C’est la première manifestation monographique consacrée à Berthe Morisot par un musée national depuis la rétrospective de 1941 à l’Orangerie. L’artiste est née en 1841 dans ce que son ami Renoir qualifiait de « milieu le plus austèrement bourgeois». Toutefois, ce milieu était ouvert aux arts. Très tôt, Berthe Morisot affiche son goût pour l’indépendance.
Berthe Morisot s’impose comme professionnelle
Les pratiques amateurs n’intéressent pas Berthe Morisot qui s’en affranchit rapidement. Ce que l’on considère comme un talent d’agrément ne lui convient pas. Elle veut travailler en tant que professionnelle. Rapidement, elle expose dans les salons et place des oeuvres sur le marché. En 1874, elle décide de participer à la première exposition dite « impressionniste ». Elle est la seule femme à prendre part à cette manifestation.
Indépendante et talentueuse
Comme Pissarro, elle restera fidèle à la stratégie de l’indépendance, c’est-à-dire au développement d’une carrière en marge des circuits officiels. Figure centrale du mouvement, elle participe à toutes les expositions du groupe. En revanche, elle manquera celle de 1879, affaiblie par la naissance de sa fille Julie. Mariée à l’un des frères d’Edouard Manet (Eugène), Berthe Morisot travaille jusqu’à sa mort prématurée en 1895. Elle laisse un ensemble d’un peu plus de 400 tableaux. Toute sa vie, elle sera restée au coeur des avant-garde artistiques et littéraires. Elle n’a cessé d’engager des échanges artistiques féconds avec Manet, Degas, Renoir, Monet ou Mallarmé pour ne citer que quelques noms.
Une facette inconnue de Berthe Morisot
Cette exposition permet de nouvelles approches de l’artiste tout en déjouant les clichés d’une peinture « féminine » encore attachés à son oeuvre. Vous allez pouvoir explorer une facette essentielle de sa création que sont les tableaux de figures et les portraits. D’après Théodore Duret, comme Renoir, Degas ou Cassatt, l’artiste fait parie des peintres de figures. Sur les 423 peintures répertoriées par le plus récent catalogue raisonné, 69,5 % sont donc consacrées à la figure. Portraits, de scènes d’intérieur ou de plein air avec des personnages les composent. Elle a exposé quatre-vingt-dix-huit tableaux de figures et portraits, contre trente-six paysages et trois natures mortes.
Des scènes de la vie moderne
Pour Bertthe Morisot, portraits et tableaux de figures sont autant de scènes de la vie moderne. Peindre d’après modèle lui permet d’explorer l’intimité de la vie bourgeoise de l’époque et le goût de la villégiature. Elle peint également des jardins, l’importance de la mode et le travail domestique féminin. Elle aime brouiller les frontières entre intérieur/extérieur, privé/public ou fini/non fini. Pour elle, la peinture doit s’efforcer de « fixer quelque chose de ce qui passe ». Sujets modernes et rapidité d’exécution ont donc à voir avec la temporalité de la représentation. L’artiste se confronte inlassablement à l’éphémère et au passage du temps.
Une invitation à la mélancolie
Les dernières oeuvres de Berthe Morisot ont des accents symbolistes, caractérisées par une expressivité et une musicalité nouvelles. Ils nous invitent à une méditation souvent mélancolique sur ces relations entre l’art et la vie. Issus de la vie quotidienne, ces tableaux de figures et portraits se caractérisent par ce que Linda Nochlin*, appelait de « stimulantes ambiguïtés ». Ces « ambiguïtés» s’expriment du point de vue des modèles, des espaces mis en jeu et en scène et d’une technique audacieuse et énergique, qui vise à suggérer plutôt qu’à décrire. C’est à cette exploration qu’invitent l’exposition et le catalogue, à la fois en renouvelant le corpus et en croisant les approches.
*la grande historienne de l’art américaine récemment disparue.
Une exposition inédite et passionnante
Près de la moitié des tableaux exposés proviennent de collections particulières. Certains n’ont pas été vus en France depuis plus de cent ans. Le parcours, chronologique et thématique, invite à s’interroger sur les sujets représentés*. Ils traduisent le statut de la femme au XIXe siècle et la technique unique de Berthe Morisot**. Ses tableaux sont une exploration de l’identité moderne que l’artiste a délibérément voulu ambiguë. Il en ressort une équilibre fragile, paisible et limpide.
*la mode, la toilette, le travail.
**le plein air, l’intérieur, l’importance des espaces intermédiaires tels fenêtres, le fini.
Une belle mise en avant
Cette exposition met en valeur les choix et la détermination sans faille d’une artiste qui affirmait dès l’âge de vingt-ans ne pouvoir obtenir son indépendance « qu’à force de persévérance et en manifestant très ouvertement l’intention de [s]’émanciper ».
Commissaires
Sylvie Patry, conservatrice générale, directrice de la conservation et des collections du musée d’Orsay Nicole R. Myers, The Barbara Thomas Lemmon Senior Curator of European Art au Dallas Museum of Art. Participation de Lucile Pierret, chargée d’études documentaires pour la présentation au musée d’Orsay. Cette exposition est organisée par les musées d’Orsay et de l’Orangerie, Paris, le Musée des beaux-arts, Québec, la Fondation Barnes, Philadelphie, et le Dallas Museum of Art, Dallas.
Informations pratiques
Berthe Morisot (1841-1895)
Musée d’Orsay, niveau 2
Salles 67 à 72
18 juin – 22 septembre 2019
Horaires
Tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45.
Tarification / droit d’entrée à l’exposition et au musée : tarif unique : 14 € / tarif réduit : 11€ / gratuit pour les – de 26 ans résidants ou ressortissants de l’un des pays de l’Union européenne
Accès : Musée d’Orsay, entrée par le parvis, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
Informations et standard : www.musee-orsay.fr – +33 (0)1 40 49 48 14
Crédit Photos : Musée d’Orsay
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