L’Opéra Garnier est un chef-d’oeuvre de pierre. Dans ce livre vous allez découvrir son histoire exceptionnelle.
Depuis le 5 janvier 1875, date de son inauguration, le palais Garnier reste l’un des opéras les plus emblématiques au monde. Ce magnifique bâtiment a influencé l’architecture et la décoration de théâtres, de bibliothèques et d’hôtels aux quatre coins de la Terre. En effet, de Las Vegas à Hanoï, de Washington à Madras, de Rio de Janeiro à Cracovie on peut voir des bâtiments similaires.

Chantier de construction de l’Opéra : le grand escalier 1873 photographie positive sur papier albuminé montée sur carton 62 × 48 cm (montage) paris, bibliothèque de l’école nationale. Charles marville.
L’Opéra Garnier
Ce jalon déterminant de l’histoire architecturale, urbanistique et culturelle, continue de proposer des spectacles d’opéra et de danse. Il inspire les créateurs de tous horizons et suscite l’admiration, voire la fascination, d’un public de visiteurs. Le génie de son architecte Charles Garnier (1825-1898) continue à fasciner. D’ailleurs, son nom est accolé à celui de son bâtiment. En effet, le « nouvel Opéra » voulu par Napoléon III est devenu pour tous « l’Opéra Garnier ». En revanche, quelques initiés et ceux qui qui s’extasient quotidiennement devant son architecture fastueuse et enchanteresse, parce qu’ils y travaillent, il reste « le palais Garnier ».

Le pavillon des Abonnés est recouvert de la structure métallique de soutien du dôme en cuivre.
Des ouvrages importants
Charles Garnier comme son Opéra ont fait l’objet de plusieurs ouvrages. Parmi ces derniers, figure la biographie de l’architecte par Jean-Michel Leniaud (2003) et le catalogue de l’exposition de l’École nationale supérieure des beaux-arts intitulée « Charles Garnier. Un architecte pour un Empire » (2010). Deux études importantes traitent de l’Opéra Garnier dont celé de Christopher Curtis Mead, Charles Garnier’s Paris Opera*. Outre les sources fondamentales que constituent Le Nouvel Opéra de Charles Nuitter (1875) et plus encore Le Nouvel Opéra de Paris de Charles Garnier (1878-1881), les livres en français auxquels il convient de se reporter sont ceux de Gérard Fontaine**.
*Architectural Empathy and the Renaissance of French Classicism (1991), qui s’impose toujours comme la référence sur le sujet.
**plusieurs fois réédités, le catalogue de l’exposition de la Bibliothèque-musée de l’Opéra, Charles Garnier et l’Opéra (1961), l’ouvrage Les Peintures de l’Opéra de Paris. De Baudry à Chagall de Jacques Foucart et Louis-Antoine Prat (1980), ainsi que la dernière monographie consacrée au bâtiment par Audrey Gay-Mazuel, Jean-Michel Leniaud et Delphine Pinasa, L’Opéra Garnier. Un palais pour la musique et la danse (2018).

Vue perspective de l’Opéra printemps 1862 crayon sur calque 56 × 92 cm
Des oeuvres d’art fabuleuses
Ces différents ouvrages ont souvent reproduit quelques uns des plans réalisés par Charles Garnier et son agence pour construire l’Opéra. Malheureusement, ces documents n’ont jamais fait l’objet d’une publication spécifique, en dépit de la splendeur de leur réalisation. Certains sont des oeuvres d’art à part entière. Elles sont indispensables pour comprendre la pensée de Garnier, son évolution et les éventuels décalages entre le « rêve 1 » de l’architecte et la réalisation. Garnier leur accordait une grande importance. C’est la raison pour laquelle il a tenu à prévoir la destination de ses nombreux dessins alors que son bâtiment était encore en cours de construction*. Après le fin des travaux, la fin des travaux, la bibliothèque de l’Opéra s’est installée dans le pavillon ouest du bâtiment**. A l’origine, elle devait abriter les espaces de l’empereur et de l’impératrice.
*« j’ai tous les dessins originaux compris esquisses, essais, états, etc. Tout cela qui est à moi et qui compte plus de sept ou huit mille dessins et que je pourrais vendre sans doute un prix assez élevé, tout cela est légué par moi à la bibliothèque de l’Opéra. Ils feront partie de ses archives ainsi que toutes les esquisses des peintres ou sculpteurs qui m’ont été données par eux et que je laisse aussi à l’État pour former une collection curieuse et de grande valeur 2 ».
**Garnier formalise son intention de donner « les dessins, études, croquis faits pour les travaux de construction du nouvel Opéra » et le directeur des Beaux-Arts donne son autorisation pour qu’ils « contribuent à enrichir la bibliothèque et les archives de l’Académie nationale de musique 3 ».

L’Opéra est le bâtiment avec une rotonde en façade, à gauche.
Alexander Neef
Le directeur général de l’Opéra national de Paris nous parle de ce prestigieux bâtiment. Avec ses informations, nous comprenons mieux l’importance du travail de Charle Garnier et le prestige de l’Opéra Garnier.
Comprendre un auteur
S’intéresser à la partition autographe d’un compositeur est toujours d’un grand enseignement sur lui. Les manuscrits très peu raturés de Mozart montrent à quel point l’auteur de Don Giovanni avait déjà en tête tout ce qu’il couchait sur le papier. En revanche, telle page de Beethoven, biffée ou tachée, témoigne de son impétuosité. De la même manière que les partitions manuscrites nous éclairent sur l’acte de création, les dessins et plans de Charles Garnier pendant la construction de l’Opéra nous donnent des clefs sur la pensée et l’évolution de cet architecte. C’est le moindre mérite de l’ouvrage de Mathias Auclair qui vient apporter une nouvelle pierre à l’imposant édifice bibliographique relatif au palais Garnier.

Etienne louis boullée « Salle d’Opéra projetée sur l’emplacement du Carrousel » : élévation perspective avec vue sur les Tuileries. 1781 encre noire et lavis 65 × 40 cm
Charles Garnier, prodige de son temps
A l’occasion des 150 ans du palais Garnier, Mathias Auclair nous permet d’entrer dans l’atelier de Charles Garnier. Cet architecte dont l’oeuvre aurait pu ne jamais voir le jour ou même tomber dans l’oubli. Né sous l’impulsion de Napoléon III, le bâtiment inauguré le 5 janvier 1875, pendant la IIIe République, a su s’imposer et perdurer. Jamais en France ni peut-être dans le monde, un Opéra n’a autant fait corps avec son histoire politique. Le palais Garnier a survécu à toutes les vicissitudes constitutionnelles et changements de régimes. Ainsi le « grand opéra », qui dès 1875 vivait ses derniers feux, aurait pu détourner le public et les artistes du palais Garnier. Il n’en a rien été, l’Opéra de Paris continuant de constituer un aboutissement pour de nombreux ouvrages et artistes.

A gauche, la Bourse. À droite, la place Vendôme. Au fond, le palais des Tuileries et la rive gauche.
Un succès qui perdure
L’Opéra Garnier reste l’un des monuments français les plus fréquentés. Plus d’un million de visiteurs foulent chaque année les sols de marbre ou de mosaïques pour l’admirer. Dans les premières années de son fonctionnement, il a un peu éclipsé les spectacles, devenant le lieu des soirées officielles. Toutefois, sa fonction première, celle d’un théâtre, ne s’est jamais démentie. Elle attire les plus grands artistes du monde entier. Toujours en activité, le palais Garnier accueille chaque année plus de 170 levers de rideau dédiés à l’art chorégraphique comme lyrique. Dans son sein travaillent des dizaines de corps de métiers : danseurs, chanteurs, ateliers costumes et perruques, machinistes… Telle est la force de cet édifice qui, loin de se muséifier, a su rester vivant, dynamique, performant.

Albert cavos « Projet d’une grande salle d’Opéra pour la ville de Paris » : élévation de la façade principale.
Un mythe indéboulonnable
Son mythe est si puissant qu’il ne cesse d’inspirer les artistes, chorégraphes comme metteurs en scène. Récemment, Barrie Kosky s’est enthousiasmé à l’idée de mettre en scène Les Brigands d’Offenbach dès lors qu’il a su que l’oeuvre aurait pour cadre le palais Garnier. À l’inverse, Thomas Jolly, cherchant à rendre compte de l’oxymore shakespearien pour le Roméo et Juliette de Gounod, lui a donné corps par un décor monumental représentant l’escalier de Garnier… sur la scène de l’Opéra Bastille. En effet, depuis 1989, le Palais Garnier ne saurait s’apprécier sans l’Opéra Bastille créé par Carlos Ott. En dépit ou grâce à leurs esthétiques différentes, les deux théâtres font vivre le répertoire lyrique et chorégraphique. Ils favorisent la création et la représentation d’oeuvres contemporaines. Par leur capacité, au gré des oeuvres et des artistes, ils éveillent les consciences, interrogent notre temps, nous émeuvent et nous divertissent.

Delmaet et durandelle – Chantier de construction de l’Opéra : installation des groupes de Millet et de Gumery entre le 25 juillet et le 15 août 1869 photographie positive sur papier albuminé montée sur carton 26 × 39 cm
Un soutien important
L’Opéra Garnier dessins pour un chef-d’oeuvre a été édité grâce au soutien de l’Opéra national de Paris et de l’Association pour le rayonnement de l’Opéra national de Paris.
Un livre passionnant et très intéressant
À l’occasion de la célébration des 150 ans de son inauguration cet ouvrage rend hommage à l’un des plus emblématiques bâtiments parisiens. Cet ouvrage vous plonge au cœur des défis qui ont marqué la construction de ce chef-d’œuvre architectural entre concours acharné, contraintes budgétaires sévères et polémiques artistiques. C’est à l’issue du concours remporté en 1860 par Charles Garnier à la surprise générale, que le nouvel opéra de Paris voulu par Napoléon III est élevé au cœur d’une capitale remodelée par le préfet Haussmann. Il sera finalement achevé en 1875. Les travaux de l’Opéra Garnier ont eu un retentissement international, notamment par le déploiement de moyens techniques et humains : en 1866, le chantier a employé entre 8 275 et 21 522 personnes par mois et le budget dépasse les 36 millions de francs-or pour un budget prévisionnel de 20 millions.

Un ouvrage magnifique et instructif.
Infos pratiques
Le Palais Gernier, dessins pour un Chef d’oeuvre
Mathias Auclair
Format 24×32 cm
160 pages
100 illustrations
Broché
Imprimé sur papier couché 1⁄2 mat 170gr
39 €
Editions Gourcuff Gradenigo
8 rue des Lilas
93100 Montreuil
www.gourcuff-gradenigo.com
editions@gourcuff-gradenigo.com
Crédits Photos : Opéra de Paris – Editions Gourcuff Gradnigo
Compléments légendes photos
Photo de Charles Garnier
Ayant obtenu le prix de Rome en 1849, Boulanger rejoint Garnier à la Villa Médicis et réalise son portrait, comme il était de tradition pour tous les pensionnaires de l’Académie de France à Rome. Rarement l’autorité rayonnante de Garnier, parée de l’éclat de la jeunesse, aura été aussi bien saisie par un artiste. Garnier chargera par la suite son ami Boulanger de la décoration du foyer de la Danse de son Opéra.
Photo à droite de Charles Garnier
Dans cette représentation de l’inauguration de l’Opéra, Detaille semble vouloir immortaliser deux moments chronologiquement disjoints : l’arrivée du lord-maire de Londres, au début de la cérémonie, et l’acclamation spontanée de Garnier – représenté de face sur le palier central du grand escalier, au premier rang, au centre – par le public, à la fin de la soirée.
Photos carte postale Place Louis XVI
L’Opéra est le bâtiment avec une rotonde en façade, à gauche. Bélanger reprendra plusieurs fois son projet d’Opéra pour lui donner, finalement, une forme proche de celle du Panthéon de Rome. Au fond, le palais des Tuileries.
Photo d’ouverture de l’article
Après avoir opté pour un escalier à rampes droites, Garnier propose ici des rampes courbes pour sa volée centrale. Il donnera finalement une forme incurvée à toutes ses rampes au printemps 1862. Les lunettes de la retombée de la voûte, au niveau des cinquièmes loges, sont une nouveauté qu’il introduit dans ce dessin. Il n’est pas encore prévu de plafond peint, mais une voûte à décor sculpté.
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