Hokkaido, une neige de rêve, la meilleure poudreuse du monde

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Hokkaido, une neige de rêve, la meilleure poudreuse du monde

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À Hokkaido, l’île la plus au nord du Japon, j’ai skié dans une neige de rêve, peut-être la meilleure poudreuse du monde. Une expérience unique, dont je rêvais depuis longtemps.

Avec son climat sibérien, très froid et sec en hiver, le centre de l’île de Hokkaido se distingue tout particulièrement par sa qualité de neige. Les stations de ski y sont petites mais on oublie tout dans cette peuf de rêve ! Le terrain de jeu rêvé pour un ski tout terrain exceptionnel.

Hokkaido - Meme sur les pistes, la neige est duveteuse, moelleuse, légère à souhait.

Meme sur les pistes, la neige est duveteuse, moelleuse, légère à souhait.

Dans la région de Taitsetsu, les stations sont petites mais réputées pour leur qualité.

Dans la région de Taitsetsu, les stations sont petites mais réputées pour leur qualité.

Aéroport de Tokyo-Haneda

Les bagages des passagers débarquant d’Asahikawa, au centre de l’île de Hokkaido, défilent sur le tapis roulant. Avant les valises arrivent les hors-formats. En l’occurrence, des housses et sacs à ski. Par dizaines. Visiblement, je ne suis pas le seul privilégié à avoir goûté à la neige de Hokkaido. Elle est l’île la plus septentrionale du Japon. Çà et là dans les stations de ski, j’entendais bien parler d’autres langues que le japonais. Mais de là à imaginer un tel engouement…

A Hokkaido, un climat sibérien et jusqu’à 10 m de poudreuse

Il faut dire que Hokkaido connaît un climat sibérien, très froid et sec en hiver. Mais alors froid, froid! En journée, le thermomètre flirte presque tous les jours avec les -10°. Avec de grandes quantités -jusqu’à 9 ou 10 m en cumulé par hiver- de neige, le centre de l’île offre chaque hiver une poudreuse exceptionnelle. Tout particulièrement la région du Taisetsu, autour de la ville de Asahikawa. Ce serait même la meilleure poudreuse du monde, et les amateurs le savent. La neige est duveteuse, moelleuse et légère à souhait, comme jamais je n’en ai connu. Un régal. Skier dans une peuf de rêve comme celle-ci est une expérience rare, un véritable privilège.

Pas besoin de grimper haut pour trouver cette neige de rêve

Ces dernières années, le yen a beaucoup perdu de sa superbe. L’euro s’est ainsi affermi de plus d’un tiers par rapport à la monnaie japonaise. Alors, ce rêve qui hier encore passait pour une véritable folie devient parfaitement réalisable. En tout cas, il est devenu réalité pour moi. Je découvre d’abord une autre facette de Hokkaido, une île que je connais déjà en été. En effet, j’ai eu l’occasion d’y randonner à pied à et vélo, voici à peine quelques mois. Mais, sous la neige, Hokkaido est franchement différente. Tout est blanc. Je le constate depuis l’avion en arrivant: les sommets montagneux, les plaines dans leur ensemble sont recouverts d’un beau tapis immaculé. Quel spectacle ! De plus, pas besoin de grimper haut à Hokkaido pour trouver cette neige de rêve.

Une dizaine de stations de ski dans le centre de Hokkaido

En allant vers les stations de ski, par la route cette fois, je me rends compte de l’utilité des grandes flèches de signalisation suspendues au-dessus de la circulation. Tout simplement à indiquer où se trouve la route. Car, quand tout est blanc, ce n’est pas évident. D’autant que sur l’île de Hokkaido, à la ville comme à la campagne, on ne sale pas -évidemment- et on ne sable pas non plus. Le centre de l’île de Hokkaido comporte une dizaine de petites stations de ski. Dont aucune n’offre d’hébergement. Le plus simple est donc de loger dans la ville centrale d’Asahikawa, qui est la deuxième ville de Hokkaido derrière Sapporo. Et de rayonner. Ce que je fais, durant deux jours, pour aller découvrir les stations de Pippu et de Kamui.

A savoir

Comme les autres stations de la région, elles ne sont pas situées en altitude : le point le plus élevé de Kamui se situe à 751 m ! Et ça suffit amplement.

Hokkaido - La gare d’Asahikawa, flambant neuve, fait face à une longue zone piétonne.

La gare d’Asahikawa, flambant neuve, fait face à une longue zone piétonne.

L’entrée de la longue rue piétonne de Asahikawa, avec ses grandes surfaces et ses restaurants.

L’entrée de la longue rue piétonne de Asahikawa, avec ses grandes surfaces et ses restaurants.

Des rues traditionnelles dans le centre d’Asahikawa, où l’on trouve de délicieuses auberges.

Des rues traditionnelles dans le centre d’Asahikawa, où l’on trouve de délicieuses auberges.

Première journée à Pippu 

Un petit sourire attendri me vient aux lèvres en contemplant les installations de la station de Pippu : voilà longtemps que je n’avais rien vu d’aussi gentiment désuet. Les télésièges -il n’y en a que deux- semblent tout droit sortis d’un film des années 1980. Ils tournent lentement, car ce ne sont pas des débrayables. Mais, visiblement, ils tournent sans problème non plus. Alors, allons-y ! Arrivé au sommet, je profite d’abord de la vue sur la plaine et, derrière moi, les montagnes alentour : jolie. Pippu -où l’on peut d’ailleurs aussi skier de nuit- est vraiment en pleine nature. Puis, je laisse glisser mes skis, enchaîne des petits virages.

Hokkaido - Certaines des installations de la station de Pippu sont parfois désuètes mais charmantes.

Certaines des installations de la station de Pippu sont parfois désuètes mais charmantes.

Aucune attente aux remontées de ces petites stations. (Photo Hendrik Morkel)

Aucune attente aux remontées de ces petites stations. (Photo Hendrik Morkel)

Des pistes faites pour le carving

Dès les premiers mètres sur la piste, je sens immédiatement la différence avec tout ce que j’ai pu connaître jusqu’à présent. Même la neige damée est d’une douceur, d’un moelleux ! Franchement étonnante, cette sensation de skier sur un tapis ouaté. Un autre aspect me laisse médusé : l’altitude. Le point le plus haut de la station se situe à 566 m. Pas très haut, et pourtant la neige ne manque absolument pas. J’enchaîne les descentes, en alternant les pistes. Elles sont larges, permettent de carver sans problème. A ce sujet, je constate que je suis loin d’arriver à la cheville des skieurs japonais. Car ils sont tous visiblement passés maîtres dans cette technique ! Les pentes ne sont pas très raides, ici en tout cas. Ce sont des conditions rêvées pour s’essayer au carving, surtout dans une neige comme celle-ci qui tolère toutes les erreurs.

A Pippu, on peut aussi skier de nuit.

A Pippu, on peut aussi skier de nuit.

Au bas des pistes de Pippu, des locaux accueillants et fonctionnels.

Au bas des pistes de Pippu, des locaux accueillants et fonctionnels.

Ma première expérience de ski tout terrain à Hokkaido 

De temps en temps, j’aperçois des skieurs qui quittent la piste pour s’enfoncer dans les sous-bois. Si je les imitais ? Les arbres me paraissent bien sacrément rapprochés les uns des autres, mais je me lance quand même. En fait, les choses se passent plutôt bien dans cette première expérience de ski tout terrain à Hokkaido. La poudreuse est si douce qu’elle ralentit ma course, autorise plus de choses que je ne pensais. Pour un peu, je me prendrais pour un champion alors qu’il faut y voir les effets de la neige. En tout cas, ça me plaît de plus en plus, ici. Et la journée passe comme en un éclair.

Un onsen en bas des pistes

En fin d’après-midi, pas besoin d’attendre le retour à l’hôtel pour goûter aux joies de l’onsen, le traditionnel bain thermal japonais. Au moins à Hokkaido, une île particulièrement volcanique, la plupart des hébergements en sont pourvus. C’est un véritable plaisir de se plonger dans ces eaux chaudes, relaxantes à souhait. Ici, dans la station de ski de Pippu, il y en a un quasiment au pied des pistes. Et je le trouve plutôt pas mal du tout, avec plusieurs bassins à différentes températures. De plus, l’entrée est comprise avec le forfait de ski. Franchement, génial après une journée à dévaler les pistes !

Hokkaido - Les joies de l’onsen, le bain traditionnel thermal, après une bonne journée de ski. Vraiment un grand moment.

Les joies de l’onsen, le bain traditionnel thermal, après une bonne journée de ski. Vraiment un grand moment.

Deuxième journée, à Kamui, avec un guide

Le lendemain, changement de décor puisque je vais à Kamui. De braquet, aussi. La station de Kamui, d’ailleurs plus proche de la ville avec moins d’une demi-heure de trajet, est en effet nettement plus grande. Nettement plus sportive aussi, elle s’étage entre… 150 et 751 m. Je crois rêver devant des altitudes aussi faibles et pourtant trouver une telle neige ! Pour l’occasion, notre petit groupe est aujourd’hui accompagné par un guide professionnel, Ryoji Mizutari. Ce grand et sympathique gaillard est plutôt spécialisé dans le freeride, le backcountry. Et il a un faible très prononcé pour cette station de Kamui.

La poudreuse est si douce qu’elle autorise toutes les folies. (Photo Hendrik Morkel)

La poudreuse est si douce qu’elle autorise toutes les folies. (Photo Hendrik Morkel)

Pistes avec vue. (Photo Hendrik Morkel)

Pistes avec vue. (Photo Hendrik Morkel)

« Ceux qui ont goûté à la neige de Kamui ne jurent plus que par elle »

« Sur l’île de Hokkaido, explique-t-il, la station de ski la plus connue est celle de Niseko, près de Sapporo. Mais ici, il fait bien plus froid, l’air est plus sec. Ceux qui ont goûté à la neige d’ici ne veulent plus en entendre parler, ils ne jurent plus que par Kamui ! ». Ainsi que par ses alentours, notamment le mont Otoe que l’on admire depuis les hauteurs. Ses versants, précise Ryojy, constituent un super terrain de jeu pour les amateurs de freeride. Du reste, le panorama depuis le sommet des pistes est plaisant, avec toute la plaine qui s’étale autour du fleuve Ischikari. La neige, évidemment, est formidable : une poudreuse fine et légère, ouateuse tant elle paraît sèche. Là encore, je le ressens dès la première descente. Car, avant de passer aux choses sérieuses, une bonne partie de la matinée est consacrée à l’exploration des pistes.

La station de Kamui est bien équipée. Pour autant, elle ne connaît pas la surenchère de remontées mécaniques.

La station de Kamui est bien équipée. Pour autant, elle ne connaît pas la surenchère de remontées mécaniques.

Avec 25 pistes, il y a de quoi faire

Il y a de quoi faire ! 25 pistes, desservies par trois télésièges et même une télécabine, dont un tiers de noires et de pas damées. Ce ne sont d’ailleurs pas forcément les mêmes. En tout cas, je prends plaisir sur les unes comme sur les autres. D’autant que les pistes, quelques unes très larges et d’autres plus confidentielles, sont très espacées les unes des autres. Ici encore, je retrouve des champions du carving. Ils me semblent encore plus rapides. C’est vrai que les pentes sont aussi plus raides.

Avec 25 pistes à Kamui, il y a de quoi faire.

Avec 25 pistes à Kamui, il y a de quoi faire.

Il n’y a pas foule sur les pistes.

Il n’y a pas foule sur les pistes.

Devenir accro à la neige de Hokkaido

Puis, Ryoji nous entraîne dans des incursions hors piste. Et même hors du domaine de Kamui. La poudreuse exige un temps d’adaptation. Mais la technique vient, vite, et cette peuf si légère facilite les choses. Oh, nous ne sommes pas les premiers à passer, les traces le montrent. Mais il reste suffisamment de neige vierge, là entre les arbres, dans ces petites vallées, pour vraiment prendre son pied ! Je comprends maintenant comment on peut véritablement devenir accro à la neige de Hokkaido.

De superbes drapeaux colorés

C’est la tradition au Japon : lorsqu’un nouveau bateau est mis à l’eau, il est abondamment pavoisé de superbes drapeaux colorés. Par dizaines, souvent. Ces drapeaux, pour les plus beaux en tout cas, sont confectionnés à Asahikawa, au centre de l’île de Hokkaido. Entièrement à la main ! Héritier d’une tradition séculaire, l’atelier d’impression sur étoffes Kondo est en effet réputé pour cela dans tout le Japon. Non seulement j’ai eu le plaisir de le visiter, mais aussi de m’initier à cette activité très particulière. En mettant moi-même la main à la pâte, ou plutôt au pinceau. L’atelier organise en effet des sessions de découverte ouvertes à tout public.

Une technique ancestrale

 La technique est ancestrale. Elle reste identique à celle importée à la fin des années 1800 par cet artisan venu de l’île de Shikoku, dans le centre du Japon, M. Kondo. Aujourd’hui, la 7ème génération est aux commandes avec une douzaine d’employés. Certes, les esquisses sont réalisées par ordinateur, mais elles sont toujours peintes à la main sur le tissu. Du grand art, qui demande beaucoup d’habileté et de doigté. Que ce soit au pinceau ou à l’aide d’une poche, il faut en effet peindre à main levée, sans déborder. J’ai pu me rendre compte de la difficulté sur mon carré de tissu, d’une taille pas très importante. Alors que certains des drapeaux réalisés dans cet atelier mesurent jusqu’à 4 m de long et plus d’1,20 m de large.

Les drapeaux qui iront orner les bateaux sont entièrement réalisés à la main.

Les drapeaux qui iront orner les bateaux sont entièrement réalisés à la main.

Peindre à main levée est particulièrement difficile, surtout lorsqu’il s’agit d’être très minutieux.

Peindre à main levée est particulièrement difficile, surtout lorsqu’il s’agit d’être très minutieux.

Informations pratiques

Tout savoir sur l’île de Hokkaido (en français) avec le site de l’office de tourisme du Japon, et celui de la région de Taisetsu pour préparer le voyage, organiser son séjour. Ce reportage est issu d’un séjour organisé par Hokkaido Treasure Island Travel, sans doute la plus importante agence de voyages de L’île. Basée à Sapporo et réputée pour son sérieux, elle compose des séjours à la demande, sur mesure, hiver comme été, quelle que soit l’activité choisie. Du cousu main ! Car l’agence Hokkaido Treasure Island est un fin connaisseur de l’île depuis fort longtemps. Elle sait s’adapter à toutes les demandes, notamment sur le standing des hébergements proposés, depuis le très luxueux jusqu’au plus économique.

Préparer son voyage

L’escale à Tokyo est quasi obligatoire pour se rendre sur l’île de Hokkaido : autant en profiter pour visiter la capitale, parmi les plus belles villes du Japon. C’est ce que j’ai fait. Voici une sélection de guides qui m’ont beaucoup facilité la vie.
Japon, chez Lonely Planet, l’incontournable du voyageur au pays du Soleil Levant que l’on peut acheter par chapitres en numérique. Il existe aussi plusieurs autres ouvrages dont un consacré plus spécifiquement à « Tokyo, Kyoto et alentours ».
Géoguide Japon, de Gallimard : très bien fait, depuis les visites touristiques jusqu’aux adresses pratiques, judicieusement choisies.
Guide Evasion Japon, de Hachette : les villes de Tokyo, Kyoto et Osaka présentées d’une manière assez fouillée, tant du point de vue touristique que pratique.

Bonnes adresses

Où dormir ?

Hôtel WBF (3*) à Asahikawa : sans être luxueux, un grand établissement de très bon niveau, dans le centre-ville. Il occupe une position centrale, tout à côté de la gare ferroviaire et routière, des centres commerciaux. Juste en face du début de la principale artère piétonne de Asahikawa et près du départ des pistes de ski de fond. L’hôtel dispose d’un onsen.

Où manger ?

Les restaurants

Hatago : une très belle adresse, au propre comme au figuré. Ce restaurant très typique se situe en effet dans une rue que l’on croirait sortie d’un film, avec d’autres belles maisons en bois, des lampions. Et surtout, dans un cadre très agréable, on y sert le meilleur de la cuisine de Hokkaido, à commencer par ses poissons.

La gastronomie japonaise est tout à fait remarquable.

La gastronomie japonaise est tout à fait remarquable.

La cuisine de Hokkaido fait la part belle aux poissons.

La cuisine de Hokkaido fait la part belle aux poissons.

Taisetsu Ji Beer : une micro-brasserie installée dans des locaux historiques où l’on mange aussi très bien. Notamment des grillades, que vous faites vous-même à la plancha.

Des œufs de truite, l’une des spécialités.

Des œufs de truite, l’une des spécialités.

Kitanofuji Sakuraya se trouve un peu à l’écart de l’hypercentre de Asahikawa, mais reste accessible à pied. C’est une superbe adresse gastronomique où l’on sert de délicieux recettes régionales, avec des produits du crû. Le restaurant est tenu par un ancien lutteur de sumo.

A la montagne, certes, mais tous les plats sont préparés avec des ingrédients locaux.

A la montagne, certes, mais tous les plats sont préparés avec des ingrédients locaux.

Un salon de thé

Switch Flavor à Asahikawa, pour déguster un thé et d’excellents desserts. Préparés sur place, bien entendu.

Activités

S’assurer les services d’un guide professionnel, en l’occurrence Ryoji Mizutari , pour découvir les plaisirs du ski backcountry est un vrai plus. S’essayer à la teinture sur tissu, dans une entreprise historique réputée à travers tout le Japon, la manufacture Kondo à Asahikawa. Votre travail pourra vous être envoyé à domicile, car il faut compter un délai d’une semaine pour le séchage.

Photos : Bernard Frantz

A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/samoens-en-hiver-ski-et-autres-activites/

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