Au sud-est du département de la Dordogne, entre la rivière du même nom et la Vézère, le Périgord noir déploie avec majesté ses forêts de châtaigniers, de pins et de chênes verts. « C’est des bois et des bois, des petites combes avec des mauvais prés… C’est sauvage et noir » écrivait Eugène le Roy dans Jacquou le croquant. Tel un diamant noir (surnom de la truffe qui fait aussi sa réputation), ce territoire authentique rayonne magnifiquement par son patrimoine unique, sa gastronomie et ses sites naturels de toute beauté.
Nous vous présenterons quelques uns de ses joyaux (et pas des moindres…), tous très proches géographiquement. De quoi occuper un long week-end ou des vacances à coup sûr réussies, à l’heure où passer les frontières se complique.
Sarlat, capitale du Périgord noir
Sarlat est parmi les premières villes de France à avoir bénéficié, en 1964, de la loi Malraux sur la sauvegarde du patrimoine. Son vieux centre relativement insalubre connut alors une véritable renaissance. Témoin son éclairage nocturne au gaz, très doux et assez unique, qui date de l’époque !
Da la vieille ville, on parcourt aujourd’hui les ruelles, les cours et les passages, émerveillés par cette pierre dorée qui a tant à conter. La cathédrale Saint-Sacerdos, tout d’abord. Elle nous rappelle qu’au IXe siècle, des moines rapportèrent les reliques de cet évêque de Limoges. Reliques qui, devenues objet de pèlerinage, contribuèrent à la prospérité de la cité. Car jusqu’à aujourd’hui, le commerce fait florès à Sarlat. Le marché en témoigne avec ses fraises Arabella, Gariguette ou Charlotte. Et ses innombrables spécialités à base de truffe, de foie gras, de châtaigne ou de noix.
De la peste noire à Jean Nouvel
Poursuivons notre déambulation. De nombreux hôtels particuliers attirent le regard avec leurs tours de noblesse qui rivalisent de hauteur. Ainsi celui du juriste Etienne de la Boétie (XVIe siècle), avec sa façade à pignon et sa jolie voûte en panier. Ou encore l’hôtel de Vienne, son contemporain, dont le nom rappelle ce ramasseur de crotte de mule devenu président de la Cour des Comptes. Plus loin, c’est la Lanterne des morts (XIIe s.), chapelle sépulcrale commémorant le passage de Bernard de Clervaux dans le Périgord noir lors de la peste noire. Enfin l’ancienne église Sainte-Marie, devenue marché couvert, exhibe fièrement ses immenses portes en acier de Jean Nouvel. Une réussite audacieuse qui montre que Sarlat sait aussi regarder vers le futur.
Sa majesté le château de Beynac
Construit au XIIe siècle, l’ancien fort de Richard Cœur de Lion surplombe la vallée de la Dordogne depuis neuf siècles. Une situation stratégique qui permit aux seigneurs successifs de s’enrichir grâce au droit de passage payé par les gabares acheminant noix et châtaignes vers Bergerac. Entrons ! Le logis se présente à nous avec sa chambre et son grand lit couvert de fourrure (toute la famille y dormait ainsi que les domestiques et les amis !) Suit la salle des Etats avec ses grandes tapisseries, qui servait aux réunions et aux banquets. Un coup d’œil au donjon, à l’escalier Renaissance, à l’oratoire et à ses fresques du XVe siècle. Et nous voici dans la cuisine avec son four à pain, ses pièces de gibier accrochées au plafond (contre les rats).
A savoir
A l’époque, les seigneurs consommaient des viandes rôties ou bouillies, très épicées, avec la fameuse « sauce verte » à base de gingembre, vinaigre et persil. Ils mangeaient dans des vaisselles d’or et d’argent avec des couteaux et des cuillers. Contrairement au peuple qui utilisait les trois premiers doigts de la main droite (la gauche se livrant à des tâches moins avouables…). Quant au vin, chacun en consommait deux litres par jour !
https://château-beynac.com/
Marqueyssac, perle du Périgord noir
Cette sublime folie végétale est, elle aussi, perchée sur un coteau d’1,5 kilomètre de long, sur la rive droite de la Dordogne. On la doit à Julien de Cerval. Un esthète épris de jardin qui, à partir de 1861, inspiré par son voyage en Italie, planta là quelque 150 000 buis. Impeccablement restaurés et entretenus, ceux-ci sont tout en rondeurs et moutonnent savamment. Ils poussent l’art du topiaire à son sommet. Leur taille est entièrement manuelle. Différentes promenades permettent de parcourir les lieux. Elles offrent de très jolies échappées sur les paysages alentours. Le petit château de Marqueyssac (fin XVIIIe s.), récemment restauré, lui aussi se visite. On peut en admirer la chambre avec son mobilier XIXe s. Et surtout la charpente d’origine en chêne qui supporte 500 tonnes de pierre.
https://marqueyssac.com/
Oser Joséphine… au château de Milandes
Parmi les hôtes plutôt inattendus qu’accueillit le Périgord noir, se trouve Joséphine Baker. Juste après la seconde guerre mondiale, la célèbre danseuse au sommet de sa gloire s’installa au château des Milandes. Elle y créa son « Village du Monde » qui, en une superbe démonstration de fraternité universelle, accueillit six, huit puis douze enfants venus de différents pays. Le site en garde le témoignage. Il raconte de façon détaillée son incroyable histoire à travers une multitude de meubles, photos, documents, objets et costumes. Une visite émouvante que l’on achèvera dans le très beau jardin en perpétuelle métamorphose.
Voguer sur une gabare
Nous voici maintenant à bord d’une gabare sur la Dordogne pour une petite pause bien mérité. La vue depuis la rivière y est splendide, notamment sur le château de Castelnau ou le village de La Roque-Gageac adossé à la falaise. Ces bateaux à fond plat transitent sur la Dordogne depuis des siècles pour le transport des marchandises. On en comptait 800 par jour en 1882. Au fil de la balade, on apprend que cette rivière est une des plus propres d’Europe. Qu’indomptable, elle connut aussi des crues historiques. Et que loutres, castors et ragondins y nichent au côté de toutes sortes d’oiseaux et de poissons : brochets, perches, silures, palombes, hérons cendrés…
https://www.milandes.com/
https://www.gabarres.com/
Lascaux IV, la « chapelle Sixtine » de la préhistoire
Lascaux IV est une réplique au 16ème de millimètre de la grotte originale, découverte en 1940, qui ne se visite pas. Un travail remarquable réalisé il y a un peu plus de cinq ans par une soixantaine d’artistes. On la découvre au sein d’une superbe architecture contemporaine, parfaitement intégrée au paysage. Pas à pas, à la lumière de lampes torches, nous apparaît un fabuleux bestiaire peint il y a 20 000 ans par nos ancêtres, les hommes de Cro-Magnon. Ici des cerfs, des chevaux, des taureaux. Là, une licorne, un ours, un bison. Et même, au fond d’un puits, un homme ! Le dessin est doux et rond, avec un sens du volume et de l’esthétique assez incroyable. Et un peu partout, des signes abstraits. Tout comme la grotte en elle-même, on en ignore le sens et la fonction.
Lascaux, à la loupe…
Le deuxième partie de la visite, superbement scénographiée par l’agence norvégienne Snohetta, revient de plus près sur ces peintures et montre les techniques de fabrication de nos ancêtres : du pochoir sur de la calcite qui ne permet aucun repentir. De même, on comprend dans le détail le travail de reproduction de l’Atelier de Fac-simile du Périgord. Aujourd’hui comme hier, tous de grands artistes !
www.lascaux.fr
Des Cabanes du Breuil aux Jardins de Haute-Terre
Pour finir notre périple en Périgord noir, deux visites un brin insolites. La première est un lieu étonnant créé par un couple de fermiers artistes et voyageurs. Sur ce terrain familial, ils ont restauré un ensemble de cabanes en pierre sèche établies là, de façon un peu mystérieuse, depuis le XVe siècle. Au fil de la visite et des petites expositions (outils, objets, photos…) on comprend la fabrication de ce savant empilage de pierres sans ciment ni mortier que l’on retrouve à Minorque, dans les Pouilles, au Maroc ou au Pérou. Nous est aussi contée l’histoire de la famille et des vieux outils de la région.
Perché, perché !
On finira notre tour en Périgord noir par le jardin ethnobotanique et spirituel de Claude-Marie Dellac (et son mari), une ancienne enseignante devenue jardinière et écrivaine. Elle vous guidera en une véritable danse d’idées et de mots, dans son Pré Savant, son Jardin des Sept Chevaliers ou sa pinède du Grand Lièvre. Un très long périple au milieu des plantes et des herbes folles, agrémentées de quelques sculptures. On finira par demander grâce à la poétesse pour se reposer dans un coin choisi et méditer sur les rapports entre l’homme et la nature. Peut-être votre hôte vous lira-t-elle un de ses poèmes ? Les plus sensibles pourront ressentir, ici, d’étonnantes vibrations…
http://www.cabanes-du-breuil.com/
https://jardinsdehauteterre.free.fr
Plus d’infos
Se rendre dans le Périgord noir
En train. De Paris à Brive-la-Gaillarde ou à Sarlat : entre 4h20 et 4h40
Dormir dans le Périgord noir
Hôtel Le Renoir***, à Sarlat
Logé dans une ancienne distillerie. Très central, confortable, jolie déco, piscine.
https://www.hotel-renoir-sarlat.com/
Se régaler
Auberge Lo Gorissado, à Saint-André d’Allas
En pleine campagne, à quelques kilomètres de Sarlat. Une très bonne cuisine de terroir avec quelques accents venus d’ailleurs. Marleen, sa sympathique créatrice, vous en contera l’histoire.
https://www.logorissado.com
Le Petit Bistrot, à Sarlat
Restaurant-bar à vin avec tapas gourmandes à la mode de Sarlat. Ambiance conviviale au cœur de la vieille ville.
7 rue de Tourny. Tél. : 05 53 29 17 80
La couleuvrine, à Sarlat
Un peu à l’écart, dans une tour de rempart du XVe siècle. Carte très raffinée à cheval entre l’Asie et les produits de la région.
https://www.la-couleuvrine.com
Spécialités à rapporter du marché
Albié Foie gras
Pour faire des folies. Truffes fraîches, terrines truffées (10% de truffe Mélanosporum), foie gras au poivre, à la figue et à la truffe, sel, huiles…
Etablissements Carretiers
Le temple de la noix avec une multitude de spécialités : cerneaux de noix caramélisées au chocolat gianduja, gâteaux fourrés, Crousti-noix. Apéritifs, huiles de noix…
Pour tous les renseignements
Office de tourisme Sarlat-Périgord noir
3 rue Tourny, 24200 Sarlat-la-Canéda
https://www.sarlat-tourisme.com/
Photos : Valérie Collet
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