Le Bicolore propose sa plateforme d’art contemporain à la Maison du Danemark

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Le Bicolore propose sa plateforme d’art contemporain à la Maison du Danemark

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C’est à la Maison du Danemark située (Champs-Élysées) que le Bicolore propose sa plateforme d’art contemporain. Cette démarche est amplifiée par une forte présence en ligne. Podcasts, articles en ligne, rencontres numériques, vidéos et visites virtuelles font désormais partie des expériences culturelles proposées. 

Le nom donné au Bicolore est un clin d’oeil affectueux au Tricolore français. Il reprend à l’unisson les valeurs d’égalité et de diversité, mais il est aussi double, équivoque et sans cesse à interpréter.  Le Bicolore permet de regarder le monde côté pile et côté face à travers le prisme de la culture danoise. L’actualité, la liberté de pensée et les sujets polémiques sont mis à l’honneur. En effet, le Bicolore est curieux, s’interroge, nous interroge et nous invite à un dialogue entre les scènes culturelles danoises et françaises. Le Bicolore souhaite faire comprendre, catalyser et refléter les dynamiques créatives du Danemark et du monde d’aujourd’hui. Les sens et l’esthétique sont des vecteurs aussi essentiels que la rencontre et le débat. L’ambition de ce lieu de rencontre est de créer des expériences mémorables qui éveilleront la curiosité envers le Danemark. 

Le Bicolore - Sweeping the Forest Floor

Sweeping the Forest Floor © David Stjernholm

Le Bicolore et Jane Jin Kaisen

Cette artiste visuelle est cinéaste et professeure en Media Arts à l’Académie royale des beaux-arts du Danemark. Sa pratique artistique s’appuie sur des travaux de recherche interdisciplinaire. Jane puise son engagement auprès des communautés minoritaires. Elle utilise l’installation vidéo, le film expérimental narratif, la photographie, la performance, le texte et la pratique artistique de Kaisen. Ses oeuvres féministes au visuel fort sont à poétiques, polyphoniques et performatives. Le passé et le présent entrent en correspondance dans une multiplicité de strates. En appréhendant les sujets de la mémoire, la migration, les frontières et la traduction, elle crée un carrefour entre l’espace de l’expérience vécue et de la connaissance. Sans oublier celui des histoires politiques à plus grande échelle. Ses oeuvres sont une négociation et une médiation de la représentation, de la résistance et de la réconciliation, qui donnent ainsi forme à des généalogies alternatives et des lieux d’émergence collective. 

Apertures Specters Rifts (détails). Détail de l’installation : Aperture Specters Rift, Leeum Samsung Museum of Art, ARTSPECTRUM, Corée, 2016

Apertures Specters Rifts (détails). Détail de l’installation : Aperture Specters Rift, Leeum Samsung Museum of Art, ARTSPECTRUM, Corée, 2016 © Byunghun Min / Halo Studio.

Of Specters or Returns

Cette exposition personnelle de Jane Jin Kaisen est sa première en France. L’exposition et les événements autour de l’exposition ont été conçus en collaboration avec le curateur Yann Chateigné Tytelman. Elle réunit une sélection d’oeuvres datant de la période 2016-2020. Ces oeuvres négocient plusieurs thèmes. Des legs non résolus de la guerre froide, de la partition de la péninsule coréenne. En second, des mémoires et traumatismes transgénérationnels. Puis des aspirations non réalisées de paix et de solidarité internationale des femmes. L’installation triptyque de caissons lumineux Apertures Specters Rifts (2016) trouve son origine dans la venue de deux délégations internationales de femmes en Corée du Nord. La première date de mai 1951. La journaliste danoise et défenseure des droits des femmes Kate Fleron y ont participées alors que la guerre de Corée faisait rage. La seconde eut lieu en mai 2015, soixante-dix ans après la partition de la Corée. 

A savoir

Kaisen faisait partie de la délégation de 2015. Elle était composée de 30 femmes. Toutes s’étaient rendue en Corée du Nord en traversant la DMZ*  lors de la Journée internationale des femmes pour la paix et le désarmement, afin de braquer les projecteurs sur le statut non résolu de la guerre de Corée et de promouvoir le rôle des femmes dans les négociations de paix internationales. La vidéo Sweeping the Forest Floor (2020) provoque une réflexion plus poussée sur les effets de la guerre sur les civils et l’environnement naturel dans le temps long. Elle a été filmée dans la zone coréenne démilitarisée à l’aide d’une caméra montée sur le manche d’un détecteur de mines. Sa fonction visait à retrouver minutieusement les mines dont la zone est truffée. 

*zone démilitarisée qui divise la péninsule
Of Specters or Returns

Of Specters or Returns
© David Stjernholm

Une enquête personnelle et artistique 

Depuis quinze ans, Kaisen* se penche sur les legs de la guerre, du militarisme et de la partition, entre mémoire personnelle et mémoire collective. Elle est particulièrement sensible aux perspectives et positions minoritaires, ainsi qu’à l’historique des migrations et des diasporas. Jeune adulte, elle s’est informée en tant qu’adoptée transnationale . Elle a participée à la vie des communautés de diasporas en Corée, en Europe et aux États-Unis. Tous contestent les interprétations normatives de la race, la culture, la nation et l’appartenance. Kaisen s’est depuis engagée sur les thématiques du genre et du militarisme, de l’adoption transnationale, de la présence militaire américaine en Corée, tout en examinant de façon critique les héritages coloniaux au Danemark et en Scandinavie. 

* née en Corée en 1980 et adoptée au Danemark la même année

Un engagement en corrélation avec son île

Son engagement historique sur les thématiques de la guerre et du militarisme vient également du fait qu’elle est née sur l’île de Jeju. Pour Kaisen, l’île de Jeju est bien plus que « la terre de ses ancêtres » ou une mention biographique. Dans ses autres oeuvres, Kaisen s’est intéressée à la spiritualité singulière de l’île, sa cosmologie matriarcale et sa nature, tout en questionnant l’histoire politique et l’importance géopolitique de Jeju. C’est notamment le cas dans ses oeuvres portant sur le Massacre et la Résistance du 3 avril sur l’île en 1948. Cet événement s’est déroulé dans le sillage immédiat d’une série d’événements historiques dans lesquels l’idéologie joue un rôle central : départ du colonisateur japonais, guerre froide, partition de la péninsule coréenne. 

Of Specters or Returns

Of Specters or Returns
© David Stjernholm

Informations pratiques 

Le Bicolore
Exposition jusqu’au 23.04.2023
Maison du Danemark
142 Avenue des Champs-Élysées
75008 Paris
Tel. 01 56 59 17 40
https://www.maisondudanemark.dk

Crédit Photos :

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