Les Sentinelles, un ménage à trois qui va virer au fiasco. Un savant mélange de projections animées visant une enfant HPI et d’artistes qui chantent et parlent.
Cet opéra sort des sentiers battus et interpelle. En effet, j’ai été un peu déstabilisée au début car je m’attendais à un Opéra classique. Là, il n’en est rien. En effet, la musique est plus qu’originale car elles provient de différentes sources musicales. On se rend vite compte que la tonalité est mêlée à des modulations particulières. Si la musique du XXè siècle est présente, on ressent nettement l’influence de Steve Reich dans l’interlude orchestral du premier acte. Pour ce qui est de l’écriture des voix, elle est traditionnelle et les lignes vocales sont claires. En revanche, l’orchestre vient parfois contredire le chant. C’est quelque peu déroutant mais très intéressant.
Les Sentinelles
Cet Opéra a été composé par une femme, sur un livret écrit par une femme. La mise en scène a également été créée par une femme. Sur scène ce sont trois femmes qui chantent et une qui parle. L’orchestre est dirigé par une femme. Les sentinelles traitent de la problématique des couples qui se cherchent et croient se trouver. Au final, ils se défont au gré des rencontres. Mais, très important, elle traite de la répercussion de ces couples au niveau des enfants. En effet, les relations instables des parents, surtout s’ils ont du même sexe, ne sont sans conséquence sur le vécu de ces enfants et leur devenir. Toutefois, le sujet est plus effleuré que débattu. Il est basé sur les questionnements sans aller au bout de leur résolution.
Trois cantatrices talentueuses
Les trois cantatrices font preuve d’un talent qui ne laisse pas indifférent. Un trio vocal est de tout premier ordre. Surtout quand on apprend que les répétitions n’ont durées que trois semaines. Le résultat est remarquable. Dans Les Sentinelles, Anne-Catherine Gillet (A) s’essaie dans un répertoire qui ne lui est pas coutumier. Pourtant, elle y excelle et est parfaitement à l’aise dans la juxtaposition fréquente du chant et du Sprechgesang qui caractérise cette partition. Sylvie Brunet-Grupposo (B) est parfaite dans le rôle ingrat de la femme jalouse. Comme Anne-Catherine Gillet, elle s’est lancé dans un langage musical qui ne lui est pas familier. D’ailleurs, il en est de même pour Camille Schnoor (C). Amoureuse au début, elle se retrouve plongée au cœur de la tempête. Les trois cantatrices sont en parfaite harmonie au niveau du chant et du jeu.
Clara Olivares
Les intentions musicales de Clara Olivares relèvent de la volonté de mettre au premier plan les quatre personnages, sans rapport hiérarchique. Avec trois chanteuses et une comédienne, la musique cherche à rendre compte des émotions complexes et tourmentées de chacune des protagonistes : E, l’enfant surdouée, au discours empreint de références scientifiques animalières. Sa mère, dont l’hyper-vigilance et le caractère craintif transparaissent dans le chant saccadé, haché. B, la femme tendre et émouvante à la voix grave. C sa compagne, énergique et jalouse, au chant autoritaire et dramatique.
Infos pratiques
Les Sentinelles
Opéra Comique
www.opera-comique.com
Tel. : 01 70 23 01 31
Spectacle en français surtitré en français et en anglais . Durée estimée : 1h30 sans entracte
Les 10 et 11 avril à 20 heures. Le 13 avril à 15 heures.Livret de : Chloé Lechat
Photos : Frédéric Demesure/Opéra de Bordeaux – S.Barek/Opéra de Limoges
Photo d’ouverture de l’article : Des images animées rythment cet Opéra.
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