Dès les beaux jours, une année sur trois, la Flandre, ô combien célèbre pour son patrimoine et son goût pour l’art, réveille son âme rebelle et « provoc » à travers ses deux triennales de Beaufort et de Bruges. Deux manifestations d’art contemporain que, selon les sections, on peut parcourir en voiture, en vélo, en tram ou à pied.
Elles offrent une excellente occasion de redécouvrir sous un autre angle la côte belge de La Panne à Knokke-Heist, en passant par l’intéressante ville d’Ostende. Bruges, la fameuse Venise du nord, vous apparaîtra aussi bien différente. Alors en route pour Beaufort 24 et Bruges 24 ! Elles fêtent cette année leur huitième et quatrième édition.
Beaufort 24
Décoiffante, la triennale de Beaufort l’est dans tous les sens du terme. Cette trublionne de l’art contemporain en dérangera, en effet, plus d’un par l’audace de ses choix. Elle tire par ailleurs son nom (Beaufort) de la fameuse échelle de mesure de la vitesse du vent. Sur ce littoral de 60 kilomètres, celui-ci souffle souvent à plein tube. Il patine les oeuvres avec le sable des plages et fait monter au ciel les promeneurs ! Quant aux artistes, ils ont planché cette fois sur le thème de « la Fabrique de la vie ». Et se sont inspirés de l’histoire des lieux, tentant de tisser des liens et de construire des ponts avec leurs activités, leurs habitants, leur flore ou leur faune. Au total, on compte 18 nouvelles créations.
Un parcours d’Ouest en Est
Une des oeuvres les plus impressionnantes est la monumentale femme sculptée tenant des poissons (Le Hareng) de Johan Creten. Elle semble interroger la mer sur son futur et rappelle que dans cette région, la pêche à la crevette pratiquée à cheval jusqu’à aujourd’hui, a été classée au patrimoine immatériel de l’Unesco. Plus loin, Alexandra Bircken nous séduit par ses deux petites acrobates prenant d’assaut le monument du roi Albert 1er (Top down/Bottom up). Sara Bjarland, dans sa grand accumulation en bronze, interroge avec humour le mobilier de vacance et le plastique (Monobloc moments). Quant à Femmy Otten, elle jette un pavé dans la mare de la bienséance en installant au beau milieu d’un bassin d’Ostende sa monumentale femme enceinte (Mother).
Bruges 24 : une triennale verte, verte, verte !
A l’heure du sur-tourisme et des changements climatiques, comment arriver à préservera la fameuse Venise du Nord, cette si jolie ville quadrillée de canaux et classée au patrimoine mondial de l’Unesco ? Bruges 2024 pose, cette fois, la question à travers le thème « Spaces of possibility » (« Espaces du possible »). Une douzaine d’artistes et d’architectes ont été invités à créer sur le sujet en attirant le regard vers des coin oubliés de la ville. Projets qui mettent en évidence une préoccupation de plus en plus écologique par leur message ou le choix de leurs matériaux.
D’oeuvre en oeuvre…
Ici, c’est un petit jardin gourmand réinventé sur une placette, avec banc et tables de pique-nique (Terres de fenêtres par le cabinet suédois Norell/Rodhe). Là, sous le pont du Lac d’amour, des barques plantées d’épices colorées rappellent qu’au XIVe siècle, on importait d’Afrique du poivre melegueta (Grains de paradis par la sud africaine Sumayya Vally). Ailleurs encore, un grand tube en fine maille, issue de bouteilles de plastique recyclé, serpente dans un cloître anciennement monacal (Fil Commun par le collectif SO-IL).
Cimaises et jardins rebelles
Les musées de la ville accompagnent Bruges 24 avec un engagement plus fort encore. La grande exposition « Rebel garden » (Jardin rebelle) déployée dans trois institutions différentes et à travers neuf thèmes, agit comme une véritable tornade verte dans le monde feutré de la peinture ancienne. Une cinquantaine d’artistes internationaux y confrontent leurs oeuvres aux collections dénonçant l’urgence climatique ou la sixième extinction de masse. Comme à Beaufort 24, force et humour sont au rendez-vous !
Une délicate invasion…
On notera particulièrement : la grande et éclatante tapisserie d’Otobong Nkanga. Sa lumière écarlate se réfère aux grands incendies qui embrasent notre planète. Et des petites plantes en pot y sont accrochées comme autant de messages de résilience et d’espoir. Nous avons aussi beaucoup aimé les drôles d’intrus du musée Groningue, signes par Tony Mammtelli, Maartje Korstanje et Caroline Coolen : des plantes vertes, des champignons ou des chardons (pour la plupart en bronze), plantés au pied des cimaises ou à même les murs. Histoire de faire un petit pied de nez à Bosch et à la peinture ancienne…
En savoir plus sur Beaufort 24 et Bruges 24
Les deux triennales se tiennent respectivement jusqu’au 3 novembre et 1er septembre 2024.
Pour plus d’informations
https://www.triennalebeaufort.be/fr/propos-de-nous/beaufort24-artistes
https://triennalebrugge.be/en
https://www.museabrugge.be/fr/calendrier/expositions/rebelgarden
Où dormir et se restaurer
Hôtel Cajou***, à la Panne
Sobre et confortable, près de la mer. On peut aussi y manger dans un cadre agréable.
https://www.cajou.be/fr/sejour
Cultuur café de Grote Post, à Ostende
Plats, salades, wrap gourmands… Jolie atmosphère dans l’ancienne poste années 30.
https://www.cajou.be/fr/sejour
Pour tous les renseignements
L’Office de Tourisme de Flandre
https://www.visitflanders.com/fr
Photos : Valérie Collet
Photo d’ouverture : Empty Drop par Shingo Masada Katsuhisa Otsubo architects (Bruges 24)
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