Léonard de Vinci en immersion

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Léonard de Vinci en immersion

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Cinq siècles après sa disparition, il se passe toujours quelque chose chez Léonard de Vinci.

Le maître florentin n’aurait certainement pas désavoué le spectacle immersif qui vient d’être inauguré autour de son œuvre. Mais aurait-il pu l’imaginer ? Lui, l’inventeur des effets spéciaux, qui savait reconstituer en Touraine un ciel étoilé animé de planètes mouvantes et de divinités mythologiques. 

Vinci - Arborescences. Spectacle immersif

Arborescences. Spectacle immersif ©château du Clos Lucé, ph. Éric Sander

La fête selon Léonard de Vinci

C’est à la cour de Ludovic Sforza que Léonard met au point ses incroyables spectacles, qu’il recycle ensuite pour François 1er.  Comme cette Fête du paradis en 1490, en juin 1518, dont ceux qui y assistèrent laissent des témoignages ébahis. « Il y avait les principales planètes, le soleil d’un côté et la lune du côté opposé, ce qui était merveille à voir. »  Cette même année, l’artiste organise une fête pour le baptême du Dauphin François, avec reconstitution de la bataille de Marignan. Puis une autre pour le mariage de Lorenzo II de Médicis et de Madeleine de la Tour d’Auvergne. Hélas ce soir-là Léonard avait mal aligné ses planètes. Moins d’un an plus tard, la jeune mariée décède après avoir donné le jour à la petite Catherine… future reine de France, son époux et Léonard lui-même la suivent de peu dans la tombe. De quoi se poser des questions. 

Vinci - L'atelier de Léonard de Vinci

L’atelier de Léonard de Vinci ©château du Clos Lucé, ph. Éric Sander

Effets spéciaux

L’homme du XXIe s, que rien n’étonne, pas même d’aller sur la lune, se demande comment Léonard a réalisé tous ces prodiges. L’ingéniosité de l’artiste suffit à compenser les moyens techniques limités du XVIe siècle. Simplement avec des systèmes de poulies, d’engrenages et de contrepoids dissimulés sous des faux plafonds. Il Léonard arrive ainsi à ouvrir le ciel ou à emmener son public aux Enfers à la rencontre d’Orphée et d’Eurydice.  Mais il sait aussi épater la galerie avec des automates de son invention. Le plus célèbre est un lion de 3m de long, un rien flagorneur, qui marche tout seul et vient s’incliner devant le roi. Il se frappe alors la poitrine d’où s’échappent des brassées de fleurs de lys. Cet animal autant courtisan qu’automate, dont l’original a disparu, a pu être recréé à partir de dessins laissés par l’artiste. On lui prête aussi divers animaux et oiseaux battant des ailes.

Vinci - Sourires de saintes. Spectacle immersif

Sourires de saintes. Spectacle immersif ©château du Clos Lucé, ph. Éric Sander

Derrière les tableaux

Cinq siècles plus tard, la technologie s’intéresse à de ce nos contemporains connaissent le mieux de l’artiste, ses tableaux. Le Clos-Lucé ne possède aucun original, mais le miracle de la numérisation permet de les réunir et de les approcher tous. Grâce à la scénographie immersive installée par l’agence Arc-en-Scène dans un bâtiment annexe transformé en galerie virtuelle.  Le spectateur par le contact direct avec l’œuvre, a le sentiment d’entrer par effraction dans l’intimité de la pensée du maître.  Derrière l’œuvre finie il découvre les esquisses préparatoires et les repentirs, décrypte les regards et les jeux de mains. Et le sourire énigmatique, propre à Léonard, qui illumine tous ses visages de Sainte Anne à Saint Jean, de la Vierge à Mona Lisa. On découvre aussi avec intérêt en arrière-plans, les paysages de collines aux lointains bleutés de la campagne toscane.

Vinci - Visages d'anges. Spectacle immersif

Visages d’anges. Spectacle immersif ©château du Clos Lucé, ph. Éric Sander

À la recherche du nombre d’or 

À l’étage de la galerie, le visiteur découvre le Léonard architecte et mathématicien.  Sa conception de l’architecture passe par la recherche du nombre d’or et les cinq éléments définis par Platon. Ceux qu’on connaît : l’eau, la terre, le feu et l’air, auquel le philosophe ajoute l’éther, univers de Dieu. Les voici matérialisés chacun par cinq « solides « de bois : le tétraèdre, le cube, l’octaèdre, le dodécaèdre et l’icosaèdre. C’est à la cour de Milan que l’inventeur fait ses premiers projets d’architecture militaire. Peut-être à la demande de son protecteur le duc Ludovico Sforza.  Depuis le XVe s, l’arrivée des armes à feu rend caduques les anciennes forteresses féodales. Leurs murailles, même épaisses, tombent comme châteaux de carte devant les nouvelles bombardes. Léonard conçoit donc un système de défense horizontal, un plan bastionné en étoile, protégé par des glacis… Un siècle avant Vauban ! 

À gauche, Études de forteresses et à droite L'escalier à double rampe réalisé à Chambord après la mort de l'artiste.

À gauche, Études de forteresses ©coll. Biblioteca Nacional de Espana . -À dr. L’escalier à double rampe réalisé à Chambord après la mort de l’artiste. ©RMN Grand Palais, R.G. Ojeda/S. Roger

Pour une cité idéale 

Il s’intéresse aussi à l’urbanisme civil. Les villes médiévales de l’époque sont construites autour de ruelles étroites, sans souci d’hygiène ni la moindre infrastructure. Les ordures sont jetées sans façon dans le caniveau central de la rue. Ces mauvaises manières jointes à la promiscuité sont propices à la propagation de la peste, récurrente en Europe depuis le XIVe siècle. Aussi Léonard rêve-t-il d’une cité rationnelle, aérée, et agréable à vivre, équipée d’un réseau de voies de circulation larges. Pour l’évacuation des ordures, il prévoit des égouts et un réseau hydraulique à l’image des antiques villes romaines. Il fantasme même des écuries modèles, avec des égouts pour les eaux usées et un système de distribution automatique du foin. La guerre et son départ pour la France l’empêchent de mettre ses théories en pratique à la cour du Duc de Milan.

Galerie Léonard Architecte

Galerie Léonard Architecte ©château du Clos Lucé, ph. Éric Sander.

Le Prince et l’Architecte

Le Roi de France va lui en donner l’occasion. François 1er mûrit en effet l’idée d’un palais géant au centre d’une ville nouvelle à Romorantin. Dès son arrivée en 1516, Léonard planche donc avec enthousiasme sur la faisabilité de l’entreprise. Pas évident. Il faut prévoir d’importants travaux de terrassement, creuser des canaux, et même détourner le cours du Cher. La mort de l’artiste en mai 1519 enterre définitivement le projet. Il n’en reste que des plans et des dessins, comme celui d’un escalier à double rampe semblable à celui de Chambord. Léonard n’a pourtant pas pu participer, sauf en esprit, à ce chantier inauguré quelques mois après sa mort  Quant au rêve de cité royale du roi Valois, on peut l’admirer aujourd’hui, sous une forme virtuelle. Grâce à une technologie que n’aurait pas désavouée l’artiste. Il sera tout de même réalisé plus tard à Versailles par un Bourbon nommé Louis XIV. 

La Chapelle Saint Hubert, au château d'Amboise, abrite le tombeau de Léonard de Vinci.

La Chapelle Saint Hubert, au château d’Amboise, abrite le tombeau de Léonard de Vinci. ©photo F. Deflassieux.

Informations pratiques

Château du Clos-Lucé, Parc Leonardo da Vinci
2, rue du Clos-Lucé, 37400-Amboise
ouvert chaque jour, 10h-19h environ (horaires variables selon les saisons, se renseigner)
Tel: 02 47 57 00 73
info@vinci-closluce.com www.vinci-closluce.com
Réservations : www.vinci-closluce.tickeasy.com
Entrée (variable selon la saison, se renseigner)
TP: 14,50 à 17,50
TR: 12,50 à 15,50
Enfants étudiants : 11,50 à 12,50

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