La belle histoire de Mora, de Nazareno et de la jument Zahorí

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La belle histoire de Mora, de Nazareno et de la jument Zahorí

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Zahorí est une belle jument appartenant à Nazareno, un vieux gaucho Manupe. Mora qui veut devenir « gaucho » se rebelle contre l’école et s’affirme contre ses parents. Ces deux suisses italiens tentent de se construire une nouvelle vie dans cet ailleurs, sans bien y parvenir. Un lundi matin, Mora doit retourner à l’école avec son petit frère Himeko. Au lieu de s’y rendre, elle va se perdre loin dans la steppe pour aider son seul ami Nazareno. Ce vieux gaucho Mapuche a perdu sa jument, Zahorí.

Marí Alessandrini nous explique son parcours et la naissance du projet de Zahorí.  « Je suis originaire de Patagonie. La ville où j’ai grandi, Bariloche, ese situe à la frontière entre les montagnes et la steppe. Les montagnes et les forêts représentent le visage fertile et aisé de la Patagonie, en opposition à la steppe. Quand j’étais enfant, la steppe était plus difficile d’accès qu’aujourd’hui. Il y a peu de routes pour y accéder et tout est délaissé par le gouvernement. »

Zahorí - Une belle histoire entre Mora et Nazareno dans la Steppe de Patagonie

Nazareno

Une découverte inattendue

« Je suis allée dans l’internat que l’on voit dans le film pour jouer une pièce de marionnettes. A l’époque, je faisais alors partie d’une troupe de théâtre itinérante. Je faisais également un peu de photographie. Mes premiers portraits noir et blanc sont ceux des enfants de cet internat. Cette école est isolée au milieu du désert. Les habitants vivaient dans une réalité parallèle pourtant située à proximité de chez moi. Ils m’ont vraiment impressionnée et interrogée. J’y suis retournée régulièrement avec mon appareil photo pour leur rendre visite. J’ai découvert d’autres écoles et j’ai participé à leurs fêtes populaires. Ce qui m’a permis d’explorer de nouveaux territoires.« 

Y a-t-il un lien entre votre enfance et Mora ?

« J’ai puisé dans mes souvenirs d’enfance, mon rapport à l’école et le besoin pressant que j’avais de m’échapper. Mon désir de liberté, d’être dehors, de vivre et d’apprendre des choses en lien avec la nature en font partie. J’ai longtemps évolué seule ou dans des bandes de garçons où je me retrouvais être la seule fille. Le chemin que j’empruntais pour aller à l’école est l’endroit où j’estime avoir réellement grandi. Le film est aussi nourri par ma vie d’adulte. Il y a une part de moi chez les parents de Mora. J’ai vécu ce défi de « construire une maison moi-même dans la nature », avec peu de moyens. J’ai expérimenté cette vie en décalage culturel, la pression et la diffi- culté que ce choix crée. »

Zahorí - Une belle histoire entre Mora et Nazareno dans la Steppe de Patagonie

La montagne plate

Comment s’est déroulé l’écriture de Zahorí ?

« Je suis partie de mes souvenirs et de mes expériences. Ancrer le film dans une steppe plus contemporaine était important. J’ai effectué plusieurs séjours sur place pour faire des recherches. J’ai réalisé deux court-métrages documentaires avec les enfants dans l’internat et Felisa, une vielle dame Mapuche. Il m’a fallu parcourir la Patagonie pour le casting. Ce long processus m’a permis de vivre avec ses habitants et de faire évoluer le scénario au quotidien. Dès le début, l’histoire que j’imaginais avait plusieurs voix. Celle de Mora était liée à celle de Nazareno, à la steppe, au cheval, aux parents, aux irruptions des missionnaires… ces vies parallèles et ces pauses au sein de l’histoire de Mora me semblent nécessaires pour la comprendre plus profondément et pour offrir une vision riche de la steppe, lieu qui regorge de belles excentricités. »

Zahorí - Une belle histoire entre Mora et Nazareno dans la Steppe de Patagonie

Nazareno et Mora

Quelles ont été vos influences ?

« Elle proviennent principalement de la Patagonie. Toutefois, mes différentes origines argentine, italienne et russe ont joué un rôle. Pour Zahorí, je me suis principalement inspirée de la musique et de la littérature gaucho… sa prose, sa poésie. Il y a un minimalisme et un esprit désinvolte dans l’attitude, le chant et l’écriture gaucho (exclusivement masculine, malheureusement), que j’ai décidé de mêler à un style plus éclectique et auquel j’ai voulu donner une voix « féminine et gaucha ».

Zahorí - Une belle histoire entre Mora et Nazareno dans la Steppe de Patagonie

Zahori

Pourquoi Nazareno ?

«Nazareno» est une référence au film «Nazareno cruz y el lobo» (1975) de Leonardo Fabio et d’un cheval que je montais quand j’étais enfant. En terme de cinéma, certains éléments peuvent faire penser aux premiers films de Kiarostami ? C’est un réalisateur que j’apprécie, qui m’encourage et me stimule. La relation artistique que je ressens avec lui est peut-être liée au désert, à ses personnages solitaires, à leurs conditions de vie minimalistes. Je me retrouve aussi dans la narration de ses premiers films, proche de la fable. Je n’ai volontairement pas d’éléments représentatifs de son in-fluence dans mon film, ce sont peut-être certaines coïncidences spirituelles. »

Zahorí - Une belle histoire entre Mora et Nazareno dans la Steppe de Patagonie

Mora écoute la radio

Comment s’est déroulé le tournage de Zahorí ?

« Ce fut un énorme défi et une épreuve d’endurance. Les conditions étaient très rudes avec le soleil, le vent, le sable… Le matériel qui s’envole et se casse. Comme je vous disais, il n’y a pas toujours de routes pour atteindre certains endroits, la steppe est assez pauvre en infrastructures. Nous avons dû traverser des rivières en 4×4, avec obligation de rouler à 30km/h pendant des heures, on perd aussi beaucoup de temps en déplacements. Il faut donc aimer ce genre d’aventure ! Nous avons tourné en pleine crise économique et la dévaluation du peso argentin chaque semaine faisait que tout coûtait toujours plus cher. Notre budget n’avait plus la même valeur au début et à la fin du tournage.« 

Zahorí - Une belle histoire entre Mora et Nazareno dans la Steppe de Patagonie

Lonesome Cowboy

Comment avez-vous travaillé avec les comédiens non professionnels ?

« On a beaucoup travaillé le scénario en amont, comme si nous répétions une pièce de théâtre. On a consacré un mois à travailler les scènes pour que la relation frère/sœur et Mora/Nazareno se créent. Comme il s’agit d’enfants et d’un homme Mapuche originaire de la steppe, il fallait qu’ils soient accompagnés, bien prépa- rés, pour les habituer à la caméra notamment. Aussi, lorsque le tournage a commencé, ils avaient pu faire le plein de confiance en amont et ne craignaient plus de se tromper devant les techniciens. Ces répétitions ont aussi beaucoup aidé à créer une relation familiale. »

Générique du Film

Et avec Zahorí ?

« Pour la jument, j’ai travaillé avec un dresseur qui a mis au point une méthode non violente pour dresser les chevaux, c’était important pour moi. Il a passé beaucoup de temps avec Zahorí, puis avec Zahorí et Lara afin de créer une confiance entre la jeune fille et l’animal. Un cheval fait ce qu’il veut et si on le force, il devient nerveux, or ce n’est jamais vraiment possible de faire plusieurs prises avec les animaux et nous n’avions évidemment pas les moyens financiers pour nous offrir une doublure de Zahorí. Donc on a fait d’abord instinctivement et aussi avec les moyens du bord, je suis très contente du résultat final.« 

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Crédit Photos : Ciné Sud Promotion

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