Le 8 avril 1973, Pablo Picasso, artiste génial et prolixe, monstre sacré du XXème siècle, s’éteignait à Mougins, en France, laissant derrière lui une des oeuvres les plus importantes et novatrices de tous les temps. Pour le cinquantième anniversaire de sa mort, le Musée Guggenheim Bilbao en collaboration avec le Musée Picasso de Malaga, lui rend hommage en présentant soixante ans de son travail sculptural. Une exposition exceptionnelle qui, comme nombre d’institutions en Amérique du nord et en Europe, cette année, célèbre son talent et explore un pan particulier de son art.
Ce magnifique événement mérite un long week-end à Bilbao. Il offre aussi l’occasion rêvée de voir ou de revoir l’architecture de ce fameux musée, sorte de sculpture monumentale, originale et unique, signée de Franck Gehry. La ville de Bilbao et ses différents quartiers sont aussi intéressants à découvrir.
« Picasso sculpteur. Matière et corps », l’expo événement à Bilbao
Pour cette exposition, le Guggenheim Bilbao a fait appel à Carmen Giménez, véritable diva des musées espagnols qui a pu réunir une cinquantaine de pièces réalisées entre 1909 et 1962. Celles-ci couvrent la multiplicité des styles utilisés par l’artiste tout au long de sa carrière pour représenter les formes du corps humain : cubisme, abstraction, primitivisme, usage de l’objet trouvé… De petite ou grande taille, elles trouvent un parfait écrin dans ce bâtiment pas comme les autres. Occupant tout un étage du Guggenheim Bilbao, l’exposition jouit d’une présentation aérée qui met en valeur les oeuvres. Et permet à chacun de s’arrêter longuement devant elles pour en capter la force et la beauté. Bien que Picasso ne soit pas particulièrement connu pour sa sculpture, elle est pour lui une forme d’expression égale aux autres, qu’il aborde avec la même liberté. Formats et matériaux varient : bois, fer, plâtre, ciment, métal, bronze…
Picasso, du cubisme aux années 30
La première sculpture à s’offrir à nos yeux est La Femme au vase (1933), oeuvre monumentale, primitive et radicale qui ose la déformation voir la difformité. Le ton est donné. Picasso, pourtant peu provocateur, n’a jamais craint le choc, l’expérimentation. Ouvrant le parcours des huit salles, elle précède la période cubiste qui géométrise et simplifie la figure humaine jusqu’à l’outrance, jusqu’à la réduire à de grands dessins dans l’espace. Dans les années 30, Picasso achète le manoir ancien de Boisgeloup, à Gisors dans l’Eure et transformera l’une des écuries en atelier de sculpture. C’est la première fois qu’il dispose d’un aussi grand espace pour réaliser ses oeuvres en trois dimensions. On sait à quel point les compagnes de Picasso influèrent sur les oeuvres de l’artiste. Très vite, la figure de Marie-Thérèse y apparaît, décomposée en différents éléments, avec les rondeurs qu’on lui connait déjà dans la peinture.
De la fantaisie créative à l’angoisse de la guerre
Passons à la salle 205. Picasso s’y consacre essentiellement au plâtre. Il le travaille parfois en modelant ou en créant des textures à partir d’objets trouvés : tuyaux, grillages, clous, brique, carton ondulé, feuilles d’arbres… Ainsi sont nés ce fier guerrier (Tête casquée) ou cette splendide déesse de la nature (Femme au feuillage). Bernard Ruiz-Picasso, petit fils du peintre qui vit actuellement au château, raconte que Picasso s’emparait alors de tout ce qu’il trouvait, ramassant tout ce qui traînait jusqu’aux ustensiles de cuisine, au grand dam des cuisinières ! La période suivante, celle de l’occupation allemande, est à l’inverse fermée, sombre, tourmentée. La mort y rôde (Le Crâne, 1943), relayée par la vie dès la fin de la guerre. Femme enceinte sculpture très peu connue représentant Françoise Gilot attendant Paloma, en témoigne. Carmen Giménez, commissaire de l’exposition, découvrit cette oeuvre avec beaucoup d’émotion.
Années 50 et 60 : le règne de la plénitude
Les trois dernières salles ne sont que pure beauté, créativité, plaisir visuel. Picasso, désormais célèbre, y déploie son talent avec élégance, finesse et parfois même humour. Ainsi ces magnifiques Baigneuses. Cette Petite fille sautant à la corde constituée d’un panier, de chaussures moulées et de tubes de fer. Ou encore ces étonnantes oeuvres à base de tôles découpées et peintes, pour certaines de purs joyaux. C’est le cas de Sylvette avec sa drôle de coiffure. Elle lança chez les filles la mode de la queue de cheval (et non Brigitte Bardot comme on le croit souvent). L’art de finir en beauté !
Le Musée Guggenheim Bilbao dans toute sa splendeur
Créé en 1997 par l’architecte américano-canadien Franck Gehry et son cabinet d’architectes, le Guggenheim Bilbao fêtait l’an dernier ses 25 ans. Il n’a pas pris une ride! Spectaculaire et novateur par son esthétique, il l’est aussi par la technologique employée pour sa construction. Ce colosse a nécessité 10 000 m3 de béton et est recouvert de 33 000 plaques de titane disposées en écailles. Un matériau aux mille reflets qui lui donne une allure changeante selon le temps et les heures de la journée. Aussi, faudra-t-il prendre le temps de l’observer sous tous les angles, dans le moindre détail, en en faisant le tour complet. (Pour cela, traverser la Ria pour le voir depuis l’autre rive et monter par l’ascenseur sur le pont de la Salve où nichent les Arcs Rouges de Buren).
Passerelles et installations
L’intérieur du musée n’est pas en reste, spectacle permanent à mesure qu’on se déplace de passerelle en passerelle et de salle en salle. Dans ces dernières figurent quelques oeuvres monumentales particulièrement emblématiques qui illustrent les grands courants de l’art moderne. Elles sont signées de Richard Serra, Sol Lewitt, El Anatsui, Jeff Koons ou encore Cy Twombly.
A la découverte de Bilbao
Enrichie et métamorphosée depuis la création du Guggenheim Bilbao, la ville n’a rien perdu de son authenticité. Pour ceux qui aiment l’âme espagnole -et basque, plus particulièrement- tout y est : le centre historique avec ses petites places, ses églises et ses vitrines parfois d’un autre temps. On pourra y flâner en fin de journée ou à l’heure de la sieste, plus calme. Y déjeuner de quelques pintxos (petite tartine, typique de la région) au marché historique de la Ribera. Jeter un coup d’oeil au Musée des Chars de procession de la semaine sainte ou au Musée diocésain d’Art Sacré. Dans le nouveau quartier de l’Ensanche aux façades éclectiques ou Art nouveau, les musées des Beaux-Art et maritime, avec leurs jolies collections, vous attendent aussi. De même le centre Alhondiga réhabilité par Philippe Starck en 2010. Une jolie prolongation à la visite du musée Guggenheim Bilbao !
Plus d’infos
A voir
L’exposition « Picasso sculpteur, matière et corps », jusqu’au 14 janvier 2024.
Musée Guggenheim Bilbao
2 avenue Abandoibarra
48009 Bilbao, Espagne
Tél.: +34 944 35 90 00
Horaires: du mardi au dimanche de 10h00 à 19h00
https://www.guggenheim-bilbao.eus/fr
Se rendre à Bilbao
De Paris en avion, vols Air France aller-retour Paris-Bilbao. A certaines heures, escale plus ou moins longue à Barcelone
www.airfrance.fr
Où dormir et se restaurer à Bilbao
Hotel Mercure Bilbao Jardines de Albia
Confortable, proche du musée Guggenheim
https://all.accor.com/hotel/A057/index.fr.shtml
Café Iruna
Joli décor mozarabe. Pour déguster les spécialités de la région : jambon Bellota, calamars, morue, viandes grillées…
https://www.cafeirunabilbao.com/
Bistro
C’est un des deux restaurants du Guggenheim Bilbao. Très bonne cuisine régionale avec un zeste de contemporanéité.
https://www.guggenheim-bilbao.eus/fr/informations-pratiques/services/restaurants
Renseignements sur l’Espagne et le Pays Basque
Office national du tourisme espagnol
https://www.spain.info/fr/exterieur/office-tourisme-espagne-paris-france/
Deux autres villes sont intéressantes à visiter au Pays-Basque : San Sebastian et Vitoria-Gasteiz
https://dynamic-seniors.eu/vitoria-gasteiz-pays-basque-espagnol/
A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/la-famille-boisset-fait-rayonner-ses-vins/
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