Sainte Hélène le Retour

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Sainte Hélène le Retour

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C’est au Musée de l’Armée de l’Hôtel des Invalides que sont évoquées les dernières années et la mort de Napoléon à Sainte-Hélène. A travers les gens et les objets qui ont entouré la fin de sa vie, de sa dernière maladie à son inhumation sous le dôme des Invalides. 

Derniers fidèles de Sainte Hélène

L’Empereur expire le 5 mai 1821, dans l’après-midi, de l’ulcère gastrique dont il souffrait depuis plusieurs années. Il est entouré des quelques fidèles, moins nombreux que ceux qui ont débarqué avec lui en octobre 1815. Certains ont été expulsés comme le fidèle Las Cases et le médecin O’Meara qui sera remplacé par le Corse Antommarchi. 

Le susceptible général Gourgaud est parti dès 1816 ainsi que la comtesse de Montholon, malgré ses relations très intimes avec l’empereur. On s’ennuie ferme à Longwood, l’Empereur n’est pas toujours facile à vivre, la promiscuité et l’inaction favorisent les chamailleries. 

Ch. de Steuben - Napoléon sur son lit de mort

Ch. de Steuben – Napoléon sur son lit de mort ©Napoleonmuseum Thurgau

Veillée funèbre 

Ne restent au soir du 5 mai, outre le médecin Antommarchi, que le général Bertrand et sa famille et le comte de Montholon. Ainsi que le fidèle valet de chambre Marchand qui procède à la toilette funèbre, et Louis Saint-Denis, alias “mamelouk Ali“. Et quelques autres domestiques comme le piqueur Archambault qui réunira après la mort de l’empereur de précieuses reliques. Moins de monde en tous cas autour du petit lit de camp que sur le tableau de Charles de Steuben.

Ce modeste lit d’acier, il est là en vrai, venu spécialement de Longwood. L’Empereur en possédait plusieurs, pliables et facilement transportables en campagne. Il les préférait aux lits dorés et moelleux des palais. Coquetterie de militaire !

Sainte-Hélène - Lit de mort de l'empereur, Musée de l'Armée

Lit de mort de l’empereur, Musée de l’Armée©RMN-Grand Palais-Pascal Segrette

Dernières volontés

L’expo nous ouvre le testament de l’Empereur, un livret de 26 pages, plein de ratures, et de codicilles. Napoléon distribue des souvenirs, de l’argent, des effets personnels à ses proches, à sa famille.  Il pense aussi à son fils qu’il n’a pas revu depuis 1814 et dont le gouverneur confisquait même les portraits quand il en arrivait !

L’incontournable masque mortuaire, censé nous restituer le vrai visage de l’Empereur, figure en trois exemplaires. Toute une histoire ce masque ! les familiers mettent deux jours pour trouver sur l’île un plâtre convenable. Le gouverneur interdisant l’embaumement, le visage du mort s’est dégradé et le résultat obtenu est décevant. Il faut donc bricoler un peu cette première empreinte pour la rendre présentable. Par la suite, Antommarchi en fait éditer des séries, en plâtre ou en bronze qui figurent dans toutes les collections. 

Masque mortuaire en plâtre, souscription Antommarchi, 1833

Masque mortuaire en plâtre, souscription Antommarchi, 1833 ©Fondation Napoléon-Thomas Hennocque

Oubli et nostalgie

Dans les objets familiers figurent l’écritoire d’acajou et la gourde en argent qui fut de toutes les campagnes. Elles voisinent avec l’uniforme de colonel de la garde et le chapeau de castor noir. Pour le quotidien, couverts d’argent et porcelaines de Sèvres sont de rigueur. Dans son exil Napoléon impose à sa mini-cour le même protocole qu’aux Tuileries ! Tenue de cérémonie, et service à la française. Histoire de faire semblant, les premières années du moins. Avec le temps ce cérémonial se réduit, après 1819 la santé de l’empereur se détériore, il ne sort plus guère de sa chambre. 

Quand il s’éteint, ce 5 mai 1821, la nouvelle suscite peu de réactions en France. Napoléon serait-il déjà oublié ? Deux ans plus tard pourtant la parution du Mémorial de Ste Hélène fait souffler un vent de nostalgie. Comme il l’avait cherché, l’exilé de Sainte Hélène y apparaît comme un martyr, une victime de la mesquinerie britannique.

Ecritoire de Napoléon à Ste-Hélène-Musée de l'Armée

Ecritoire de Napoléon à Ste-Hélène-Musée de l’Armée©RMN-Grand Palais.Pascal Segrette

Retour des cendres 

En attendant l’enthousiasme suscité en 1840 par le Retour des cendres.

Beaucoup d’eau a coulé sous le Pont Neuf depuis 1815, le roi des Français Louis-Philippe a détrôné le dernier Roy de France. Le drapeau tricolore a remplacé le drapeau blanc et les mentalités ont changé des deux côtés de la Manche. La demande de restitution du corps de l’Empereur est donc acceptée sans difficulté par le gouvernement de Victoria.

Le 7 juillet le Prince de Joinville, fils du roi, appareille à Toulon à bord de la Belle Poule. Avec lui, le général Bertrand, l’incontournable Gourgaud, le fils Las Cases, le valet de chambre Marchand et quelques fidèles. 

La frégate accoste à Sainte Hélène début octobre et l’ouverture du cercueil a lieu dans la nuit du 14 au 15. Aux yeux de l’assistance très émue l’empereur apparaît intact ! Le cercueil, vite refermé est transféré sur la Belle Poule qui lève l’ancre le 18 octobre.

Maquette de la frégate La Belle Poule

Maquette de la frégate La Belle Poule© Musée national de la Marine-A. Fux

Terre de France 

Le 20 novembre Napoléon retrouve enfin la terre de France, avant de remonter le Seine, salué au passage par une foule enthousiaste. Escale à Courbevoie, remontée des Champs Élysées, station sous l’Arc de triomphe (enfin achevé !). Au son du canon et des roulements de tambours Napoléon arrive aux Invalides le 15 décembre par un froid glacial.

Cérémonie est grandiose et kitsch à la fois autour d’un invraisemblable catafalque doré qui a du mal à se mouvoir. 

Outre les derniers fidèles de Sainte Hélène, il est entouré de quelques survivants de la Grande Armée. Les maréchaux Soult et Oudinot, et le vieux maréchal Moncey 85 ans, gouverneur des Invalides. 35 ans après Austerlitz l’Empereur défunt entre sous le dôme sous les acclamations de ce peuple français qu’il avait, disait-il, “tant aimé“.

Le cercueil est installé dans une chapelle en attendant l’aménagement du caveau, et du tombeau monumental.

Saint-Hélène - Victor Adam, Le char funêbre 15 décembre 1840  Paris Musée de l'Armée

Victor Adam, Le char funêbre 15 décembre 1840  Paris-Musée de l’Armée,RMN-Grand Palais

Dernière énigme

Le transfert définitif de l’impérial défunt a lieu le 2 avril 1861, en présence de son neveu devenu entre-temps Napoléon III.  Il est accompagné de l’impératrice Eugénie et d’un petit prince de 5 ans qui ne sera jamais Napoléon IV. Cette fois il ne reste plus aucun des maréchaux de la Grande Armée, le dernier, Soult, est mort en 1852.

Une question reste en suspens : est-ce bien l’Empereur qui se trouve dans le tombeau de quartzite rouge ?  Parmi ceux qui ont assisté à l’ouverture du cercueil en 1840, certains l’ont formellement identifié. D’autres ont eu des doutes en raison de l’exceptionnel état de conservation du corps, et de quelques anomalies dans l’habillement. Les Anglais auraient-ils opéré une substitution ?

L’exposition n’aborde pas cette dernière énigme dont la clé se trouve dans le coffret scellé qui renferme celles du cercueil. Mais qu’on ne se risque pas à ouvrir ! Sait-on jamais ?

Coffret des clefs du cercueil, Musée de l'Armée

Coffret des clefs du cercueil, Musée de l’Armée©RMN-Grand Palais-Emilie Cambier

Infos pratiques 

Napoléon n’est plus
Ouvert chaque jour, 10h-18h
Du 19 mai au 31 octobre 2021
Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides
129 rue de Grenelle, 75007 Paris
Entrée: 14€, TR: 11€ (gratuit pour la moins de 18 ans)

Réservation en ligne: https://musee-armee.tickeasy.com/fr-

lien url www.musee-armee.fr

Photo d’ouverture : J.B Mauzaisse, Allégorie, 1833  musée des chêteaux de Malmaison RMN-Grand Palais, Daniel Arnaudet.jpeg

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