Pompéi est-elle maudite ? Ensevelie sous les cendres pendant seize siècles, la ville se retrouve victime du covid 19 et du confinement obligatoire. L’expo événement annoncée au Grand Palais au début du printemps a du fermer la veille de son ouverture.
Partie remise, heureusement. Inaugurée finalement début juillet, l’exposition se prolonge jusqu’au début novembre. Plus qu’une exposition classique, il s’agit d’une promenade “immersive“, sur fond d’éruption volcanique et de grondements inquiétants. Rien d’angoissant néanmoins, on peut y emmener les enfants, des jeux en rapport avec le thème sont à leur disposition.
Pompéi, du cauchemar au rêve
Le cauchemar subi en 79 par les habitants de Pompéi, s’est mué en rêve inespéré pour des générations d’archéologues. Après quelques sondages prometteurs, les premières fouilles méthodiques sont décrétées en 1738 par le roi Charles III de Bourbon. Elles sont poursuivies par ses successeurs. Durant le court intermède napoléonien, le roi Murat et son épouse Caroline, sœur de l’empereur, ne sont pas les moins motivés. A l’époque, il s’agit surtout d’exhumer des œuvres d’art : statues, vases, objets, bijoux… fresques qu’on détache ou qu’on copie. Ces découvertes ont largement contribué à l’anticomania qui sévit à la fin du XVIIIe siècle, et à la naissance du style néo-classique. Les voyageurs du ‘Grand Tour’ et les érudits de tout poil ne manquent pas de visiter les fouilles. Comme le marquis de Vandières, frère de Madame de Pompadour, qui en rapporte, vers 1750, les éléments du futur style Louis XVI.
Les fantômes des Pompéiens
Dès cette époque, la découverte d’un squelette intact, d’un pain calciné ou d’une coupe de noix plonge le fouilleur au cœur du drame de 79. Le côté émotionnel de cette vie quotidienne brutalement interrompue prend le pas sur la recherche d’œuvres d’art. Les fouilles de Pompéi ont contribué à faire évoluer l’archéologie de simple chasse au trésor en une discipline scientifique. Une science qui s’est affinée à mesure des progrès de la technique. Une nouvelle étape est franchie au début des années 1860. Le directeur des fouilles, Giuseppe Fiorelli imagine de couler du plâtre dans les cavités laissées par les cendres durcies Avec pour résultat sidérant de révéler, les fantômes des corps décomposés des victimes dans la position où la mort les a saisies. Macabre certes, mais cela permet d’en savoir plus sur la manière dont ont péri les habitants: asphyxie, étouffement, écrasement…
A l’épreuve du temps et des hommes
Revers de la médaille : l’intérêt de ces découvertes et le défilé incessant de visiteurs depuis trois siècles ont des conséquences. Préservées sous la cendre pendant 17 siècles, les ruines une fois mises à jour sont exposées aux intempéries et aux événements. Comme l’opération Avalanche de 1943 dont une vingtaine de bombes seraient toujours enterrées sous le site de Pompéi ! Un autre genre d’archéologie ! Le problème reste l’insuffisance des mesures de protections et le défilé des visiteurs. Sans oublier l’ombre de la mafia ! Depuis le XVIIIe s, des murs se sont écroulés, des fresques se sont effacées. En 2010, l’effondrement de la maison des Gladiateurs et des inscriptions qui s’y trouvaient ont provoqué un scandale mondial et une réaction de l’Unesco, partenaire du site depuis 1997. Plan d’urgence, promesse de nouveaux financements, mais l’intendance ne suit pas toujours.
Question de date
Interrompues quelques années consacrées à la consolidation et à la restauration, les fouilles on repris en 2018. sous la direction du professeur Osanna. Les technologies nouvelles drones, sonars, scanners, et autres méthodes non intrusives permettent d’affiner les recherches. La campagne de 2018-2019 a exhumé de nouveaux objets et apporté des révélations. La plus sensationnelle est une inscription au charbon qui aurait disparu si l’éruption ne l’avait figée sous la cendre. Elle permet de fixer la date de l’éruption au 24 octobre 79 et non au 24 août comme on l’a longtemps cru. En raison d’une probable erreur de copiste dans la lettre où Pline Junior raconte l’événement à son ami l’historien Tacite Résidant au nord du golfe avec sa mère, le jeune homme n’a rien perdu du spectacle malgré les secousses qui secouaient sa maison.
Pompéi à Paris
Depuis trois siècles, on a extrait beaucoup de choses de Pompéi. Les dernières fouilles de 2018-2019 ont permis d’exhumer d’autres merveilles. L’exposition du Grand Palais en donne un bref aperçu. Vous débouchez dans la rue des Balcons, une des artères récemment découverte et reconstituée dans le salon d’honneur du Grand Palais.
Au centre, une rangée de vitrines abrite un florilège d’objets récemment exhumés. Des bijoux d’or et de pierres fines, des plaques en pâte de verre tombées d’un meuble disparu, des objets de cuisine ou de toilette. Un cratère de bronze orné d’une frise de personnages, jadis entièrement doré. Un plus petit est encore rempli de lapilli. Fresques et mosaïques sont restées sur place.On les découvre sur les vidéos présentées dans les “domus“ de chaque côté de la rue. Pas de grands sujets non plus, à part un petit lapin de marbre blanc qui ornait le bassin d’une villa.
Virtualité et réalité
Au centre de l’expo, se dresse un moulage de la statue de l’impératrice Livie, épouse d’Auguste. Sur fond de Vésuve en éruption et de grondements sinistres qui mettent dans l’ambiance sans effrayer les petits enfants. L’exposition est aussi faite pour eux. Une tablette leur est proposée à l’entrée et ils sont invités à reconstituer une fresque virtuellement “éparpillée façon puzzle“.
Le plus spectaculaire, c’est un défilé grandeur nature (et même plus), de quelques unes des plus belles fresques qui ornent les maisons de Pompéi. L’exposition peut se poursuivre à la maison grâce au catalogue interactif disponible sur le site. En cliquant sur certaines images, on active les vidéos qui retracent l’histoire et les progrès des fouilles depuis 300 ans. On assiste même en quasi direct à la découverte, d’une mosaïque de la légende du chasseur Orion, transformé par Zeus en constellation.
Informations Pratiques
Pompéi, Promenade immersive Nouvelles découvertes
1et juillet-2 novembre 2020
Lundi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 10h à 20h, mercredi de 10h à 22h
tarifs : 14€, TR 10€ (16-25 ans, demandeurs d’emploi et famille nombreuse) gratuit pour les moins de 16 ans, et bénéficiaires des minima sociaux.
Grand Palais, Salon d’honneur, Entrée Square Jean Perrin, 75008 Paris
Informations et réservations :
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