Nous avons tous étudié Corneille et Molière à l’école. Personnellement, j’ai beaucoup aimé les deux. Toutefois, j’ignorais qu’il existait un débat à leur propos. En fait, le dilemme est Cornélien…. Mais pas que ! Avec cette Affaire Corneille Molière, vous découvrirez que la situation est plus complexe qu’il n’y parait. 

Toutefois, compte tenu de la complexité de cette affaire, je rajouterais bien au dilemme cornélien* et le choix moliérien**….. tellement les deux sont imbriqués. Préparez-vous à une plongée fantastique qui va vous amener dans un étonnant tourbillon qui commence en 1672 et se termine en 1968…. A son origine, se trouve le Professeur Henry Marais qui exerce à la Sorbonne. Il prétend que Corneille aurait écrit les œuvres et pièces de Molière… Rien que cela ! Pourtant, les deux étaient aussi talentueux l’un que l’autre. D’ailleurs, ils ont marqué leur époque. Intrigué par les affirmations de cet enseignant, un groupe d’étudiants s’empare du sujet. Ils veulent connaître la vérité. Pour ce faire, les voici qui s’embarquent dans une enquête aux multiples rebondissements. Aventures et péripéties au programme. Attention, vous allez être tenu en haleine tout au long de cette pièce.

*Un dilemme cornélien (pléonasmes / abus de langage) ou choix cornélien ou conflit cornélien est une expression française déclinée de l’œuvre du XVII ^e siècle du dramaturge français Pierre Corneille, impliquant la notion d’un dilemme à double contrainte extrême, complexe, ou impossible à résoudre, entre deux valeurs …
** il n’exite pas mais je le rajoute… une invention qui m’amuse.

Martin Jaugey joue en live avec boite à samples. Il nous projette dans les années1672 à 1968, en passant par les années 20.Et anime une soirée guindée à la Comédie Française plus une course poursuite en voiture.

La course poursuite en voiture.

Une enquête compliquée.

Affaire Corneille Molière

Cette Affaire Corneille Molière a été initiée par l’écrivain, poète et érudit Pierre Louÿs. En effet, après plusieurs années de recherches stylistiques, en octobre 1919, dans les journaux Le Temps et Comœdia, il annonce que la pièce Amphitryon (1668) n’est pas de Molière, mais de Pierre Corneille. Ce pavé dans la mare provoque une effervescence dans le milieu universitaire et journalistique. Pire, Pierre Louÿs met en doute la paternité de toutes les pièces dites « sérieuses » de Molière. Rien que cela ! Il vise principalement « L’Ecole des Femmes (1662)« , « Tartuffe (1664)« , « Le Misanthrope (1666) » et « Les Femmes savantes (1672)« . Il les attribue à Pierre Corneille. Ce qui provoque un raz-de-marée dans le milieu littéraire et journalistique. Toutefois, la coalition est telle que Louÿs n’arrive pas à faire valoir les nombreux indices et arguments qu’il a accumulés. En 1925, son décès met fin au « scandale » qu’il a provoqué.

Un manuscrit important.

Des calculs compliqués.

Des réactions à la chaîne

L’écrivain Henry Poulaille publie « Corneille sous le masque de Molière » en 1957. Il veut démontrer la validité des thèses de Pierre Louÿs. C’est un flop. Puis, en 1990, l’avocat belge Hippolyte Wouters publie « Molière ou l’auteur imaginaire ? ». En France l’accueil est polémique. Dominique Labbé prend le relais en affirmant que seize pièces de Molière sont de Pierre Corneille. Cette bombe retombe comme un soufflé. Comme Pierre Louÿs, il est accusé d’être un mystificateur. Malgré tout, il publie « Corneille dans l’ombre de Molière, histoire d’une découverte (2003) ». L’histoire n’est pas terminée. En effet, en 2004, l’’écrivain et chercheur Denis Boissier dans » L’Affaire Molière » parvient sur un plan historique et littéraire aux mêmes conclusions que Dominique Labbé.

Un vol de tableau qui pourrait tourner mal.

Une association s’en mêle

L’Association cornélienne de France ouvre le site corneille-moliere.org* en 2006. Elle rassemble des chercheurs, des historiens, des écrivains, des professeurs de Lettres, des journalistes littéraires et des personnalités du théâtre. Des études, associant la carrière de Pierre Corneille et celle de Molière sont menées. Il semblerait qu’elles, présentent un faisceau d’indices précis, graves et concordants. Jean-Jacques Lefrère et Jean-Paul Goujon**publient « Ote-moi d’un doute… l’énigme Corneille-Molière ». Pour la première fois, des universitaires admettent qu’il y a matière à enquête. L’Association cornélienne de France a édité*** la thèse de mille pages de Denis Boissier « Molière, Bouffon du Roi et prête-nom de Corneille.« 

*site officiel de l’affaire Corneille-Molière.
**spécialiste de Pierre Louÿs.
*** hors commerce

Une ovation méritée.

Une pièce à ne pas manquer.

Affaire Corneille Molière : une pièce qui décoiffe

Les jeunes acteurs sont dynamiques et talentueux. Leur jeu de scène s’avère subtil et bien rodé. Agréable, les textes sont rédigés dans un excellent français. Pas de temps mort, la mise en scène est moderne et efficace. La pièce se veut burlesque et agréable à regarder. Nos jeunes sherlock ne reculent devant rien pour retrouver certains documents. Inconscients des risques, ils vont jusqu’à voler pour élucider cette affaire. Ces étudiants prennent beaucoup de risques pour parvenir à leurs fins. En toile fonds, Paris pendant le soulèvement étudiants de mai 1968.

Des acteurs talentueux.

Infos pratiques

Affaire Corneille Molière
Pièce de Marc Tourneboeuf.
Mise en scène de Julien Alluguette.
5 comédiens, 1 musicien et plus de 30 personnages sur scène.
Les comédiens jouent en alternance selon les dates : Marc Tourneboeuf, Fiona Cartier, Damien Bellard  Grétal Delattre, Jean Philippe Beche, Adib Cheikhi, Lancelot Courcerias, Mathilde Cerf, Fabian Richard, Cécile Coves, et Martin Jaugey.
Mercredi à 19h, jeudi à 21h, vendredi à 19h, samedi à 21h et dimanche à 17h
Jusqu’au 29 juin 2025 à la Comédie Bastille
5, rue Nicolas Appert
75011 Paris
01 48 07 52 07
https://comedie-bastille-billetterie.tickandlive.com/

Crédits Photos : Philippe Escalier

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