La Belle Époque de Marcel Proust

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La Belle Époque de Marcel Proust

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Par un heureux hasard, la réouverture du Musée de l’Histoire de Paris correspond au centenaire du décès de Marcel Proust. Le plus flamboyant des Parisiens et le plus parisien des auteurs. 

Né en 1871 dans l’ancien village d’Auteuil, il meurt le 18 novembre 1922 rue Hamelin dans le même arrondissement. Son enfance se passe rue de Courcelles entre son père médecin sa mère Jeanne et son jeune frère Robert.

Marcel Proust - Anaïs Beauvais, Jeanne Proust, mère de Marcel. J.E. Blanche, Marcel Proust, 1892.

Anaïs Beauvais, Jeanne Proust, mère de Marcel, c1880, Musée Carnavalet (Dépôt musée Marcel Proust, Illiers-Combray) 2- J.E. Blanche, Marcel Proust, 1892, hst. Musée d’Orsay. ©RMN-Grand Palais ph. Hervé Lewandowski

Marcel Proust : Le plus parisien des écrivains

Partir sur les traces de Marcel Proust, équivaut à une balade dans le Paris de la Belle Époque relooké par Haussmann. C’est à Paris que se déroule l’essentiel de son existence. Il n’en sort que pour aller chaque été soigner son asthme à Cabourg ou visiter sa tante Léonie à Illiers.  Un Paris limité au secteur Nord-ouest de la rive droite, le plus haussmannien de la capitale. De Passy à la plaine Monceau où s’érigent les hôtels particuliers de l’aristocratie financière de l’époque. Le domaine du « beau monde » de la « Belle Époque » que Proust apprécie tant sans vraiment en faire partie.  Là se côtoient, les bourgeois nouveau riches, les banquiers juifs et protestants. Tandis que la vieille noblesse d’Ancien Régime se retranche rive gauche dans l’historique Faubourg Saint-Germain. 

Marcel Proust - Jean Béraud, La sortie du lycée Condorcet, c1903

Jean Béraud, La sortie du lycée Condorcet, c1903 ©Paris Musées, Musée Carnavalet.

Du Lycée Condorcet au boulevard Haussmann

À 11 ans, Marcel entre au lycée Condorcet où il noue quelques amitiés qui l’introduiront plus tard dans les salons parisiens. Le foisonnement des personnages, la description des salons, donnent à croire que Proust fut un grand mondain. Ce qui n’est vrai qu’en partie. S’il connut la plupart des personnages figurant dans La Recherche, en réalité il était aussi un grand casanier. En raison bien sûr de sa santé fragile. Il vit chez ses parents, rue de Courcelles, jusqu’à leur mort, et c’est là qu’il donne aussi ses dîners mondains.  Le décès de son père en 19O3, celui de sa mère deux ans plus tard, sont pour lui un déchirement. Il emménage alors dans un appartement du 102, boulevard Haussmann, « le seul que j’ai pu trouver que Maman connaissait ». Mais doit encore déménager en 1919, quand l’immeuble est racheté par la banque Varin-Bernier.

Marcel Proust - sa chambre

La Chambre de Marcel Proust, Coll. du Musée Carnavalet, ©Pierre Antoine / Paris Musées

Marcel Proust : Modeste et fidèle Céleste

Il s’installe donc dans l’appartement du 44 rue Hamelin où il décède trois ans plus tard. Dans une chambre qu’il fait tapisser de liège pour l’isoler des bruits de la rue. C’est cette pièce qui accueille le visiteur, avec son lit et ses meubles conservés par le musée. Dans une vitrine, la canne et la pelisse dans laquelle ce frileux arpente la nuit les rues de la capitale. Quand son asthme ne le retient pas au lit. Un lit que Proust ne quitte presque plus à la fin, où il rédige les derniers chapitres de sa saga. Il est assisté dans ce travail par Céleste Albaret, l’épouse de son chauffeur.  Céleste « prisonnière volontaire » comme elle dit, rédigera plus tard des souvenirs touchants sur les dernières années de l’écrivain « …J’ai vécu avec cet homme avec intensité de son charme, de sa conversation, de l’homme extraordinaire qu’il était… »  

C. Monet, Le Pont de l’Europe, Gare Saint-Lazare, 1877

C. Monet, Le Pont de l’Europe, Gare Saint-Lazare, 1877 ,Musée Marmottan-Monet, Paris ©Bridgeman Images

Paris chéri des peintres

La seconde partie de l’exposition nous entraîne dans le Paris de Proust, à travers les toiles des peintres du temps. La ville revisitée par Haussmann semble les avoir particulièrement inspirés. Sans nostalgie semble-t-il pour la perte irréversible de certains bâtiments historiques.  Ils s’émerveillent au contraire devant les larges avenues et les nouveaux monuments comme l’Opéra Garnier et la Tour Eiffel. Camille Pissarro montre l’avenue de l’Opéra où circulent sans encombre fiacres et calèches. Le Sidaner esquisse la silhouette de l’Obélisque sous la pluie et la lumière des réverbères. Une pluie qui fait briller les pavés parisiens minutieusement détaillés pas Caillebotte.  Vuillard n’hésite pas à poser son chevalet dans le métro ! Quant à Monet, il arrive à donner de la poésie aux fumées charbonneuses de la Gare Saint Lazare. 

Marcel Proust - H. Gervex, Une soirée au Pré-Catelan, 1909

H. Gervex, Une soirée au Pré-Catelan, 1909, Coll. du Musée Carnavalet – Histoire de Paris

Voir et se faire voir

Élément indissociable de l’immeuble haussmannien : le balcon de fer forgé que René Prinet prend comme modèle. Il permet aux élégantes du 2em étage de faire admirer aux passants leurs robes à tournures et leur chignons compliqués. Il est bon aussi de se faire voir, en chapeau cette fois, au Pré Catelan au cœur du Bois de Boulogne réaménagé par Alphand sous le Second Empire. Les Espaces verts sont une des priorités du Paris du XIXe siècle. Aux anciens, redessinés par de talentueux paysagistes s’ajoutent des créations nouvelles comme Le Parc Monceau et les Buttes Chaumont.  Une des plus belles réussites du baron Haussmann qui compense en partie le saccage drastiques des quartiers historiques.

Informations pratiques

Marcel Proust, un roman parisien (jusqu’au 10 avril 2022)
Ouvert chaque jour sauf lundi, 10h-18h
Entrée : 11€, TR: 9€, gratuit pour moins de 18 ans
Musée Carnavalet
23, rue de Sévigné, 75003 Paris
Tel: 01 44 59 58 58, www.carnavalet.paris.fr

Photo d’ouverture de l’article : R.-X. Prinet, Le Balcon, c.1905, ©Caen, Musée des Beaux-Arts, ph.Patricia Touzard

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