Si le hasard fait rimer Enfance avec Renaissance, c’est parce qu’au XVIe siècle, la société commence à porter sur les tout petits un regard plus attendri, disons plus humaniste qu’aux siècles précédents. A part le petit Jésus sur son lit de paille ou dans les bras de sa mère, le Moyen âge ne voit dans l’enfant que l’adulte qu’il deviendra s’il a la chance de survivre à l’effarante mortalité infantile de l’époque. Tant de bébés décèdent aussitôt nés qu’on évite de s’y attacher, trop de mères ne survivent pas au traumatisme de l’accouchement.
A partir du XVIe siècle apparaît, à côté de la sage-femme, le médecin obstétricien tente de se battre contre ce qui apparaissait comme une fatalité. Grâce à l’imprimerie, des ouvrages paraissent, illustrés de scènes d’accouchement. On y voit la sage femme baignant le nouveau-né avant de l’emmailloter comme une petite momie. Il faut attendre les hygiénistes du au XVIIIe siècle pour le débarrasser de ce carcan.
Enfance et Renaissance : évolution du statut de l’enfant
L’Enfant Royal…
L’exemple vient de la famille royale, plus exactement de la reine, privée de sa mère dès l’âge de quinze jours. Les enfants d’Henri II et Catherine de Médicis sont élevés en dehors de Paris* donc loin de leurs parents. Pourtant, ces derniers s’inquiètent d’eux. Ils suivent à distance leur éducation et commandent régulièrement de vrais portraits personnalisés. Grâce aux dessins de François Clouet et autres artistes, on voit ainsi naître et grandir le Dauphin François, le futur Charles IX, son frère Henri III et la petite Margot. Catherine est une mère attentive qui envoie par écrit ses recommandations sur le choix des nourrices. On peut dire qu’ils ont eu une enfance heureuse.
*à l’abri des troubles et pour un air plus salubre.
Des jouets adaptés à chaque âge
Les enfants ont des jouets adaptés à leur âge. Le hochet à grelots est suspendu au berceau. Le petit chariot sert pour apprendre à marcher. Le futur Charles IX est représenté à deux ans avec une petite raquette de paume. Jeu dans lequel il excellera devenu grand. On le voit un an plus tard avec un petit chat. Les jeunes princesses jouent avec des poupées. Leurs frères s’initient à l’art de la guerre avec des soldats de terre cuite et des petits cavaliers à roulettes. L’exposition montre aussi une mini armure d’apparat, taille 7-8 ans qui a pu appartenir au futur Henri III.
Pas d’enfant gâté à la cour
Si l’enfant royal est privilégié, il n’est pas pour autant un enfant gâté. Le futur Louis XIII est fouetté s’il a fait une bêtise, ou s’il s’est montré arrogant envers un inférieur. On le sait grâce au journal que tient scrupuleusement son médecin Héroard. Ce journal est émaillé d’anecdotes et de détails cocasse, comme cet étonnant autoportrait à 6 ans qui montre que le fils d’Henri IV n’était pas spécialement doué pour le dessin.
Les autres enfants princiers
L’exposition de Blois montre aussi des portraits plus officiels d’autres enfants princiers (pas toujours identifiés). Ils sont engoncés dans des costumes d’apparat, des flots de dentelle et des fraises empesés. Leurs visages reflètent l’ennui de la séance de pause. Pas de portrait bien sûr pour les enfant des classes populaires. Toutefois, des gravures montrent leurs premiers pas, leurs jeux et activités, toutes classes confondues. Moulinets, poupées, dinettes, petits soldats, chevaux de bois. Sans oublier, à partir du XVIIe siècle, les petites écoles qui accueillent ceux – rarement celles – qui n’ont pas la chance d’un précepteur privé.
Peu d’objets d’enfants avant le XIXème siècle
Les objets destinés à la petite enfance sont peu nombreux avant le XIXe siècle. Pour les classes privilégiées, il existe des vaisselles d’accouchées (tasses, écuelles…) au temps où la parturiente restait alitée plusieurs semaines avant la cérémonie des relevailles. Une vitrine expose quelques biberons destinés aux enfants dont la mère n’a pas de lait* et pas les moyens d’avoir une nourrice, ils sont en grès ou en verre garnis d’un bec verseur qu’on enveloppe d’un tissu en guise de tétine, le caoutchouc n’ayant pas encore été inventé.
*ou est morte en couches.
Les progrès techniques améliorent la vie des enfants
Ainsi, de progrès techniques en progrès médicaux et psychologiques, de Rabelais à Rousseau, en attendant Dolto, l’enfant conquiert peu à peu dans la société une place et des droits qui s’élargiront au cours des siècles suivants, jusqu’à devenir de nos jours presqu’un enfant roi.
Infos pratiques
Exposition : Enfants de la Renaissance
Ouvert chaque jour jusqu’au 1er septembre, de 10h à 18h30
Entrée du château : 12€, TR : 9,50€, 6-17 ans : 6,50€
Château de Blois, 6 place du Château, 41000 Blois
Tel : 02 54 90 33 33
Site : www.chateaudeblois.fr
Enfance et Renaissance: le livre à lire
Aux personnes désireuses de piocher le sujet nous conseillons vivement le livre-catalogue, largement illustré et très documenté, qui raconte la vie des Enfants d’autrefois, du XVIe au XVIIe siècle : naissance, jeux, jouets, éducation, instruction. Sous la direction de Caroline zum Kolk, avec collabo. François Lafabrié
280 pages – 29 € en vente à la boutique du château.
Enfance et Renaissance : une exposition à voir avec vos enfants pour leur apprendre la belle histoire de France.
A lire aussi sur le site dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/chateaux-du-val-de-loire-a-visiter-cet-ete/
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