Le château musée de Chantilly consacre son exposition de printemps au peintre Claude Lorrain, alias Claude Gellée dit le Lorrain. L’artiste est peu connu du grand public, sauf des habitants d’Auteuil où une rue porte son nom, avec ceux de Michel-Ange Poussin, Géricault…
Son surnom vient de sa naissance à Chamagne dans le duché de Lorraine, qui n’était pas alors dans le royaume de France. Le jeune Claude débute dans la vie à 14 ans comme… apprenti pâtissier. Tous les chemins menant à Rome, c’est dans cette ville qu’on le retrouve ensuite broyeur de couleurs chez le peintre Agostino Tassi. Ce dernier est connu surtout pour le viol de son élève Artemisia Gentileschi ! Il a du moins le mérite de découvrir le joli coup de crayon de son nouvel apprenti. Au point de l’encourager à continuer dans cette voie plutôt que de pétrir la pâte à tarte.
Claude Lorrain : Le paysage et l’artiste
L’art du paysage, né dit-on avec Dürer au début du XVIe siècle, n’est pas un genre pictural à l’époque, du moins pas un « grand genre ». Il s’agit le plus souvent d’un paysage recomposé qui sert d’arrière-plan à une scène historique, mythologique ou biblique. Ou de la commande d’un propriétaire de représenter son château et le parc qui l’entoure. Il faut aussi tenir compte du point de vue pratique. Les couleurs, composées de divers ingrédients, sont préparées en atelier. L’artiste ne dispose pas d’un assortiment de tubes de peinture pour se balader dans la nature avec son chevalet pliant. (Cela viendra avec les barbizoniers du XIXe s).
L’art de la lumière
Un paysage, ce ne sont pas seulement des arbres, des collines et des maisons, des perspectives, c’est aussi la lumière qui les anime. Elle change à chaque heure du jour, dessinant chaque fois un paysage nouveau. Et dans le centre de l’Italie, où le Lorrain s’est définitivement fixé, le soleil n’est pas avare de ses rayons. Claude Gelée est peut-être le premiers artiste, ou un des premiers à se rendre « sur le motif » avec ses encres et ses crayons, cherchant des point de vue, observant le jeu du soleil dans les feuillages. Il fixe l’instant d’un rapide coup de pinceau, avant de terminer son dessin et de composer son paysage en atelier. Sans manquer de l’animer de personnages et d’animaux minuscules : cavaliers, promeneurs, laboureurs, chasseurs.
Feux d’artifice
Il assiste même avec son matériel, au feu d’artifice tiré en 1637 sur la Piazza di Spagna en l’honneur de Ferdinand III « roi des Romains ». Le feu d’artifice est une invention bien plus ancienne que notre 14 juillet ! L’art de la pyrotechnie aurait été rapporté de Chine par Marco Polo, en même temps que les pétards et la poudre à canon. Ils accompagnent, depuis, tout événement festif. Le Lorrain assista donc à cet événement, peut-être de sa fenêtre puisqu’il habitait alors sur la place elle-même. Quoiqu’il en soit, dessiner en direct un feu d’artifice au début du XVIIe siècle était un exercice bien peu commun !
Claude Lorrain
Dessins et eaux-fortes
Cabinet d’Arts Graphiques, Musée Condé
Château de Chantilly (60500-Oise)
Jusqu’au 19 mai 2024
10h-18h
Entrée: 18€, TR 15€
https://chateaudechantilly.fr
Photos d’ouverture : Claude Gellée, dit le Lorrain, Paysage avec Acis et Galatée, 1657, huile sur toile, 102,3 × 136 cm, Dresde, Gemäldegalerie Alte Meister, Gal.-Nr. 731.
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