Escales en Polynésie va vous faire voyager d’îles en archipels polynésiens. Tout au long de ce bel ouvrage, Titouan Lamazou et sa fille Zoé dévoilent une fresque vibrante avec de belles couleurs. Le tout est doublé d’une sensibilité et d’une humanité étonnantes.

D’île en île, Titouan Lamazou nous fait vibrer avec une fresque vibrante, réaliste et onirique, du pays où il a choisi de poser son sac après quarante ans d’errance. Il s’agit de la Polynésie. Dans ce paradis, il a trouvé un havre où les êtres humains se souviennent de leur lien essentiel au Vivant. Son talent de dessinateur lui permet des traits précis. Ce qui lui a valu de saisir une âme. Sa quête de diversité révèle toute la complexité de l’océan où il s’attarde aujourd’hui. Si Titouan excèle dans les dessins, sa fille Zoé manie la plume avec brio. Elle suit son père dans ses périgrinations. Résultat, elle transcrit la parole de ceux et celles dont Titouan dresse le portrait. Ces voix des archipels témoignent d’une très ancienne relation à la terre, à la mer et au ciel, réinventée face à une colonisation aux multiples visages.

Un magnifique ouvrage à offrir ou à s’offrir.

Escales en Polynésie

Première partie

Père et fille nous invitent à vivre une odyssée au travers cinq archipels et leurs myriades d’îles. Toutes sont semées sur la houle Pacifique comme autant d’astres dans le ciel des navigateurs : Marquises, Tuamotu, Gambier, îles de la Société et îles Australes. Une chatoyante mosaïque de paysages qui donne envie de partir s’installer là-bas.  Et de rencontrer les personnages aux destins romanesques.

De superbes illustrations.

Seconde partie

Dans la seconde partie de l’ouvrage Escales en Polynésie, vous découvrirez des personnages insolites.

Le premier

Chantal Spitz Huahine dit « On a besoin de mémoire, on n’a aucune mémoire. On n’a même pas la mémoire d’il y a vingt ans. Parce qu’on n’a pas de socle de mémoire, on a du mal à faire le lien avec ces gens-là qui étaient nos ancêtres. ». Elle explique que son fils lui demande « Maman, Connais-tu Pomare V » à son retour de l’école alors qu’il est âgé de sept ans. Elle lui répond qu’elle sait qui il est mais qu’elle ne le connait pas. A cela, son fils lui apprend qu’il s’agit de la leçon d’histoire du jour « Pomare V, roi des sauvages ». Et sa mère de lui expliquer que Pomare V n’était pas un sauvage mais un être comme eux. Le lendemain, l’enfant est allé dire à son maître qu’il était menteur. C’était dans les années 1990.

Le second

Linda Tumarae Raivavae explique que pour elle, une légende est une histoire… de ce fait, elle peut être réelle. Elle raconte que quelques personnes de l’île ont conservé l’Histoire car elle se trouvait dans leur mémoire. Les Européens ont pu en avoir des traces écrites. Ce sont eux qui ont rapporté l’histoire ancienne. Aujourd’hui, les gens d’ici arrivent un petit peu à reparler de leur culture. En effet, ils se sont rendu compte que la Bible parle d’Israël et de ce que Jésus a fait. Résultat, ils se sont dit : « Si on parlait de notre histoire ? Parce que ça ressemble à la Bible, mais avec d’autres acteurs, c’est tout. ». C’est ainsi que progressivement, ils ont ramené au temple quelques histoires de l’île. « Je ne connais pas vraiment la Bible. Moi, je vis juste avec la Nature.« .

Des textes touchants.

Le troisième

Nolan Menet Anaa nous apprend qu’avant, il y avait plusieurs dieux et un dieu pour chaque truc. Maintenant, il y a un seul dieu, c’est toujours pareil.

Son ressentit

« A mon avis, il y a moins de mana. Quand tu marches dans la brousse et que tu vois un marae, si tu es d’ici, tu ressent des frissons dans le dos et de la chaleur. C’est le mana. Moi, je ressens ça quand je me promène. Dès que j’ai des frissons, je sais qu’il y a un marae pas loin. On trouve des bouts de pierres, le lieu du sacrifice et le trône… Voilà, ce sont juste des petits bouts des pierres qui n’ont pas été entretenu. J’y vais et je les nettoie un peu car c’est là que nos ancêtres ont vécus. Il se peu qu’il ait eu des sacrifices, mais c’est notre histoire. Partout, dans toutes les îles où vous allez, il y a des marae, c’est l’histoire de chaque île.« 

Le troisième

Marianne Tekurio Fakarava raconte. Tu m’as demandé c’est quoi la «Natura» ? « J’ai pas le mot en pa’umotu d’ici, je ne peux pas te le dire. Pour moi la nature, c’est savoir reconnaître et respecter aussi bien la terre, les arbres, le vent, les oiseaux, tout ! Communique ! Vis tout ce qui est en toi ! Et laisse-les venir. Si en toi il y a toujours Napoléon, Jeanne d’Arc… il n’y aura pas de place pour eux ! Tu ne vas jamais pouvoir les accueillir chez toi. Vide tout ce que tu as dans la tête, dans ton cœur, dans ton âme, tout ! Reste seul. Appelle-les ! Ils viendront. »

Dessins et textes en parfaite harmonie.

Titouan Lamazou

Artiste engagé, Titouan Lamazou dresse un état des lieux de la planète, en peintures et photographies. Après une fulgurante carrière maritime*,  Titouan se consacre à l’art et devient un voyageur impénitent. De paradis perdus en zones de conflit, ses périples à la rencontre du monde font l’objet de nombreuses publications et expositions**. En 2003, il est nommé Artiste de l’Unesco pour la Paix. Tout en poursuivant son œuvre itinérante, Titouan se consacre à l’accomplissement de son projet de Bateau Atelier depuis la Polynésie, son nouveau port d’attache.

*débutée aux côtés d’Éric Tabarly et couronnée par la victoire dans le premier Vendée Globe, en 1990.
**(Musée des Arts décoratifs, Musée de l’Homme, Fondation Cartier, Musée du Quai Branly, etc.)

Zoé Lamazou

Zoé Lamazou est auteure, journaliste au long cours et réalisatrice. Ses reportages et documentaires la conduisent au bout du monde ou au coin de la rue. Ses films ont été diffusés par France Télévisions, ses écrits publiés par Le Monde, Le Monde diplomatique, la revue XXI… Depuis plus de quinze ans, elle participe aussi aux projets artistiques de son père, Titouan. Pour co-écrire avec lui L’Errance et le Divers (2018) et Escales en Polynésie (2020), elle a retrouvé l’Océanie de sa petite enfance et célèbre ses retrouvailles avec les archipels où l’ont toujours emmenée les récits du passé familial.

Un livre qu’il faut acheter pour le découvrir.

Escales en Polynésie

Avis d’un lecteur

 Cet ouvrage grand format séduit immédiatement par ses couleurs, l’écho de sa quiétude et cette association plume-pinceau entre père et fille. […] Entre attachement, nostalgie et colère, elle dresse les portraits écrits que son père peint. Une esquisse pour illustrer un peu de chacun au détour d’une anecdote ou d’un avis pour aborder le sacré, la montée des eaux, l’impact de la colonisation, le temps qui passe ou purement la pauvreté. Ainsi, Escales en Polynésie assemble réflexion nécessaire, découverte et aquarelles sublimes pour définir ce lieu qui persiste tout en perdant un peu de lui chaque jour.

Infos pratiques

Escales en Polynésie
Editions Au vent des îles
Format : 235 x 295 mm
200 dessins et photos
272 pages
offset, quadrichromie (Deux papiers)
Prix : 35€
Service commandes : Tel. : +33 (0)4 90 49 58 05
Maik : adv-livre@hmlivre.com
www.auventdesiles.pf

Crédit Photos : Editions Au vent des îles

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