Un collectionneur d’Outre-Atlantique se sépare pour la première fois, d’une partie de ses trésors pour les montrer au public parisiens. Il s’agit de la collection Alana présentée jusqu’en janvier au musée Jacquemart-André.
Ne cherchez pas Monsieur ou Madame Alana, ils n’existent pas. Ce nom est la réunion des prénoms d’Alvaro Saieh et d’Anita Guzman son épouse. Ces deux amateurs chiliens sont tombés amoureux de la Renaissance florentine. C’est une partie de leur collection qui s’expose actuellement, pour la première fois, sur les cimaises du Musée Jacquemart-André. Autre couple de collectionneurs qui n’auraient pas récusé cet accrochage tant il s’inscrit, à un siècle de distance, dans leur propre démarche.
L’Ange face à Marie trône au Musée Jacquemart-André
Le parcours s’ouvre sur l’Annonciation de Lorenzo Monaco choisie pour l’affiche de l’exposition. Ce thème revient souvent au long du parcours. Ce qui permet d’apprécier la manière de l’interpréter au fil des siècles et de l’évolution des goûts et des codes artistiques. Le diptyque austère de Nardo di Cione, vers 1350, montre l’Ange et Marie debout séparés par la charnière. L’œuvre Lorenzo Monaco en 1420 est au contraire tout en élégance retenue. L’Ange en tunique rose contraste avec le manteau bleu de la Vierge, assise pensive sous une arcature. Au siècle suivant, la pudeur médiévale cède à la théâtralisation de la Contre-Réforme, du maniérisme d’Annibale Carracci à l’exubérance baroque d’Orazio Gentileschi.
A savoir :
La même évolution affecte tous les épisodes de l’Histoire Sainte, à commencer par le thème si familier de la Vierge à l’Enfant . La fière Madone en majesté, se mue sous les pinceaux de Gentileschi et de Polidoro da Caravaggio en tendre maman.
Du sacré au profane
Les collectionneurs d’Alana ont suivi le même chemin. Leur recherche, commencée avec les tempera dorées du Quattrocento, s’est ouverte aux huiles sur toile plus profanes des Cinquecento et Seicento vénitiens et romains. Avec semble-t-il une certaine réticence pour les épisodes tragiques de la vie du Christ comme la Flagellation ou la Crucifixion. Ou les représentations trop réaliste de saints martyrs, qui ne figurent que dans leur version “soft“ des XIVe et XVe siècles. A part une Descente de Croix peinte vers 1520 par Francesco Ubertini sur le mode baroque avec de nombreux personnages qui en minimisent le côté macabre.
A savoir :
Côté profane, on est loin de la Légende Dorée avec une scène de taverne racontée par le pinceau caravagesque de Bartolomeo Manfredi vers 1600. Quelques scènes de batailles rappellent que la Renaissance italienne s’est épanouie dans un climat effarant de guerres et d’assassinats. On peut inclure dans cette catégorie l’épisode de l’Histoire de Coriolan qui ornait à l’origine un cassone de mariage.
Infos pratiques
La Collection Alana, chefs d’œuvre de la peinture italienne du 13 septembre 2019 au 20 janvier 2020. Ouvert chaque jour 10h18h, 19h-20h30 le lundi.
Entrée : 14,5€ TR : 9,5 et 13,5€
Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann 75008 Paris
site web : www.musee-jacquemart-andre.com
Copyright : Allison Chipak
Photo de Une : Bartolomeo Manfredi, (Ostiano, 1582 – Rome, 1622), Scène de taverne, vers 1619-1620, Huile sur toile, 132,5 x 197,2 cm, Collection Alana, Newark, USA
A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/musee-du-quai-branly-jacques-chirac/
Les commentaires ne sont pas disponibles!