Les Gergoviotes, résistants à Gergovie de la Seconde Guerre mondiale

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Les Gergoviotes, résistants à Gergovie de la Seconde Guerre mondiale

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L’épopée des Gergoviotes (groupe d’étudiants) principalement alsaciens et lorrains fait l’objet d’une exposition temporaire. Retour sur une histoire quasi inconnue du grand public.

Régulièrement, le musée de Gergovie abrite des expositions. Jusqu’au 15 septembre, il retrace un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale : la résistance des Gergoviotes, un groupe d’étudiants. Face au conflit imminent entre la France et l’Allemagne, le 2 septembre 1939, les 193 000 habitants de Strasbourg sont évacués vers le centre et le sud du pays. Parmi eux, 1 200 étudiants et 150 professeurs et administratifs qui se replient à l’université de Clermont-Ferrand. En juin 1940, l’armistice est signé. Les Allemands prennent le contrôle de l’Alsace et exhortent étudiants et professeurs à revenir. Parce qu’ils veulent maintenir une université française de Strasbourg, recteur et doyens refusent. Pour retenir les étudiants, un projet de fouilles de trois mois est organisé. Avec lui naît l’esprit de résistance des futurs « Gergoviotes ». 

Gergoviotes - les résistants de la seconde guerre mondiale.

L’affiche de l’exposition « Les Gergoviotes » des étudiants en résistance 1940- 1951 au musée de Gergovie.

Les Gergoviotes saluent le drapeau.

Les Gergoviotes saluent le drapeau.

Un foyer de substitution

Encadrés par les professeurs Zeller et Lassus, une vingtaine d’étudiants venus d’Alsace et de Lorraine constitue le noyau de départ. Une « Maison des étudiants » est édifiée sur le plateau grâce au soutien du général de Lattre de Tassigny. Chaque semaine, les étudiants s’y retrouveront, nouant des amitiés solides. La maison est soigneusement aménagée avec un dortoir pour les garçons et un autre pour les filles. Aux murs de la salle commune, une grande fresque campagnarde et les blasons de dix villes d’Alsace et de Lorraine. Une gravure rappelle la devise de la Révolution : Liberté, égalité, fraternité ou la mort. Tous les jours, le drapeau est hissé au son de « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».  L’hiver, les Gergoviotes, comme ils se surnomment, s’y retrouvent les samedis. Ils y célèbrent Noël, à l’alsacienne, et les principales fêtes du calendrier. 

« La maison de l’Alsace », foyer de substitution des Gergoviotes.

« La maison de l’Alsace », foyer de substitution des Gergoviotes.

Les Gergoviotes entrent en résistance

Comme prévu, les Gergoviotes fouillent le plateau. Ils découvrent le soubassement d’un mur gaulois ici, des « vestiges » du « quartier des artisans » là. Mais fouiller ne suffit pas. A partir de 1942, ce groupe composé majoritairement d’Alsaciens et de Lorrains, mais aussi de deux Auvergnats, d’une Normande, d’un Parisien, d’un Mauricien et d’un Japonais s’ennuie. Peu à peu, il entre en résistance. Pas tous au même moment, pas tous à la même vitesse. D’abord,  on décroche des portraits de Pétain, on trace des graffitis anti-Pétain ou pro-De Gaulle. On vend des journaux clandestins à la criée, on manifeste lors du procès de Mendès-France. C’est parmi ce groupe que se formera le noyau de la résistance estudiantine en Auvergne et que seront recrutés les premiers membres de « Libération-Sud ». Puis de « Combat » en janvier 1942, un mouvement structuré de résistance en Auvergne.  

L’action des Gergoviotes prend de l’ampleur

Une douzaine de Gergoviotes se jettent dans la résistance. Cinq seront arrêtés par la police française. Toutefois, leurs actions se renforcent. Destructions de kiosques diffusant des journaux collaborationnistes, perturbation des réunions de Jeunesse de France, un mouvement de Jacques Doriot, fondateur de la Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme. Mais aussi la fabrication de faux papiers, l’aide au passage de familles juives, la réception de parachutages d’armes pour le maquis… Arrive l’utilisation d’explosifs*contre un commerçant dorioriste clermontois, contre le domicile du Dr Grasset, secrétaire d’Etat à la Santé de Pétain. Avec l’invasion de la Zone fin 1942, la situation des mouvements clandestins devient périlleuse. Heureusement, la mise en place du Service du travail obligatoire conduit de nombreux réfractaires à rejoindre les résistants. Certains Gergoviotes décident de poursuivre leur action en France. D’autre rejoignent les Forces françaises libres à Londres ou en Afrique du Nord.

*parfois inefficace
Gergoviotes - Un dessin représente l’action des Gergoviotes contre les collaborationnistes de la Légion tricolore.

Un dessin représente l’action des Gergoviotes contre les collaborationnistes de la Légion tricolore.

1943, l’année terrible pour les Gergoviotes

L’année suivant, les étudiants de Clermont-Ferrand sont la cible de la Gestapo. Elle vise les Strasbourgeois, les juifs et ceux qui sont engagés dans la Résistance. Dix Gergoviotes seront arrêtés lors de deux rafles. En juin, trente-sept étudiants dont sept Gergoviotes sont interpellés. En novembre, 1 200 étudiants et professeurs sont raflés. Un professeur est assassiné, un collégien abattu et deux étudiants blessés. Le but de cette rafle consiste a arrêter Stéphanie Kuder*, des étudiants juifs ou étrangers, les professeurs et doyens de l’université. Cette opération a été mise au point avec l’aide d’un membre de « Combat-Etudiant », Georges Mathieu alias « Simon ». Infiltré ? Retourné après son arrestation un mois avant ? C’est lui qui désigne les personnes à appréhender et ceux à qui il a fourni des faux papiers. 110 personnes feront l’objet de vérification. 104 seront déportées. Sept Gergoviotes ont payé leur engagement de leur vie. 

*une Gergoviote

Que reste-t-il des Gergoviotes ?

Sur le plateau de Gergovie ne demeure aujourd’hui que le socle de béton de la Maison des Gergoviotes. Les murs ont été abattus. Une stèle en granit des Vosges rappelle que sept Gergoviotes ont payé de leur vie leur combat  pour la France. Elle est malheureusement mal entretenue. Quant au bâtiment disparu, il mériterait grandement d’être restauré afin d’accueillir les objets présentés au musée. Et, surtout, que le souvenir de leur engagement ne disparaisse pas avec la fin de l’exposition.

La stèle qui commémore le sacrifice pour la France de sept Gergoviotes.

La stèle qui commémore le sacrifice pour la France de sept Gergoviotes.

A noter

France Bleu Auvergne et  France Bleu Alsace ont mis en ligne des postcasts sur les Gergoviotes, avec les voix de Marion Dacko, Arnaud Pocris et des descendants de  Gergoviotes :
https://www.francebleu.fr/emissions/les-gergoviotes-des-etudiants-en-resistance
https://www.francebleu.fr/infos/societe/les-gergoviotes-un-podcast-france-bleu-sur-les-etudiants-alsaciens-entres-en-resistance-a-gergovie-5996512

Informations pratiques

L’exposition « Les Gergoviotes des étudiants en résistance est prolongée jusqu’au 5 janvier 2025.
Accès à l’expo compris dans l’entrée du musée
Adulte : 9 €, TR : 7 €, Jeune de 6 à 25 ans : 5 €
Musée de Gergovie
Plateau de Gergovie
63670 La Roche-Blanche
www.musee-gergovie.fr

Photos Frédéric Cheutin

Photo d’ouverture de l’article :De la maison occupée par les Gergoviotes, il ne reste que le soubassement en béton.

Pour les infos pratiques, hôtel, restaurants : voir l’article Gergovie : https://dynamic-seniors.eu/gergovie-musee-revivre-victoire-vercingetorix/

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