Pour Noël, les châteaux, les villes, les chaumières et les maisons se parent de leurs plus belles décorations. Cheverny n’échappe pas à cette tendance. Cette année, le Marquis et la Marquise de Vibraye ont imaginé deux jardins de Noël et des décorations festives originales dans le château. Accompagnée par Caroline Paux (photographe), j’ai pu découvrir ces nouvelles décorations de Noël. Les superbes photographies de Caroline vont vous donner un avant goût du lieu.
Avant de vous expliquer ce qui vous attends au Château de Vibraye pour ces fêtes de Noël, un peu d’histoire. En effet, peut-être ne connaissez-vous pas tous ce château qui a inspiré le dessinateur Hergé. Il était une fois un château construit par Raoul Hurault avec l’accord du roi de Louis XII.
Une histoire mouvementée
Les terres de Cheverny ont été achetées, dans la seconde moitié du XIVe siècle, par la famille Hurault. A l’époque, elles ne comportaient qu’une maison, un pressoir et des vignes. Les descendants agrandirent le domaine. En 1510, avec l’accord du roi Louis XII, Raoul Hurault construisit le château. Sous le règne de François Ier, le beau père de Raoul fut accusé de malversations. Ce qui abouti à sa chute et celle de sa famille plus la vente du château à Henri II qui en fit don à sa maîtresse Diane de Poitiers. En 1564, une faille juridique lors du procès a permis la restitution de ce château à la famille Hurault.
Un mariage et un titre de noblesse
Le nouveau propriétaire, Philippe Hurault, est un proche du roi Henri III. Ce dernier lui attribue les fonctions de garde des sceaux et érige les terres de Cheverny en comté. Le fait d’épouser Anne de Thou, fille du président du Parlement de Paris, lui permet d’accéder à la noblesse de robe. Son fils, Henri Hurault, en devenant bailli et gouverneur de Blois peut résider à Cheverny.
Le nouveau château de Cheverny voit le jour
Henri et son épouse, Marguerite Gaillard de La Morinière, bâtirent le château entre 1624 et 1630. Leur fille Élisabeth, marquise de Montglas, termina la décoration intérieure. La Grande Mademoiselle qualifia le château terminé de « palais enchanté ». Cette nouvelle version du château de Cheverny s’inscrivait dans le courant architectural en vogue sous le règne de Louis XIII. À cette époque, de jeunes architectes, comme François Mansart, réinventaient ces demeures aristocratiques, situées entre cours et jardins, avec une organisation pavillonnaire et une structure en pierres, briques et ardoises. La cour d’honneur de Cheverny a disparu, mais la structure du château comme ses façades en sont encore un parfait exemple.
Six siècles d’histoire familiale
Durant les cent cinquante années suivantes, le château changea plusieurs fois de propriétaires. Propriété de Jean-Nicolas Dufort de Cheverny pendant la Révolution française, il fut épargné. Après être passé par les mains du Comte Germain de Montforton sous le premier Empire, il fut racheté par Anne-Victor Hurault, marquis de Vibraye (1825). En 1922, le marquis de Vibraye, propriétaire des lieux, ouvrit le château au public. La famille occupe l’aile droite. Le château de Cheverny est l’un des châteaux de la Loire les plus visités après Chambord. Il doit sa renommée à ses intérieurs riches, sa collection d’objets d’art et de tapisseries ainsi que l’exposition permanente Tintin.
Un château richement meublé
Les pièces de mobilier et les aménagements intérieurs sont remarquablement bien conservés. Les appartements du premier étage témoignent de l’art de vivre à la française. Vous pourrez visiter la chambre des naissances, le boudoir rouge, la chambre d’enfant, la chambre des mariés, la salle à manger et le petit salon. D’autres trésors sont à admirer dans ce château comme la tapisserie des Gobelins du XVIIe siècle présentée dans la salle d’armes. Magnifique, la commode d’époque Louis XIV de style Boulle. Etonnant, le régulateur d’époque Louis XV (horloge de précision qui servait à régler toutes les autres pendules du château) que l’on peut admirer dans le salon des Tapisseries. Ce régulateur fonctionne toujours. Sans oublier, le lit à baldaquins décoré de broderies persanes du XVIe siècle qui servit à Henri IV lors de son passage dans l’ancien château.
A savoir :
Le château de Cheverny doit sa couleur blanc/crème à la pierre de Tuffeau avec laquelle il a été construit. Cette pierre se nettoie toute seule. Pas besoin de ravalement. En revanche, elle s’altère à cause de l’érosion et a besoin d’être restaurée. En ce moment, ce sont les joints que le marquis fait refaire.
Noël au Château de Cheverny
Une allée de sapins richement décorés vous ouvre la voie jusqu’à l’entrée du château. Dans la grande salle à manger, vous découvrirez une table dressée avec des nombreuses gourmandises spéciales Noël. Plusieurs pièces sont décorées avec des objets tels que des sapins, des ours blancs, divers personnages dont le père Noël, du sucre d’orge, des bonhommes en pain d’épices, des soldats de bois colorés. Même dans la salle d’armes il y a un sapin chargé de décorations. Plus étonnant, la chapelle située au dernier étage est ornée d’un sapin de Noël sur lequel sont perchés des paons.
Noël côté jardin
Une boite aux lettres a été installée pour que vous puissiez y déposer votre liste au Père Noël. Puis, deux jardins de Noël ont été créé pour vous offrir une promenade enchantée au milieu des sapins enneigés. Dès la tombée de la nuit, la façade s’illumine en vert et rouge. La crèche géante trône au milieu de sapins ornés de boules rouges près desquels sont posés des panneaux numérotés de 1 à 23 à la manière d’un calendrier de l’avant. Chaque jour depuis le 1er décembre, un numéro est retiré et derrière apparait une image.
L’orangerie
Au nord du château, dans le fond du parc, s’étire l’orangerie du XVIIIe siècle. Au sud, la salle des trophées présente une collection de bois de cerfs, une cheminée monumentale et un vitrail contemporain. Ce dernier, réalisé par le maître Jacques Loire, de l’atelier de Chartres, représente un départ de chasse. La salle est également ornée d’un ensemble de 10 tableaux évoquant les différentes phases de la chasse à courre. L’orangerie date du XVIIIe siècle. Elle a servi de dépôt à une partie du mobilier national pendant la Seconde Guerre Mondiale. Restaurée et aménagée en 1979, elle accueille aujourd’hui congrès, séminaires, et mariages.
La meute
Les chiens chiens présents à Cheverny sont des chiens anglo-français tricolores, nés d’un croisement de deux races réputées pour leurs qualités cynégétiques : le Fox Hound anglais et le Poitevin français. Le repas qui leur est servi chaque jour à 11h30, donne lieu à un véritable « spectacle ». Le piqueur y fait une démonstration de son autorité sur les bêtes. Cheverny est un haut lieu de vénerie, l’art de la chasse à courre. Le maître d’équipage de Cheverny est à la tête d’une meute de 130 chiens et d’une cavalerie de 14 chevaux dédiés à la chasse à courre. Deux journées de chasse sont organisées chaque semaine, auxquelles participent à chaque fois une douzaine de cavaliers ou « boutons ». Ils sont 25 à être inscrits pour l’année ainsi que plusieurs dizaines de suiveurs.
A savoir :
Cet équipage chassa le chevreuil de 1850 à 1856. Il fut fondé par Henri, marquis de Vibraye, père de Raoul et arrière-grand-père de Philippe de Vibraye, Président de la Société de Vénerie de 1954 à 1972. Henri était assisté de ses frères Maxence, René, Ludovic, tous ardents veneurs. L’équipage fut maintenu par le marquis Philippe de Vibraye, grande figure de la vénerie française, jusqu’à sa mort en 1976. Le vicomte de Sigalas, son neveu, lui a succédé depuis cette date, contribuant aussi à faire du château de Cheverny un haut-lieu touristique. En 1996, Charles-Antoine, marquis de Vibraye a repris les commandes de la meute.
Le parc et les jardins
Accessibles au public, le parc à l’anglaise et ses jardins d’une superficie de 100 hectares entourent le château. Plantés entre 1820 et 1860 par Paul de Vibraye, des arbres d’essences rares et de magnifiques spécimens constituent le parc à l’anglaise. Tilleuls, séquoias et plusieurs variétés de cèdres y trônent fièrement. Le jardin des Apprentis, créé en 2006, se situe entre le château et le pavillon de l’Orangerie. De conception contemporaine, il a été conçu d’après des plans retrouvés d’un ancien jardin à la française, qui se trouvait sur le même emplacement. Le jardin potager a été dessiné et réalisé en 2004, près de la salle des trophées et des communs. Un coin est dévolu aux légumes anciens.
L’exposition Tintin
Le château de Cheverny a inspiré Hergé pour le château de Moulinsart. Sans ses ailes, ce château ressemble à s’y méprendre à celui de Haddock dans Le secret de la Licorne puis Les Sept boules de Cristal. C’est en 1942, au cours d’une nouvelle aventure du reporter Tintin, que le château de Moulinsart fait sa première apparition dans » Le Secret de La Licorne« . Il devient alors le port d’attache de Tintin, de Milou, du professeur Tournesol, du capitaine Haddock et du majordome Nestor. Les propriétaires du Château se sont associés avec la Fondation Hergé pour réaliser et mettre en place une exposition permanente sur le thème : les secrets de Moulinsart. On peut y voir la chambre de Tintin, le laboratoire du professeur Tournesol, ou encore la cave du château de Moulinsart.
Une rencontre fructueuse
Au château de Cheverny, l’univers des personnages d’Hergé occupe, depuis 14 ans, les greniers à fourrage du château. En 1996, un collectionneur d’objets de Tintin vivant à Blois cherchait un lieu pour les exposer. Il a choisi Cheverny à cause de Moulinsart. À cette époque, la fondation Moulinsart, en charge des intérêts et de l’image de Tintin, voulait créer un lieu d’exposition situé en France. De son côté, le marquis de Vibraye cherchait un moyen de rentabiliser sont château de 54 pièces. Confronté à la concurrence de Chambord et de Chenonceau, il lui fallait trouver une idée géniale pour gagner de l’argent. Cette rencontre lui a permis d’attirer tous les fans de Tintin et du capitaine Haddock. Et, cerise sur le gâteau, le conjoint de veuve d’Hergé à été séduit par l’idée d’installer Tintin au Château de Cheverny.
Infos pratiques :
Les trois premiers dimanches du mois de décembre, un goûter vous sera offert dans la Salle des Trophées à 16h, en compagnie du Père Noël. Les enfants seront, sans aucun doute, subjugués par des contes de Noël, confortablement installés au coin du feu… Et pour les retardataires, le Père Noël reviendra les 24 et 25 décembre de 14h à 17h !
Du 1er décembre 2018 au 14 janvier 2019, vivez la magie de Noël au Château de Cheverny !
Tarifs 2019 : Adulte : 12 €
Enfant (de 7 à 14 ans) : 9 € Enfant (- de 7 ans) : gratuit
Horaires (du 01.10 au 31.03) : de 10h à 17h – 7 jours sur 7
« Noël n’est pas un jour ni une saison, c’est un état d’esprit. » Calvin Coolidge (1872 – 1933).
Copyright : Caroline Paux
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