Dans le secret des musées de Cracovie : grands chefs-d’oeuvre et petite histoire (2/2)

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Dans le secret des musées de Cracovie : grands chefs-d’oeuvre et petite histoire (2/2)

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Après notre premier article sur les traditions de Noël dans l’ancienne capitale polonaise, nous nous sommes tournés vers ses richesses artistiques. Les musées de Cracovie et leurs fabuleuses collections, constituent, en effet, un véritable trésor. Certains sont internationalement connus. D’autres sont plus confidentiels mais non moins passionnants. Même chose pour leurs chefs-d’oeuvres auxquels nous allons pour une fois, donner la parole ! 

Parmi cette incroyable avalanche de peintures, sculptures ou objets qui nous ont éblouis telle une pluie d’or, certains nous ont raconté leur histoire, chuchoté leurs petits secrets… Nous vous les rapporterons ici. Alors ouvrez grand vos oreilles et vous n’aurez plus qu’une hâte, c’est d’aller à leur rencontre, sur place, à Cracovie !

Musées de Cracovie - Borne présentant l’exposition « L’image de l’âge d’Or » au château de Wawel

Borne présentant l’exposition « L’image de l’âge d’Or » au château de Wawel

Une pièce du château de Wawel

Une pièce du château de Wawel

Le musée des Princes Czartoryski 

La visite de ce musée est un véritable enchantement. Ses nombreuses petites salles et un éclairage raffiné lui confèrent une atmosphère très intime. Quant à sa richissime collection (des centaines de milliers de pièces), elle donne presque le vertige, allant de la peinture aux objets militaires. En passant par les arts décoratifs de tous les pays : Italie, Grèce, Perse, Pays-Bas, Allemagne ou encore Chine !

Un peu d’histoire

Son histoire est longue et a continué à évoluer jusqu’à une date récente. Dès son origine, cette collection incarne la culture et l’identité polonaise dans toute sa splendeur, même si de nombreux chefs-d’oeuvre ont une origine européenne. Le musée quant à lui est né dans deux pavillons à Pulawy, au début du XIXe siècle, grâce au goût pour l’art de la princesse Izabela Czartoryski. Les vicissitudes de l’histoire (le soulèvement de 1831) obligèrent son transfert à Paris pendant un temps avant qu’il ne trouve sa place définitive à Cracovie. Et tout récemment, en 2017, au sein des collections nationales de Pologne.

Musées de Cracovie - Plat incrusté de corail (Sicile XVIIe siècle), gobelets et objets divers (musée des Princes Czartoryski, collection Klasztorek)

Plat incrusté de corail (Sicile XVIIe siècle), gobelets et objets divers (musée des Princes Czartoryski, collection Klasztorek)

Objets divers. Portrait anonyme (Collection Klasztorek, cabinet de curiosité.)

Objets divers. Portrait anonyme (Collection Klasztorek, cabinet de curiosité.)

Porcelaines. A droite, une tasse en porcelaine de Chine avec des ajouts d’orfèvrerie turque du XVIIe siècle (Collection Klasztorek, cabinet de curiosité)

Porcelaines. A droite, une tasse en porcelaine de Chine avec des ajouts d’orfèvrerie turque du XVIIe siècle (Collection Klasztorek, cabinet de curiosité)

« La Dame à l’Hermine » de Léonard de Vinci : toute une histoire !

Ce magnifique portrait est l’emblème de la collection des Princes Czartoryski, sa Joconde ! Il faut dire que comme sa cousine parisienne, la Dame à l’Hermine dont la beauté n’a d’égal que son mystère, exerce d’emblée une véritable fascination. Pouvoir qui lui valut un destin de voyageuse. Après sa création dans l’Italie de la Renaissance, ce tableau, acquis par Adam Jerzy Czartoryski, séjourna en Pologne qu’il quitta ensuite pour une cinquantaine d’années passées en France. Il fut exposé à Berlin en 1939 suite à sa confiscation par les Allemands. Retrouvé en Bavière dans la maison d’un ancien gouverneur polonais, La Dame à l’Hermine retournera en Pologne après la guerre. Mais qui est donc cette belle ensorceleuse des musées de Cracovie ?

Une poétesse passionnée d’art

Cecilia Gallerani de son petit nom, est le modèle de ce portrait. Elle fut la maîtresse du duc Ludovico Sforza souvent dit le Maure (en référence à sa peau sombre). Ensemble, ils eurent un fils qu’ils nommèrent Cesare. Malheureusement promis à Béatrice d’Este, le Duc de Milan, ramené à son devoir, dut mettre fin à cette relation en 1491. Il aurait commandé ce portrait à Léonard de Vinci comme cadeau d’adieu à son aimée. Cecilia, elle, épousera un autre Ludovico du nom de Carminati. Avec lui, elle continuera à dédier sa vie à l’art et à la philosophie. Autrice de poème et de chansons, elle organisa notamment les premiers cercles littéraires de Milan. 

Les clins d’oeil de Léonard

Léonard de Vinci s’amuse de cette histoire. Dans le motif de l’hermine, souvent symbole de pureté par sa blancheur, il fait allusion à l’ordre de chevalerie de l’Hermine auquel appartenait Ludovico Sforza. Sans oublier qu’« hermine » en grec se dit galay. Et que de galay à Gallerani, il n’y a que quelques lettres… Dans le tableau, l’audacieuse Cecilia pose avec assurance sa jolie main sur l’animal, une emprise sensuelle et complice. Tout est dit ! Dernier petit secret : La Dame à l’Hermine a été exécuté à partir du même panneau en noyer que la Belle Ferronnière du Louvre, autre oeuvre de Vinci avec laquelle on l’a parfois confondue et dont le titre demeure à jamais inscrit en haut à gauche de sa composition.

Musées de Cracovie - La Dame à l’Hermine par Léonard de Vinci

La Dame à l’Hermine par Léonard de Vinci

Dans les coulisses du château de Wawel

Les musées de Cracovie ne s’endorment certainement pas sur leur splendeur passée. De nombreuses expositions y sont organisées, permettant d’approfondir les connaissances scientifiques des collections ou de certains domaines de l’art. Lors de notre reportage en décembre 2023, les salles historiques du château de Wawel, l’ancienne résidence des rois de Pologne, logeaient une exposition exceptionnelle, « l’Image de l’Âge d’Or » montrant l’épanouissement culturel à l’époque des Jagellon. Certaines oeuvres méconnues ont été sorties des réserves pour l’occasion quand d’autres provenaient de divers musées polonais ou étrangers. Entre mille et une merveilles, on a pu découvrir une splendide « verdure », tapisserie animalière en parfait état de conservation (la plupart du temps, elle dort à l’abri de la lumière). De même un rare camée représentant la reine Bona spécialement prêté par le Metropolitan muséum de New York. Ou encore un étonnant portrait du joaillier du roi, venu de Varsovie. 

Musées de Cracovie - Salle du château de Wawel

Salle du château de Wawel

Portrait du roi Sigismond I (XVIIIe siècle, artiste inconnu, musée de Varsovie). A droite, Portrait d’Elizabeth d’Autriche (Autriche après 1542): prêt permanent du musée national allemand de Nuremberg

Portrait du roi Sigismond I (XVIIIe siècle, artiste inconnu, musée de Varsovie). A droite, Portrait d’Elizabeth d’Autriche (Autriche après 1542): prêt permanent du musée national allemand de Nuremberg

Musées de Cracovie - Tapisserie animalière surnommée « Verdure » (Château de Wawel)

Tapisserie animalière surnommée « Verdure » (Château de Wawel)

Camée représentant la reine Bona, Pologne 1554; monture parisienne, 1ère moitié du XIXe siècle (Metropolitan muséum de New York). A droite, Portrait de Gian Jacopa Caraglia, joaillier du roi, 1553 (Château de Wawel)

Camée représentant la reine Bona, Pologne 1554; monture parisienne, 1ère moitié du XIXe siècle (Metropolitan muséum de New York). A droite, Portrait de Gian Jacopa Caraglia, joaillier du roi, 1553 (Château de Wawel)

Tuiles à l’effigie du « jeune roi », 1524-1535 (Château de Wawel). A droite, Saint Jérôme pénitent attribué à Hans Dürer, 1520 (Galerie Nationale de Prague)

Tuiles à l’effigie du « jeune roi », 1524-1535 (Château de Wawel). A droite, Saint Jérôme pénitent attribué à Hans Dürer, 1520 (Galerie Nationale de Prague)

Prodigieuses têtes sculptées de Sébastien Tauerbach

Le clou de l’exposition « Image de l’Age d’Or » réside certainement dans la trentaine de têtes en bois (sur les 194 d’origine) réalisées par le sculpteur cracovien Sebastian Tauerbach en 1540. Figurant habituellement au plafond de la salle des Envoyés, au château de Wawel, elles étaient présentées, cette fois, dans une rotonde, offrant aux regards l’extraordinaire variété de leurs expressions. La signification de ces têtes demeure mystérieuse. Les chercheurs y voient des allégories ou des symboles astrologiques en lien avec la physionomie et la science des caractères. Elles pouvaient aussi incarner de simples contemporains ou des représentants du royaume et de ses différents groupes sociaux. Aux princes polonais ou orientaux succèdent ainsi des barbus sages et philosophes ou des femmes chapeautées à la dernière mode. Un superbe défilé !

Rotonde exposant les têtes sculptées de Sebastian Tauerbach (château de Wawel)

Rotonde exposant les têtes sculptées de Sebastian Tauerbach (château de Wawel)

Musées de Cracovie - Tête de prince et tête de femme par Sebastian Tauerbach

Tête de prince et tête de femme par Sebastian Tauerbach

Musées de Cracovie - Têtes de prince oriental et de femme par Sebastian Tauerbach

Têtes de prince oriental et de femme par Sebastian Tauerbach

Femme à la bouche bandée et femme chapeautée par Sebastian Tauerbach

Femme à la bouche bandée et femme chapeautée par Sebastian Tauerbach

Musées de Cracovie - Têtes de prince et de femme par Sebastian Tauerbach

Têtes de prince et de femme par Sebastian Tauerbach

 

Le musée ethnographique, le plus secret des musées de Cracovie

Logé dans l’ancien hôtel de ville de Kazimierz (le quartier juif), ce bijou de musée introduit un peu de montagne et de campagne dans notre visite des musées de Cracovie. Ses collections hautes en couleur sont parmi les plus anciennes et les plus riches de Pologne, surtout tournées vers la région de Malopolska (la Petite Pologne). Elles concernent les paysans des environs de Cracovie et du Podhale, la région montagneuse des pré-Carpates. Salle après salle, on y découvre les maisons traditionnelles avec leurs meubles et leur décor intérieur, ainsi qu’une belle série de costumes folkloriques colorés et finement brodés. 

De l’artisanat aux fêtes religieuses

L’artisanat, l’agriculture et la vie quotidienne y sont magnifiquement représentés, s’illustrant par des reconstitutions de pièces, des objets et des photos. On découvre ainsi une étonnante ruche en forme d’ours. Ou encore un poêle ingénieux ayant appartenu à des nonnes; fendu sur les cotés, il servait à garder au chaud leurs fers à repasser. Côté fêtes religieuses, un florilège de crèches cracoviennes (la plus ancienne connue à ce jour) se partage la vedette avec une série de rameaux qui rivalisent par leur longueur comme le veut la fête du fameux dimanche, très célébrée en Pologne. La visite se termine par de l’art naïf. Frais et beau !

Reconstitution d’un intérieur de maison traditionnelle (musée Ethnographique)

Reconstitution d’un intérieur de maison traditionnelle (musée Ethnographique)

Cuisine traditionnelle. A droite, chaumière de Bronowice, près de Cracovie (1902)

Cuisine traditionnelle. A droite, chaumière de Bronowice, près de Cracovie (1902)

Musées de Cracovie - Costumes de la région de Lodz et robe de mariée traditionnelle

Costumes de la région de Lodz et robe de mariée traditionnelle

Poêle servant à chauffer les fers à repasser au tournant du XIXe et du XXe siècle. Don du Couvent des Filles de la Charité de la rue Piekarska, à Cracovie (musée Ethnographique.

Poêle servant à chauffer les fers à repasser au tournant du XIXe et du XXe siècle. Don du Couvent des Filles de la Charité de la rue Piekarska, à Cracovie (musée Ethnographique.

Ruche en forme d’ours. A droite, fabricant de gâteaux au fromage (région du Podhale)

Ruche en forme d’ours. A droite, fabricant de gâteaux au fromage (région du Podhale)

Musées de Cracovie - Gilets brodés. A droite, la plus ancienne crèche de Cracovie connue à ce jour.

Gilets brodés. A droite, la plus ancienne crèche de Cracovie connue à ce jour.

Plus d’infos

Les sites des musées de Cracovie

Le musée des princes Czartoryski
https://mnk.pl/branch/mnk-czartoryski-museum 

Le Château de Wawel
https://wawel.krakow.pl/en 

Le musée Ethnographique de Cracovie
https://etnomuzeum.eu/kolekeje/szopki-krakowskie 

Se rendre à Cracovie

En avion: De Paris, vols directs par la compagnie Easyjet (2 heures de vol).
https://www.easyjet.com/fr 

Où se loger

1891 Garni Hotel****
Confortable, ambiance cosy. Situé dans Kazimierz (le quartier juif, branché et sympa), à 15 minutes à pied du centre. Beau buffet de petit-déjeuner.
https://garnihotel.pl/en/ 

Salle du restaurant Pod Baranem et chambre de l’Hôtel Garni

Salle du restaurant Pod Baranem et chambre de l’Hôtel Garni

Où se restaurer

Pod Baranem
Très bonne cuisine traditionnelle dans une ambiance de bistrot familial où se retrouvent intellectuels et prix Nobel. Truite marinée au vinaigre, boeuf bouilli aux légumes, excellent chou farci végétarien…
https://podbaranem.com/?lang=en 

Filipa
Cuisine polonaise classique revisitée de façon contemporaine. Pour goûter, par exemple, la fameuse soupe aux champignons. Déco branchée avec cuisine ouverte sur la salle.
https://filipa18.com 

Cuisinier au travail (Filipa) et chou farci aux légumes et champignons (Pod Baranem)

Cuisinier au travail (Filipa) et chou farci aux légumes et champignons (Pod Baranem)

Pod Roza (Relais & Châteaux)
Cuisine fusion dans un cadre très contemporain
https://podroza.hotel.com.pl/hotel-pod-roza/restaurants/pod-roza-restaurant 

Klimaty Południa
Dirigé par une gourmette passionnée par son métier et les vins (120 étiquettes sur sa carte). Excellente cuisine méditerranéenne. Soupe de pomme de terre et radis noir, délicieux raviolis et cidre de glace.
5 rue Sw. Gertrudy. Tél.: +48/12/422 03 57

Flétan aux kumquat (Pod Roza) et délicieux raviolis (Klimaty Poludnia)

Flétan aux kumquat (Pod Roza) et délicieux raviolis (Klimaty Poludnia)

Un portrait de dame subtilement éclairé par des chandeliers (château de Wawel)

Un portrait de dame subtilement éclairé par des chandeliers (château de Wawel)

Pour tous les renseignements

L’Office National du Tourisme Polonais à Paris
10 rue Saint-Augustin
75002 Paris
Tél. : 01 42 44 19 00
Fax : 01 42 97 52 25
e-mail : info.fr@pologne.travel
https://www.pologne.travel/ 

A Cracovie
https://krakow.travel/fr et https://infokrakow.pl/en 

Photos : Valérie Collet

A lire aussi sur le Site Dynamic Seniors : https://dynamic-seniors.eu/noel-a-cracovie-marches-creches-traditions/

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