C’est un épisode peu connu de l’histoire de l’Égypte qu’illustre l’actuelle exposition du musée du Louvre. Il s’agit des mystérieux pharaons noirs du pays de Koush qui régnèrent quelques décennies sur la vallée du Nil.
L’histoire au fil du Nil n’a jamais un été long un fleuve tranquille. La vallée fertile et les richesses excitaient les convoitises. Guerres, massacres, révolutions, invasions ont ponctué la longue histoire de l’Égypte des pharaons.
Piânkhy premier des pharaons noirs
Koush est le nom donné par les Grecs à la région correspondant à la Nubie, au Nord du Soudan. Entre la 1ere et la 6em cataracte, dans sa capitale, Napata, régnait à la fin du VIIIe s. av. JC un roi nommé Piânkhy. Sans doute à l’étroit dans son royaume, Piânkhy, décide d’envoyer son armée à la conquête du pays en aval du Nil. Cette conquête, vers 720 av.JC, est racontée en hiéroglyphes sur une « stèle triomphale » dont le moulage figure à l’exposition. Piânkhy inaugure ainsi la dynastie des Pharaons noirs, 25e du nom, qui règne sur la Haute et la Basse l’Égypte temporairement unifiées. Thèbes en devient la capitale avec le culte d’Amon comme religion « officielle ». L’intermède des Pharaons des Deux Terres durera un peu moins d’un siècle, de 747 à 656 av. JC?
Taharqa, pharaon dans la durée
Après Piânkhy la dynastie compte quatre souverains principaux : Chabataka, Chabaka, Taharqa, Tanouétamani. Le plus important est Taharqa, celui aussi dont le règne fut le plus long (26 ans, 691-665 av. JC.)
Il règne aussi sur l’exposition
Nous le voyons à genoux devant le faucon Hemen, en sphinx, en miniature entre les pattes du bélier Amon. Et surtout en colosse de pierre, dépassant de deux ou trois têtes tous ses congénères. Son aura est telle qu’il est encore évoqué 500 ans plus tard sur un papyrus racontant sa lutte contre les Assyriens. La dynastie périclite avec son successeur Tanouétamani, sous les coups des Assyriens, et tombe définitivement avec le sac de Thèbes en 663 par Assourbanipal. Le roi se replie sur la capitale historique de Napata qui sera mise à sac à son tour en 591 par Psammétique II.
La fin de l’histoire
Non content de saccager la ville et ses habitant, Psammétique s’en prend aux statues des souverains qu’il brise en morceaux. 2500 ans plus tard les archéologues les découvrent dans une fosse sur le site de Doukki-Gel, au nord de Napata. Restait à recoller les morceaux pour rendre aux pharaons leurs vrais visages. Ce que permet à la perfection la technologie moderne. Une vidéo montre les étapes de cette incroyable opération. Les statues mutilées sont numérisées, virtuellement réparées, et imprimées en 3D donnant des moulages quasi parfaits. Des traces de peinture et de dorure ont permis de leur rendre l’éclat du neuf. C’est dans cet état spectaculaire qu’ils figurent à l’exposition, alignés comme à la parade. Taharqa dont le colosse les domine tous, puis Tanouétamani, dernier roi des deux terres. Suivis de Senkamanisken, Aspelta, Anlamani… leurs héritiers redevenus simples rois de Napata.
Stèles et hiéroglyphes
L’exposition illustre cette histoire en quelques centaines d’objets dont beaucoup sont d’ailleurs issues des collections du Louvre. Ils permettent de constater combien la civilisation de Koush s’est identifiée à celle de l’Égypte classique. On y retrouve le bestiaire divin habituel : les sphinx, le faucon, le bélier d’Amon, Isis, Bastet la déesse à tête de lionne, …Sous forme de statues de pierre ou de statuettes de bronze. Ou d’un de ces petits objets, bijoux et amulettes en or ou en faïence, qui font le charme de cette civilisation. Les fouilles ont surtout révélé plusieurs stèles couvertes de hiéroglyphes grâce auxquelles nous connaissons mieux cette histoire. À commencer par la monumentale « Stèle du Triomphe » qui raconte sur quatre faces la conquête du roi Piânkhy.
De Bonaparte à Champollion
Ce n’est donc pas un hasard si l’exposition du Louvre coïncide avec le bicentenaire du déchiffrage des hiéroglyphes par Champollion. Comme un hommage indirect à l’enfant de Figeac sans qui on ignorerait les détails de cette aventure. Plusieurs expositions sont organisées autour du personnage et de la découverte majeure qui ouvre en 1822 la voie à l’égyptologie. Qui commence avec l’autre découverte fortuite par le lieutenant Bouchard de la pierre de Rosette lors de l’expédition de Bonaparte en 1799. Sans doute le premier à avoir eu l’intuition de son importance.
Informations pratiques
Pharaon des Deux Terres, l’épopée africaine des rois de Napata
Musée du Louvre
28 avril -25 juillet 2022
Ouvert chaque jour sauf mardi, 9h-18h
Réservation en ligne www.louvre.fr
Tarifs : 17€ en ligne – 15€ sur place (si faible affluence)
Gratuit pour moins de 26 ans
Photo d’ouverture de l’article : Les pharaons Taharqa_Tanouétamani, Senkamanisken, Anlamaniet et Aspelta. Impression 3D d’après les originaux, en sable de quartz et résine, rehauts de peinture et dorure à la feuille H: 270cm le plus haut, Taharqa © TrigonArt Ingenieurbüro Pawel Wolf
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