décembre 1915 à Paris dans le vingtième arrondissement. Elle est décédée le 10 octobre 1963 à Grasse (Alpes-Maritimes). La vie de la célèbre Edith Piaf est un roman, pas toujours rose. En effet, c’est dans la misère et de parents peu responsables qu’elle a vu le jour. Édith Piaf a poussé premier cri au 4, rue de la Chine à l’Hôpital Tenon. Sur son acte de naissance, il est noté qu’elle est la fille de Louis Alphonse Gassion (34 ans), artiste acrobate et de Annetta Giovanna Maillard (20 ans), artiste lyrique son épouse domiciliés 72, rue de Belleville. D’ailleurs, une plaque commémorative a été posée à cette adresse en 1963 par Maurice Chevalier.

Jil Aigrot et Bernard Marchois.

Bernard Marchois explique à Jil Aigrot la création du musée.

Une photo d’Édith Piaf et Jacques Brel.

Des objets ayant appartenus à la chanteuse.

Miss Édith, phénomène vocal

Alors qu’elle n’est âgée que de sept ans, son père l’emmène avec lui pur lui faire vivre la vie d’artiste dans des petits cirques itinérants. Elle loge dans des caravanes. Pous, elle atterrit dans la rue et vit misérablement. Louis Gassion, son père, a la main leste et pas tendre avec elle. D’ailleurs, il collectionne les maîtresses. Ces dernières ne sont pas toujours gentilles avec la petite fille. Édith Piaf chante des airs populaires dans la rue. Son père l’exploite. Elle n’a que neuf ans. Toutefois, son talent et sa voix d’exception sont remarqués après le numéro d’acrobatie de son père. Elle est surnommée « Miss Édith, phénomène vocal ». En 1930, âgée de quinze ans, Édith quitte son père pour chanter dans la rue et en duo avec Simone Berteaut, dite « Momone ». Simone deviendra à la fois son amie, son alter ego et son ange maudit.

Jil Aigrot regardant une photo de Piaf avec Georges Moustaki.

Une cape ayant appartenu à l’artiste.

Deux robes de la chanteuseDeux robes de la chanteuse.

Divers objets

Changement de cap

En 1932, Édith tombe amoureuse de Louis Dupont dit P’tit Louis, garçon-livreur. Ils s’installent d’abord à Belleville, chez la mère de Louis qui habite avenue des Bouleaux puis ils déménage au 105, rue Orfila dans le vingtième. De cette union, naîtra une fille prénommée Marcelle et surnommée « Cécelle ». Pour élever sa fille, elle tente de travailler « normalement » comme bonne à tout faire, apprentie crémière etc. Pas vraiment faite pour ce type d’emploi, elle revient à la chanson avec Momone. Elles chantes dans la rue, dans les bars à prostituées, les casernes etc. Pour que les gens donnent plus d’argent, elle fait en sorte que Momone accentue son attitude pitoyable (dos voûté, tête inclinée, air triste) qui émeut le passant. Elle chante les mains dans le dos.

Édith Piaf collectionnait les gobelets à son nom.

Elle aimait le cirque.

Les objets ne manquent pas dans le musée.

Des tableaux et autres objets.

Des vrais débuts d’artiste pour Édith Piaf

En 1934, Louis Maitrier, pianiste de Jazz, ancien chef d’orchestre de l’Opéra comique l’engage pour l’orchestre de Radio Vitus qui est le Poste de l’Île-de-France. Il avait été subjugué par la voix de Piaf qui chantait comme un Rossignol. Mais sa jeunesse, la voix de Piaf était d’une incroyable puissance et d’une sonorité bouleversante. Sa diction était parfaite. Elle avait une personnalité très brillante et volontaire. Mieux, elle apprenait seule à lire la musique, comprendre l’anglais et améliorer la correction de son français pour perdre la vulgarité de son accent parisien des faubourgs. La jeune artiste avait même enregistré un disque en une seule séance. Elle se souvenait d’une mélodie et des paroles d’une chanson qu’elle n’avait entendue qu’une seule fois. Mais Piaf continue de chanter dans la rue avec son amie Momone avec sa fille sous le bras. Elle fait même l’entraineuse dans un cabaret.

A savoir

Louis ne supportait pas qu’Édith chante dans la rue avec le nourrisson sous le bras ou fasse boire des clients dans des boîtes de Pigalle. Il prend l’enfant avec lui. Édith Piaf le quitte pour vivre d’autres rencontres, tout en continuant de battre le pavé avec sa fille et Momone, entre beuveries et fumées. La petite Marcelle décèdera d’une méningite tuberculeuse le 7 juillet 1935 à l’hôpital Becker-Enfants malade à l’âge de 28 mois. Edith avait avoué s’être prostituée pour payer l’enterrement de sa fille.

Le canapé où Édith Piaf aimait s’asseoir.

Jil Aigrot est assise à la place exacte où Piaf aimait se poser.

La maquette en carton de Piaf reproduite à la taille réelle de l’artiste.

Jil Aigrot avec un disque de Piaf.

Naissance de « La Môme Piaf « 

Alors qu’elle chante à l’angle de l’avenue Mac-Mahon et de la rue Troyon, Édith est remarquée par Louis Leplée. Il l’engage pour quelle chante dans le cabaret Le Gerny’s dont il est le gérant. Des bas quartiers, elle passe sur les Champs-Élysées. A cette époque, ce sont les chansons du répertoire de Fréhel qui font partie de son répertoire. Louis Leplée devient son mentor et lui donne « La môme Piaf » comme nom de scène. Le succès fut immédiat. Pendant sept mois, elle connu un véritable triomphe. Malheureusement, son mentor fut assassiné dans son lit le 6 avril 1936. Jacques Canetti lui succéda en lui faisant enregistrer son premier disque Les Mômes de la cloche chez Polydor. Le public et la critique furent unanime pour le plébiscité. Succès garantit. Malgré tout, l’assassinat de Louis Leplée faillit lui coûter cher à cause d’une vindicte médiatique qui s’était déchainée contre elle.

Premiers pas sur la vie royale du succès

Raymont Asso la prend en main et devient son pygmalion. Il l’éloigne de son milieu malsain et la fait travailler pour qu’elle devienne une chanteuse professionnelle de music-hall. La môme Piaf devient  Édith Piaf. En 1936, elle chante à l’Alhambra et en 1937 à Bobino tout en continuant à enregistrer des disques. En mars 1937, Édith Piaf entame sa carrière de music-hall à l’ABC de Paris. Et ce grâce à Emile Audiffred, imprésario. C’est parti ! Elle devient une immense vedette de la chanson françaises. Le public l’adore, ses chansons sont diffusées à la radio. Elle fait la connaissance de Danielle Bonel qui deviendra sa secrétaire et sa confidente jusqu’à la fin de sa vie. Le théâtre et le cinéma entre dans sa vie et lui font rencontrer des artistes importants.

A savoir

En 1940, elle joue dans Le Bel Indifférent, une pièce spécialement écrite pour elle par Jean Cocteau. Elle a comme partenaire Paul Meurisse. Avec lui, elle joue dans le film Montmartre-sur-Seine de Georges Lacombe en 1941. Lors du tournage de ce long métrage, elle rencontre Henri Contet qui deviendra l’un de ses paroliers fétiches. Marguerite Monnot est une compositrice et pianiste virtuose. Elle l’accompagnera tout au long de sa carrière. C’est elle qui a composé les musiques de Mon légionnaire, l’Hymne à l’amour, Milord et les Amants d’un jour.

Une visite intéressante et émouvante.

Beaucoup d’objets à découvrir.

Édith Piaf devient pygmalion

Au printemps 1944, Édith Piaf se produit au Moulin-Rouge. Elle tombe sur le charge d’Yves Montand qui est un tout jeune chanteur de music-hall. Son producteur Emile Audiffred l’a engagé pour passer en première partie de son spectacle. Subjuguée par le jeune artiste, Édith Piaf entreprend de l’initier aux ficelles du métier et à la vie d’artiste. Elle va propulser sa carrière en lui présentant des gens importants dans le monde du spectacle de l’époque. En font partie, Joseph Kosma, Henri Crolla, Loulou Gasté, Jean Guigo, Henri Contet, Marguerite Monnot, Francois Lemarque et bien d’autres.

Piaf a écrit 87 chansons

Ce que l’on sait moins de Piaf, c’est qu’elle a écrit 87 chansons. Les plus célèbres sont l’Hymne à l’amour et La Vie en rose. D’ailleurs, la chanteuse avait passé et réussi l’examen d’auteur-parolière à la SACEM en février 1944. ses premières chansons ont pour titres 3C’est un monsieur très distingué », « Où sont-ils tous mes copains ? », « C’était un jour de fête », « Un coin tout bleu », « Celui que j’aime a les yeux tristes », « C’était si bo » et « Rue sans issue ».

La tombe de Piaf au Père Lachaise.

Une fin de vie douloureuse

Le 10 octobre 1963 à 13 h 10, Édith Piaf meurt dans sa bastide provençale des Parettes à Plascassier. Elle n’avait que 47 ans mais en parraissait le double. Son décès est du à une rupture n’anévrime consécutif à une insuffisance hépatique. Elle est usée par les excès d’alcool, la morphine, la polyarthrite rhumatoïde et les souffrances accumulées au long de sa vie. Elle s’éteint près de son infirmière Simone Margantin, dans les bras de Danielle Bonel, sa secrétaire et confidente tout au long de sa carrière. Ses derniers mots auraient été  : « Chaque putain de chose qu’on fait dans cette vie, on doit la payer. ». Piaf a été embaumée avant d’être enterrée. Le fossoyeur a déposé des objets fétiches de la chanteuse à côté du cercueil*. Elle repose au Père Lachaise avec sa fille Marcelle, son père et Théo Sarapo.

*un lapin en peluche, un béret de marin, une cravate de soie verte, une statuette de Sainte Thérèse de Lisieux, une épaulette de légionnaire, une carte postale de la chapelle de Milly-la-Forêt portant une dédicace de Jean Cocteau.

A savoir

Six heures après son décès, son ami Jean Cocteau rend l’âme. Lui est Piaf entretenait une correspondance suivie. En apprenant la mort de son amie Piaf, il aurait déclaré : « C’est le bateau qui achève de couler. C’est ma dernière journée sur cette Terre. ». Puis il aurait ajouté : « Je n’ai jamais connu d’être moins économe de son âme. Elle ne la dépensait pas, elle la prodiguait, elle en jetait l’or par les fenêtres ».

Des chansons cultes

Édith Piaf est à l’origine de plusieurs succès devenus des classiques du répertoire. La Vie en rose, Non, je ne regrette rien, Hymne à l’amour, Mon légionnaire, La Foule, Milord, Mon Dieu ou encore L’Accordéoniste font partie de notre vie. D’elle, Jean Cocteau avait dit : « Madame Piaf a du génie. Elle est inimitable. Il n’y a jamais eu d’Édith Piaf et il n’y en aura plus jamais. » . Il ne connaissait pas Jil Aigrot qui est la voix de Piaf. Quand Jil chante Piaf, elle est Piaf. Il suffit de fermer les yeux et c’est Piaf que l’on entend chanter. D’ailleurs, c’est elle la voix de Piaf dans le Film La môme.

Une petite boite à musique à l’entrée du musée.

Un musée à la gloire de Piaf : Le Musée Édith Piaf

Le musée-appartement privé Édith Piaf vous propose de pénétrer dans l’univers de l’interprète de « La vie en rose » et de « Milord ». Édith a vécu dans ce petit appartement du quartier de Ménilmontant au début de sa carrière. De nombreux objets personnels de l’artiste et une collection de faïences s’y trouvent. Sans oublier sa fameuse robe noire, indissociable de celle qui était surnommée « La Môme ». Une partie boutique propose livres et supports audio pour faire perdurer l’esprit du lieu et de l’artiste. Ce musée a été créé voici plus de soixante ans par Bernard Marchois. Il y a entreposé des pièces uniques ayant appartenu à Édith Piaf. Objets de son quotidien, lettres et mobilier vous y attendent.

Infos pratiques

Le Musée Édith Piaf
5 rue Crespin du Gast
75011 Paris
Père-Lachaise – Ménilmontant
10€ par personne
Sur rendez-vous du lundi au mercredi de 13h à 18h.
Tel. : 01 43 55 52 72
https://www.museeedithpiaf.com
Mail : grasseaedith@gmail.com

Crédit Photos : Toutes les photos sont de Caroline Paux sauf celle d’ouverture (Gaëlle Alban) et la tombe d’Édith Piaf.

A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/gergoviotes-resistants-seconde-guerre-mondiale/