Les dernières belles journées d’automne incitent l’évasion. Voici, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, une promenade aussi culturelle qu’agréable qui ravira parents, grands-parents et enfants, L’Abbaye de la Sainte Trinité à Thiron Gardais, entre Chartres et Nogent le Rotrou.
L’Abbaye de Thiron, l’esprit des lieux
Il est des lieux où souffle l’esprit, Au cœur du Perche, l’Abbaye de Thiron-Gardais est de ceux là. Sa fondation par Bernard d’Abbeville remonte au règne de Louis VI, il y a 905 ans. C’est l’époque où l’Europe “se revêt d’un blanc manteau d’églises“, où la vie monastique bat son plein et où les abbayes nouvelles font des petits. L’ordre monastique de Tiron – comme on écrit à l’époque – est certes moins connu que ceux de Cluny ou de Cîteaux, mais il a tout de même essaimé en Ile de France, et jusqu’en Angleterre et en Ecosse avec laquelle les liens reste forts aujourd’hui encore malgré les neuf siècles écoulés.
L’Abbaye de Thiron dans la tourmente
Neuf siècles au cours desquels beaucoup d’eau a coulé dans la Thironne, et nombre de conflits dévastateurs ont déferlé sur l’Abbaye de Thiron. De la guerre de Cent ans aux guerres de religion, en attendant la Révolution et sans compter un incendie accidentel en 1786 et le vandalisme modernisateur qui a abouti, au XIXe siècle à la démolition des bâtiments conventuels et du cloître, fragilisant l’église abbatiale qui s’y adossait. Elle ne tenait plus que par une sorte de miracle avant la reconstruction récente de la galerie sud du cloître. Des bâtiments conventuels, il reste le colombier et l’ancienne Grange aux Dîmes devenue Office du Tourisme, souvenir du temps où le clergé percevait des taxes en nature sur les paysans de la région. Des fouilles archéologiques ont aussi révélé le tracé du premier cloître, reconstruit gothique et plus grand au XVe s.
L’abbaye et l’Abbatiale
Nimbées de romantisme et entourées de jardins, les ruines de l’Abbaye de Thiron furent classées Monument Historique en 1912. Elles sont séduisantes, et passionnantes à visiter. La restauration est en cours, sous l’impulsion du jeune maire, Victor Provôt. On a paré au plus urgent en reconstruisant la galerie sud du cloître pour empêcher l’abbatiale de s’écrouler. Il reste à consolider la longue nef romane coiffée d’une charpente en coque de bateau renversée. Amputée de son chœur d’origine et dépourvue de tout décor, elle est encore impressionnante. On y a tout de même placé les stalles de chêne sculpté, cadeau de la princesse palatine, qui étaient à l’origine dans le chœur. Il faut aussi reconstituer le jardins du cloître, remplis de fondrières et de restes de fondations. L’entreprise est complexe et coûteuse mais le dynamisme du maire, la générosité des mécènes et la présence de Stéphane Bern, devraient faciliter les choses.
Stéphane au collège
“Monsieur Patrimoine“ à en effet racheté il y a quelques années l’ancien collège royal accolé à l’abbatiale de l’abbaye de Thiron,, fondé par Louis XIII en 1629. Institution classique à l’origine, il a été mué en collège militaire sous Louis XVI. C’est un bâtiment sobre et élégant dont Stéphane Bern mène la restauration tambour battant. Les recherches ont permis de retracer l’histoire du collège et de ses élèves, les horaires, les programmes, la discipline. On y apprend aussi qu’un certain Napoléon Bonaparte y fut inscrit en 1778 avant d’être redirigé vers Brienne. Les anciennes salles de classes, qui avaient été transformées en étable, abritent désormais un petit musée agrémenté d’une boutique et d’un salon de thé qui complètent agréablement la visite.
Des documents précieux
Les vitrines renferment des documents sur le collège et sur l’abbaye des maquettes, des gravures, la reproduction de l’uniforme d’un jeune élève : culotte rouge, veste bleue, tricorne. Et un fleuron emprunté au musée de Chartres : une superbe crosse du XIIIe s, en or émaillé ayant appartenu à un abbé de Tiron. Et aussi les portraits emperruqués des commendataires qui à partir du XVIIe s. remplacent les abbés à la tête de l’abbaye et en perçoivent les revenus.
Les jardins de l’abbaye de Thiron
Thiron, ce sont aussi des jardins, aussi bien ceux de l’abbaye que ceux du collège. Restaurés dans l’esprit et au plus près de ceux de l’époque, ils ajoutent un grand charme à l’ensemble du site. Ceux de l’abbaye devant la Grange aux Dîmes ont été restitués à l’image des jardins conventuels, en carrés spécifiques. Les simples (plantes médicinales) destinés aux besoins de l’apothicairerie, plantes tinctoriales, fleurs, aromates, plantes potagères et arbres fruitiers pour la consommation et les activités des moines. Et bien sûr le vivier pourvoyeur de poissons pour le carême et les jours maigres. Côté collège, Stéphane Bern a fait appel au paysagiste Louis Benech pour recréer le jardin destinés à l’éducation et aux loisirs des jeunes élèves. Dans l’esprit du temps et autour de ce qui reste des arbres d’origine.
Infos pratiques
Pour aller à Thiron-Gardais
Domaine de l’Abbaye
Adresse : 12, rue de l’Abbaye
28480 Thiron-Gardais
02 37 49 49 49
site : www.ledomainedelabbaye.net
Mail : domaineabbaye@terredeperche.fr
Office du tourisme
8, rue de l’Abbaye
02 37 49 49 49
Mairie
1, rue de gardais
02 37 49 42 50
Ouvert du mardi au dimanche
Mardi-vendredi : 10h-12h 14h-18h
Samedi dimanche : 15h-18h30
Entrée : 3€ TR 1,50€
Accès
SNCF gare de la Loupe (par Montparnasse depuis Paris)
Pour y séjourner
L’Auberge de l’Abbaye, Hôtel-Restaurant
15, rue du commerce 02 37 37 04 04
La Forge, restaurant 1, rue Alfred Chasseriaud – 02 37 49 42 30
Pour agrémenter la visite
Le site de l’Abbaye de Thiron forme un magnifique paysage et ne se laissent pas déchiffrer immédiatement. La visite guidée est conseillée pour comprendre les étapes de sa construction, de sa destruction et des projets de restauration. Sur place, on propose des tablettes numériques et une application. Elles ont pour but de vous permettre de visualiser l’ensemble bâtiments et jardins au temps de leur splendeur et d’en comprendre l’évolution.
Les enfants ont leurs jeux
On connaît la fascination des enfants pour le Moyen âge. Un livret guide les mènera dans une enquête policière à la recherche d’espions mal-intentionnés. On peut aussi leur faire relire le Roman de Renart dans une édition à leur portée. Ils y apprendront comment le rusé goupil s’est déguisé en moine à Thiron pour échapper à ses ennemis et mieux piéger le loup Ysengrin. Les plus de 15 ans se passionneront pour l’escape game. Il leur propose des énigmes plus compliquées et connaît un vif succès.
Copyright : Françoise Deflassieux – François Collombet
Crédit Photos : La carte présentant Le Domaine de Thiron au XVIIe s – La crosse du Musée.
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