De la Maison de la culture du Japon au musée de l’Image : l’estampe, l’estampe, l’estampe !

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De la Maison de la culture du Japon au musée de l’Image : l’estampe, l’estampe, l’estampe !

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L’estampe est une expression artistique dont on ne se lasse ni dans le temps ni dans l’espace. Deux passionnantes expositions lui rendent actuellement hommage à Paris et à Epinal. La première, à la Maison de la culture du Japon, se consacre aux représentations de la ville de Tokyo et de ses habitants dans les années 1920-1930. L’exposition du musée de l’Image d’Epinal s’intéresse, elle, aux images de mode et de presse féminine de 1778 à 1939. 

Les deux sujets se croisent parfois sans jamais se ressembler. Dans les deux cas, des avalanches de jolies feuilles à regarder sans modération. Elles sont à la fois « rétro » et modernes !

La société Nippôsha, quartier de Ginza à Tokyo par Kobayashi Kiyochika (1876).

La société Nippôsha, quartier de Ginza à Tokyo par Kobayashi Kiyochika (1876).

L'estampe - L’entrée de l’exposition Suivez-moi, jeune homme (Musée de l’Image d’Epinal).

L’entrée de l’exposition Suivez-moi, jeune homme (Musée de l’Image d’Epinal).

Tokyo, naissance d’une ville moderne

Cette exposition réunit une centaine d’estampes du Edo-Tokyo Museum présentées en cinq volets. Des oeuvres à la fois nostalgiques d’une époque révolue et chantant le dynamisme du futur. On peut y observer l’occidentalisation du pays dans tous les domaines (architecture, vie quotidienne, spectacles, mode…). Celle-ci étant due en grande partie au changement de système politique à partir de 1868 : la restauration de l’ère Meiji. A cette époque, deux sortes d’estampes cohabitent : les « créatives » entièrement réalisées par un seul artiste et au style personnel. Et les « nouvelles », plus virtuoses techniquement car faisant intervenir différentes personnes sur une même oeuvre. Ces deux types d’estampe sont exposés ensemble, ce qui est très rare au Japon. Quelques photos et films d’époque les accompagnent, ajoutant à l’atmosphère de l’événement.

De l’estampe d’architecture à l’image de mode

Une grande partie de l’exposition est consacrée à la ville de Tokyo elle-même. Victime d’un terrible tremblement de terre en 1923 (106 000 morts), elle fut entièrement détruite par le feu, toutes ses maisons étant en bois. Ruines sur lesquelles fut bientôt reconstruite une ville moderne en béton et en acier. C’est le Grand Tokyo avec ses 35 arrondissements incluant les villages environnants. Parallèlement, la vie quotidienne change et c’est merveille de l’observer. Les années 30 voient naître les grands magasins, les cafés, les salariés de bureau. Mais aussi le base ball, le golf et les filles modernes. Ces dernières avec leur coiffure « en casque de radio », maintiennent malgré tout le port du kimono qui arbore de grands motifs. L’expo se termine avec la 2e guerre mondiale où l’estampe se désintéresse de la représentation de la ville, privilégiant des motifs qui s’en éloignent ou l’expression pure. Un magnifique voyage.

Le pont Kaiun et la première banque, au coeur du quartier des affaires par Kobayashi Kiyochika (1876).

Le pont Kaiun et la première banque, au coeur du quartier des affaires par Kobayashi Kiyochika (1876).

L'estampe - Vue véritable du temple Kanzeon d’Asakusa encerclé par un violent incendie. Le 2O octobre 1923.Il fut miraculeusement épargné.

Vue véritable du temple Kanzeon d’Asakusa encerclé par un violent incendie. Le 20 octobre 1923.

L'estampe - Le pont Kiyosu par Kawase Hasui (1931). Edifié par l’agence pour la reconstruction, il s’inspire du pont suspendu de Cologne.

Le pont Kiyosu par Kawase Hasui (1931). Edifié par l’agence pour la reconstruction, il s’inspire du pont suspendu de Cologne.

Le quartier d’Asakusa la nuit par Ishiwata Kôitsu (1932). On y voit un cinéma.

Le quartier d’Asakusa la nuit par Ishiwata Kôitsu (1932). On y voit un cinéma.

Photo ancienne représentant une rue de Tokyo et deux femmes vêtues à l’occidentale ou en kimono.

Photo ancienne représentant une rue de Tokyo et deux femmes vêtues à l’occidentale ou en kimono.

L'estampe - Bière Sapporo - Joueur de golf, 1939. A droite, Katei Food, 1928. Une affiche publicitaire pour un « fard blanc à tout faire »!

Bière Sapporo – Joueur de golf, 1939. A droite, Katei Food, 1928. Une affiche publicitaire pour un « fard blanc à tout faire »!

« Suivez-moi jeune homme » ou l’estampe de mode à Epinal

Direction le musée de l’Image pour cette jolie et amusante exposition qui tire son nom d’un ruban jadis disposé sur une robe au niveau des reins ! Deux-cents pièces ont été réunies couvrant plus d’un siècle et demi de mode féminine, de la fin du XVIIIe siècle à la seconde guerre mondiale. Plus qu’un style, la mode féminine reflète un état d’esprit et l’évolution des moeurs dans notre société patriarcale. Elle traduit de façon exacte et pour chaque époque, le statut de la femme partagée entre son envie de séduire, son désir de liberté et le rôle qui lui est assigné. A travers l’estampe, on observe avec un plaisir tout particulier les métamorphoses de la silhouette féminine, l’oeil s’attardant sur une jupe cloche, un corset ou une robe de mariée. Contrairement à ce qu’on croit, cette dernière ne fut blanche qu’à partir du mariage de la reine Victoria en 1840.

Du jupon à la crinoline…

Star du Second Empire, Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, fut surnommée « Fée chiffon » ou « Falbalas 1ère » à cause de ses nombreux jupons. Ils consistaient en des dizaines de mètres de tissus et de rubans changés plusieurs fois par jour en fonction des activités. Cette tenue entravait la marche. Elle fut « libérée » en 1856 par la crinoline-cage. Puis par un ensemble de cercles d’acier supportant le poids du vêtement. Plus légères, ces dames ? Oui mais plus encombrantes, peinant à s’asseoir ou à passer à travers une porte… Toutes choses dont se moquent abondamment les satiristes. Leurs estampes montrent des crinolines servant de cage à poulet, de parachute, de parasol voire même de table. Hilarant ! On découvrira aussi les différentes revues de mode, de la Gazette du Bon Ton, très belle, très chic à Marie Claire inspirée des magazines américains. Un joli parcours éducatif et ludique.

Vue d’une salle avec au fond, une représentation d’Eugénie de Montijo et ses lourds jupons.

Vue d’une salle avec au fond, une représentation d’Eugénie de Montijo et ses lourds jupons.

Image du dessinateur J.F. Défraine dans Le Cabinet des modes, 30 novembre 1787.

Image du dessinateur J.F. Défraine dans Le Cabinet des modes, 30 novembre 1787.

La crinolomanie (ou manie de la crinoline) attribuée au dessinateur Léonce Schérer, 1857.

La crinolomanie (ou manie de la crinoline) attribuée au dessinateur Léonce Schérer, 1857.

L'estampe - Image de corsets

Image de corsets

Le Petit écho de la Mode, 11 mai 1924

Le Petit écho de la Mode, 11 mai 1924

Deux couvertures de Marie Claire, magazine né en 1937.

Deux couvertures de Marie Claire, magazine né en 1937.

Renseignements pratiques

L’exposition « Tokyo, naissance d’une ville moderne, estampes des années 1920-1930 du Edo-Tokyo Museum » se tient à la Maison de la culture du Japon à Paris, jusqu’au 1er février 2025.
www.mcjp.fr
L’exposition « Suivez-moi jeune homme, images de mode et presse féminine 1778-1939 » se tient au musée de l’Image de la ville d’Epinal, jusqu’au 18 mai 2025.
www.museedelimage.fr 

Photos : Valérie Collet

En ouverture, Vue de l’expo « Tokyo, naissance d’une ville moderne » à la Maison de la culture du Japon.

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