Il se passe toujours quelque chose au musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun, dans l’Indre ! Entre les salles de l’ancien hôtel Dieu et celles de l’aile contemporaine, pas un jour sans qu’une inauguration, une conférence ou un concert n’y prenne place. En temps normal, bien sûr. Car comme tous les musées, celui d’Issoudun est actuellement fermé pour raisons sanitaires. Son nouveau parc de sculptures, en revanche, demeure accessible au public. Et son site internet offre de nombreuses et intéressantes informations (dont des vidéos).
Dès la réouverture des lieux, en principe le 15 décembre, il faudra y courir. Six expositions, petites ou grandes, y sont présentées en plus de la collection permanente. L’événement principal étant la rétrospective consacrée à Maria Papa Rostkowska, sculptrice de la Nouvelle Ecole de Paris.
Maria Papa, une artiste singulière
Sculptrice d’origine polonaise, Maria Papa Rostkowska est italienne de nationalité et française de cœur. Artiste européenne avant l’heure, elle sut tracer son propre chemin au sein de l’Ecole de Paris. Débarquant dans la capitale française en 1950, la jeune femme se mariera avec l’écrivain, critique d’art et éditeur Gualtieri Papa di San Lazzaro qui lui ouvrira les portes de tous les cercles artistiques. Maria aura pour amis Serge Poliakoff, Lucio Fonatana, Miro, Chagall, César… Elle participera rapidement à tous les grands salons de l’époque. Grande résistante dans son pays, l’artiste montrera le même engagement en sculpture. Après une quinzaine d’années de terre cuite, elle se spécialise dans la taille directe. Une pratique très physique, plutôt rare pour une femme.
Un hymne à la beauté et au bonheur
Cette rétrospective de quelque 70 œuvres est présentée de façon chronologique. Au fil des salles, on tombe sous le charme de ces marbres blancs, gris ou roses, si lisses qu’ils invitent la main à la caresse. La même douceur se retrouve dans les thématiques : la féminité, la vie, la beauté, le couple et l’amour… « Elle voulait faire un art du bonheur » témoigne son fils. Parallèlement à ses œuvres sont montrées les peintures de quelques uns de ses amis. Et un film où elle s’exprime et où on la voit travailler. Instructif et émouvant.
Le nouveau Parc de sculptures d’Issoudun
Né en février 2020, il fait figure de petit événement dans la région. Le musée d’Issoudun ayant racheté progressivement des parcelles de terrain proches de ses bâtiments, il dispose désormais d’un parc paysagé de 5000 m2. 27 œuvres de 18 artistes des XXe et XXIe siècles y sont présentées, au milieu d’arbres et de massifs de fleurs. André Masson, Max Ernst, César et Antoni Clavé en font partie. Mais aussi Mâkhi Xenakis, Vincent Mauger ou Brigitte Terziev. Un ensemble « maison » augmenté de dons, dépôts et prêts privés. Et qui est sous le signe de l’éclectisme.
La dernière œuvre arrivée est le Ruisseau, commande passée au sculpteur Nicolas Darrot. Cette sculpture ludique et colorée est une fontaine mimant à sa façon la rivière voisine. Chacun peut en toucher les différents éléments et modifier ainsi le cours de l’eau. Le cours des choses… ?
Issoudun : une collection permanente pleine de surprises
Un coup d’œil maintenant aux collections permanentes. Elles nous ont surpris par leur beauté, leur richesse et la qualité de leur accrochage. Dans les salles pleines d’atmosphère de l’ancien hôtel Dieu (XIIe siècle) on découvre tour à tour des collections archéologiques allant du paléolithique au gallo-romain en passant par des trésors celtes. Une belle collection de peintures et de sculptures anciennes (VIIIe-XVe siècle). Ou encore une magnifique apothicairerie (XVIIe-XVIIIe siècle). Des pièces maîtresses ? Incontestablement, le clavecin de Jean Denis (1648), le plus vieux instrument du genre, signé et daté dans les collections françaises. Ou encore Les deux Arbres de Jessé, sculptures de la Renaissance qui ornent les murs de la chapelle.
On ne repartira pas sans admirer la donation de Cécile Reims et Fred Deux, la superbe collection d’objets de Papouasie Nouvelle-Guinée des Pères missionnaires du Sacré-Cœur d’Issoudun. Et la reconstitution délicieusement rétro du salon de l’artiste Léonor Fini.
Les folles d’enfer de Mâkhi Xenakis : notre coup de cœur !
Initialement créée pour la Chapelle Saint Louis et les jardins de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, cette oeuvre sera, pour beaucoup, une découverte. A Issoudun, elle est exposée dans la salle des femmes de l’ancien hospice. Un hommage poignant aux femmes enfermées dans l’hôpital parisien, de Louis XIV à l’arrivée de Charcot.
Pendant deux siècles (XVIIe-XIXe siècle), plus de 8000 femmes mises au ban de la société, ont été « cloîtrées » ensemble. Parfois avec leurs enfants. « Les mendiantes, les prostituées, les folles, les épileptiques, les adultérines, les orphelines. Les juives, les protestantes, les aveugles, les grosses, les crétines de toutes sortes… » (selon les mots de l’artiste). Plus de 260 sculptures les représentent. Elles ont été adoptées et baptisées d’un prénom par des collectionneurs qui les ont acquises. Une démarche forte et étonnante.
Infos pratiques
Musée de l’Hospice Saint-Roch
rue de l’Hospice Saint-Roch
36100 Issoudun.
Tél. : 02 54 21 01 76
Réouverture prévue le 15 décembre 2020
Pour en savoir plus sur cette exposition
Parc de sculptures : ouverture pendant le confinement, du mercredi au dimanche, de 14h à 17h30 (entrée gratuite)
Exposition Maria Papa Rostkowska : prolongée jusqu’au 30 avril
Exposition des Folles d’enfer de Mâkhi Xenakis : prolongée jusqu’au 30 décembre.
Copyright : Valérie Collet sauf les photos de une et du parc de sculptures (© MHSR, A. Ricci et J.Bernard)
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