Le Covid 19 nous est tombé dessus comme une véritable déflagration. Elle nous impact sur le plan personnel et universel. Cette crise sanitaire met notre santé mentale en danger. Nous sommes impacté dans notre vie personnelle et professionnelle avec la fermeture des commerces, de certaines sociétés etc. De nombreux salariés doivent travailler de chez eux, d’autres vont au bureau la peur au vente. Les indépendants se retrouvent sans revenu et ceux qui ont des commerces risquent la faillite. Bref, l’économie du pays est en berne. Que faire face au désarroi dans lequel nous sommes plongé ? Et comment ne pas sombrer dans la dépression ? Comment protéger notre santé mentale face à cette pandémie par le Dr Olivier Dubois.
Tout d’abord, il s’agit d’une crise sanitaire. Qu’y-a-t-il de plus important, de plus précieux, de plus angoissant que notre santé ? On le voit clairement aujourd’hui où tout s’arrête, y compris l’économie générale de notre pays, dans le seul espoir de protéger nos vies. Il s’agit également d’une crise mondiale où quasiment toute la population est concernée. Cela renvoie à notre peur inconsciente, mais bien présente, de fin du monde. Mais aussi à un sentiment, ontogénétiquement ancré en nous, à tort ou à raison, d’un possible châtiment cosmique voire céleste. Hormis les guerres, aucune cause n’a jusqu’à présent entraîné un tel traumatisme. Et cela est aussi à porter au crédit ou (au défaut) des outils de communication moderne. Ils nous « obligent » comme elles obligent tout un chacun, à suivre, heure par heure, décès après décès, ce feuilleton permanent où seule la mort l’emporte chaque jour.
Une situation difficile à supporter
Ce funeste décompte funeste est divulgué au nom de l’information, de la sécurité, de la transparence… Peu de voix viennent rassurer et nous aider à se distancier un peu de nos ténébreuses pensées. Ces informations impliquent une gestion psychologique à ne pas mésestimer. Nous comprenons la nécessité du confinement imposé depuis le 17 mars par le gouvernement. Ce confinement, appliqué comme cela nous est ordonné, ne manquera pas de nous poser de sérieux problèmes psychologiques. Être confiné, revient à être cloîtré, enfermé, claquemuré. Rien de bien grave après tout, comparativement à cet ennemi mortel que nous chassons.
Qu’en est-il de notre santé mentale ?
La psychologie est généralement le parent pauvre de la santé. Ses impacts et effets perçus se révèlent souvent à retardement. Ce qui ne facilite ni leur discernement ni leur légitimation. Nous ressentons que tout cela n’est pas neutre psychologiquement. Toutefois, difficile de savoir où se situe le danger et par quel biais il peut nous atteindre. Sur le plan de notre santé mentale, nous subissons plusieurs traumatismes.
Santé mentale et traumatismes
En premier, nous ressentons de la peur. Une peur sourde qui s’intensifie quotidiennement car nous ignorons comment combattue cet adversaire invisible. Il n’a pas d’identité. Et nous ignorons la date de fin de l’épisode et l’issue. Cette peur nous renvoie, phylogénétiquement, aux pires angoisses de notre existence*. Et la violence de la surinformation est autant un paramètre d’éducation qu’un un piège qui nous fige dans l’obsessionnalité de nos peurs. Ce phénomène d’enfermement, d’une certaine forme de réclusion, est loin d’être anecdotique.
*la peste ou le choléra, par exemple.
Un risque de déséquilibre important
En l’absence totale et prolongée d’interaction, certaines personnes risquent de plonger progressivement dans le déséquilibre. Deux risques ont à prendre en compte. En premier, le découragement, le désespoir puis la dépression. Puis, la perte du sens logique, la déraison et le délire. Entre-temps, leur souffrance va pouvoir s’exprimer sous différentes formes. Notamment par l’anxiété, l’insomnie ou diverses plaintes psychosomatiques*.
*phénomènes physiques d’origine psychique : douleurs atypiques, oppression, malaises.
Exprimer son mal être
Quand une personne souffre, elle doit exprimer son mal-être à son médecin. Elle doit également demander à être pris en charge. Le médecin doit rester vigilant face à ce danger. Il n’est pas question de laisser s’installer durablement ce processus qui signe un début de déséquilibre. Bien évidemment, il n’est ici question que des plus fragiles. Mais attention, personne n’est à l’abri d’un manque d’adaptation psychique face à une situation de crise inattendue. Bien que cette souffrance soit moins mortelle que le virus, il faut la prendre en charge. Pour ce faire, il existe des approches modernes à la disposition du médecin. Elles peuvent être psychologiques, thérapeutiques ou institutionnelles.
A savoir :
Ne nous laissons pas surprendre par le risque de mal insidieux que représente l’angoisse et ses cercles vicieux* :, … Ne soyons pas uniquement gouvernés par la peur de la pandémie. Soyons vigilants sur nos modes de réaction. Si nous ressentons une grande fatigue, des tensions intérieures anormales, de l’irritabilité excessive, de la tristesse, il faut consulter son médecin, généraliste ou spécialiste (psychiatre). Le corps médical est là, en alerte pour protéger la population, y compris, des phénomènes induits par la crise.
* insomnie, fatigue, découragement.
Une occasion de repenser le monde
Au-delà de la maladie infectieuse contre laquelle personne n’est immunisé et protégé et des conséquences psychiques en cascade que sa gestion ne manquera pas d’entraîner, il faut s’interroger sur ce que cette crise révèle aussi de nos existences. Nous le savons et le disons, nos modes de vie, en un siècle, se sont profondément modifiés. Et plus rapidement encore ces cinq dernières décennies. et pas seulement sur le plan technologique. Nous sommes entrés progressivement dans un mouvement perpétuel, les yeux rivés sur nos portables. Une soif de contrôle de tout ce qui nous environne et de tout ce à quoi nous tenons. Ne nous épuisons-nous pas à courir sans cesse derrière nos aspirations jamais suffisamment accomplies ?
Prendre du recul s’avère indispensable
Cette crise « géante », est une occasion incroyable de prendre du recul, de faire un reset en nous-mêmes. L’occasion nous est donnée, de manière inattendue, de bousculer nos addictions survitaminantes. Nous pourrions enfin développer un sens plus relatif et philosophique de l’existence. Retrouver un peu d’intériorité qui fera socle sur notre chemin serait génial. Tous les grands hommes, toutes les grandes et belles aventures humaines se sont façonnées à travers des crises personnelles. Ces crises, inévitablement douloureuses, permettent de transformer notre vision de l’existence et de nous faire grandir.
A savoir :
Comme le disait le philosophe allemand Gottfried Leibnitz, « le mal n’est pas le mal s’il est un moment nécessaire dans le progrès ». Je ne parle pas ici du progrès technologique qui a transformé nos vies comme jamais, mais qui est aussi corrélé à un accroissement évident de la fragilité psychique de l’espèce humaine. Mais plutôt du progrès de l’Homme ; un Homme qui retrouverait ses fondations, ses bases, et par là-même sa robustesse ; un Homme qui s’ouvrirait davantage à lui-même comme aux autres dans une quête plus profonde de sens, bien au-delà des plaisirs immédiats, des contacts incessants, des comportements consuméristes. Ce Covid-19 est peut-être l’occasion d’imaginer un monde plus raisonnable, plus équilibré et plus épanoui. Nous devons être capable d’initier cette révolution.
Dr Olivier Dubois
Ce psychiatre est le directeur des Cliniques psychiatriques et des Thermes de Saujon. Il est le créateur de l’Ecole Thermale du Stress.
https://www.thermes-saujon.fr/ecole-thermale-du-stress/
Crédit Photos : Ecole Thermale du Stress
A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/confinement-covid-19-ne-pas-peter-les-plombs/
Les commentaires ne sont pas disponibles!